Na Ya est belle, et elle le sait. Depuis son plus jeune âge, sa mère a joué à la poupée avec elle pour avoir la fille la plus jolie qui soit. C’est une des rares choses qu’elle garde de son enfance : sa volonté de prendre soin de son corps. Sa peau est divinement douce et possède un teint clair. Elle a de longs cheveux châtain foncé toujours bien coiffés dont elle adore la brillance. Les traits doux de son visage lui donnent l’air d’une poupée de porcelaine. Ses grands yeux sont tellement sombres qu’on les croirait noirs alors qu’en réalité, lorsqu’elle regarde vers une source de lumière, on voit bien qu’ils sont couleur chocolat. La partie de son corps qu’elle préfère est sa bouche. Elle aime la différence entre sa lèvre supérieure, excessivement fine, et celle inférieure, bien plus charnue. Elle mesure une taille moyenne, un bon mètre soixante, et n’est ni trop fine, ni trop épaisse. Elle prend garde à son alimentation pour ne pas grossir et rester en bonne santé. Na Ya s’est fait tatouer pour sa majorité une petite orchidée dans la nuque. On ne peut la voir que lorsque ses cheveux sont entièrement remontés, ce qu’elle fait assez rarement. De ce fait, peu de personnes connaissent l’existence de ce tatouage.

Na Ya porte autour d’un cou une fine chaîne d’argent au bout de laquelle est suspendue la moitié d’un cœur. C’est son mari qui possède l’autre moitié. La jeune femme aime les bijoux de pacotille et en porte dès qu’elle quitte son domicile. Bracelets de cuir ou de perles, colliers de toues les couleurs et de toutes les tailles, boucles d’oreilles pendantes ou discrètes, elle a toujours des parures et panoplies pour accompagner ses tenues.

Et en parlant de tenue vestimentaire, Na Ya peut tout porter, et tout peut lui aller. Hyun Joong a pour habitude de dire que même un sac poubelle lui irait à merveille. Ce qu’elle préfère porter, ce sont les robes, qu’elles soient courtes ou longues, simples ou sophistiquées. Malgré tout, elle ne porte pas que des robes. Notamment pour aller travailler, elle arbore fréquemment des shorts en jean plutô courts, ou, à l’extrême opposé, des jeans classiques tout ce qu’il y a de plus moulants. Elle sait se mettre en valeur et ne se gêne pas pour le faire. Elle s’adapte à toutes les situations et peut avoir l’air sérieux ou complètement déjanté sans aucun problème. Quant à ses chaussures, elle porte presque exclusivement des chaussures à talons plus ou moins hauts.

D’apparence, Na Ya a l’air aussi douce qu’un agneau. Et effectivement, elle peut être d’une douceur sans pareille, notamment avec sa fille et son mari. Elle n’a jamais trouvé d’intérêt dans le fait de crier ou de s’agiter dans tous les sens. Elle préfère prendre son temps pour faire les choses et faire montre d’une délicatesse exemplaire. C’est une personne plutôt facile à vivre. Elle n’est pas contrariante, fait preuve d’une gentillesse et d’une honnêteté à toute épreuve. Elle est passionnée, notamment par ses études et par son travail, mais aussi par la musique. Elle joue du piano depuis qu’elle sait marcher et a monté une chorale dans un centre social avec des jeunes défavorisés. Elle est altruiste et généreuse et on lui donnerait le bon dieu sans confessions. Malgré cela, et comme le dit le proverbe, il ne faut pas se fier aux apparences.

Si Na Ya a tout d’une femme innocente et naïve, il n’en est rien. Pour commencer, la patience n’est pas son fort. Elle aime avoir les choses qu’elle veut quand elle le veut, et hormis avec ceux qu’elle aime vraiment, elle peut devenir un véritable poison si on la fait trop attendre. Il faut savoir que la jeune femme a un côté intransigeant qui peut se métamorphoser en pure rancune. Elle sait pardonner, mais elle n’oublie jamais. A cause de tout ce qu’elle a vécu, elle est d’une fidélité sentimentale sans faille. Sa famille et ses quelques amis proches savent qu’ils pourront toujours compter sur elle. Néanmoins, elle voit le sexe comme un simple outil pour parvenir à ses fins, ou un moyen de prendre et de donner du plaisir. C’est pour cette raison que Hyun Joong et elle s’accordent des aventures assez fréquemment, pour s’amuser. Qui plus est, Na Ya vit la vie avec tellement d’intensité qu’elle franchit facilement la limite physique imposée par la société aux relations purement amicales. Elle déteste la solitude qui lui rappelle les nuits passées seule dans sa chambre à prier pour que son père ne vienne pas lui rendre visite et elle a besoin de contacts physiques permanents pour se sentir bien dans sa peau.

Elle est également d’une franchise déconcertante, avec un donc plus qu’exagéré pour mettre les pieds dans le plat. Toutefois, elle s’efforce de prendre des gants, au moins avec les personnes qu’elle est obligée de côtoyer fréquemment ou avec celles qu’elle apprécie. En revanche, elle ne prend pas la peine de faire des détours avec les gens qu’elle déteste. Ainsi, les gens savent toujours s’ils sont appréciés ou non. Elle déteste les conflits à tel point qu’elle a appris à les éviter autant que possible. Toutefois, elle n’en a pas peur. Elle peut déclencher de véritables guerres quand on la cherche en sachant pertinemment qu’elle s’en sortira toujours. Elle se sait chanceuse et bien entourée.

Alors que certains se renferment totalement sur eux-mêmes quand il leur arrive ce genre de chose, les mésaventures de Na Ya lui ont permis d’avoir un caractère fort. Son passage dans une mafia lui a également donné les armes pour savoir comment intimider et menacer les gens à demi-mots. Ainsi, elle n’élève que très rarement la voix, même avec certains cas difficiles qu’elle doit encadrer au foyer dans lequel elle travaille. Elle sait se faire respecter sans lever le petit doigt.

Mais tout cela, il est impossible de le voir quand Na Ya est avec sa famille. Hye Sun et Hyun Joong ont sur elle un effet apaisant immédiat. Qui plus est, Hyun Joong la protègera toujours de tout, c’est une certitude qu’elle a acquise dès lors qu’il a commencé à vivre avec elle et qu’ils ont pris conscience de l’amour sans limite qui les lie. Attention toutefois à celui ou celle qui osera ne serait-ce que penser à leur faire du mal… Na Ya refuse de se salir les mains, mais elle pourrait bien faire une exception pour protéger sa famille.

« Il était une fois une petite fille qui jouait à la poupée et un petit garçon qui jouait à la bagarre. Tout deux avaient le même âge et étaient voisins. Ils ne s’entendaient pas particulièrement bien, mais ils devaient à l’autre leur survie. Tous deux étaient twaos. Il avait trop d’énergie, elle n’en avait pas assez. Au début, ils ne se voyaient que pour échanger un baiser puis ils retournaient l’une à ses poupées l’autre à ses guerres. Mais petit à petit, les poupées se mirent à jouer à la guerre et les guerriers jouèrent à la poupée. Le garçon et la fille se retrouvaient plus longtemps, partageant leurs jeux. Elle acceptait de se bagarrer avec lui et de lui prêter ses poupées pour qu’elles se battent, il acceptait de coiffer ses poupées et de raconter avec elles des contes de fée. Un jour, la famille du garçon disparut. La famille de la fillette recueillit alors le garçon et l’éleva comme son fils aux côtés de la petite fille. Mais un vilain monsieur entra dans leurs vies et les sépara lorsqu’ils atteignirent l’âge de seize ans pour les envoyer l’un en Angleterre et l’autre en France afin qu’ils y étudient. Durant trois longues années, ils n’échangèrent plus leurs baisers salvateurs qu’avec des étrangers qu’ils n’aimaient pas. Ils parvenaient à se voir deux fois dans l’année, lorsqu’ils pouvaient économiser suffisamment d’argent pour passer un peu de temps ensemble dans le plus grand secret. Quand enfin ils furent autorisés à revenir vivre en Corée, ils firent tout ce qui était en leur pouvoir pour n’être plus jamais séparés. Ils avaient compris qu’ils formaient la moitié d’un même tout, comme le pendentif qu’ils portaient autour du cou. Elle trouva un travail tout en continuant ses études de droit, il en fit de même en étudiant les langues. C’était dur, mais au bout d’un an seulement, ils purent quitter le domicile familial et s’installer dans un bel appartement loin de là. Moins d’un an plus tard naissait une petite fée nommée Hye Sun. »

Na Ya regarda tendrement l’enfant d’à peine un an qui s’était endormie au beau milieu de l’histoire. Sa petite Hye Sun avait chaque soir le droit à cette histoire, l’histoire de ses parents. Elle éteignit la veilleuse et sortit, tirant derrière elle la porte. Elle aimait raconter cette histoire centrée uniquement sur les bons moments de sa vie. Le reste, elle le gardait pour elle. Personne d’autre n’avait besoin de le savoir si ce n’était son âme sœur. C’était trop difficile à accepter.

Na Ya alla rejoindre son mari autour de la table de la salle à manger recouverte de copies d’élèves et l’embrassa dans le cou. Puis elle s’installa à côté de lui pour avancer sa thèse sur les droits de l’enfant dans le monde. Cela faisait maintenant plus d’un an qu’elle mettait tout son cœur dans l’écriture de cette thèse et oeuvrait dans un foyer pour mineurs. Avant de se remettre au travail, elle regarda en souriant son âme sœur. Il y avait deux ans qu’ils avaient décidé de se marier et de faire un enfant ensemble, de se ranger en somme. Ils s’aimaient plus que tout au monde et se suffisaient pour être heureux. Néanmoins, la fidélité n’était pas incluse dans le pacte tacite qu’ils passèrent. Ils s’accordaient quelques moments de libertinage, le temps d’une soirée ou deux. Si ni l’un ni l’autre ne refusait cela, c’était parce qu’ils savaient tous deux que leur histoire durerait toujours et qu’ils passeraient toujours avant les autres. Chacun trouvait son compte dans cette situation, qu’importe ce que pouvaient en penser les gens. Ils aimaient leur vie telle qu’elle était et donnaient tout leur amour à leur adorable petite fille. C’était tout ce qui leur importait. Ils voulaient laisser leur passé derrière eux et oublier toutes les épreuves qu’ils avaient traversé.

Il y eut tout d’abord la perversité du père de Na Ya qui lui rendait visite chaque soir pour faire avec sa fille ce qu’il aurait du faire avec sa femme. Cela dura de trop nombreuses années, avant que Hyun Joong ne s’en rende compte et n’aille en alerter sa mère de substitution. Au lieu de prendre la défense de sa fille, celle-ci ferma les yeux. Entre l’innocence de sa fille et la sécurité apportée par la situation de son mari, le choix était vite fait. Alors Hyun Joong profita de sa carrure pour aller battre le père indigne qui osait poser sa main perfide sur sa propre fille. Il lui passa l’envie de recommencer, mais en échange, les partenaires furent expédiés à l’étranger pour y étudier sans s’y voir. Na Ya ne parlait pas de cette époque, pas plus qu’elle ne parlait de l’époque où elle travaillait pour fuir la maison, après son retour en Corée. Elle était alors strip-teaseuse tandis que Hyun Joong était escort boy. Ils ne travaillaient pas pour les mêmes personnes et n’estimaient pas que ce qu’ils faisaient était mal. Ils gagnaient leur liberté en dansant et en s’effeuillant pour des riches aux regards lubriques. Ils auraient pu continuer ainsi encore un moment si le patron de Na Ya ne l’avait pas forcée à faire quelques extras un soir, pour remplacer une fille. Lorsque Hyun Joong apprit cela, il rendit visite au patron. Na Ya n’eut jamais la certitude de ce qu’il se passa lors de cette entrevue. Toutefois, elle eut la version de son patron dès le lendemain, lorsqu’elle fut convoquée au commissariat. Une plainte pour coups et blessures et tentative d’homicide avait été déposée à l’encontre de son protecteur. Cette plainte aurait pu gâcher l’avenir de Hyun Joong si un très jeune inspecteur n’avait pas proposé un marché à Na Ya. Si elle acceptait de jouer les taupes pour la police, l’ardoise serait effacée et il ne subsisterait plus aucune trace de cet incident. Na Ya accepta pour protéger sa moitié. Elle s’en sortit in extremis, ne gardant de ce cauchemar qu’une large cicatrice le long de la colonne vertébrale. Cela n’avait pas d’importance, Hyun Joong était sauvé, et elle aussi. La voix posée de son mari la tira de ses rêveries.
« Tu ne devrais pas la bercer d’illusion avec cette histoire. Ta vie n’a rien d’un conte de fée. »
Elle lui lança un regard candide. Parfois, il manquait vraiment de tact.
« Ce dont on se souvient de la Belle au bois dormant, c’est qu’elle a fini par épouser son prince. Là, c’est pareil. Je préfère penser au « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». »