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 Lors d'une ballade nocturne

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MessageSujet: Lors d'une ballade nocturne   Lors d'une ballade nocturne EmptyMer 9 Oct - 23:19

Lors d'une Ballade Nocturne

Park Dae So & Ajita Banerjee


Parc Yeouido - Aux alentours d'une heure du matin -
Le 21 Avril 2013

Petit papillon noirâtre, toi qui te pose sur mes épaules, aspire donc mes peines et mes maux.
Ta couleur n’en sera pas plus affectée, cette noirceur ne peut-être altérée.
J’aimerai toucher ces ailes si fébriles qui papillotent près de mon oreille, sentir cette texture unique ...
Désormais, je désire l’impossible et tandis que tu t’envoles, je reste affligée devant l’évidence même.
Oui, tout comme tes ailes, le repos m’est refusé.

Il était tard, très tard. L’agitation palpable de l’après-midi s’était essoufflée et maintenant l’animation des rues paraissait bien lointaine. Au milieu de la nuit, entouré par l’urbanisme de la capitale, fleurissait un parc dont la verdure abondante contrastée avec l’image même de Seoul.  Les étoiles invisibles dans ce ciel obscur observaient de leur statut divin le déroulement des événements, dissertant sur l’écoulement du temps et la raison humaine. Ah, quelle fantaisie !

Par-delà les nombreuses allées gravillonnées, siégé une femme plongée dans la contemplation du vide, ses yeux fixés sur une image irréelle. Ajita, la femme en question, poussa un long soupir avant de basculer sa tête en arrière, son corps retombant lourdement sur le banc. Tout en glissant, elle adopta une position négligée, ses yeux presque translucides jaugeant le ciel avec envie.

Elle joua subtilement de ses doigts, les laissant caresser la soie de son saree, onduler le long de ses cuisses et enserrer les solides rebords du banc sur lequel elle était assise. L’environnement verdoyant suscité une atmosphère paisible et sereine néanmoins, Ajita peinait à calmer ses élans meurtriers ...

Une nouvelle alarmante avait ébranlé Ajita. En effet, ces derniers jours, Park Nam Gil, sujet à une nervosité peu coutumière, avait intrigué l’Indienne. Lorsqu’elle apprit la teneur de l’angoisse du jeune homme, l’inquiétude, l’anxiété et la colère vînrent troubler ses moindres pensées. Quoi qu’elle fasse, le portrait d’Armaan venait hanter le fil de son raisonnement et l’oppressait. Cet homme arpentait les rues de Séoul.

Ajita, affalée sur son banc, n’osait bouger. La retrouverait-il ? Si une telle rencontre survenait, comment réagirait-elle ? La panique et l’excitation provoquaient un éboulement qui l’engloutissaient sous des pensées contradictoires. Effrayée, elle refusait parfois même d’admettre que cet homme se trouvait à nouveau si proche d’elle. D’un autre côté, la fièvre produite à l'idée d’une telle rencontre manifestait en elle des pulsions réservées à ses songes utopiques... Des désirs malsains, funestes ... Toutefois, la raison finissait par l’emporter, et Ajita en venait automatiquement à la conclusion la plus rassurante. Se cacher.

Brusquement, des bruits de pas mirent un terme à l"écoulement de ses pensées et éveilla tous ses sens en alerte. Elle redressa la tête juste assez pour pouvoir observer du coin de l’œil l’inconnu qui s’avançait d’un pas droit et dirigé dans sa direction. Ajita relâcha un peu ses gardes, consciente qu’il n’était pas une menace notable cependant, elle remarqua la lourdeur de ses pas et la démarche saccadée qui avait tantôt parue modérée et mesurée.

C’était un homme assez grand dont le séduisant visage arborait une mine épuisée. La tête basse, ses cheveux d’un noir d’encre empêchait Ajita de parfaitement distinguer son expression même si les marques de fatigue étaient visibles. Soudain, il bascula sur le côté et entama une chute incontrôlée. Il heurta le sol dans un bruit sourd et poussa un grognement roque.

Ajita resta un instant médusée avant de se lever rejoindre hâtivement , l’inconnu. Elle s’approcha de lui et s’agenouilla à ses côtés, rabattant les pans de son saree. Tandis qu’elle inspectait son corps à la recherche d’une quelconque blessure physique, elle se maudit intérieurement de ne pas avoir appris précédemment les premiers gestes de secours. Elle bafouilla quelques mots inaudibles puis demanda clairement :

- Est-ce que tout va bien ? Avez-vous mal à un endroit en particulier ?

L’homme ouvrit alors les yeux et plongea son regard dans celui d’Ajita. Froid mais pimenté par la détresse, il détourna les yeux, rompant leur échange. Alors Ajita éprouva un violent sentiment de malaise tandis qu’à demi ébranlé par la chute et l’épuisement, l’homme s’attardait sur chacun des bleus révélés par l’éclat des lampadaires ...
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MessageSujet: Re: Lors d'une ballade nocturne   Lors d'une ballade nocturne EmptyJeu 10 Oct - 21:29

La nuit était bien noire, comme souvent à Séoul. La pollution empêchait les étoiles de se creuser un chemin, ce que regrettait Dae So parfois... Quand il y pensait. Les beaux jours avaient commencé à revenir et il faisait moins froid, assez chaud en tout cas pour qu'il se décide enfin à aller faire quelques courses. Il n'avait pas acheter grand choses évidement, juste assez pour remplir son estomac quand il en aurait le temps et le besoin. Son ventre ne se plaignait même plus de ce régime. Il était habitué à ne manger qu'une fois par jour, le matin ou le midi. C'était même parfois plus difficile de digérer quelque chose en dehors de ces heures, ce pourquoi Dae So ne faisait rien pour changer ses habitudes.

Il avait prit son temps pour aller à la supérette. Il avait réfléchit plus doucement à quelques problèmes dans ses derniers tests et avait repenser à tout ce qui s'était passé en à peine un mois. Les avancées allaient être gigantesques. Il en avait eu des frissons rien qu'en y pensant. Tout aller se jouer maintenant. Il allait falloir prendre les bonnes décisions, ne travailler qu'avec les bonnes personnes. Ne faire confiance à personne. Trop de monde était contre ce projet, que ce soit des Twaos protégeant leur nature ou des humains voulant simplement les tuer.

Quand il quitta la supérette et qu'il jeta un coup d’œil à sa montre, il se fustigea intérieurement et se mit à marcher un peu plus vite. Le fait de devoir dormir entre cinq et six heures l'énervait et il savait d'avance qu'il ne serait pas dans les premiers à arriver au laboratoire demain matin. Il aurait adoré être de ceux qui ne dormaient que trois heures par nuit sans conséquences. Cela lui aurait tellement faciliter la vie. Mais la vie ne lui avait pas vraiment fait de cadeaux. Alors un problème de plus ou de moins, se dit-il.

Il entra dans le parc d'un pas vif, écrasant les gravillons de ses vieilles chaussures noires. Tout était tellement calme ici. On devait probablement l'entendre à milles lieux à la ronde. C'était comme si chaque soupir pouvait être audible. Au moindre mouvement, vous étiez repéré. Mais il n'y avait personne aux alentours. Ce que Dae So appréciait beaucoup. Personne à qui dire bonjour, personne pour vous regarder comme une bête de foire. Il ne détestait pas les gens. Ils ne l'intéressaient pas. Et personne ne s'intéressait suffisamment à lui pour qu'il en fasse de même. C'était peut-être un peu égocentrique de penser de cette façon. Comme si on devait l'aimer en premier pour qu'il ose poser un regard sur l'autre. Mais il ne ressentait pas le besoin d'avoir quelqu'un à ses cotés, ni l'envie. Trouver ce vaccin, c'était tout ce qui importait. Rien d'autre.

C'est alors qu'il se faisait cette remarque qu'il prit un petit virage. Il avançait toujours à vive allure et ne penser plus qu'au vaccin. Il essayait de se concentrer sur son but mais la terre se mit à trembler. Il ralenti. Il se dit que la terre n'avait pas bougé. Sa vision se flouta légèrement et avant qu'il ne puisse faire un pas de plus, il se sentit partirvers la droite et tomber sur l'herbe du parc, écrasant au passage un boîte de thon. Il accusa le choc en fermant les yeux et avec un léger grognement.

Le seul mot qui lui vint à l'esprit quand il comprit ce qui s'était passé fut : « M*rde. ». Il se félicita ensuite de ne pas être tomber sur la tête. Seule sa jambe le lançait un peu. Sûrement à cause de cette boîte de thon.

Dae So entendit alors quelqu'un courir dans sa direction. Son humeur se dégrada encore un peu. Ce n'était pas vraiment le fait que quelqu'un l'ait vu tomber qui l'énervait, cela, il n'en avait cure, mais bien le fait qu'il allait devoir s'expliquer, rassurer l'autre. Encore du temps de perdu.

« Est-ce que tout va bien ? Avez-vous mal à un endroit en particulier ? »

Dae So ouvrit alors les yeux et regarda la jeune femme qui se tenait devant elle.

« Ça va. »

Son accent lui avait indiqué qu'elle n'était pas coréenne. Son expression transpirait l'inquiétude. Puis il remarqua ses vêtements, si peu habituels. Et, peut-être parce qu'il faisait plus doux que les nuits précédentes, il vit que sa peau était dénudée à plusieurs endroits. Mais surtout, il remarqua les bleus, parfois immenses, qui s'étalaient sur son corps. Ce n'est qu'au bout de longues secondes à la regarder ainsi à la lumière du réverbère -au pied duquel il était tombé- qu'il releva enfin la tête et qu'il remarqua son air gêné. Il détourna les yeux, se rendant compte de ce qu'il venait de faire.

« Désolé. »

Il essaya, dans un geste brusque, de se relever mais la douleur dans sa jambe le surprit et il retomba de plus belle. Plus doucement cette fois-ci, il se releva en s'appuyant sur sa jambe valide. Il regarda ensuite ses courses étalées sur l'herbe verte, puis son regard coula vers la jeune femme.

« Merci. »

Il voulait absolument rentrer chez lui pour être capable de bien travailler mais d'un autre côté... Elle avait l'air aussi mal en point que lui, voire plus. Avait-elle eu un accident ? Se faisait-elle battre ? Ne pas lui demander si elle allait bien serait sans doute considéré comme un manquement dans son devoir de citoyen. C'est comme cela qu'il se le présenta.

« Vous allez bien ? »

Elle allait peut-être lui dire que cela ne le regardait pas. Et elle aurait raison. Mais Dae So voulait savoir. Il ne voulait pas la laisser ici et se demander si elle courait un danger sans en avoir la certitude. Peut-être s'était-elle enfuit d'un hôpital. Tant de possibilités. Et cela le rendait bizarrement bien curieux.
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MessageSujet: Re: Lors d'une ballade nocturne   Lors d'une ballade nocturne EmptyLun 14 Oct - 18:40


Parole Divine, chant dictateur.
Régit donc notre monde, apporte lui raisons et solutions.
Sacrifie tes bonnes volontés pour procurer à ceux qui te méprisent les maux qu'ils méritent.
La culpabilité qui m'assaille, je l'accepte.
Mais pourquoi, Morale salvatrice, n'affectes-tu pas ceux qui autrefois m'ont blasphémé ?





- Ça va.

Ainsi penchée au-dessus de lui, Ajita ne savait comment se comporter. D’autre part, le regard insistant de l’individu l’indisposait cruellement, aussi lorsqu’elle vit son regard creuser sa peau d’interrogation, elle rajusta fermement son saree dans l’espoir de cacher ses bleus et rabattit ses cheveux en avant, laissant les mèches de sa chevelure étreindre son corps telle une enveloppe protectrice.

- Désolé.

Ajita haussa un sourcil, étonnée par le reproche qu’il s’adressait à lui-même. Elle resta un instant figée, les lèvres closes et le visage de marbre. Elle sembla ne pas apercevoir la difficulté avec laquelle l’inconnu peinait à se lever. Ce ne fut que lorsqu’il se redressa à nouveau qu’elle prit conscience de la situation. Outrée de sa propre inactivité, elle se réprima mentalement pour sa passivité. A son tour elle se redressa et aperçut les courses étalées au sol qu’il s’appliquait à ramasser.

Le teint livide de l’inconnu l’effraya. Pouvait-elle réellement le laisser rentrer chez lui dans un tel état. Ne devrait-elle pas le raccompagner ou même lui proposer d’appeler un de ses proches pour qu’il ne se retrouve pas seul ? C’est ce qu’une personne moralement constituée aurait fait, prête à venir en aide à un homme désœuvré dont la santé émettait des appels de détresse.

Pourtant, malgré son inquiétude, Ajita ne souhaitait pas ajouter à ses propres soucis ceux d’un autre. Un instant, la possibilité de l’abandonner à sa modeste condition lui parut enchanteresse et l’Indienne se battit farouchement contre cette satanique mélodie. Comment pouvait-elle être aussi peu compatissante ? Pourquoi ?

Peut-être parce que personne ne l'avait été là pour elle ... Mais devait-elle pour cela répudier cet inconnu ?

- Merci.

Ajita se raidit instinctivement. Pourquoi la remerciait-il ? Une onde de culpabilité transperça violemment Ajita et sous le choc elle tituba en arrière se rattrapant de justesse.

- Vous allez bien ?

La surprise s’ajouta à la culpabilité en un mélange aigre et doucereux. Que devait-elle répondre à cela ? Elle n’avait aucune envie qu’on s’attarde sur son sort ni même ressasser ces années qu’elle avait perdu auprès d’Armaan ... Mais les bleus, bien qu’elle eut tentée de les cacher, cet homme les avait entraperçu, identifié et leur grand nombre l’avait certainement intrigué. Ajita se mordit la lèvre, remuant ses pensées, les sondant à la recherche d’une échappatoire. La réponse tardait, s’éloignait. L’Indienne ne pouvait pas la saisir.

Un mensonge ? Oui ...

Mais un mensonge crédible.

- Oui, je vais bien. Je suis tombée, balbutia-t-elle.

Pétrifiée sur place, Ajita piétina sa bêtise de voraces jurons. Tombée ? C’était ridicule et tout simplement improbable... Désireuse de rattraper cette bévue, Ajita réfléchit quelques instants à une situation un peu plus plausible qui permettrait à l’individu d’être satisfait de cette réponse. D’autant plus qu’avec une pareille excuse, Ajita paraissait plus suspecte d’une mauvaise action qu’autre chose. Elle poussa un long soupir puis :

- Enfin ... Durant une randonnée, j’ai glissé et dévalé une pente. Oui ... dévalé une pente ... C'est tout, bredouilla-t-elle.

Ajita baissa les yeux. La croirait-il ? Si oui, ce serait un miracle.

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MessageSujet: Re: Lors d'une ballade nocturne   Lors d'une ballade nocturne EmptyLun 11 Nov - 21:29

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