Sujet: Le temps passe, les blessures restent Dim 6 Avr - 14:37
Le temps passe, les blessures restent
Kim Seo Bin et Kang Ae Ri
Le 25 mai, à 15h45
Il est midi. Je sors du lycée et est accueillie à la sortie par les jumeaux Shin, parés de leurs plus beaux sourires. Ils en font naître un sincère sur mon visage fatigué. Je suis contente de les voir, même si ça implique de devoir passer du temps à repousser Young Nam. Je n’ai pas envie d’être seule aujourd’hui. Ils portent un grand sac à dos et se placent à mes côtés, arguant qu’ils veulent passer l’après-midi avec moi. Je lis dans leurs regards de l’inquiétude. Est-ce qu’ils ont remarqué quelque chose ? A moins que Maman ne leur ait parlé de quelque chose… Ils m’emmènent pique-niquer dans le parc. Assis à l’ombre d’un grand arbre, on déjeune et on bavarde. Ils sont extrêmement attentifs et j’avoue que pour une fois je ne joue pas les guerrières. Il faut savoir se ménager. Je peux bien les laisser un peu prendre soin de moi puisque je ne suis pas capable de le faire moi-même. Tout ce que je sais faire depuis que cet inspecteur est venu, c’est me morfondre et me torturer.
Après le pique-nique, je retourne sous bonne escorte au lycée pour mon cours d’art, récoltant une invitation à dîner impossible à refuser chez la famille de mon partenaire de charge. Je suppose que ça ne pourra pas me faire de mal… Tout pourvu que je ne réfléchisse pas, que je ne pense pas à ce que m’a demandé l’inspecteur Lewis, que je me concentre sur autre chose. Mais déjà, alors que j’arrive devant la salle d’art, je sens les larmes arriver et ma fatigue se manifester. Je ne peux pas craquer, pas maintenant, pas après tous les efforts qu’ont fait les jumeaux pour me faire plaisir. Je fais donc demi-tour et quitte le lycée et la masse de personnes oppressante pour aller dans un café non loin, le temps de me calmer un peu et de réfléchir à quoi faire. Je prends un cappuccino et essaie de réfléchir. Je ferais mieux de rentrer à la maison et de me mettre à mon atelier jusqu’à ce soir. Mais je ne veux pas retourner là-bas. Les souvenirs sont trop vivaces. Pourquoi Maman a-t-elle fait venir ce type dans mon sanctuaire ? Elle a cru que je n’en avais plus besoin ? Quelle galère…
Puis je m’en vais vers le parc, marchant d’un pas lent et pesant, comme l’est mon humeur. Je me traîne jusque là bas et retourne me mettre à l’abri sous l’arbre. Je sors de mon sac mon carnet à dessin et essaie de croquer des gens, en vain. J’ai l’impression que rien ne va. Mon seul moyen d’évacuer tout ça refuse de faire son effet. MinWoon ne parvient plus non plus à combler le vide et à calmer les angoisses. Je n’ai pas pu voir Min Hwan mais je n’ai pas envie d’en parler avec lui au téléphone. Quant à Se Jong, je n’ai pas envie qu’il me pose de questions, ni qu’il s’en mêle. Je ne veux pas voir l’inquiétude dans ses yeux quand il saisira vraiment la marque qu’a laissé cet incident sur moi. Je ne veux pas qu’il me voit autrement.
Je laisse tomber mon carnet à dessin et m’allonge sur l’herbe, regardant le ciel à travers les feuilles. Et je m’assoupis, tentant de rattraper un peu de ma nuit, en espérant que mes cauchemars ne me rattrapent pas.
Je me réveille en sursaut, sans trop savoir pourquoi et avec la désagréable sensation que je ne me suis pas reposée le moins du monde, ainsi que celle que quelque chose ne va pas, comme un mauvais pressentiment. Ca fait idiot de penser ça, mais j’y crois vraiment. C’est sans doute l’heure de rentrer. Je me relève et un frisson me parcourt lorsque j’aperçois une silhouette connue non loin de moi. Elle me fixe. Je tétanise.
Kim Seo Bin.
La jumelle de Seo Min. Celle à qui j’ai volé le frère. Celle qui se charge régulièrement de me rappeler que c’est par ma faute que son frère est mort. Celle qui peut me détruire d’un simple regard. Il ne manquait plus que ça. Je la regarde, incapable de bouger, me sentant blêmir au point d’être au bord du malaise. Elle s’approche, et mon cœur bat jusque dans mes tempes. Pourquoi est-ce que je ne fuis pas ?
Dernière édition par Kang Ae Ri le Mer 30 Juil - 9:46, édité 1 fois
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Sujet: Re: Le temps passe, les blessures restent Dim 6 Avr - 17:46
V
oilà un moment que je n'ai pas été voir Ae Ri. Que je ne lui ai pas fait un petit coucou pour lui rappeler que Seo Min avait une soeur, et qu'elle m'a arraché la seule famille que je n'ai jamais eu. Je me lève doucement ce matin, le corps encore endolori de la veille. J'ai tapé trop longtemps et trop fort dans les sacs de la salle de sport. Mes articulations grincent et me font mal. Je m'étire, me lève, range ma chambre et fait couler la machine à café. Pendant ce temps, je prends ma douche, sèche mes cheveux et m'habille. Je retourne à la cuisine pour remplir une thermos, puis repose le café pour en laisser à mes deux colocataires. Je prends un croissant qui traîne sur la table et pars le plus silencieusement du monde de l'appartement. Je ne sais ni si c'est Ae Cha ou Ha Neul qui a été cherché les croissants, ni laquelle des deux semble dormir à point fermé. Quoiqu'il en sois, mon sac sur mon épaule, je suis décidée à retrouver cette insignifiante twao.
Depuis quelques jours, j'ai pris l'initiative de la suivre. J'ai tentée d'être la plus discrète au monde, mais j'ai bien l'impression que ses deux petits toutous m'ont repérée. Aujourd'hui je fais de même, remarquant ses habitudes. Je tente de trouver le moment où elle sera le plus en position de faiblesse. Mais pour cela il faudrait déjà qu'elle soit seule. Ce qui est loin d'être le cas depuis que je la suis. Elle est constamment accompagnée de personnes qui semblent être aux petits soins pour elle. Ça me dégoûte et j'en ai presque envie de vomir. Comment peut-on aimer une telle fille ? Savent-ils seulement ce qu'elle est réellement ? Une garce lâche prête à abandonner une personne face à la mort ? Ne se souciant que de sa petite personne ? Cette fille ne mérite même pas de continuer à respirer. Je me contente donc de la voir flâner à ses activités totalement idiotes. Lorsqu'elle sort l'après-midi pour retourner dans le parc, je m'assois sur un banc non loin. Elle finit par s'endormir sous un arbre. C'est alors que je me lève, ma bouteille d'eau à la main. Au moins, si elle ne m'entend pas arriver elle aura de quoi être réveillée.
Seulement un mètre nous sépare lorsqu'elle ouvre les yeux. Ces yeux bleu azur qui la rendent encore plus anormale. Comment Seo Min a-t-il un seul jour pu l'apprécier ? Elle se bloque, semble tétanisée, ne pouvant retirer son regard de mon visage. Un sourire malicieux étire ma lèvre. Ae Ri a peur, peur de ce que je vais bien pouvoir dire ou faire. Je préfère de loin qu'elle me craigne plutôt qu'elle me prenne pour un doux agneau. Une fois face à elle, je laisse tomber mon sac à terre. Le bruit aigu de la thermos vide résonne dans le silence qui nous sépare. Elle semble avoir totalement perdu l'usage de la parole. Toujours debout, je laisse mes lèvres se détendre et lâche un soupir exaspéré.
« Quel dommage ! Je n'ai même pas eu le plaisir de te réveiller à l'aide de ma bouteille. »
Cela aurait été si drôle. Rien que de l'avoir face à moi m'horripile. C'est Seo Min qui devrait être là. Lui qui devrait courir, rire et jouer avec moi dans ce parc. Il devrait pouvoir respirer, grandir, trouver une femme et me faire un tas de nièces et de neveux. Non, au lieu de cela se trouve cette peste. Elle lui a volé sa vie et son avenir. Elle me l'a toujours volé, mais à présent c'est à jamais. Il ne reviendra pas. Jamais. Tout ça parce qu'elle a été sa partenaire. Tout ça parce qu'il a eu l'erreur de l'apprécier et, qui sait, de l'aimer. Car c'est ce soir de Saint Valentin qu'il l'a emmené au coeur de Séoul. C'est ce soir spécial qu'il voulait passer avec elle. Et à présent, il n'en passera plus aucuns. Je m'agenouille face à cette fille, plantant mon regard dans le sien.
« Tu n'imagines même pas à quel point c'est dur de pouvoir te parler seule à seule. T'es constamment suivi par un tas de petits toutous. Qui, j'en suis certaine, ignorent la vilaine fille que tu es. »
Oui, sinon ils ne resteraient pas avec elle. On ne peut pas rester avec des personnes aussi égoïste qu'Ae Ri. Mais je voulais la voir également pour autre chose. Quelque chose de plus spécial. J'ai été recrutée par le commissariat depuis quelques mois en tant qu'agent de police. Mes deux années de droit m'ont tout de même bien servies. Et même si j'ai été retirée de l'enquête sur Seo Min parce qu'il fut mon frère, j'ai toujours eu l'habitude de fouiner dans les affaires policières. Et, par conséquent, je n'ai pas pu m'empêcher de fouiller sur cette affaire de mon côté. Des suspects ont été arrêtés il y a peu et seule Ae Ri peut les faire boucler. Elle était la le soir du meurtre de mon frère, donc elle est la seule à pouvoir les reconnaître et les coincer. Et je veux savoir qui est le meurtrier de Seo Min pour le boucler et lui faire payer. J'attrape la main de cette fille, non pas pour la soutenir ou être douce, mais pour la faire réagir. Je la tire un peu fort vers moi pour que nos visages soient plus proches et nos regards l'un dans l'autre. Je veux qu'elle écoute attentivement chacun de mes mots.
« Maintenant tu vas bien m'écouter. Je sais que l'inspecteur Lewis est venue te voir pour que tu reconnaisse les jeunes qui ont agressé mon frère. Et je sais que tu as refusé. Mais comprend bien que tu es la seule à pouvoir les boucler. Je te promet que si tu refuse d'y aller, l'enfer n'est rien à coté de ce qui t'attend, ici sur terre. »
Je la relâche afin qu'elle se place comme avant. Passant ma main dans mes cheveux, je ne lâche rien de mon sérieux. Je ne retire pas non plus ce masque et suis heureuse de ne pas avoir flanché lorsque j'ai prononcé "mon frère". C'est toujours une plaie béante qui ne cesse de s'ouvrir dans mon coeur lorsque je parle de lui. Il était mon double, mon âme, une partie de moi-même. Et à présent, je n'ai plus rien. Tout cela parce que cette fille existe. Si elle ne veut coopérer, elle risque fortement de le regretter.
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Sujet: Re: Le temps passe, les blessures restent Mer 9 Avr - 10:52
Elle me fixe et sourit. Je suis tétanisée. Elle semble satisfaite de son effet, et je ne peux que la comprendre. Je voudrais disparaître. Je voudrais lui rendre son jumeau. Je voudrais trop de choses que je ne peux faire. Alors je dois supporter sa haine à mon égard et le fait qu’elle soit justifiée. Je sursaute quand son sac tombe à terre dans un fracas inhabituel, sortant un court instant de ma torpeur.
« Quel dommage ! Je n'ai même pas eu le plaisir de te réveiller à l'aide de ma bouteille. »
Elle paraît réellement déçue. Moi je me sens un peu soulagée. Comme si ça aurait changé quoique ce soit à la situation qu’elle m’ait arrosée avant ou pas… Quoique mouillée, j’aurais sans doute eu l’air encore plus pitoyable et pathétique. Elle s’agenouille et me fixe. Son regard me brûle. Elle a ses yeux, les mêmes que son frère. Mais pas le même regard. Celui de Seo Min était extrêmement bienveillant à mon égard. Et à l’égard des autres. Celui de Seo Bin est meurtrier, plein de haine. Mais la couleur de leurs iris était la même. Et ça fait mal de le retrouver en elle. Toute la culpabilité que Min Hwan et Se Jong ont essayé de garder loin de moi refait surface.
« Tu n'imagines même pas à quel point c'est dur de pouvoir te parler seule à seule. T'es constamment suivi par un tas de petits toutous. Qui, j'en suis certaine, ignorent la vilaine fille que tu es. »
Mon sang se g lace lorsque je comprends ce qu’elle entend par là. Elle m’a suivie. Ca fait un moment qu’elle me talonne. Est-ce que les jumeaux l’avaient remarquée ? Est-ce pour ça qu’ils ont pris du temps pour moi ? Ca ne m’étonnerait pas de Young Nam. Ce gamin est tellement fou de moi que je suis persuadée qu’il connaît mon emploi du temps mieux que moi. Mais oui, il ignore que je suis une meurtrière. Comme tout le monde. Le peu de personnes qui ont entendu la vérité sont les seules à me penser innocente. Pourtant, la culpabilité ne s’en va pas. Et elle ne s’en ira jamais. Je n’aurais rien pu faire pour changer l’issue de cette mauvaise rencontre, mais je ne parviens pas à avancer pour autant. Je ne me pardonne pas. Je devrais répondre à Seo Bin, me défendre, défendre ceux qui m’entourent artificiellement. Au lieu de cela, je ne fais que montrer ma peur et ma soumission. L’emprise qu’elle a sur moi m’effraie au plus haut point. C’est même presque plus effrayant que les cauchemars qui m’empêchent de dormir.
Elle prend ma main. Ce geste qui pourrait être tendre et délicat s’avère en réalité froid et violent. Si elle voulait avoir toute mon attention, c’est réussi. Elle m’attire vers elle et me regarde droit dans les yeux, l’air menaçant. Je ne parviens pas à fuir son regard et bloque ma respiration en attendant qu’elle porte le coup qu’elle prépare visiblement depuis un moment.
« Maintenant tu vas bien m'écouter. Je sais que l'inspecteur Lewis est venue te voir pour que tu reconnaisses les jeunes qui ont agressé mon frère. Et je sais que tu as refusé. Mais comprend bien que tu es la seule à pouvoir les boucler. Je te promets que si tu refuses d'y aller, l'enfer n'est rien à coté de ce qui t'attend, ici sur terre. »
Elle me relâche et j’ai un mouvement de recul. Mon souffle est court. Trop de choses, trop d’émotions violentes. Je sens mon cœur qui se serre, comme compressé au cœur d’un étau. Et en même temps, c’est comme s’il voulait encore s’échapper de ma poitrine. La main qui était dans les siennes il y a quelques instants vient se poser contre mon cœur. Mes doigts broient mon tee-shirt.
« Tu ne sais rien… »
Ma voix plaintive ne lui aura sûrement pas échappé. Seo Bin ne sait rien. Elle pense sans doute que je mène une vie heureuse entourée de tas d’amis. Elle ne peut pas se douter que j’ai monté une muraille entre eux et moi, une muraille qu’ils ne peuvent pas passer. Ils sont deux à savoir, deux à être au courant. Deux à m’avoir connue lors de mes élans de faiblesse. Deux personnes beaucoup trop exposées… Mais ça, Seo Bin n’en sait rien. Elle ne sait rien. Ou en fait si. Elle sait des choses. Elle en sait même trop. Comment est-ce qu’elle sait tout ça ?
« Comment tu le sais ?»
Comment tu sais qu’il est venu me voir ? Je ne suis pas en colère, je suis simplement surprise. Si elle sait ce genre de chose, ça veut dire qu’elle m’observe depuis bien plus longtemps qu’elle ne me l’a laissé entendre. Ou alors ça veut dire qu’elle a accès à des informations particulières. Et ça, c’est inquiétant. Je sais que je dois supporter sa haine, mais je ne suis pas sûre de pouvoir tenir le coup longtemps, surtout si elle me surprend avec ce genre de choses… A moins qu’elle ne se soit débrouillée pour faire venir elle-même l’inspecteur. Je l’avais soupçonnée quand le détective aux cheveux roses était venu me trouver mais là, je n’ai même pas pensé à elle. Je ne pensais pas qu’elle irait si loin. Elle me déteste, vraiment…
« Tu l’as envoyé… C’est ça. C’est toi qui lui a dit de venir me voir, pour me torturer encore… »
Le regard humide des larmes qui menacent de couler, je la fixe. Elle doit être drôlement satisfaite maintenant…
« Voilà, t’es contente ? T’as réussi ton coup. Vous avez réussi. Dis-moi la vérité, personne n’a été arrêté, pas vrai ? T’avais juste envie de réveiller mes cauchemars et de me faire culpabiliser, encore et toujours… »
Je commence à sangloter doucement au fil des mots. Je voudrais disparaître, m’enfuir, prendre la place de Seo Min… Je ferais n’importe quoi pourvu qu’elle arrête de me pourchasser de la sorte…
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Sujet: Re: Le temps passe, les blessures restent Dim 13 Avr - 21:04
J
e suis plutôt fière du résultat. Elle a peur, elle est tétanisée. C'est mon but. Il ne faut surtout pas que cette Ae Ri me prenne à la rigolade. Je suis promis de lui faire regretter amèrement d'avoir osé prendre la place de Seo Min. Cette place lui revenait de droit. Cette peste s'est accaparé quelque chose qu'elle ne devrait pas avoir. Sa vie. Son futur. Celui de mon frère. Il ne méritait pas de mourir. Elle ne mérite pas de vivre. C'est comme ça. Il ne faut pas chercher plus loin. Le simple fait de la voir respirer me met en colère et attise ma haine. Elle est entourée de personnes qui l'aime, qui la chérissent. On montre du doigt les meurtriers. Mais on oublie bien vite les voleurs de vie. On les prend pour des demis héros. On les compare à des survivant. Ce ne sont que de stupides voleurs. Rien de plus. Ar Ri pose la main sur son coeur, comme si elle souffrait, et manque presque d'arracher son tee-shirt. De pire en pire.
« Tu ne sais rien… Comment tu le sais ? »
Sa voix est emplie de plainte. Et je rigolerai presque si elle n'avait pas ajouté cette question. Comment je sais quoi ? Que l'inspecteur est venu ? Elle devrait déjà comprendre que je connais tout. Que quoiqu'il arrive je garderai une longueur d'avance sur elle. Même plusieurs longueurs. Jamais je ne me réduirai à ce qu'elle est. Une petite fille faible qui ne profite même pas de cette vie volée. Comme si être en vie ne lui suffisait pas, il faut qu'elle se plaigne de l'être. Ça m'horripile encore plus. Oh non ! Je ne dis pas que la voir pleine de joie réduirai ma colère et que cela adoucirai la mort de Seo Min. Loin de là. La situation serait la même. Le seule point qui changerait c'est qu'elle ne serait pas aussi pathétique. Ce n'est même pas un adversaire à mon niveau. Elle joue au petit chaton effrayé par le grand méchant loup. Ce rôle me va bien, oui. Mais j'ai réellement envie d'en rire.
« Tu l’as envoyé… C’est ça. C’est toi qui lui a dit de venir me voir, pour me torturer encore… » Des larmes roulent sur ses joues. « Voilà, t’es contente ? T’as réussi ton coup. Vous avez réussi. Dis-moi la vérité, personne n’a été arrêté, pas vrai ? T’avais juste envie de réveiller mes cauchemars et de me faire culpabiliser, encore et toujours… »
Un de mes sourcils s'arquent et je m'étonne face à ses paroles. Elle est vraiment malade cette petite. Comment je pourrais envoyé un réel inspecteur la voir pour lui demander d'aller au commissariat ? Imaginons qu'elle ait été d'accord. Elle l'aurait accompagné et après ? Il lui dit quoi ? Que c'est une blague et qu'il n'y a personne de suspecté ? C'est vraiment elle la blague. La plus grosse blague du siècle. Elle se tourne des films. Un rictus se dessine au coin de mes lèvres. Je plante à nouveau mon regard dans le sien mais ne suis pas certaine d'avoir toute son attention. La pauvre chérie sanglote. Vraiment pathétique. Je lâche un doux rire diabolique et reprend aussi vite mon sérieux.
« Je ne suis pas contente. Mais puisque tu me demande si le fait de te trouver pathétique me fait rire, alors je répond oui. » Je pose un pichnette sur son front pour la faire réagir. « Je savais que tu étais une idiote, mais pas à ce point là. Tu as un cerveau, non ? Alors tu comprendras que je ne peux pas envoyé un vrai inspecteur te demander d'aller au commissariat pour reconnaître des suspects. Espèce d'idiote ! Cependant... Je dois bien avouer que cela aurait été bien drôle pour moi. »
Hilarant, même ! La voir se morfondre pour Seo Min alors qu'elle n'a pas osé le sauver me nourrit ma haine contre elle. Le pauvre bichon... Sérieusement, pourquoi est-ce qu'elle dit culpabiliser ? Je sais bien que c'est faux. Si elle tenait réellement à mon frère, elle lui aurait sauvé la vie. Tout simplement. Faut vraiment arrêter de vouloir chercher plus loin. Ce que cette garce à préféré faire c'est sauvé sa peau. Rester en vie. Elle est égoïste. Et elle ne pourra jamais rien faire pour ça. Je roule les yeux au ciel. Mon Dieu mais elle peux pas arrêter de sangloter deux minutes ? J'attrape ma bouteille d'eau et la lance vers elle. Elle atterri d'abord sur son épaule, puis roule sur le sol. Elle se stop à la hauteur de ses pieds. Je ne comptais pas l’assommer en faisant cela. Il n'y aurait eu aucuns intérêt là dedans.
« Bois et arrête de pleurer. Mes oreilles ne supporteront pas longtemps tes jérémiades. T'es pathétique ma pauvre fille. »
C'est totalement vrai. Elle m'énerve à jouer l'enfant apeurée. Je dois avouer que c'est plaisant de savoir qu'elle me craint. Mais je n'obtiendrai rien d'elle si elle est en pleure. Parce que vous pensiez que je lui donnais de l'eau par simple charité et bonté d'âme ? La blague. Cette bouteille va finir à la poubelle dès que le goulot aura touché ses lèvres. Je croise mes jambe et m'assois en tailleur, attendant qu'elle récupère l'eau. J'espère qu'elle ne va pas rester tétanisée trop longtemps. Jouer avec une marionnette sans vie c'est pas mon truc. Sinon je jouerai avec une poupée. Cette garce est loin d'être une gentille et jolie poupée innocente. Oui. Elle est bien loin de cette image. Je pose mes mains sur mes genoux, garde le dos droit et mon air déterminé. Je reprend un sérieux qui pourrait en faire tressaillir plus d'un. Il faut qu'elle comprenne qu'on a besoin d'elle. Malheureusement, et même si je n'ai jamais imaginé devoir penser ça un seul jour dans ma vie, j'ai besoin d'elle. Non pas comme un sentiment adorable, mais pour reconnaître les suspects.
« Les suspects ont réellement été arrêtés. Et comme tu es la seule à les avoir vu, tu es la seule à pouvoir les reconnaître. Il faut leur faire payer ce qu'il ont fait à Seo Min. Tu n'es pas d'accord avec moi ? »
Espèce de peste... Je ne vacille pas. Cependant je manque presque de le faire lorsque le prénom de mon frère effleure mes lèvres. Son doux et tendre prénom... Je croise mes mains. Mes os blanchissent à force de serrer mais je n'y fait pas attention. Je ne me concentre que sur ma haine vouée à cette fille. Elle n'a pas le droit de me voir faible face aux souvenirs de mon jumeau. Je me promet de ne pas flancher.
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Sujet: Re: Le temps passe, les blessures restent Sam 19 Avr - 22:43
Je ne comprends pas. Seo Bin n’a plus du tout son air vainqueur sur le visage. Elle paraît plutôt perplexe. Jusqu’à ce qu’un rictus réapparaisse à la commissure de ses lèvres. Elle se fiche de moi. Et je la comprends, encore et toujours. Quand elle rit, je me fige. Je ne peux pas m’empêcher de penser à ce que Seo Min lui dirait si il la voyait, et à ce qu’il me dirait s’il me voyait moi. Je suis sûre qu’il voudrait que je me défende, et qu’elle se calme. Parce qu’il nous aimait toutes les deux et qu’il n’est pas mort pour que je souffre. Il aurait du savoir pourtant ce qu’il se passerait…
« Je ne suis pas contente. Mais puisque tu me demande si le fait de te trouver pathétique me fait rire, alors je répond oui. »
Pathétique. Je sais que je suis pathétique. Nulle. Que je n’aurais pas du être la survivante ce soir-là. Une pichenette sur mon front et elle reprend.
« Je savais que tu étais une idiote, mais pas à ce point là. Tu as un cerveau, non ? Alors tu comprendras que je ne peux pas envoyé un vrai inspecteur te demander d'aller au commissariat pour reconnaître des suspects. Espèce d'idiote ! Cependant... Je dois bien avouer que cela aurait été bien drôle pour moi. »
Je rentre la tête dans mes épaules, blessée d’être ainsi rabaissée. Oui, je suis idiote. Mais elle ne dément pas qu’elle aurait pu être à l’initiative d’une telle manipulation… Puis elle aurait pu le connaître cet inspecteur… Idiote. Idiote effrayée, idiote paranoïaque, idiote qui en a marre de lutter. Je sursaute lorsque quelque chose heurte brutalement mon épaule. Le regard brouillé par les larmes et l’esprit embrumé par la souffrance, j’ai du mal à savoir de quoi il s’agit. Je me concentre et vois la bouteille d’eau de Seo Bin devant moi. Est-ce qu’elle a essayé de me blesser ? Ce serait une première, un nouveau pas dans la haine qu’elle me voue. J’ignore combien de temps je pourrais supporter ça…
« Bois et arrête de pleurer. Mes oreilles ne supporteront pas longtemps tes jérémiades. T'es pathétique ma pauvre fille. »
Boire ? C’est une bonne idée, oui. Même si je sais qu’elle ne le fait pas par gentillesse, j’obéis. J’essaie de me calmer, de recréer mon masque pour le réapposer sur mon visage. Et je bois, parce que j’ai soif, et parce que je me sens obligée de faire ce qu’elle me dit. Elle me hait déjà, inutile d’en rajouter en l’agaçant encore plus. Allez Ri, calme-toi. Je m’imagine qu’il y a Woon pas loin et qu’il risque de me voir. Il serait très inquiet s’il me voyait dans cet état…
« Merci… »
Ma voix est hésitante et je regrette mon mot dès qu’il a franchi mes lèvres. Je sais qu’elle n’a pas fait ça pour être gentille. Je sais qu’elle voulait simplement ne plus m’entendre. Mais je n’ai pas pu m’en empêcher. En attendant, elle me fixe avec un air qui m’effraie toujours plus. Elle est terriblement sérieuse. Alors c’est vrai ?
« Les suspects ont réellement été arrêtés. Et comme tu es la seule à les avoir vu, tu es la seule à pouvoir les reconnaître. Il faut leur faire payer ce qu'ils ont fait à Seo Min. Tu n'es pas d'accord avec moi ? »
J’acquiesce, toujours effrayée. Tout me fait peur. Elle, ce qui m’attend, l’avenir… Il n’y a rien qui me rassure. Et je ne peux même pas souhaiter que quelqu’un vienne à mon secours parce que je refuse qu’on me voie dans cet état… Bien, il faut que je réponde, que je remette mon cerveau en marche, que j’oublie qu’elle est la personne qui me hait le plus dans ce monde et que je pense à elle comme à la jumelle de Seo Min. J’ose me plonger dans son regard et y retrouve les prunelles de mon meilleur ami. Bon sang, qu’il me manque !
« Il faut leur faire payer… C’est pour ça que j’ai accepté, même si l’idée de les revoir ne m’enchante pas… »
Doux euphémisme pour dire que j’ai une peur bleue de me retrouver face à eux et que je retarde le plus possible ce moment.
« Je le ferai, pour Seo Min… »
Pas pour toi, non, juste pour lui. Pour sa mémoire, pour le venger, pour qu’il soit fier de sa petite Riri. Parce que c’était le seul à me comprendre vraiment. Parce que je l’aimais plus qu’un simple ami.
« Tu iras mieux après ? »
La question est sortie sans que je ne le veuille vraiment. Je me décompose, si tant est que je puisse paraître encore plus pitoyable que je ne le parais déjà.
« Enfin… Je sais que tu me haïras toujours et je ne t’en veux pas mais… est-ce qu’au moins ça te soulagera un peu ? »
Comme si ça me regardait… Je suis stupide. Pourquoi n’ai-je pas fermé ma bouche encore ? Toujours spontanée, toujours bienveillante… Même avec elle, alors qu’elle me déteste… Idiote. Jusqu’au bout.
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Sujet: Re: Le temps passe, les blessures restent Lun 28 Avr - 10:50
A
e Ri me fait rire. Elle joue la petit chiot apeuré. Lorsque je lui parle des suspects, elle semble étonnée. Elle a vraiment cru que je lui mentais ? Bon, d'accord. J'avoue que je peux mentir sur de nombreuses choses pour la rendre complètement folle. C'est un de mes passes temps favoris. Mais mentir sur ça ? Sur ceux qui ont osé prendre la vie de mon jumeau ? Cette garce me crois vraiment capable de ça ? Il faut que je me fasse violence pour ne pas laisser les mots déborder de mes lèvres. J'ai posé une question. J'attend la réponse. Mes doigts se serrent de plus en plus sur mes mains. La petite décide enfin de me répondre, tout en plongeant son regard dans le mien. Elle est sérieuse ? Mais bon dieu, qu'est-ce qu'elle cherche à faire ça ?
« Il faut leur faire payer… C’est pour ça que j’ai accepté, même si l’idée de les revoir ne m’enchante pas… Je le ferai, pour Seo Min… »
Bien. J'approuve sa décision d'un hochement de tête, suivi d'un petit rictus. Je me fiche bien que ça l'enchante ou non. Même si le fait que ça ne l'enchante pas me fait légèrement jubiler. Au moins elle n'est pas complètement irréfléchie. Elle a compris que le mieux pour elle est tout simplement de m'écouter et d'aller reconnaître les suspect. Peut-être qu'elle a enfin retrouvé son cerveau ? Ce qui lui a permis de comprendre qu'elle est la seule à pouvoir faire payer ces meurtriers. Si je pouvais faire justice moi-même, voilà longtemps qu'ils auraient une balle entre les deux yeux. Mais j'ai pas envie de ma rabaisser à leur niveau. Et puis la mort est un sort bien trop doux pour eux. Je décroise mes jambes, les tibias emplis de frémissement. Je les tend du côté, veillant à toujours faire face à Ae Ri.
« Tu iras mieux après ? » Mon sourcils se froncent. « Enfin… Je sais que tu me haïras toujours et je ne t’en veux pas mais… est-ce qu’au moins ça te soulagera un peu ? »
Mes lèvres s'ouvrent doucement et laissent s'échapper un rire. Un rire grave, tordu et cynique. Je le laisse s'envoler pendant deux bonne minutes avant de me reprendre. Les réactions de cette fille sont réellement surprenante. Sérieusement. Elle pose de ces questions... Je me ressaisis complètement. Mes lèvres garde ce sourire mesquin tandis que je m'approche doucement d'Ae Ri. Je pose mes main sur ses genoux. Je cherche cette proximité qui intime, qui fait peur. Cette proximité qui rend tout sérieux. J'ai vu cela au commissariat. Lorsqu'on veux parler sérieusement à quelqu'un, que l'on veux l’interroger ou bien l'intimider, on s'approche et plante le regard dans celui de l'autre. Je laisse une main se glisser sous son menton pour bloquer sa tête et la forcer à me regarder.
« Tu ose me demander ça ? T'es marrante tu sais ! Je n'irais jamais mieux, et rien ne pourra me soulager. Si tu avais tenu un tant soi peu à Seo Min, tu comprendrais que jamais rien ne remplacera sa perte. »
Rien. Rien de ce qu'elle pourra dire ou faire. Rien de ce qu'on pourra me donner. Rien de ce que pourrait subir ses meurtriers. Jamais. Jamais rien ne remplacera mon jumeau. Il était tout pour moi. Mon seul repère, ma seule accroche et ma seule famille. Il me comprenait mieux que quiconque, me complétait parfaitement. Nous étions comme les deux pièces d'un puzzle, crées pour s'assembler. C'était lui mon âme soeur. Et on me l'a arraché. Violemment. Ae Ri me l'a enlevé. Et cela à tout jamais. Ma voix se tinte d'amertume tandis que mon regard devient encore plus sombre. Mon emprise autour de la mâchoire de cette fille se resserre légèrement. Elle aura sans doutes une marque rouge, mais rien de bien méchant.
« La seule chose qui pourrait me soulager, c'est son retour. Que tu me le rende. Mais ça, t'en es incapable. Ce soir là, ce n'est pas lui qui aurait dû mourir. C'est toi ! »
C'est un coup de couteau en plein coeur que je viens de lui asséner. Si mon frère n'a, ne serait-ce qu'un seul instant, compté pour elle alors Ae Ri comprendra tout le sens de mes mots. Pourquoi est-elle là, après tout ? Oui, pourquoi ? Elle aurait dû le défendre, faire quelque chose. Se battre pour le sauver. Mais non. Elle est là à respirer tandis que lui n'existe plus. Je vais lui faire regretter. Car oui, rien ne me soulagera. Rien ne remplacera jamais Seo Min. Mais au moins, je peux me venger sur elle. Parce qu'elle est là. Ae Ri est là.
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Sujet: Re: Le temps passe, les blessures restent Sam 10 Mai - 11:23
Elle rit. Et son rire n’a rien d’agréable. Chaque éclat me donne la sensation de se planter directement dans mon cœur. Son mépris, son cynisme, sa colère, tout résonne et me brise toujours plus. Je retiens mes larmes, j’empêche mes mains d’aller se coller à mes oreilles pour assourdir le son. Quand va-t-elle arrêter ? Mes poings se resserrent sur mes vêtements et ma peau. La douleur physique est le seul moyen que j’ai trouvé pour me contrôler. Ce son est mauvais, malsain, effrayant.
Tout à coup, elle s’arrête. Ses mains se posent sur mes genoux. Mon cœur semble vouloir s’arrêter. Ma tête me crie de m’éloigner, de détourner le regard, mais mon corps n’en fait rien. Je reste là, son regard me transperçant de part en part sans aucune pitié. Un instant, je laisse mon regard se porter plus loin mais sa main vient capturer mon menton. Je n’ai pas le choix. Je dois l’affronter.
« Tu ose me demander ça ? T'es marrante tu sais ! Je n'irais jamais mieux, et rien ne pourra me soulager. Si tu avais tenu un tant soi peu à Seo Min, tu comprendrais que jamais rien ne remplacera sa perte. »
Je mords plus fort ma lèvre, au point d’en sentir le goût du sang dans ma bouche. Je me doutais qu’elle n’irait jamais mieux. Seo Min était son unique famille. Finalement, c’est le moins dur dans sa réponse. Ce qui est plus dur à avaler, c’est qu’elle prétende que je ne tiens pas à Seo Min. Ca, c’est vraiment bas, et cruel. Si je n’avais pas tenu à lui, je ne me serais jamais retrouvée dans un état tel que celui dans lequel je suis depuis sa mort. Je ne peux pas la laisser dire ça… Et pourtant… J’essaie de me dégager de son emprise tandis qu’une énième larme roule sur ma joue. Sa prise se resserre.
« La seule chose qui pourrait me soulager, c'est son retour. Que tu me le rende. Mais ça, t'en es incapable. Ce soir là, ce n'est pas lui qui aurait dû mourir. C'est toi ! »
Je sais. Je sais. Mes lèvres s’entrouvrent et se referment. Je cherche mon souffle. Puis je crie.
« JE SAIS ! »
Je la repousse aussi brutalement que je le peux et me relève, le visage ruisselant de larmes, le dos courbé sous la douleur qu’elle a réveillée et amplifiée. Je la déteste bon sang, je la hais ! Comment suis-je censée avancer si elle passe son temps à piétiner les efforts que font les autres pour m’aider ?
« Je sais que j’aurais du crever à sa place ! C’est lui qui m’a protégée ! Et t’as lu tous les rapports, alors tu sais que je me suis interposée ! Tu sais que j’aurais rien pu faire d’autre ! »
Ma frustration éclate entre deux sanglots, et je ne m’arrête que pour reprendre mon souffle.
« Mais qu’est-ce que tu crois ? Que je vis heureuse ? Que tout va bien dans le meilleur des mondes ? Qu’il n’y a pas une seule journée où je pense à lui ? Que je passe d’excellentes nuits sans cauchemars ? »
Je ne réfléchis plus, je ne pense même pas à sa réaction. J’ai mal, et j’ai besoin de lui faire comprendre que je tenais à lui.
«Seo Min était mon meilleur ami. Je savais tout de lui, il savait tout de moi. Je tenais tellement à lui que je suis encore là. Parce que si je me tue, il sera mort pour rien… Si je n’avais pas tenu à lui, il y a longtemps que j’aurais sauté du haut d’une tour, Kim Seo Bin.»
Je me laisse tomber à genoux, à bout de force, et fixe mes mains que j’imagine recouvertes de sang.
« Déteste-moi si ça te chante, accuse-moi aussi, mais t’as pas le droit de dire que je ne tiens pas à lui. »
Sans doute la tirade la plus pitoyable de ma vie. Irréfléchie. Abusée. Lasse. Je me sens vide.
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Sujet: Re: Le temps passe, les blessures restent Dim 11 Mai - 20:55
L
es mots glissent sur mes lèvres pour se jeter à la figure de la jeune fille face à moi. Je suis le serpent qui siffle face à sa proie. Son regard exprime de la colère, mêlée à de la souffrance. Un rictus se dessine sur mon visage et, l'espace d'un instant, je suis fière de moi. Une fois de plus, je l'ai poussée dans ses retranchements. La sainte Ae Ri se rend compte qu'elle n'est pas si innocente. Je ne sais pas si elle en a conscience ou non, mais je suis là pour lui rappeler que ce n'est pas une bonne personne. Qu'elle n'est pas ce qu'elle prétend être. Quelques secondes après ma dernière phrase, elle se met à crier. Ma première réaction est la surprise, mes yeux s'ouvrent rond, étonnée de la voir enfin réagir. Puis, je suis lassée... Bon sang ! Elle est vraiment obligée d'hurler comme ça ?
« JE SAIS ! » Elle me repousse sèchement et se relève d'un seul coup. « Je sais que j’aurais du crever à sa place ! C’est lui qui m’a protégée ! Et t’as lu tous les rapports, alors tu sais que je me suis interposée ! Tu sais que j’aurais rien pu faire d’autre ! Mais qu’est-ce que tu crois ? Que je vis heureuse ? Que tout va bien dans le meilleur des mondes ? Qu’il n’y a pas une seule journée où je pense à lui ? Que je passe d’excellentes nuits sans cauchemars ? »
Je souffle d'exaspération. Voilà qu'elle se met encore à pleurer. Est-ce que je pleure moi, sans cesses tel qu'elle le fait ? Il n'était pas grand chose pour elle. Un ami d'enfance, une partenaire de charge... C'est une évidence: il l'aimait bien plus qu'elle ne l'aimait. Et il avait bien plus besoin d'elle que l'inverse. Il l'appréciait trop. Et elle, pas assez pour le protéger. Mes yeux roulent au ciel pendant qu'elle continue à me crier dessus. Je la laisse faire, n'écoutant plus que d'une seule oreille.
« Seo Min était mon meilleur ami. Je savais tout de lui, il savait tout de moi. Je tenais tellement à lui que je suis encore là. Parce que si je me tue, il sera mort pour rien… Si je n’avais pas tenu à lui, il y a longtemps que j’aurais sauté du haut d’une tour, Kim Seo Bin. » Ses jambes se dérobent. Elle tombe à terre. « Déteste-moi si ça te chante, accuse-moi aussi, mais t’as pas le droit de dire que je ne tiens pas à lui. »
Ma bouche s'ouvre, mais je m'abstiens de dire un seul mot. Un groupe de personnes, attirés par les cris de la jeune fille, s'est formé non loin de là. Je me lève en leur lançant un sourire bienveillant. Je récupère ma bouteille dans une main et mon sac dans l'autre. J'attrape le bras d'Ae Ri et la force à se lever, poussant un énorme soupir. Je la traîne derrière moi à travers le parc et la pousse sur un banc, éloigné de l'autre côté. Un coup d'oeil me permet de m'assurer que personne ne nous a suivi et que nous sommes à nouveau seule à seule. Je passe une main dans mes cheveux pour les ramener à l'arrière de mon crane. Ce n'est pas le moment de me faire repérer. Je suis agent de police et si une quelconque personne pense que je me comporte mal avec cette jeune fille ça risque de mal tourner pour moi au commissariat. Je me positionne face à elle, le soleil projetant mon ombre sur son corps.
« Si tu avais vraiment tenu à lui tu aurais su quoi faire pour l'arrêter. Tu aurais persisté. Tu l'aurais éloigné de ce groupe pour le faire fuir, l'emmener loin de tout cela. Au lieu de cela, il s'est jeté sur ces individus pour défendre ton pseudo honneur. C'est une évidence: il a toujours eu plus besoin de toi que toi de lui. »
Ces mots m'apparaissent avec une clarté toute nouvelle. Oui, j'ai lu les rapports bien que je n'aurais pas dû y avoir accès. Oui, il y est stipulé qu'elle a essayer de se mettre en travers. Mais pas en l'emmenant loin. En voulant seulement les séparé. Je suis persuadée qu'au fond, elle est comme toutes ces écervelée. Je porte ma main à mon front. Elle me fait mal au crâne. Cette garce tente de me persuader d'une chose complètement fausse. Elle me rend malade à prétendre qu'elle tenais à Seo Min, qu'il a réellement compté pour elle. Je laisse ma main glisser sur mon visage, puis la positionne sur ma taille. Un léger ricanement s'envole de mes lèvres à ses oreilles. J'en ai assez d'elle. La mort ? Comme si son excuse lui suffisait.
« N'empêche qu'une tour c'est trop banal. J'ai toujours pensé que tu serait plus créative que cela, miss Kang. »
J'essaie de mettre de l'ordre dans mon esprit. Je la pousse à bout, comme toujours. Je veux voir jusqu'où elle peut subir mes remarques, où sont ses derniers retranchements. Je laisse le soleil chauffer mon dos, doucement, presque comme une caresse. Ma main descend de ma taille à ma hanche, et je tente de rester la plus droite possible. Tout dans mon attitude donne l'image d'une fille confiante et forte, pleine d'assurance, ne pouvant se laisser démonter. Je suis un bloc de glace tandis qu'elle est la banquise. Malheureusement, la glace fond toujours, jusqu'à disparaître. Tandis que sous la banquise, il reste toujours quelque chose: de l'eau, de la terre. On a plus peur d'un bloc de glace que d'une banquise, alors que le plus faible des deux est le premier.
« Je te hais plus que tout sur cette terre. Tu le sais parfaitement. Et oui, je ne cesserai jamais de t'accuser de la mort de mon frère. Et si tu te tuais, cela ne changerais rien. Ce n'est pas en restant en vie que tu honores sa mort. Ce sont les soldats qui font ça, les combattants. Toi, tu n'es qu'un adolescente. Je n'ai jamais eu de famille à proprement dit. La mienne, c'était Seo Min. Sans lui, je n'ai plus rien. »
Le dernier mon sonne comme un râle dans ma gorge. Il semble tomber sur le sol et s'écraser, comme un avion en chute libre qui rencontre brutalement la terre. Mon regard empli d'éclair, je plonge dans les yeux d'Ae Ri. Je ne cherche pas à déceler la moindre trace de terreur, ni quoique ce soit s'en approchant. Même si je dois avouer que j'en serais bien heureuse. Je veux la déstabiliser. Fouiller son âme et trouver toutes les réponses à mes questions: pourquoi m'a-t-elle volé mon frère ? Pourquoi ne l'a-t-elle pas raisonné pour qu'il n'aille pas se battre ? Pourquoi se l'est-elle accaparé pour que, finalement, il finisse ainsi ? Je croise mes bras sur ma poitrine. Je me plante, droite comme un piquet.
« Tu sais, tu peux me l'avouer. Tu as aimé le voir défendre ton honneur. Comme toutes ces gamines, tu as aimé qu'un homme se batte pour toi. »
Au fond de moi, ça me tue de l'avouer, mais je ne veux pas que cette petite meurt. Elle reste mon dernier repère depuis la mort de mon frère. Elle semble pleurer pour moi, porter la tristesse que je devrais ressentir tandis que c'est la vengeance et la colère qui me font avancer. Tout ça me tue, mais Ae Ri est la seul qui tenait un tant soit peu à mon frère. Comme si subir sa perte à deux était mieux. Mais je préférerai mourir que de lui avouer une telle chose. Alors je préfère prétendre tout le contraire. C'est tellement plus simple d'être détesté qu'aimée.
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Sujet: Re: Le temps passe, les blessures restent Sam 31 Mai - 8:17
Je me sens tirée vers le haut tandis que Seo Min attrape mon bras. Je me redresse dans un réflexe, sans vraiment comprendre ce que je fais ou ce qu’elle fait. Et je ne m’arrête pas de pleurer. Je ne peux pas m’arrêter. Elle me pousse sur un banc et je n’ose même pas la regarder. De toute manière, j’aurais le soleil dans la figure sir je le faisais. Je préfère regarder mes pieds. Et le sol. Sous lequel j’aimerais avoir le pouvoir de disparaître. Seo Bin fait de ma vie un enfer pire encore que celui d’origine. Une ombre se projette sur moi et je relève la tête.
« Si tu avais vraiment tenu à lui tu aurais su quoi faire pour l'arrêter. Tu aurais persisté. Tu l'aurais éloigné de ce groupe pour le faire fuir, l'emmener loin de tout cela. Au lieu de cela, il s'est jeté sur ces individus pour défendre ton pseudo honneur. C'est une évidence: il a toujours eu plus besoin de toi que toi de lui. »
Je comprends ce qu’elle veut dire, j’ai ressassé les mêmes pensées assassines dans ma tête, jusqu’à ce qu’on parvienne à me convaincre que je n’aurais rien changé. Je connais Seo Min, il n’aurait jamais supporté qu’on touche à mon honneur, pas comme ça. Un ricanement effrayant s’échappe de ses lèvres et je sais qu’elle va encore essayer de m’achever.
« N'empêche qu'une tour c'est trop banal. J'ai toujours pensé que tu serait plus créative que cela, miss Kang. »
Si ce n’était pas Seo Bin en face de moi, j’aurais répondu un truc du style « c’est sûr que c’est plus créatif de mourir dans une agression de nuit, par un gang. » Sauf que c’est Seo Bin. Je lui ai pris tellement de choses que je ne peux pas lui infliger ce genre de réponse. Alors j’encaisse. Je le fais pour Seo Min. Il aurait tellement voulu qu’on soit amies toutes les deux… Pardon Seo Min de ne pas pouvoir faire ça pour toi…
« Je te hais plus que tout sur cette terre. Tu le sais parfaitement. Et oui, je ne cesserai jamais de t'accuser de la mort de mon frère. Et si tu te tuais, cela ne changerais rien. Ce n'est pas en restant en vie que tu honores sa mort. Ce sont les soldats qui font ça, les combattants. Toi, tu n'es qu'un adolescente. Je n'ai jamais eu de famille à proprement dit. La mienne, c'était Seo Min. Sans lui, je n'ai plus rien. » « Je suis désolée… »
Des mots vains, qui ne feront sans doute rien de plus que l’énerver plus encore. Je soutiens son regard, plus par obligation que par volonté. Elle a les mêmes yeux que Seo Min mais rien de la douceur dont il était capable. Je veux qu’elle s’en aille. Je veux qu’elle me laisse.
« Tu sais, tu peux me l'avouer. Tu as aimé le voir défendre ton honneur. Comme toutes ces gamines, tu as aimé qu'un homme se batte pour toi. »
Je suis tellement choquée que j’écarquille les yeux et reste bouche bée, niant de la tête. Comment peut-elle penser une telle chose ? Qu’elle me déteste est une chose, mais elle sait que je ne suis pas un monstre.
« Non ! Bien sûr que non ! »
Le choc est tellement grand et je me sens tellement blessée que mes sanglots cessent aussitôt. Je déglutis difficilement en pensant à ce que je m’apprête à dire. Hwannie me tuerait s’il entendait ça.
« J’aurais préféré qu’ils fassent ce qu’ils voulaient de moi sans que Seo Min s’interpose ! J’aurais préféré qu’il reste en vie ! »
La dureté et l’inexorabilité de la situation me coupe le souffle. Je monte mes pieds sur le banc et entoure mes jambes de mes bras pour les serrer contre mon torse. Je pose mon front sur mes genoux et mes sanglots reprennent de plus belles, étouffés par ma position. Totalement fermée au monde extérieur, je me laisse envahir par mes propres démons, ignorant les attaques de Seo Bin. Elle a fait trop de dégâts pour que je puisse en supporter encore. J’ai la sensation que la moindre parole de plus pourrait me faire m’évanouir. Elle doit être satisfaite de me mettre dans un état pareil. C’est peut-être ma seule consolation.
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Sujet: Re: Le temps passe, les blessures restent Ven 11 Juil - 20:53
La colère sous la peau, les yeux emplis de haine, je ne fais même pas attention aux excuses que formule Ae Ri. Je ne fais attention à plus rien autour de moi, envahie par tous ces sentiments. J'ai l'impression d'être une bombe à retardement, prête à exploser. Mes mains tremblent légèrement. En parlant d'honneur, je vois les yeux de la petite s'ouvrir, s'écarquiller comme si je lui avais lancé le mot de trop. Et elle s'arrête de pleurer. Enfin... Sérieusement, elle ne fait que pleurer depuis qu'on est ici, depuis que j'ai commencé à lui parler. Je jubile peut-être de la voir dans cet état, mais mes oreilles souffrent le martyre. Je laisse ma tête tomber légèrement sur le côté lorsqu'elle se met à parler. Pour une fois, depuis très longtemps, Ae Ri m'étonne.
« Non ! Bien sûr que non ! »
Je suis un instant secouée par la détermination qu'elle met dans si peu de mots. Mais malheureusement pour elle, ce n'est pas ça qui m'arrêtera. Elle mérite de souffrir, autant que j'ai souffert. Elle a encore son frère, de nombreux amis qui la protège, qui la chérisse, ses parents, sa cousine, le reste de sa famille et probablement encore la moitié de la ville. Alors que moi, je n'ai plus personne. La seule personne que j'avais c'était Seo Min, et elle a réussi à me l'enlever. Cette fille n'est qu'un démon sous des airs d'ange et tout le monde se laisse embobiner. Ils ne réussissent pas à ouvrir les yeux sur ce qu'elle est réellement. Non, ils ne savent pas ce qu'elle est en réalité.
« J’aurais préféré qu’ils fassent ce qu’ils voulaient de moi sans que Seo Min s’interpose ! J’aurais préféré qu’il reste en vie ! »
Je tourne cette phrase plusieurs fois dans ma tête. J'ai presque envie d'en rire. Dans mes oreilles, ça sonne faux. Si elle voulait le faire, pourquoi ne l'a-t-elle pas fait ? Je m'assois à ses côtés sur le banc, l'entendant à nouveau pleurer. Bon Dieu, il n'y a pas un bouton pause ? Elle va finir par se dessécher à force de se vider comme ça ! Je pose le sac à côté de moi et regarde en face, bien loin, évitant le regard d'Ae Ri. Un soupir travers mes lèvres. Je n'étais pas venue pour ça moi ! D'un ton lasse, fatigué et presque moqueur, je lâche à cette jeune fille :
« Comme c'est héroïque ! Tu es peut-être plus courageuse que tu ne le montres. »
L'anéantir sous son chagrin n'est pas mon but. Parce que l'enfer est un endroit bien trop doux pour elle, mais aussi parce que Seo Min m'en voudrait. Et puis je n'étais pas venue pour ça. J'ai juste voulu m'amuser un peu, et lui rappeler que je suis toujours en vie. Que jamais elle ne méritera tout ce qu'il lui arrive. Qu'elle m'a enlevé ma seule famille et qu'elle a laissé un garçon périr. Je me lève très vite du banc. Peut-être trop rapidement puisque je manque de perdre l'équilibre. M'approchant d'Ae Ri, je tire un peu sur ses jambes pour qu'elle soit assise normalement après avoir retiré ses bras. Je ne me laisse pas attendrir par son visage trempé. Levant son visage d'une main, j'y vais plutôt doucement. J'ai atteint mon but : lui rappeler que je suis là et qu'elle est une meurtrière. J'en ai fini pour aujourd'hui.
« Tu vas donc aller au commissariat voir les suspects, et nous dire si t'en connais ou pas. T'as compris la leçon. Sans toi, on n'avancera pas. »
Ma voix reste sèche et dur comme de la pierre. Je glisse mon sac sur mon épaule, puis décide de lui laisser ma bouteille d'eau en la posant près d'elle. Ses phrases tournent en boucle dans ma tête et je dois me faire force pour les ignorer. Oui, ses dernières paroles m'atteignent au plus profond de mon être. Mais je ne montre rien. Je repousse ses paroles, les éloignant de cette fissure dans le mur de glace qui entoure mon cœur. Je ne lui avouerai jamais, mais au fond Ae Ri reste mon seul repère. Un sourire mesquin et taquin aux lèvres, je commence à m'éloigner non sans lui dire quelques mots avant.
« Eh ? La meurtrière ? La prochaine fois, prend des mouchoirs sur toi. Je n'aurais plus de distraction si tu mourrais de dessèchement. »
C'est un petit pic pas bien méchant, qui change de tous ceux que je lui ai dit avant. Mais cette fille me connait mieux que personne. Elle sait la petite fille joyeuse que j'étais avant, qui la détestait sans pour autant lui vouer une haine profonde. Elle sait que j'étais gentille et aimante. Et combien même je lui en veux pour la mort de Seo Min, rien que pour lui, je ne pourrai la toucher ou l'anéantir. Jamais je ne la frapperai, pour lui. Jamais je ne la ferai tomber en dépression, pour lui. Mais après tout, j'ai le droit de lui montrer ma haine et de lui montrer ce qu'elle est réellement à mes yeux. J'ai bien le droit de la rendre triste et de jubiler, non ?