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Kim Hee Ji & Cho Sang Nae

le 14/09/2003 vers 17h

Je tombe, je me relève, et je repars encore, un peu plus loin. Je ne sais pas comment je suis arrivée là, mais je sais une seule chose : il faut que j’en m’en aille aussi loin que possible de là. De cet endroit, enfermé, où je suis parquée avec d’autres enfants depuis mon plus jeune âge. Où ces enfants, quand ils en sentent l’envie, me prennent pour un jouet humain. Je suis leur bouc émissaire favori. Quoi de plus amusant qu’une fille maigrichonne qui ne peut pas se défendre face à tous les autres enfants qui veulent sortir de l’ennui ?

J’avais réussi à sortir de l’orphelinat par une brèche ouverte, et j’avais couru, couru, jusqu’à ne plus avoir de souffle. Un regard par-dessus mon épaule m’informe que je ne suis plus suivie. Ouf… Je m’autorise une pause, me casse en deux, les mains appuyés sur les genoux. L’air rentre peu à peu dans mes poumons esquintés par la course rapide que je me suis imposée, me brûlant tout au passage. La douleur m’informe néanmoins que je ne suis pas morte… Je me redresse, difficilement reprenant toute la hauteur de mes dix ans. Mes yeux, dont le brouillard commence juste à s’estomper, m’informent que l’endroit où je suis… m’est totalement inconnu. Je suis en plein milieu de la ville, les voitures autour de moi roulent à une vitesse incroyable, et les bruits m’assaillent d’une puissante violence. Je ne sais pas où je suis. Je ne sais pas ce qui m’entoure. Je suis perdue. Perdue…

Aussitôt, je cherche un endroit à l’abri, pour pouvoir m’abriter et pour pouvoir me cacher. On ne sait jamais ce qu’il peut m’arriver… La ville est dangereuse, c’est ce que n’arrête pas de nous répéter les éducatrices…  Et c’est pour ça que j’ai peur, toute seule, réfugiée dans un coin de rue obscur où je me suis assise, les bras entourant mes genoux. Mes lunettes, énormes, glissent de mon nez. Les verres sont trempés, il pleut à verse, et mes longs cheveux noirs goutent sur mon visage et dans mon dos. Je commence à avoir froid… Mais mon cœur ne freine pas sa redoutable course pour autant. J’ai peur, et cette peur est loin de calmer mon palpitant. Les gens passent, indifférents à ma présence, protégés sous des parapluie sombres alors que mon simple pull en laine usé prend l’eau à la manière d’une éponge. Mes larmes commencent à couler lorsque je me rends compte que je vais rester ici, que personne jamais ne me trouveras et que j’allais mourir de froid ici… Les perles salées se mêlent au gouttent de pluie qui ruissellent déjà sur mon visage.

Je ne m’en rends pas compte tout de suite, mais quelqu’un s’est arrêté. Une jeune fille, je crois. Elle me regarde… C’est la première personne qui, depuis tout le temps que je suis là, pose ses yeux sur ma personne. Mes lunettes qui me brouillent la vision m’empêche de déterminer vraiment quel est son âge… Sa petite taille m’informe qu’elle ne doit pas être plus âgée que moi. J’ose ouvrir la bouche pour l’interpeler :

« Eh… »

Les mots que je souhaiterais dire ne sortent pas, à cause de ma voix cassée d’avoir trop gardé le silence. Est-ce que cette fille pourrait m’aider ?

Spoiler:

Abandonné