Vous croisez Jong Hae dans la rue. Que voyez-vous ? Un bel homme, grand, brun, un peu trop maigre peut-être. Sa peau est pâle, lui donnant un côté fragile indéniable… Ses cheveux retombent sur le haut de son visage, cachant parfois son regard sombre, profond, en amande. Le reste de son visage reste pour le moins banal. Son nez n’est ni trop grand, ni trop petit. Sa lèvre supérieure est peut-être un peu trop fine à son gout, mais on oublie vite ce petit « défaut » lorsque Jong Hae se met à sourire de toutes ses dents.  Son visage se métamorphose alors totalement, le rendant presque « chou », si l’on peut appliquer ce terme à un homme de son âge. Malheureusement pour vous, Jong Hae cache souvent son visage  derrière un masque, sa maladie le rendant vulnérable au moindre petit virus. La plupart des gens ne peuvent ainsi voir que son regard pénétrant, le rendant ainsi d’autant plus mystérieux.

Bien qu’il soit très expressif en présence des gens qu’il aime, il reste toutefois assez froid et impassible en face des étrangers. Ceci n’est que le reflet de son mal être et de sa timidité, et ne correspond nullement à ses ressentiments. Les apparences sont parfois trompeuses… Ne vous laissez pas avoir.

D’un point de vue vestimentaire, Jong Hae reste très sobre, il ne veut pas se faire remarquer, et trouve que de toute façon, les couleurs trop vives ne correspondent pas à sa personnalité et ne vont pas avec son teint blafard.  Il privilégie également les vêtements où il peut être à l’aise, ne cherchant pas spécialement à être à la mode ou à s’habiller classe. Le jeune homme possède de toute manière un charisme qui lui permet d’être « cool » peut importe ce qu’il a sur le dos.

En conclusion, bien que Jong Hae cherche à être discret et dissimile son visage, il ne peut renier sa classe naturelle, sa stature plutôt impressionnante et son charme à la fois naturel et honnête.

La personnalité de Jong Hae a été façonnée par le passé et la maladie du jeune homme. Naître avec le SIDA ne vous permet pas d’être une personne épanouie, sure d’elle, optimiste et boute-en-train… Quoique… certains ont la force de caractère nécessaire pour faire abstraction de tout cela et vivre leur vie pleinement. Pour sa part, Jong Hae se préserve, espérant chaque jour que sa maladie disparaisse ou qu’un remède soit découvert…

Parce que le Sida est une maladie trop mal connue et pleine de préjugés, Jong Hae n’aime pas crier sur tous les toits qu’il est malade. Il n’a pas honte, mais est plutôt mal à l’aise : il a sans cesse peur que son entourage découvre son état et le rejette, le traitant avec dégoût et cruauté. C'est pour cette raison qu'il préfère rester discret de manière générale.

Timide, un peu méfiant, il n'accorde pas souvent sa confiance et ne se confie que très peu. Il a beaucoup de copains, mais peu de véritables amis, car il s'est construit une carapace qu'il est difficile de franchir. Il n'est pas froid, et ne rejette pas les autres, mais son mal être se ressent et empêche les autres de faire le premier pas. De toute manière, le jeune homme quitte rarement son domicile et se contente de sortir pour aller en cours.

Déterminé, têtu même, il est décidé à devenir chercheur en biochimie dans l'espoir de trouver un jour un remède à sa malédiction. Jong Hae est intelligent, organisé et ordonné. Il est également maniaque et soucieux de la propreté, conséquences directes de sa  vulnérabilité à tout ce qui traîne et peut lui causer du tort.

L'étudiant est sensible, et honnête. Il déteste les personnes hypocrites ou fausses qui se prétendent indispensables et omnipotentes. Il respecte ses aînés et aide ses cadets lorsqu'il le peut. Cependant, à sa plus grande frustration, on a tendance à vouloir prendre soin de lui plutôt que l'inverse. Jong Hae déteste être faible, mais ne se voile pas la face. Il a conscience de son état. Il n'abuse jamais de sa forme, et reste toujours raisonnable. Il ne boit pas, ne fume pas. Certains disent de lui qu'il rate sa vie en dédaignant ces plaisirs si simples... D'autres le taquinent en sous entendant qu'il est encore puceau... ce qui est vrai. Comment pourrait-il s'unir avec une autre personne alors qu'il a le SIDA ? Il ne veut mettre personne en danger... Et pourtant, s'il n'a pour le moment aucun intérêt ou désir sexuel, il n'est pas à l'abris de l'amour...

Il y a certaines personnes qui naissent avec toutes les cartes entre leurs mains, leur enfance et leur avenir déjà tout tracé, leur petite vie planifiée. Il y a certaines personnes qui sont tellement attendues qu’elles se retrouvent pourries gâtées sans comprendre ni pourquoi ni comment… Et il y en a d’autres qui n’ont rien de tout cela. Il y a ceux qui sont des « accidents »… des grossesses non voulues, des erreurs de parcours… des problèmes sur les bras, des boulets que l’on traine… Jong Hae fait partie de ceux-là…

Pour comprendre le contexte de sa naissance, il faut s’intéresser d’abord à sa mère, Jee Hee. Jee Hee n’était encore qu’une jeune fille, une adolescente tout juste sortie du système scolaire, inconsciente, insouciante, et oublieuse des réalités de la vie. Lorsqu’elle tomba amoureuse de Jin Sang, ce dernier était encore marié, et avait même une petite fille. Mais elle s’en fichait… Jee Hee le voulait, elle allait l’avoir, un point c’est tout. Quelques mois plus tard, Choi Jin Sang divorçait et se mettait en couple avec Jee Hee. Il n’en fallait pas plus pour que la jeune femme ne referme le piège autour de lui. Peu désireux de se remarier à la suite de son divorce, Jin Sang, puissant homme d’affaire, gardait tout de même une certaine réserve à l'égard Jee Hee. Il ne voulait pas s’investir aussi vite dans une nouvelle relation, il était même hors de question de se remarier à nouveau. Il pensait alors au bien être de sa fille Soo Hae et des conséquences que pourraient avoir sur elle une famille recomposée… Malheureusement, cela n’était pas du goûts de Jee Hee… La jeune femme tomba enceinte deux mois après le divorce de Jin Sang, obligeant ainsi ce dernier à lui passer la bague au doigt.  

Ainsi naquit Jong Hae. Non désiré par son père, utilisé par sa mère… haïs par sa demi-soeur… Jusque-là, rien de bien grave me diriez-vous ? Mais vous avez tord ! L’égoïsme de Jee Hee n’avait aucune limite, et ses déboires d’adolescentes avaient eu des conséquences plutôt graves sur la santé de la jeune femme, même si elle faisait tout pour le renier. Car oui, Jee Hee était séropositive depuis bientôt deux ans. Cela ne l’a pas empêché de continuer à coucher avec d’autres hommes après la découverte de sa maladie. Ainsi, Jin Sang ne découvrit le pot au rose que trop tard, alors qu’il effectuait un dépistage anodin pour les besoins de son travail. Inutile de vous décrire l’état de cet homme lorsqu’il apprit la nouvelle. Jin Sang entra dans une colère noire, et se confronta à Jee Hee ci-tôt rentré à la maison. Mais cette dernière, au lieu de craindre sa réaction ou de se confondre en excuse, se contenta de le faire chanter. Elle le menaça de révéler son propre état à son patron et collègues. Jin Sang avait les mains liées, il n’était pas de taille face à la mesquinerie de Jee Hee.

C’est dans cette ambiance et dans ces circonstances que Jong Hae passa son enfance. Cela aurait pu rester supportable si, toutefois, le jeune homme n’avait pas hérité de la séropositivité de sa mère. Attraper le virus du Sida était une chose… naître avec en était une autre. Jong Hae avait, par conséquent, toujours été faible et soumis aux contraintes de sa maladie. Sans cesse malade, il allait rarement à l’école, et ne put se faire beaucoup d’amis. A l’âge où l’on se forgeait une opinion, une personnalité, des passions et des besoins, Jong Hae, lui, ne vivait qu’avec la crainte de sa maladie. Il se sentait seul et rejeté. Il avait conscience des préjugés qui entouraient le virus du Sida. Il se persuada très vite qu’il valait mieux le cacher, pour ne pas que les gens le rejettent ou le regardent avec dégoût.

Pourtant, peu de personnes étaient vraiment au courant de sa maladie. Seule sa mère et son père le savaient. A l'époque, même sa demi-sœur, Soo Hae, l’ignorait. Et Jong Hae n’avait jamais ressenti le besoin de le lui dire. Après tout, à quoi bon ? Soo Hae le détestait. Elle le détestait avant même qu’il ne vienne au monde, le rendant responsable de l’explosion de sa famille. Si, au début, Jong Hae était trop jeune pour comprendre le ressenti de sa grande sœur, il finit très vite par se faire une raison en grandissant.

Sa mauvaise santé rendit Jong Hae très mature pour son âge. Très jeune, le petit garçon apprit les valeurs de la vie. Il apprit à relativiser, à vivre au jour le jour. Il prenait sur lui, souffrait en silence, ne se plaignait jamais. Il avait une conception des choses plutôt optimiste malgré ses conditions. Il avait, après tout, toujours eu le Sida. Il était né avec, il ne savait pas ce qu’était la vie sans ce mal. Il s’attendait à tout moment à succomber à cause de cette malédiction… Pour autant, Jong Hae ne baissait pas les bras. Au collège, alors qu’il était déjà question d’orientation, le jeune garçon annonça officiellement ses désirs de carrière. Il voulait devenir chercheur, en biochimie tout particulièrement. Vous vous doutez bien de ses motivations… Jong Hae était décidé à jouer un rôle dans la recherche d’un remède contre le Sida.

A l'âge de 12 ans, Jong Hae fut confronté à un petit problème très délicat. Rien de bien grave comparé à son "mal" récurrent, mais un problème qui l'avait mis dans une situation plutôt embarrassante. Jusqu'alors, le jeune garçon ne s'était jamais intéressé aux filles, ou aux choses de l'amour. C'était une conception lointaine pour lui, peu importante face à ses soucis quotidiens. Il ne trouvait pas ça important, ce n'était pas concret, voir même incompréhensible à ses yeux. Il n'avait jamais désiré personne non plus, n'ayant jamais vraiment trouvé quelqu'un attirant... Jusqu'à ce fameux jour. Jong Hae n'était alors qu'un collégien. Comme toujours, le garçon était dispensé de sport, et ne pouvait participer aux activités comme ses autres camarades. Assis dans les gradins de la piscine à l'écart, son fidèle masque sur le visage, Jong Hae observait les autres faire le cours de natation. Il les regardait tous avec attention, s'ennuyant un peu. Jusqu'à ce que son regard se fasse plus insistant...sur une personne en particulier...un garçon... et aussi étrange que cela puisse paraître, il le trouvait plus séduisant et plus beau que n'importe quelle fille à grosse poitrine. Oui...à tel point qu'il eut sa première érection, là, à la piscine, devant tout le monde... Il eut la honte de sa vie, bien que personne n'ait vraiment fait attention à lui pendant le cours. Mais honteux, les joues rouges, et avec un problème de taille, Jong Hae eut l'impression que tous les regards étaient posés sur lui. Il fuit rapidement pour aller aux toilettes... Cette nuit là, il ne dormit pas de la nuit. Pourquoi ? Comment ? Ce genre de choses ne lui étaient jamais arrivées. Il n'aimait même ce gars de sa classe. Il avait juste pu admirer le fait qu'il avait un beau corps, malgré son jeune âge... Était-ce cela, le désir ? Était-il homosexuel ? Était-ce anormal de ressentir du désir pour quelqu'un du même sexe ? Jong Hae était emprunt de nombreux doutes, et il n'avait personne avec qui en parler. En cachette, il se renseigna sur le sujet. Il lut beaucoup de livres, alla sur internet... réalisa qu'il n'était pas le seul et que le "phénomène" gay était de plus en plus répondu. Pour autant, cela ne le rassurait pas. Il avait le Sida, et par dessus le marché, il était homosexuel... qui voudrait d'un garçon comme lui ? Il se dégoûtait lui même.

Il y a huit ans de cela, Jin Sang succomba aux effets du Sida. Jong Hae vécut très mal la mort de son père. Bien que ce dernier n’ait jamais été cruel avec lui, le jeune homme s’était toujours senti comme un être indésirable à ses yeux. Jin Sang ne l’avait jamais insulté, maltraité, ni même rejeté, mais il n’était jamais là pour lui. Seule Soo Hae comptait à ses yeux. Jong Hae avait donc toujours souffert d’un manque de figure paternelle… Et il ne pouvait décemment pas compter sur sa mère pour palier à cette absence. La mort de Jin Sang sonna comme une sentence supplémentaire, lui rappelant la dangerosité de sa situation, et le fait qu’il ne pourrait plus jamais tenter de se rapprocher de son père…Jong Hae était seul… définitivement seul.

Les années passèrent, et Jong Hae avançait tant bien que mal dans la vie. Il ne sortait que très rarement de chez lui, et ne se déplaçait que pour aller au collège puis au lycée. Et quand il ne pouvait s’y rendre physiquement, il travaillait sans relâche à la maison afin de ne pas accumuler de retard. Bien qu'il désirait quitter le domicile familial et fuir sa propre mère, Jong Hae ne put le faire, pas même lorsqu'il entra à l'âge adulte. Il n'avait pas les moyens pour prendre son propre appartement, et ne pouvait même pas travailler pour gagner un peu d'argent. Il était difficile de trouver un emploi qui vous permettez d'être absent régulièrement sans qu'on ne vous pose trop de questions... Jong Hae était donc obligé de supporter la présence de Jee Hee, ou plutôt son absence. Bien qu'elle n'ait jamais joué le rôle de mère auprès de lui, elle était encore plus absente depuis la mort de Jin Sang et ne faisait que sortir. Lorsqu'elle rentrait à la maison, ce n'était que pour se plaindre et faire des remarques à son fils qu'elle traitait de "femmelette". Et pourtant, elle même n'était pas au meilleur de sa forme. Le virus du Sida la grignotait à petit feu, beaucoup moins rapidement que pour son mari, mais les effets se faisaient voir physiquement. Elle était de plus en plus maigre, sa peau se détériorait devenant de plus en plus blafarde... Malgré tout, Jong Hae n'arrivait pas à ressentir de la pitié pour cette femme... Son comportement envers lui et tous les autres l'en empêchait...

Sans qu’il ne comprenne pourquoi, ni comment, sa grande sœur finit par découvrir la vérité à son sujet. Depuis qu’elle sait qu’il est également séropositif, Soo Hae a changé radicalement de comportement avec lui. Comme dit le diction, « il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis », et ce n’était pas Jong Hae qui allait s’en plaindre. Aujourd’hui, Soo Hae est sa seule famille, son seul soutien. Il la considère même comme la mère qu’il n’a jamais vraiment eue. Soo Hae prend soin de lui, et le protège. Elle paie même ses frais médicaux et ses universitaires. Il ignore ce qu’il serait devenu sans elle. Il ne serait même peut-être plus là... Car le virus est bien actif chez le jeune homme. Jong Hae est faible, en perpétuel danger. Il sait qu'un simple rhume pourrait l'emporter. Plus les années passent, plus il passe du temps à l’hôpital. Etre adulte lui confère une force plus grande que lorsqu'il était enfant. Mais le virus s'est développé au fil des années, et Jong Hae est de plus en plus obligé de sortir pour étudier. Ses visites médicales se multiplient...
 
A présent, Jong Hae suit ses études en biochimie comme il l’a toujours ardemment désiré. L'université lui a permis de s'éloigner du domicile familial et il a désormais une chambre universitaire qu'il partage avec un autre étudiant. Aujourd'hui encore, il voudrait pouvoir travailler pour subvenir à ses frais et aider sa grande sœur, mais il sait que ce n’est pas raisonnable. C’est tout juste s’il arrive à suivre tous ses cours…Il tente tant bien que mal de vivre une vie normale. Il est même tomber amoureux. Mais il n'ose pas se lancer : à quoi bon ? Il ne veut mettre personne en danger et il craint de souffrir en s'approchant de trop prêt de ce garçon qui fait battre son cœur. Il ne connait rien de l'amour, pas plus que du désir physique... mais il sait que cela lui est interdit. D'autant qu'aujourd'hui encore, Jong Hae n'a toujours pas réussi à s'assumer. Il sait qu'il n'ait pas un monstre, il sait que l'homosexualité n'est pas un problème ou une maladie. Mais dans sa situation, il aurait tant voulu avoir quelque chose d'un tant soit peu normal. Faute de ne plus avoir le Sida, il aurait pu aimer une fille... mais non... il faut croire qu'il était doué pour tout faire de travers...