Physiquement, Jae Hoon n’est pas ce qu’on pourrait qualifier « d’imposant ». Dépassant à peine le mètre soixante-dix, plutôt chétif, il a bien du mal à se faire respecter, ou du moins être considéré comme un égal, par les jeunes gens de son âge.  Son visage rond, ses grands yeux tels ceux d’un hibou,  n’aident en rien à ceci… Pire encore, il est considéré comme le « mignon », la petite chose fragile à protéger.  D’ailleurs, même sa démarche, son sourire, et toutes expressions faciales qu’il produit font fondre les gens.  Tout simplement : ce jeune homme est adorable.  Il a pourtant tout essayé pour casser cette image. Il s’est rasé une partie de ses cheveux, ne laissant qu’une mèche rebelle teinte en rouge se détendre sur son crâne. Et malgré sa phobie pour les piqûres, il a osé les tatouages et les piercings. Tout d’abord, faisons une liste de ses tatouages : le tout premier date du jour de ses dix-huit ans,  écrite en lettres romanes, la phrase « Man is a universe within himself » orne ses omoplates. La référence ? Bob Marley tout simplement. Puis ensuite, vient son dernier tatouage, en deux parties, fait il y a quelques jours à peine. Sur ses deux poignets, nous pouvons voir sur chacun un idéogramme chinois : Sur le gauche celui représentant la paix  et sur le droit l’amour. Remontons maintenant vers son oreille où l’on peut voir un anneau doré scintillant fièrement autour de son  hélix. Premier signe de rébellion pour ce jeune homme alors qu’il n’était à l’époque âgé de  seulement  17 ans…
Mais ce n’est pas tout ce qui a été dit au-dessus qui fait sa particularité physique… Parlez-lui, et vous remarquerez qu’il a toujours l’air… ahuri. Ses grands yeux encore plus ronds que d’habitude vous choqueront sûrement à la première approche, mais comme tous ceux qui le rencontrent, vous succomberez à son sourire…

Le terme « Lunatique » n’est pas ce qu’il le qualifierait essentiellement… Bien que beaucoup de personne l’emploie à son encontre à tort et à travers… Il a plutôt ses « moments ». Tantôt il est la personne la plus agréable existante, et tantôt il est la froideur incarnée dans ce corps hiboutesque. Les raisons ? Tout le monde l’ignore… Peut-être est-ce sa timidité qui surgit à tout instant ? Ou est-ce dû à ses moments de lucidité, lorsque ses instants de faiblesses lui rappellent sa condition instable. ? Car oui, il ne supporte pas ce qu’il est. Cet être qui a besoin d’un autre pour survivre. Pour plus de détail sur son état d’esprit là-dessus, je vous prierais d’aller lire son histoire… Pour le moment, revenons sur sa description morale. Jae Hoon est un garçon aimable, charmant, bien que timide sur les bords, il peut toutefois se montrer très sociable. Sa générosité est sans faille, il serait capable de se priver de manger toute une journée si ça peut aider une personne affamée. Il est comme ça Jae Hoon, les autres passent avant lui. Naïf dans le passé, depuis qu’il a compris qu’on lui avait caché beaucoup de choses, il ne se laisse plus avoir aussi facilement. Pire encore, il a bien du mal à accorder sa confiance en qui que ce soit. En fait, tout ce qui concerne son attitude et son comportement est paradoxale et, comme le souligne le titre, indescriptible. Ce qu’il aime dans la vie ? Lui-même ne le sait pas vraiment… Il aime dessiner, c’est vrai, et se trouve plutôt bon dans ce domaine-là, mais ce n’est pas ce qui  le caractérise vraiment. Ses talents en cuisine sont d’ailleurs bien plus remarquables (sans oublier que ses talents en dessins sont déjà fascinants). Mais le peu de confiance qu’il a en lui l’empêche de se rendre compte de toutes ses qualités. Si jamais vous lui posez la question de « Ce qu’il pense de lui », il vous répondra sûrement « je n’ai aucun intérêt… ». Pourtant, ce garçon est toujours à l’écoute de tous, à réconforter un proche, même à l’héberger chez lui si besoin est…  Il est comme une petite maman. On dit souvent que sa présence « réchauffe le cœur », qu’on se sent « sans gêne » à ses côtés, comme « libéré  de toutes contraintes ».  Oui, Jae Hoon est quelqu’un qui donne sans rien attendre en retour.

« Fais-le, sinon, tu meurs »
Cette phrase… elle le hante. Jour et nuit. Cette phrase, celle qu’il a le plus entendu dans sa vie. Bien plus que « Bonjour ! Comment ça va ? »,  et dix fois plus que « Je t’aime ».  Cette phrase qui a rimé toute son enfance, et qui l’a rendu aussi instable psychologiquement…

Tout commença un mois après qu’il ait fêté ses trois ans. Aussi loin que cela remontait dans le temps, bizarrement, il s’en souvenait comme si c’était hier. Une très grande fatigue avait pris possession de tout son petit être de bambin  jusqu’à même perdre connaissance. Paniqués, ses parents le transportèrent d’urgence à l’hôpital.  Ce n’est que cette partie-là dans sa mémoire qui lui semble bien flou, se remémorant du bruit ambiant des médecins, des cris hystériques de sa mère, et des hurlements de rage de son père…


Lorsqu’il se réveilla, il était allongé, nu sous l’habit officiel de chaque patient, sur un lit blanc, de la même couleur du reste de la chambre. A ses côtés se trouvaient ses parents, un air grave voire triste déformant leurs traits, un homme au visage sévère et sérieux, qui semblait être le médecin. Et parmi eux,  une petite fille qui devait avoir son âge, la mine réjouie, le regardait les yeux pleins de malices. Qui était-elle ? Il voulut poser la question, mais il n’avait même pas assez d’énergie pour émettre un seul son… Mais son appel silencieux ne fut pas sans réponse, et comme si elle avait lu dans ses pensées, la gamine s’approcha de lui, prenant appui de ses mains sur le lit.

« Bonzour Zae Hoon ! Ze suis Min Wa, ta pratounaire ! »

« Partenaire on dit, ma chérie » répliqua le médecin, son visage s’adoucissant que très légèrement lorsqu’il s’adressa à la fameuse Min Wa. Ce n’est que plus tard que Jae Hoon apprit que cette charmante enfant avait pour père ce fameux docteur.

Min Wa s’approcha un peu plus de lui… bien trop proche à son goût… Et lorsqu’il sentit ses lèvres effleurer les siennes, il tourna très vite sa tête, bien qu’un courant d’énergie traversa son corps de part en part pendant quelques instants, lui redonnant des forces quelques secondes. Il ne voulait pas qu’elle l’embrasse… Cette fille, malgré son visage d’ange, le terrifiait. Quelque chose en elle l’inquiétait au plus haut point sans qu’il puisse expliquer pourquoi.

« Jae Hoon… Tu dois l’embrasser… c’est pour ton bien mon chéri » prononça sa mère d’une voix tremblante alors qu’il utilisait son peu de forces à essayer de s’échapper des griffes de cette petite sorcière.

« Fais-le, sinon, tu meurs. » entendit-il murmurer aux creux de son oreille, par une petite voix fluette, douce comme du miel. Pourtant, tout ce qu’il ressentait n’était que de violents frissons d’effrois longeant sa colonne vertébrale comme un glaçon fondant sur sa peau…


Depuis ce moment-là, toute la vie de Jae Hoon avait pris un autre tournant. Sa « partenaire » était avec lui tous les jours, pour lui donner de l’énergie. « Sinon, il meurt ».  Mais, si ce n’était que pour ça... ça l’aurait sûrement moins dérangé. Mais au fil du temps, il était devenu tel un esclave, appartenant à sa maitresse, exécutant le moindre des envies de Min Wa pour s’accorder encore quelques temps à vivre… Il ne savait rien de sa condition, si ce n’était qu’il avait besoin d’embrasser au moins 3 fois par jour cette gamine pour pouvoir se réveiller le lendemain.


Jusqu’au jour où, à l’âge de ses 17 ans, sa grand-mère qu’il n’avait jamais vu, vint lui parler du Twao. Il apprit alors qu’il était un Twao receveur atavique. Terme compliqué ? En effet… Son arrière-grand-père était lui aussi un Twao, donneur pour sa part, et des générations étaient passées avant que le gêne ne se réveille de nouveau chez lui, Jae Hoon. Un phénomène plutôt rare quoi qu’il en soit… Elle énonça aussi une histoire à propos « d’âme-sœur » mais il n’y prêta guère d’attention. Ce qui le surprit le plus dans l’histoire, c’était celle de donneur/receveur. Il savait que lui en tant que receveur, il avait besoin d’un donneur pour vivre… Mais ce qu’il ne savait pas, c’était que pour le donneur, c’était réciproque.


A partir de ce moment-là, il décida de se rebeller. Voire pire, il imposa lui aussi des ordres à Min Wa, lui faisant du chantage comme elle avait fait pendant plus de 14 ans de sa vie. Sa rancœur auprès de cette femme lui fit vite comprendre qu’il ne sera jamais attiré par elle, et par toutes personnes possédant le même sexe qu’elle. Au cours de ces trois dernières années, il l’a traîna de forces n’importe où, lui imposant ses choix, jusqu’à ce que la culpabilité prit possession de son être. Ce sentiment fort qui ne peut s’enlever, partir si tu n’y fais rien pour y remédier.


Il s’inscrit alors dans une grande université à Séoul, quittant alors son petit patelin paumé, pour rejoindre la grande ville. Il s’inscrit dans le cursus des langues, chinois en particulier, pour la simple et bonne raison qu’il avait de très bonnes notes dans cette langue durant ses années lycées. Pourquoi Séoul ? Tout simplement parce qu’il savait que dans la capitale, se trouvait la plus grande association de Twao au monde, ou du moins dans le pays, et qu’il fera connaissance avec de nouvelles personnes pas si différentes de lui…


Malgré tout ça, même après avoir connu des personnes charmantes, il a peur de ses « congénères ». Traumatisme d’enfance dirons-nous… Bien qu’il ait besoin d’eux pour vivre, il essaye au maximum de les éviter, car l’image de Min Wa répétant chaque jour la phrase « Fais-le, sinon, tu meurs » apparait à chaque fois dans sa tête sans qu’il ne puisse s’en défaire. Dépendre de quelqu’un d’autre pour vivre, paradoxalement, c’est invivable pour lui.