Je me dépêchais de marcher depuis plusieurs minutes déjà, heureusement que j’étais habituée à le faire parce que j’étais tout de même loin de chez Se Jong. Je lui avais envoyé un message pour lui demander s’il voulait bien m’accompagner à Incheon, et il avait accepté. J’étais réellement contente, vraiment, je pensais qu’il était occupé… Mais non, il vient avec moi. Alors je faisais de mon mieux pour arriver plus rapidement chez lui, ce n’était pas que j’étais très pressée de le revoir… mais si. Et puis en même temps, j’étais assez excitée, il allait m’accompagner voir mon père, j’allais pouvoir lui présenter Se Jong. Et lui dire à quel point c’est un bon ami, au moins comme ça, il sera rassuré et ne m’embêtera plus à propos de mes amis. Quoique… avec mon père, on ne savait jamais. Je ris en pensant à tout ça.

Puis finalement, je fus rapidement fatiguée et je ralentis le rythme. Je soupirais, pourquoi n’avais-je jamais de chance ? Enfin bon, je n’allais pas m’acharner sur mon sort et je me remis en route. Jusqu’à qu’un bus passe pas trop loin de moi, il allait près de chez Se Jong en plus ! Je fis signe au conducteur pour qu’il m’attende et couru pour rejoindre le bus. Je montai à l’intérieur et remerciai le conducteur. Je m’assis et respirais enfin. C’était plus fatiguant que ce que j’avais prévu.

Le trajet ne dura pas très longtemps. Je descendis au bon arrêt et me dirigeais vers l’appartement de Se Jong. Impossible de louper le grand immeuble luxueux dans lequel il vivait, ainsi que les grandes baies vitrées, que j’aimais beaucoup d’ailleurs. J’avais vu à quel point Séoul pouvait être une ville magnifique lorsque la nuit tombait.

Lorsque j’arrivais enfin en face de l’immeuble en question, je fus soulagée. J’avais fait pas mal de route, et dire qu’on allait repartir en sens inverse, sauf que j’allais être dans sa voiture, ce qui était vraiment mieux. Je souris et m’avança jusqu’à la grande porte d’entrée, mais j’avais oublié un petit détail. Je ne pouvais pas entrer comme ça…
Heureusement pour moi, quelqu’un sortit et j’en profitai donc pour entrer à l’intérieur. La chance n’était pas si loin que ça, finalement…
Il habitait au dernier étage, ça, je m’en souvenais. Comment ne pas s’en souvenir après tout ? Ça m’avait tellement impressionné ! Je montais donc dans l’ascenseur et attendit que celui-ci m’emmène tout en haut de l’immeuble. Une fois arrivée, j’essayais de me souvenir où il habitait et réussit à me retrouver devant sa porte. Il allait être surpris de me voir déjà là.

Je pris mon téléphone et lui envoya rapidement un message pour lui dire que je me trouvais devant sa porte, et qu’il devait vite m’ouvrir pour que je lui fasse un énorme câlin. Il ne devait plus être surpris, je lui avais dit, la dernière fois, que j’étais très tactile avec les personnes que j’aimais beaucoup. Et il faisait partit de ces personnes-là.

« Aller, viens m’ouvrir Se Jooong ! » murmurais-je pour moi-même, bien trop pressée. Il fallait que je me calme. Ce que je fis, mais mon grand sourire restait malgré moi, collé à mes lèvres.

La porte venait enfin de s’ouvrir et si j’avais pu, je lui aurai sauté dessus, mais il fallait que j’évite de faire ce genre de chose. Je m’étais juste contenter de sourire, comme d’habitude. Enfin si on oubliait tous les moments où j’ai été faible.

« Bonjour Hye Mi ! Tu aurais pu sonner simplement. »

Se Jong adorait, apparemment, me décoiffer, mais je me laissais faire. J’entrai tranquillement dans son appartement, qui était toujours aussi beau. Et puis je me tournai vers lui, pour lui répondre.

« Oui, mais tu sais, j’aime bien faire compliqué… » Rigolais-je alors qu’il allait chercher ses affaires.

Aujourd’hui, contrairement à la dernière fois, il y avait quelqu’un d’autre dans l’appartement et je la saluais. La plus âgée me proposa une boisson, je ne savais pas trop quoi répondre. Ce n’est pas que je ne voulais pas, mais vu l’heure qu’il était, il était mieux pour Se Jong et moi, de vite partir. En plus, il y avait peut-être de la circulation. Je secouai donc la tête et lui souris avant de m’incliner très légèrement, faisant retomber mes mèches sur mes yeux.

« Non merci, c'est gentil, mais ça ira.. ! »

« On va pouvoir y aller Hye Mi ! Incheon, c’est ça ? Je vais pouvoir rencontrer l’homme qui t’a élevé si bien. »

Je ne pus m’empêcher de rire un peu et de rougir en même temps, la façon dont il avait dit sa phrase était un peu comique. Mon père l’aimera beaucoup. Puis il me frotta à nouveau la tête, me faisant sourire. Je ne pouvais pas l’expliquer, mais j’aimais ce geste de sa part finalement, même si ça me décoiffait. Et Se Jong ouvrit grand ses bras, au début, je ne compris pas mais il avait réussi à lire dans mes pensées. J’acceptais donc l’invitation et allais dans ses bras, pour l’enlacer, et le serrer fortement contre moi. J’adorais vraiment les câlins !

« Tu sais, mon père ne m’a pas si bien élevé que ça, puisque je continu de faire des bêtises. » Dis-je ensuite, en m’écartant un peu de lui.

Puis je lui tirai la langue avant de quitter ses bras rassurants pour aller ouvrir la porte de son appartement. Je saluais une nouvelle fois, ce qui semblait être la gouvernante de mon ami, et sortit dans le couloir. Je fis signe à Se Jong de vite me rejoindre, oui, j’étais pressée, je ne pouvais pas contrôler cette envie de folle de quitter Séoul pour aller voir mon père. Cela faisait quelques années que je n’étais pas retournée là-bas, l’air d’Incheon me manquait. Enfin, l’air de la campagne d’Incheon, pour être plus précise.
J’avançais un peu, et m’adossais au mur en attendant mon ami. Cette journée allait être vraiment… bien, je le sentais. C’était obligé, j’allais voir mon père, et j’étais avec Se Jong, puis le temps semblait être avec nous. Que pouvais-je demander de mieux ?

« Je vois que tu es impatiente de rejoindre ton père et Incheon. Ca va me faire du bien à moi aussi, la campagne. Au fait, tu as peu de bagages…il te reste des affaires chez ton père ? » m’avait dit Se Jong tout en m’entrainant dans l’ascenseur qui descendit jusqu’aux sous-sols. Je m’attendais à une belle voiture, vu son appartement et l’immeuble en lui-même. Une belle voiture, mais simple ! Mais je ne m’attendais absolument pas à voir un cabriolet. Enfin quand j’y repensais, ce n’était pas si surprenant, c’était Se Jong après tout, c’était tout à fait son genre. Je ris un peu à toutes ces pensées et me décida à lui répondre.

« Je suis vraiment contente d’aller là-bas ! Mais aussi parce que tu m’accompagnes. Ah et puis oui, j’ai encore des affaires chez mon père, et puis dans deux sacs, on peut mettre pas mal de choses ! »

Je regardais la voiture de mon ami, et mes yeux devaient sûrement briller. Mon père avait toujours voulu monter dans un cabriolet ! Je demanderai à Se Jong de laisser mon vieux père essayer, je ne pouvais pas lui en acheter une de toute manière. Je pouvais au moins lui offrir une fois le droit d’essayer, avant qu’il ne s’en aille rejoindre ma mère. Je secouais doucement la tête, et je me retins de me donner un petit coup sur cette dernière, pourquoi pensais-je à ça ? Ce n’était pas le moment !

Je tapotais l’épaule de Se Jong en riant. Oh, je ne pouvais plus me retenir de rire ou de sourire, c’était plus fort que moi. En plus, ces derniers jours, je ne le faisais plus vraiment, alors ça me faisait énormément de bien.

« Yaah Se Jong ! Ta voiture est très belle. Mon père va être jaloux ! » rigolais-je en allant derrière la voiture, attendant qu’il ouvre son coffre, afin que nous puissions y déposer nos bagages.

« Elle te va bien en fait. Dis, tu attires beaucoup les filles avec ça ? »

Je rigolais une nouvelle fois, je le taquinais un peu. Ça aussi, je ne pouvais pas m’en empêcher, et puis j’étais tellement bien là, avec lui. Il était réellement comme un rayon de soleil pour moi, qui étais en ce moment dans le noir. J’avais l’impression de revivre avec Se Jong près de moi, c’était incroyable, parce que je ne le connaissais pas tellement, mais ce n’était pas ça qui m’inquiétait.

« Je ne sais pas si je peux mettre pas mal de choses dans deux sacs. J’ai tendance à un trop acheté. Je suis une fashion victim. Je suis content d’aller à Incheon avec toi aussi. »

Je pouffais un peu, je n’avais pas vu sa garde-robe mais j’imaginais bien à quoi elle pouvait ressemblait. Mais enfin, je ne pouvais rien lui dire et lui reprocher car même si les gens ne le savaient pas, ma garde-robe devait être toute aussi remplie que la sienne. Certes, pas des mêmes vêtements, mais elles devaient bien être de la même taille, puisque je ne pouvais jamais résister face à une belle chemise ou une petite veste légère.

« On devrait faire les boutiques ensemble un jour. Enfin, je ne sais pas si c’est une très bonne idée parce que je ne peux pas me retenir d’acheter dès que ça me plait. » Rigolais-je.

Et je souris encore une fois l’entendant dire le mot « essayer » parce que j’imaginais déjà mon père tout heureux. Il serait du genre à vraiment vouloir essayer mais à avoir peur d’abimer une aussi belle voiture. Toutes les expressions heureuses de mon père me revinrent en tête et je sentis mon cœur accélérer le rythme de mes battements, j’allais le revoir. J’allais pouvoir l’enlacer et prendre soin de lui, lui cuisiner des choses, lui montrer à quel point il m’avait bien élevé et que je vivais bien maintenant. Et puis je voulais également revoir les souvenirs qu’il avait gardé de ma mère, je voulais revoir les grands champs d’herbe d’Incheon, je voulais tout ça. Et finalement, je me dis que ça n’aurait pas été aussi amusant, si j’avais été seule là-bas.

Se Jong prit mes bagages pour les déposer dans le coffre et alla m’ouvrir la portière de sa voiture. Je montai dans sa voiture en riant alors qu’il venait de m’avouer que cette dernière l’aidait parfois dans ses conquêtes. Sincèrement, je n’arrivais pas à comprendre les filles qui craquaient pour ça, ou alors j’étais vraiment différente. Et puis contrairement à beaucoup d’entre elles – je suppose – le charme de Se Jong ne me faisait pas du effet. Oui, je l’avouais, il était beau mais de toute façon, je ne le voyais que comme un très bon ami, et il devait sûrement me voir de la même façon.

« Ces filles doivent être écervelées. » murmurais-je assez fort pour qu’il entende, une fois installé dans le véhicule.
Non je n’avais pas du tout honte de le dire, c’était vrai… Ou alors, encore une fois, j’étais trop différente des autres.

Il enclencha le contact et me regarda, me faisant sourire.

« Prête ? »

« Bien sûr que je suis prête ! »

Je tapais doucement mes mains, et dans mes yeux devaient se trouver une lueur de bonheur, on allait à Incheon ! Et ça allait être absolument génial.

Nous discutions depuis une heure déjà et les grandes rues de Séoul étaient maintenant loin, nous quittions définitivement le centre-ville. Et nous avions discuté de tout et n’importe quoi, en fait, j’en avais appris pas mal, des choses sur Se Jong. Mon dongsaeng – oui parce qu’il était plus jeune que moi, mais j’avais toujours tendance à l’oublier – était quelqu’un de très intéressant. A première vue, il semblait être vachement dragueur mais c’était quelqu’un de très gentil. Ou alors il ne l’était vraiment qu’avec moi, ça, je ne le savais pas vraiment en fait.
D’ailleurs, depuis plusieurs minutes déjà, mon ami semblait être embêté par quelque chose, enfin peut-être que ce n’était que moi et je n’osais pas tellement lui demander ce qui n’allait pas, car j’avais peur que ça gâche totalement la bonne ambiance qui s’était installée. Alors je laissais passer, tout simplement.

« Sinon, je voulais te demander, tu as rencontré d’autres Twaos finalement ? Toi qui connait maintenant leur existence. »

Je hochai la tête, et un petit sourire vint s’installer sur mes lèvres, je repensais à mes rencontres avec tous les autres Twaos qu’il pouvait y avoir dans ma vie.

« Oui. J’en connais pas mal en fait ! Et puis ça se trouve, j’en connais mais je ne sais pas qu’ils sont Twao. Je vis en collocation avec ma meilleure amie qui en ait une… Pour tout te dire. » Lui dis-je.

Il y avait quelque chose qui n’allait pas, vraiment. Parce que Se Jong n’arrêtait pas de jeter des coups d’œil dans son rétroviseur, comme s’il y avait quelque chose derrière nous qui le dérangeait. J’avais même discrètement regardé moi aussi, mais je ne trouvais rien de louche. Alors encore une fois, j’avais laissé passer.

« Qu’est-ce que tu faisais à Incheon aussi ? C’est un peu perdu comme coin, il n’y a pas grand-chose à faire… »

« Beh… J’ai grandis à la campagne alors j’ai toujours trouvé des choses à faire tu sais. Et puis je ne trouvais pas le temps de m’ennuyer, entre mes cours et le travail que je faisais pour aider mon père, ou alors les voisins du coin. Ça m’amuse d’aller récolter les fruits et légumes qu’ils plantent ! Et puis y a le centre, avec quelques magasins, l’aéroport et tout ça… »

Finalement, je ne pus me retenir plus longtemps, vu l’ambiance qui avait changée.

« Dis… il y a quelque chose qui ne va pas ? Tu sembles… inquiet ou embêté… » Demandais-je enfin.

J’écoutais Se Jong en riant un peu. Est-ce qu’il se moquait de moi ? Oui ! J’allais à l’aéroport quand je m’ennuyais, c’était toujours amusant d’aller se coucher sur l’herbe pour regarder les avions décoller et le ciel bleu. Enfin j’avais une façon très spéciale de m’amuser et de faire passer le temps. D’ailleurs, avec le beau soleil que nous avions aujourd’hui, ça aurait été très bien d’aller dans un champ. Puis le prénom Joon Hee me revint en tête. J’avais déjà entendu ce prénom quelque part, j’en étais sûre !

« Tu as bien dis Joon Hee ? Ce n’est pas un petit lycéen ça ? Je crois que je l’ai déjà rencontré ! Ah oui ! Je l’ai déjà vu quand j’étais à l’université ! » m’exclamais-je maintenant que je me souvenais bien.

J’étais surprise d’apprendre que je connaissais déjà son meilleur ami, ce lycéen absolument adorable qui m’avait réconforté alors que je n’étais pas bien. Je me demandais s’il était au courant pour les Twaos, enfin je verrai bien, plus tard.

Puis il répondit à ma question et j’avouais que je commençais vraiment à être inquiète. Je voulais dire… il n’était pas du genre à être aussi dérangé par quelque chose, sauf si justement, il se passait un truc. Non ?

« Désolé, juste un problème sur la route mais rien de grave. Si tu l’as pas remarquer c’est que ce n’est pas bien important. » Me dit-il en me souriant.

Son sourire que j’aimais tant, s’il l’avait fait pour me rassurer, ça avait marché, parce que oui, j’étais rassurée maintenant. Mon regard se posa à nouveau sur la route devant nous et je remarquai enfin que les grands immeubles avaient disparu pour laisser place à un autre environnement. Ca changeait, j’avais pris l’habitude de voir les bâtiments de Séoul partout où j’allais. Mais si nous partions aujourd’hui, pour les campagnes d’Incheon, c’était justement pour ça, changer d’air. Ça ne pouvait pas nous faire du mal.

« Désolé de t’avoir inquiéter. Bon, de quoi veux-tu parler ? »

Je levais les yeux au ciel et je réfléchissais rapidement. En fait, je n’avais aucune idée et ça m’énervait un peu. Je gonflais les joues et soupirais.

« Tu sais quoi… Je n’en sais rien ! » rigolais-je « Ah… Tu sais, tu m’avais dit que j’étais jolie ! Je ne te croyais pas. Mais ton ami, Joon Hee, m’a dit la même chose. Du coup, ça ne me surprend pas que vous soyez meilleurs amis »

Wah, génial comme début de conversation Hye Mi ! En plus, je n’aimais pas vraiment parler de moi, de moi et de ce sujet-là, je n’étais absolument pas à l’aise quand on parlait de ça. Je ne me félicitais pas pour le coup, mais puisqu’il fallait parler et que de toute façon, Se Jong allait finir par me connaitre presque par cœur… Autant en parler maintenant. Je détournais le regard, mes joues avaient sûrement prit de la couleur…

« Je suis encore surpris que Joon Hee t'es rencontré! Ah! Mais c'est toi alors la fameuse Noona "trooop gentille et mignonne" » Se Jong éclatait de rire et je souris en imaginant Joon Hee lui raconter notre rencontre absolument adorable. « Ce n'est pas parce que nous sommes meilleurs amis que nous te l'avons dis. Mais parce que c'est la vérité, Hye Mi Noona... »

Je pensais que mes joues étaient déjà assez rouges mais je me sentais rougir à nouveau. Je baissais la tête, et ris un peu, gênée. Je n’avais absolument pas l’habitude d’entendre ce genre de chose et oui, c’était agréable. Très agréable même. J’allais sûrement devoir prendre l’habitude parce que je comptais bien revoir Joon Hee. Et Se Jong également. Oh et puis si je pouvais voir les deux en même temps, ce serait absolument génial. J’étais presque sûre que Se Jong était aussi adorable avec son meilleur ami.

Et je n’avais pas rêvé ? Ah, mon Dieu ! Je me retenais de toutes mes forces de ne pas couiner ou de sourire bêtement, ou de taper des mains ou de le prendre dans mes bras – à éviter, je ne voulais vraiment pas causer un accident ! – mais à l’intérieur, c’était la fête que je faisais. Je le savais très bien, Se Jong ne m’appellerait jamais Noona, mais je voulais l’entendre le dire une fois et voilà. C’était fait. Je le savais ça aussi : je m’excite toujours pour un rien ! Je n’y pouvais vraiment rien.

Se Jong me proposa de dormir et de me réveiller plus tard. C’est vrai ça ! Pourquoi ne m’étais-je pas encore endormie ? Oui, parce qu’en voiture, je ne pouvais rien faire et souvent l’ennui me tombait dessus et donc, je m’endormais. Peut-être que c’était parce que j’étais avec mon ami et que je lui parlais. Ça devait sûrement être ça !
Mais en même temps j’hésitais. J’avais encore envie de rester éveillée. Rien que pour voir la route et le paysage changer. Et puis pour parler avec Se Jong. Ah et surtout, le pire… Je n’avais pas envie qu’il voit ma tête endormie. Je ne savais pas à quoi je ressemblais dans ces moments-là, ça pouvait être assez embarrassant. Apparemment, c’était trop drôle, c’était Sun Kyu qui le disait.

« Puis tu seras encore plus en forme en voyant ton père ! »

La phrase qui me fit craquer. Se Jong me connaissait vraiment bien maintenant, ce n’était pas juste ! Je ne pouvais pas le manipuler comme je le voulais moi. Mais bientôt ! Et là petit Dongsaeng, tu vas morfler ! Je te ferai faire n’importe quoi en te faisant du chantage.

Je pouffais un peu en repensant à ma bêtise. Puis finalement je hochais la tête.

« Je vais me reposer un peu alors ! » dis-je en m’installant plus confortablement dans le siège. Et en plus, c’est que ces sièges de voiture étaient vachement bien. J’en voulais un pour moi.
Je ris à nouveau puis ferma les yeux, et je laissais les mouvements de la voiture me bercer.

Je dormais encore paisiblement mais les caresses de Se Jong sur mes cheveux me réveillèrent et c’est avec un petit sourire aux lèvres que j’avais ouvert les yeux. Je les frottais doucement et essayait d’émerger. Je papillonnais des paupières pour habituer mes yeux à la lumière du jour et me redressais pour pouvoir observer ce qui nous entourait. Je souris bêtement, je commençais à reconnaitre les paysages qui m’avaient toujours entouré quand j’étais plus jeune. Oui, ça m’avait réellement manqué et je m’en rendais vraiment compte maintenant.

J’écoutais tranquillement Se Jong, en collant presque mon visage contre la vitre… enfin, non, je collais carrément mon visage contre et observait le paysage défiler. Je n’avais qu’une envie : sortir de la voiture et aller jouer dans les hautes herbes. Elles avaient l’air douces et elles étaient si vertes ! C'était beau !
Mon regard se posa à nouveau devant nous et je fus surprise de voir cette voiture devant nous, sur la route, arrêtée sur le bas-côté. Je l’avais vu derrière nous quand j’avais regardé, plus tôt, avant de m'être endormie. Elle nous avait dépassé lorsque je dormais ? Ou alors c’est qu’il y a plusieurs voitures comme ça dans le coin, ce qui était probable.

« Quoi ? Mais qu’est-ce qui ne va pas avec lui ? Il déraille, on est absolument pas à Incheon… »

J’avais à peine eu le temps de poser mon regard sur Se Jong, et sur le GPS qui semblait avoir un problème, qu’un énorme bruit se fit entendre. J’avais sursauté, surprise, mais la surprise se transforma rapidement en une énorme peur.
Je n’arrivais plus du tout à voir ce qu’il y avait autour de nous et étais secoué dans tous les sens. En sentant le bras de Se Jong se placer devant moi, je fus, juste pendant une minuscule seconde, rassurée, mais ce n’était plus la peine d’espérer que la voiture s’arrête miraculeusement. J’avais extrêmement peur, j’étais complètement paralysée et j’aurai voulu pouvoir serrer Se Jong contre moi. Ce qui était impossible bien évidemment.
Je fermai les yeux, effrayée comme jamais, lorsque la voiture tomba dans le fossé. Un cri m’échappa malgré moi, je ne pouvais tout simplement pas retenir toute cette peur concentrée en moi. Le bruit était atroce, me rappelant la situation même si je voulais l’oublier et je sentis des verres se planter dans ma peau. C’était douloureux et je n’étais pas sûre mais il y avait sûrement quelques larmes qui glissaient sur mes joues. Tout d’un coup, l’accident de ma mère me revint en tête et je ne pus retenir mes sanglots… J’avais peur, et ma mère aussi, avait dû avoir extrêmement peur. J’avais peur de finir comme elle, et de ne plus jamais revoir mes amis, et surtout mon père. Le pauvre, jamais il n’allait le supporter. Il avait perdu sa femme, comme allait-il faire s’il me perdait moi aussi ?
Je ne savais plus où nous étions et combien de temps s'était écoulé depuis que la voiture était tombée, mais quelque part, je m’en fichais. Je voulais juste qu’on survive, moi et Se Jong. Et ça allait être le cas, hein ?

Je ne sentais plus du tout mon corps, tout ce que je savais, c’était que je n’avais jamais autant ressenti de douleur. Je peinais à respirer, et mon sang coulait sans vouloir s’arrêter, ce qui m’inquiétait. Je réussi tout de même à ouvrir les yeux, après un effort surhumain et j’aperçus Se Jong, toujours à sa place et le sang sur son visage me donna envie d’aller le soigner. Et vite. J’aurai pu. Si je n’étais pas coincée là où j’étais, avec un corps lourd et douloureux. Je pleurais encore, parce que de toute façon, je ne savais pas quoi faire d’autre.

J’avais envie de parler, de demander à mon ami s’il allait bien – je supposais que non – mais malgré tous mes efforts pour ouvrir la bouche et laisser un son y passer, je n’y arrivais pas. C’était vraiment trop dur, et je ne savais pas comment nous allions nous en sortir.

C’était effrayant.

« Hye Mi… Hye Mi… Dis moi où tu as mal. Hye Mi parle moi… je vais nous sortir de là »

Il me parlait et ça me rassurait. Il pouvait le faire, contrairement à moi. Je voulais lui répondre, mon cerveau, mon cœur le voulaient, mais mon corps ne pouvait tout simplement plus obéir. Où est-ce que j’avais mal ? A vrai dire, je ne savais pas. Partout. Aux jambes, au torse, à la tête, au ventre, mes bras, même mon visage. C’était atroce. Je sentais mon sang, je pouvais le sentir tâcher mes vêtements, je n’étais pas du tout sûre, mais ma blessure devais sûrement se trouver au niveau de mon ventre. J’avais réellement mal, et je commençais à avoir froid. Pas froid comme pendant l’hiver. Non, j’avais froid.

Et j’avais peur.

Je voyais Se Jong bouger, sûrement pour essayer d’attraper son portable et je priais tous les dieux possibles pour qu’il y arrive. Je le regardais, très inquiète. Certes, j’étais dans un mauvais état mais lui aussi, j’avais encore plus peur pour lui… Parce que Se Jong était un twao et que moi, malgré mon « pouvoir » qui me permettait de transmettre ma bonne humeur, là, je ne pouvais rien pour lui. Je n’étais pas une twao. J’espérais sincèrement qu’il avait encore assez d’énergie.
Lorsqu’un cri de douleur lui échappa, ce fut mon cœur qui prit un coup. En temps normal, je lui aurai presque sauté dessus pour lui demander ce qui n’allait pas.

Encore une fois, j’essayais de parler, mais c’était réellement trop dur, je n’y arrivais plus. Je n’avais pas assez de force, de motivation également, dans mon état, je n’avais plus qu’une seule envie… fermer les yeux. Et me laisser aller, parce que la souffrance que je ressentais était de plus en plus dure à supporter. Seulement, c’était hors de question. Il fallait que je tienne bon !

Enfin, je voyais Se Jong prendre son portable. Et je l’entendais téléphoner aux secours. Par pitié, qu’ils viennent vite, je n’allais plus pouvoir tenir longtemps et mon ami non plus. Finalement, je me rendais compte à quel point j’étais effrayée que Se Jong perde toutes ses forces. Il arrivait, certes, encore à bouger, là en face de moi, mais je l’avais déjà vu perdre ses dernières forces. Je ne voulais pas que ça arrive, pas encore. Je me rendais aussi compte que je m’étais attachée à lui et que s’il mourrait à cause de moi, je ne le supporterais pas…
Il demanda aussi à la police de venir. Je ne comprenais pas pourquoi mais de toute manière, je n’étais pas du tout en état de réfléchir.

« Les secours arrivent Hye Mi… t’inquiète pas. »

Si ! Si, bien sûr que j'étais inquiète ! Se Jong, tu allais avoir besoin d’un donneur, je n’en étais pas une, et il n’y avait sûrement pas de twao dans le coin. A présent, il n’y avait plus que mon ami et sa santé qui hantait mes pensées.
J’avalais difficilement ma salive et grimaçais à cause du sang. Je n’arrivais plus à respirer à cause de ma position et ma vue commençait à ne plus être très claire. Oh non, pas ça. Ce n’était pas le moment.

« Je suis tellement désolé Hye Mi… »

Je pleurais encore plus. Mais pourquoi s’excusait-il..? Imbécile...

« Je… C’est… moi qui suis… désolée Se… J-jong. »

J’avais enfin réussi à parler, et je ne reconnaissais même plus ma voix.  Et oui, c’était à moi d’être désolée, parce que c’était moi qui l’avais entrainé jusqu’ici. Il n’avait pas été obligé de m’emmener voir mon père à Incheon, pourtant il avait quand même accepté et maintenant, s’il était comme ça, souffrant, c’était seulement à cause de moi. J’aurai dû abandonner et y aller un autre jour. Je le savais… Et pourtant, ça devait être un bon jour.

Sa main se resserra sur la mienne et je me mordis la lèvre. J’avais envie de le tirer hors de la voiture. Si seulement j’avais plus de force !

« Si tu peux, sors… sors. »

Je paniquais totalement intérieurement. Je le voyais me lâcher, doucement, même s’il n’en avait pas envie. Il se fatiguait et ses yeux se fermèrent. Je voulais crier, crier et lui dire de rester avec moi, mais j’avais usé de mes dernières forces pour m’excuser.
J’essayais de bouger mon corps, avec lenteur. Je devais sortir, pour essayer de l’aider lui, ensuite. Je ne pouvais pas laisser Se Jong. Doucement, je bougeais l’une de mes jambes vers l’extérieur, me faisant gémir de douleur. Je n’allais pas y arriver, et ça m’énervait réellement ! Et petit à petit, je me reculais pour sortir de la voiture. Mais je fus prise de vertige… J’avais perdu trop de sang sûrement, et ramper comme je le faisais, ouvrait peut-être encore plus ma blessure.

Mais j’y étais presque…

J’étais totalement partagée, je devais sortir. Parce que j’allais finir par étouffer sinon mais me déplacer allait me tuer. A chaque mouvement que je faisais, je perdais un peu plus de sang, et je souffrais en plus, si j’avais la force de crier, je l’aurai fait. J’aurai même hurlé de douleur. Malgré tout, je finis par prendre la décision de m’en sortir et donc, de sortir de cette fichue voiture. Je continuais encore et je finis par lâcher la main de Se Jong, ce que je ne voulais pas faire. Parce que j’avais besoin de savoir s’il était encore là, près de moi.
C’était décourageant, car malgré tous mes efforts, je ne parvenais pas à sortir mais la voix de mon ami me redonna du courage. Juste assez pour que je m’en sorte. Je ne sentais plus du tout, mes bras, et mes jambes, c’était une sensation bien horrible.

Je vis Se Jong bouger mais pour faire quoi ? Je ne savais pas, parce que ma vue était brouillée par mes larmes, mon sang et puis je ne voyais plus du tout, j’étais sûrement à la limite de l’évanouissement. Tout en espérant que Se Jong allait bien, je continuais à faire ce que je devais faire et essayais d’oublier cette douleur qui me torturait.
Seulement, lorsque j’entendis Se Jong crier de douleur, je ne pus que me stopper pour essayer de voir où est-ce qu’il était. Je voyais sa silhouette mais dans quel état était-il ? Mon cœur me faisait mal lui aussi, car je ne pouvais absolument rien faire pour lui.

« Ecoute pas Hye Mi !... Regarde les h…her-bes au loin…tu vois le…so-soleil…conc-cen-tre TOI ! »

Un nouvel sanglot m’échappa. Oui, je sentais les rayons du soleil réchauffer mes jambes et bizarrement, contrairement à d’habitude, cela ne fit pas du bien. C’était pire, ça me brûlait, mais c’était sûrement à cause de la situation. Les mots de mon ami me donnèrent encore une fois le courage et la force de continuer à ramper vers la sortie. Je le fis, grimaçant de nombreuses fois en sentant le verre coupant sous mon corps, qui était réellement lourd. Pourtant, je n’étais pas grosse !

Je ne peux plus qu’entendre Se Jong faire quelque chose avec sa voiture et il souffrait énormément, me faisant souffrir également, en plus de mes blessures, c’était un sentiment inexplicable.
Au bout d’un moment, j’arrivais à nouveau à l’apercevoir en face de moi et il m’encourageait encore et encore. Seulement cette fois, il allait me lâcher pour de bon, ce que je ne pouvais pas accepter. J’ouvrais la bouche pour lui dire de rester avec moi, mais aucun son ne sorti. Ce n’était pourtant pas compliqué ! J’avais bien réussi à parler quelques instants plus tôt. Mais c’était trop tard de toute façon, Se Jong avait fini par s’évanouir et je pleurais car j’avais peur qu’il ne se réveille jamais.

Les sirènes de l’ambulance se firent entendre et j’entendais à présent des portières de voiture claquer, des gens qui couraient, qui criaient. Et moi j’y étais presque, il n’y avait plus que le haut de mon corps à l’intérieur de la voiture. Puis ce fut des pas que j’entendis, et sans que je comprenne comment, on m’avait sorti de ce qui restait de la belle voiture de Se Jong. On me demanda de nombreuses fois si je pouvais parler, leur dire où ce que j’avais le plus mal et je ne répondis que :

« Mon… mon ami. Il… il est encore dedans… et… vite ! C’est… S-se Jong il, c’est..un twao… »

Ma gorge me brûlait, c’était plus que douloureux, mais je leur avais dit et ils s’exécutèrent alors qu’on essayait de me soigner un peu. Ils réussirent à sortir mon ami et je ne pus voir dans quel état il était. Je voulais juste qu’il puisse y avoir un autre twao près de nous, parce que Se Jong en avait réellement besoin maintenant.
Je fermais les yeux malgré moi, la fatigue m’emportant. Je sentais juste mon corps être transporté, sûrement en même temps que celui de mon ami.

Fin