D&CO [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Kwang Jae Hyun & Kang Ae Ri
Le 20 Mars 2013 à 18h05
Mes parents… Je les aime, mais ils ont le don de me stresser. J’étais toute sereine et même toute excitée à l’idée de ma journée, certes longue, et ils ont réussi à m’angoisser. C’est vrai qu’au premier abord, aller seule dans l’appartement d’un gars de vingt-deux ans, à six heures du soir, ça ne sonne pas très bien quand on a seize ans. Mais il n’y a aucune raison que quoique ce soit se passe mal. J’ai déjà rencontré Monsieur Kwang Jae Hyun, et il est tout ce que mes parents aiment. Il est poli, bien élevé, il a tout d’une personne normale et respectable. Je ne vois pas bien l’intérêt de s’inquiéter outre mesure. Ok, on entend parfois parler de personnes tout à fait respectables qui dont des choses odieuses, mais là, je suis sûre et certaine qu’il n’y a aucun risque. C’est pour cette raison que je n’écoute qu’à moitié la longue liste de recommandations de mon père. Je vous assure que cette liste assommerait un éléphant en pleine santé encore plus efficacement que la plus forte des doses de fléchette paralysante ! Entendre tout ça dans la voiture de mon père qui m’emmène sur mon lieu de stage de bon matin, ça me file la migraine ! Il ne manquerait plus que je retombe sur l’autre dessinateur pour compléter le cauchemar !
Heureusement pour moi, la journée se déroule sans aucun accroc. Hormis le sauvage rencontré au début, tout le monde est génial dans cette agence. Dommage que je ne puisse pas vraiment y travailler, ça ne m’aurait pas dérangée de rester avec cette équipe ! Tant pis ! Je suis sûre que je trouverai plus tard un endroit dans lequel les gens s’entendent bien et m’apprécient, le sauvage en moins. Quand je quitte l’agence, je sais que je dois me dépêcher et ne surtout pas rater le bus, sous peine d’arriver vraiment en retard. Mon sac bandoulière ne cesse de taper contre ma cuisse alors que je marche aussi vite que possible. Pour une fois, je me fonds dans la masse des gens pressés du quartier, et ce malgré ma tenue et mon âge. Ce n’est qu’une fois dans le bus que je me pose un peu. Même si je ne m’assieds pas, j’en profite pour me reposer un peu. Mine de rien, la journée a déjà été longue. Heureusement que j’ai de l’énergie à revendre !
Quand j’arrive enfin à destination, il est presque dix-huit heures. Le problème, c’est qu’il faut encore que je trouve le bon bâtiment et le bon appartement ! Avec mon sens de l’orientation, ce n’est pas gagné, pas gagné du tout ! Pas le choix, je dois demander mon chemin. J’interromps un passant et le questionne sur ma destination, vainement. Le deuxième ne m’aide pas beaucoup plus. En revanche, la troisième passante que j’interpelle m’est d’un grand secours en me désignant le bon endroit. Je suis déjà venue ici mais je ne suis jamais arrivée par là… Il en faut peu pour me perturber ! Je remercie la passante chaleureusement avant de m’élancer. Appartement 323… Par chance, je trouve rapidement le bon étage. Mince ! C’était 323 ou 324 ? Je ne me souviens plus… Mes grands yeux bleus oscillent entre les deux portes avant de se poser sur ma montre. J’ai cinq minutes de retard. Bon, tentons le 323 !
Je frappe trois coups à la porte et m’en éloigne un peu. Je remonte mon pantalon de tissu blanc et ajuste mon chemisier rouge sous ma veste en cuir. Mince, mes cheveux ! Je passe brièvement ma main dans mes cheveux pour être un peu présentable. Et j’attends, mal à l’aise à l’idée d’être en retard même si j’ai une très bonne excuse. En fait, peut-être que si ça ne répond pas, c’est parce que ce n’est pas le bon appartement… Flûte, je n’ai vraiment pas une bonne mémoire ! Je m’en vais donc vers le 324, affligée par ma propre bêtise. Et je frappe encore trois coups à la porte. Je devrais songer à emporter mes post-it, ça m’éviterait d’oublier des choses aussi importantes ! Comment j’aurais fait si je ne m’étais pas du tout souvenue du numéro de l’appartement ? Et voilà, maintenant, je suis nerveuse, et je mordille ma lèvre inférieure. Ma main gauche vient caresser doucement le bracelet de Seo Min, et étrangement, je me sens moins nerveuse et je retrouve même mon sourire naturel. Par contre, il serait bien que quelqu’un ouvre, sinon ça voudra dire que je me suis carrément trompée de bâtiment. Et ça, ce serait vraiment idiot…
Dernière édition par Kang Ae Ri le Sam 19 Oct - 16:44, édité 1 fois
Je ne cessais de consulter ma montre, assez stressé, tandis que ma jambe battait la mesure avec nervosité. Aujourd’hui, je devais recevoir la visite de la stagiaire de mon meilleur-ami Soo Jong. Il s’agissait d’une jeune lycéenne nommée Ae Ri dont la visite était prévue pour dix-huit heures. Ne me regardez pas de ce regard suspicieux ! Il est vrai qu’il était étrange de recevoir une jeune lycéenne chez soi sans aucune réelle raison. Cependant, je n’avais pas de mauvaises intentions envers cette jeune fille, je n’étais pas ainsi. De plus, elle était trop jeune pour moi, elle ne m’intéressait donc pas. La demoiselle avait juste besoin d’argent afin d’offrir un cadeau pour l’anniversaire à venir de son frère. Soo Jong m’en avait alors parlé, espérant que je puisse venir en aide à Ae Ri, ce dernier n’ayant pas pu. Touché par la générosité de la jeune fille, j’avais décidé de l’inviter à venir de chez moi afin de m’aider pour la décoration de mon appartement. Le comble pour un architecte, vous devez vous dire. Je l’admets, je n’avais pas besoin de son aide mais, quel autre travail aurais-je pu lui donner ? J’avais envie de lui apporter un coup de main, de plus de l’argent ce n’est pas comme si j’en manquais.
Certes j’aurai pu lui donner directement la somme que je lui avais promis mais étant un fidèle partisan de l’effort, cela ne me paraissait pas normal de lui donner une somme d’argent sans justification. La jeune fille voulait travailler alors j’allais lui donner du travail. J’appréciais son envie de bouloter afin d’obtenir un salaire mérité. Même si le travail était simple, c’était déjà plus valorisant qu’obtenir un salaire sans rien faire. J’appréciais la démarche, rien que cet effort me convenait parfaitement. Au moins, Ae Ri avait le mérite de ne pas être fainéante.
Mon collègue continuait de s’attarder dans ses explications, il allait décidément finir par me mettre en retard. Je ne voulais pas qu’Ae Ri m’attende, je me serais senti si gêné envers elle, si j’étais arrivé en retard alors que j’étais celui qui avait convenu l’heure. Ce n’est pas parce qu’elle était plus jeune que moi que je pouvais me permettre d’arriver en retard, je n’étais ni impoli, ni irrespectueux. Alors que je commençais sérieusement à m’impatienter, mon collègue acheva enfin ses explications ! Habituellement, j’aurais relancé le débat puis aurais poursuivi la conversation car j’étais un bourreau de travail et étais passionné par ce dernier mais aujourd’hui, je ne pouvais pas donc je ne le fis pas. Mon collègue parut choqué de l’accord bref que je lui donnai sans chercher à relancer la conversation. Je rangeai mes affaires, signifiant implicitement à mon collègue que nous devions en finir là puis une fois qu’il me salua et sortit, je fis de même.
Je marchai à vive allure, sac à dos sur l’épaule et cigarette au bec. Je n’avais pas encore eu le temps d’en griller une et quel bien cela faisait que d’en prendre une bonne bouffée, mon stress s’en voyait atténué. Habituellement, j’aurais profité de l’extérieur et aurais pris le temps de marcher jusqu’à chez moi. Cependant, je n’avais pas le temps aujourd’hui. J’étais déjà en retard, je n’étais pas en droit de prendre mon temps, j’en avais déjà perdu suffisamment. La pauvre Ae Ri devait m’attendre depuis si longtemps… Je me sentais davantage stressé et gêné, en plus d’être désolé envers elle. J’espère qu’elle n’allait pas m’en tenir rigueur. Fichu collègue, pour une fois qu’il déliait sa langue, il avait fallu que ce soit aujourd’hui ! J’avais attendu cela depuis tellement longtemps et c’était seulement aujourd’hui qu’il s’était décidé à exaucer mon souhait !
Une fois arrivé devant mon immeuble, j’écrasai ma cigarette près de l’éteignoir situé à l’entrée et me hâtai d’entrer à l’intérieur. J’entrai dans l’ascenseur avec toujours autant d’appréhension que d’habitude, j’étais claustrophobe et cela m’handicapait énormément. Puis appuyai vivement sur le bouton de mon étage. Je respirai, inspirai profondément tandis que mes poings étaient serrés. Une bonne cigarette en ce moment-même n’aurait pas été de refus mais il était interdit de fumer à l’intérieur du bâtiment et je ne vous laisse même pas imaginer à l’intérieur de cette cage en fer. L’ascenseur arriva enfin à l’étage voulu tandis que ses portes s’ouvrirent, j’étais d’un coup soulagé et ne tardai pas en sortir, mon souffle me revenait enfin intégralement tandis que ma cage thoracique ne se compressait plus à cause de la peur qui m’avait gagné auparavant dans la cage en fer. Je me dirigeai à pas vers rapides jusqu’à chez moi, sortis mes clés, prêt à ouvrir la porte lorsque je me retrouvai en face de Kang Ae Ri.
« Bonjour Ae Ri. Je suis désolé d’être en retard mais malgré mes tentatives pour partir à l’heure, on m’a retenu. Tu attends ici depuis longtemps ? »
Tandis que je m’adressai à elle, j’enfoncer ma clé dans la serre et ouvrit la porte.
« Entre donc »
Je la laissai entrer en première en tant que gentleman puis fis de même. J’espère qu’elle pourrait pardonner mon retard ou encore qu’elle n’avait pas dû attendre trop longtemps. Au pire, je la laisserai me disputer, je le méritais bien après tout.
Spoiler:
Voici ma participation. En espérant que ça t'inspireras, fais le moi savoir si tu souhaites que je change certaines choses ♥
Dernière édition par Kwang Jae Hyun le Sam 13 Juil - 20:13, édité 1 fois
C’est fini, je n’ai plus d’espoir. Ae Ri la catastrophe a encore frappé. J’ai du me tromper de bâtiment. C’est tout moi ça ! Dès qu’il y a une ânerie à faire, il faut que je la fasse ! C’est comme la fois où, en sortie scolaire, on devait faire attention à ne pas tomber à l’eau. Et à votre avis, qui est tombée à l’eau ? Moi !
Et en plus, je n’ai pas pensé à noter le numéro de téléphone de Monsieur Kwang. Bon sang, quand réfléchirai-je un peu avant de me lancer ? J’aurais vraiment du penser à ce genre de choses ! Et si j’avais été retenue à l’Agence pour une raison x ou y, comment aurais-je fait pour prévenir Monsieur Kwang ? Maintenant, je n’ai plus qu’à trouver une solution… Et il n’y en a pas des masses. Je n’ai pas du tout envie d’appeler mon père ni ma mère pour qu’ils me dictent le numéro. Ils vont encore ronchonner parce que je ne pense jamais à rien, et ils auront bien raison. C’eut été plus simple de mettre au courant Hwan… Je suis sûre qu’il aurait pensé à ça et qu’il m’aurait aidé à penser à tout ! Pourtant, je n’ai pas le choix puisque je ne peux pas non plus appeler Monsieur Kim, par qui j’ai trouvé ce job. Ça ne fait pas sérieux du tout ! J’ai vraiment pas assuré là… Je sors mon portable de mon sac, résignée à assumer ma bêtise, lorsque j’entends le bruit d’un ascenseur. Dans un élan d’espoir, je me retourne lorsque j’entends le bruit caractéristique de l’ouverture des portes. On ne sait jamais, peut-être est-il, lui aussi, en retard ! J’avoue que ça m’arrangerait bien !
Je vois alors un homme en sortir, l’air pressé et surtout qui ne semble pas me voir. Je crois bien que c’est lui. En tout cas il y ressemble. Je n’ose pas l’interpeler, de peur de me tromper de personne. Où est donc passée mon assurance habituelle ? Je la feins, certes, mais elle me sert au moins à donner le change et à ne pas m’angoisser inutilement. Et là pour l’heure, l’homme me fonce dessus. Mes yeux bleus sont rivés sur lui. Il va bien finir par se rendre compte que je lui barre le chemin, non ? Et alors que je songe enfin à interpeler ce monsieur pressé, armé de ses clés, avant qu’il ne me bouscule, il lève enfin la tête et m’aperçoit. Un sourire amusé sur les lèvres, je le fixe. Avouez que la situation est finalement plutôt comique ! L’homme me salue. C’était donc bien lui. Et il s’excuse.
« Bonjour ! »
Pas le temps de le rassurer sur mon temps d’attente qu’il ouvre la porte et m’invite à entrer. Je m’avance donc et pénètre dans l’appartement.
« Merci ! »
Oui, j’ai été bien élevée, et quand on se montre galant, je me montre polie. Je ne fais que quelques pas, pour lui laisser juste l’espace pour rentrer.
« Ne vous en faîtes pas, je suis moi-même arrivée en retard. Désolée d’ailleurs ! Ce n’est pas mon style mais j’ai du venir de mon lieu de stage jusqu’ici en bus, et entre le trajet, les embouteillages et mon sens de l’orientation très approximatif, je n’ai pas pu arriver à l’heure. Je n’ai attendu que… » je regarde ma montre « quatre minutes. Et entre temps, j’ai aussi frappé à la porte de votre voisin. Il n’a pas répondu donc il ne devait pas être là… Heureusement pour moi ! »
Je me tais, affichant un petit sourire gêné.
« Pardon, je parle trop. Tout ça pour vous dire que votre retard est pardonné ! »
Je prends maintenant le temps d’observer l’endroit et j’en reste bouche bée. C’est grand ! C’est drôlement beau ! C’est vraiment digne d’un architecte.
« Je voulais vous remercier d’avoir accepté de m’offrir ce travail. Je ne trahirai pas la confiance que vous avez que vous avez placée en moi ! »
Je m’incline poliment, avec toute la sincérité dont je suis capable. Trouver un travail quand on a seulement seize ans et qu’on est lycéenne, ce n’est pas chose aisée. Si Monsieur Kwang ne m’avait pas contactée, je ne suis pas sûre que j’aurais pu trouver quelque chose d’autre, qui soit faisable et surtout qui puisse payer un beau cadeau à mon frère.
Je m’attendais à tout, qu’elle me crie dessus, qu’elle fasse la tête, qu’elle se montre distante ou qu’elle critique mon retard mais jamais je n’aurais imaginé que cette dernière me sourirait, de plus, d’un air amusé. Comment pouvait-elle demeurer de bonne humeur alors que nous avions convenu d’une heure et que j’arrivais plus tard que cette heure prévue. J’avais tout de même ressenti le besoin de m’excuser, cela me paraissait normal même s’il semblait qu’Ae Ri ne m’en tenait aucunement rigueur. Cette dernière me salua même avec beaucoup d’entrain tandis que je ne lui avais pas laissé le temps d’enchaîner, ouvrant immédiatement la porte. Nous étions suffisamment en retard, je ne voulais pas la retenir bien plus que nécessaire. A son âge, il valait mieux qu’elle ne rentre pas à une heure trop tardive, je ne voulais pas que sa famille ait à s’inquiéter à son sujet. Je comptais même la reconduire chez elle afin qu’elle n’ait pas à prendre le bus, on ne sait jamais ce qui aurait pu arriver. Peut-être j’exagérais un peu trop mais j’étais ainsi, j’étais prévenant et considérais avoir la responsabilité de la jeune fille étant donné qu’elle n’était pas encore majeure. Je l’avais laissé passer en première puis l’avais suivi à l’intérieur. Il semblait bien que la demoiselle n’osait pas entrer, elle demeurait dans le couloir. J’appréciais cette réserve, cela prouvait qu’elle savait se tenir, c’était une bonne chose. Je n’aimais pas vraiment les gens qui osaient s’imposer chez des inconnus. Je l’admettais de mes amis, c’était tout de même normal car avec ses amis, il y avait une certaine proximité qui était installée mais je ne l’admettais pas de la part d’inconnus. N’était-ce pas normal après tout ? Alors que je l’invitai à me suivre à l’intérieur, cette dernière ouvrit la bouche, tandis que j’avançai dans l’appartement, écoutant tout de même ce qu’elle avait à dire :
« Ne vous en faîtes pas, je suis moi-même arrivée en retard. Désolée d’ailleurs ! Ce n’est pas mon style mais j’ai dû venir de mon lieu de stage jusqu’ici en bus, et entre le trajet, les embouteillages et mon sens de l’orientation très approximatif, je n’ai pas pu arriver à l’heure. Je n’ai attendu que… » je regarde ma montre « quatre minutes. Et entre temps, j’ai aussi frappé à la porte de votre voisin. Il n’a pas répondu donc il ne devait pas être là… Heureusement pour moi ! »
Je m’étais donc inquiété pour rien, je ne pus m’empêcher de lâcher un petit rire. Je ne lui en voulais pas de son retard, je n’avais pas fait mieux donc cela aurait été déplacé de ma part de lui en tenir rigueur. Je pouvais comprendre les retards dus aux transports en commun. De plus, le trafic était tellement dense qu’il était fréquent d’être victime des embouteillages. Je ne pouvais donc pas refuser ses excuses, tout le monde n’avait pas ce privilège que j’avais de vivre à proximité de son lieu de travail. Toutefois, je pouvais tout de même comprendre son motif. Dans le passé, lorsque j’allais à l’université, je devais prendre le bus et je peux vous assurer que ce dernier m’en avait provoqué du stress et cela à maintes reprises. Les transports en commun étaient un vrai cauchemar au quotidien, une fois que je n’avais plus eu à les prendre, je ne vous dis pas la sensation de liberté. Je ne subissais plus le stress de ces derniers et cela m’allait très bien d’utiliser mes jambes pour me rendre à mon entreprise. Marcher était bon pour la santé ! Alors que j’allais assurer Ae Ri qu’elle n’avait pas à s’excuser, qu’il n’y avait rien de grave, cette dernière m’interrompit dans mon élan, elle exprimait un petit air gêné.
« Pardon, je parle trop. Tout ça pour vous dire que votre retard est pardonné ! »
Je lui souris, je ne trouvais pas qu’elle parlait trop. Au contraire, j’appréciais les gens bavards, cela m’aidait grandement à m’exprimer car j’avais toujours du mal à mener la conversation hormis s’il s’agissait de boulot. Au moins, nous ne manquerions pas de discussions et cela allait nous éviter les moments de silence.
« Je ne trouve pas, ne t’excuse pas pour de telles futilités. Par ailleurs, je suis ravi de savoir que tu ne me tiens pas rigueur quant à mon retard. »
Elle ne me répondit pas immédiatement, elle semblait observer les lieux. Afin de ne pas la déranger, je ne dis rien d’autre et la laissai contempler. Après tout il valait mieux qu’elle se saisisse des lieux, son travail n’était-il pas de refaire la déco ? J’attendis qu’elle finisse puis la laissai reprendre la conversation, j’étais tout ouï :
« Je voulais vous remercier d’avoir accepté de m’offrir ce travail. Je ne trahirai pas la confiance que vous avez que vous avez placée en moi ! »
La jeune femme s’inclina afin de me remercier, je ne pus que m’en ressentir extrêmement gêné. J’avais fait cela pour l’aider mais je ne demandais pas tant de gratitude, en fait je ne recherchais pas cela, je voulais juste l’aider parce que ça me faisait plaisir et que je le pouvais bien. J’aimais pouvoir venir en aide aux gens déterminés et braves, des gens méritants pour faire court.
« Oh ça, je compte sur toi ! Mais je sais très bien que je peux te faire confiance, on m’a dit du bien de toi si tu vois de qui je parle. »
Je lui fis un clin d’œil, elle savait très bien à qui je faisais allusion étant donné que c’était cette personne en question qui m’avait demandé d’aider Ae Ri. Puis je repris la conversation, idée de ne pas trop tarder, je ne voulais pas la retenir trop longtemps, elle devait avoir d’autres choses à faire après.
« Alors mademoiselle Kang, avez-vous déjà quelques ébauches d’idées quant à la déco ou alors vous allez seulement commencer à y songer ? »
Je voulais qu’elle comprenne que je la prenais au sérieux tout comme le travail qu’elle allait faire. Je savais qu’à sa place, j’aurais aimé être traité avec professionnalisme donc je faisais de même avec Ae Ri, d’où l’utilisation soudaine du « vous ». J’espère qu’elle n’allait pas trouver cela déplacé ou « too much ».
Monsieur Kwang m’invite à m’avancer dans l’appartement. Je m’exécute. Ma mère serait fière de moi. Malgré ma fougue naturelle, je sais me tenir et respecter les règles de politesse. Je ne suis pas chez moi, ni chez un ami, je suis chez un employeur. Je ne me comporte donc pas comme quand je vais rendre visite aux Shin ou à mon frère. Petite, je détestais justement aller chez des inconnus ou chez des gens à qui on rendait rarement visite parce qu’il fallait toujours se plier à toutes sortes de règles que je ne comprenais pas mais qui importaient à mes parents. Maintenant, je les comprends parfaitement et surtout je les applique instinctivement. Mon discours fait rire le propriétaire des lieux. Est-ce qu’il se moque de moi ? Il n’en a pas l’air. Il semble plutôt amusé, tout simplement. J’ai l’habitude de ce genre de réaction lorsque je débite mes phrases comme ça, à la chaîne, avec ma joie naturelle. Je me laisse facilement emporter, notamment lorsque je suis un peu nerveuse. Au moins, mon énergie ne semble pas le déranger. C’est un bon point !
« Je ne trouve pas, ne t’excuse pas pour de telles futilités. Par ailleurs, je suis ravi de savoir que tu ne me tiens pas rigueur quant à mon retard. »
Je lui rends son beau sourire en haussant les épaules. Il aurait été mal venu de lui en vouloir alors qu’il se montre sympathique avec moi, que je n’étais moi-même pas à l’heure et qu’en prime il me propose un travail plutôt facile et agréable, et surtout payé correctement. Et même si je ne suis pas quelqu’un de bien patient, je suis très tolérante, et surtout, je peux tout pardonner. La rancune ne fait pas partie de mes défauts. Alors que je remercie mon nouveau patron, j’ai l’impression qu’il est gêné. Pourtant mon attitude est tout à fait normale. Bon, j’exagère peut-être un peu, mais je n’y peux rien. C’est vraiment parce que je suis ravie d’avoir cette occasion en or.
« Oh ça, je compte sur toi ! Mais je sais très bien que je peux te faire confiance, on m’a dit du bien de toi si tu vois de qui je parle. »
De qui il parle ? Ahhh ! Oui, Monsieur Kim bien évidemment ! C’est aussi grâce à lui que j’ai eu cette opportunité. Je suis ravie de savoir qu’il ne pense que du bien de moi.
« J’ai eu de la chance que Monsieur Kim m’accepte en stage dans son entreprise et encore plus qu’il me recommande aussi chaudement ! Je n’ai que du bien à dire de lui, même si je n’ai pas encore beaucoup bossé avec lui. J’espère aussi ne pas le décevoir… »
Voilà une angoisse qui me taraude un peu trop en ce moment. C’est le problème quand les gens attendent beaucoup de vous. Il y a toujours une possibilité de les décevoir, et c’est une idée que je déteste. Je me revendique comme une personne fiable. Aussi fais-je toujours ce qui est en pouvoir pour ne jamais trahir la confiance placée en moi. Cette fois ne dérogera pas à la règle.
« Alors mademoiselle Kang, avez-vous déjà quelques ébauches d’idées quant à la déco ou alors vous allez seulement commencer à y songer ? »
Je me sens étrangement gênée face à ce nouveau formalisme et je laisse ma surprise et mon étonnement se lire sur mon visage quelques instants. Je me sens tout à coup adulte et la pression sur mes épaules grandit.
« Euh… Si vous voulez vraiment être aussi formel avec moi, ne vous gênez pas… Mais… ce n’est pas la peine ! Vous pouvez tout simplement m’appeler Ae Ri et continuer à me tutoyer, ça ne me dérange pas du tout ! »
Au contraire, même ! Je préfèrerais qu’il repasse au tutoiement. Mademoiselle Kang, ça fait vieux, ça fait scolaire aussi. Et surtout, ça me fait bizarre.
« Pour vous répondre, j’ai déjà commencé à me documenter un peu et j’ai quelques questions à vous poser histoire de cerner vos goûts et vos préférences. Il ne s’agirait pas de vous envahir de rose si vous préférez le noir ! »
Je ris légèrement. Campée au beau milieu de la pièce, je soulève le rabat de mon sac pour en sortir un porte-vues.
« Je n’ai pas pu me pencher plus sur la question parce que je n’avais absolument aucune idée de la taille de votre appartement ni même de sa disposition. Et heureusement que je ne me suis pas lancée sur des idées au hasard parce que j’étais loin de m’imaginer que ce serait… comme ça ! »
Je balaie la pièce du regard et essaie d’imaginer à quoi ressemblent les autres pièces. Je ne vois pas pourquoi il veut changer la décoration de cet endroit. Je trouve ça vraiment très bien comme c’est. D’autant plus que, si j’ai bien compris, l’appartement est assez récent. Je m’abstiens pourtant de demander. C’est le genre de truc qui ne me regarde probablement pas. Aujourd’hui, je dois laisser ma curiosité au placard et m’abstenir de mettre les pieds dans le plat.
« Dîtes, est-ce que vous m’autorisez à photographier les pièces sur lesquelles je vais travailler ? J’aimerais bien pouvoir m’appuyer sur des photos pour pouvoir redessiner les espaces et y manipuler la nouvelle décoration… »
Je réajuste la lanière de mon sac sur mon épaule, tachant de ne pas faire tomber mes affaires, le tout en fixant Kwang Jae Hyun de mes yeux bleus.
Lorsque j’avais fait allusion à mon meilleur-ami mais également le supérieur d’Ae Ri, cette dernière n’avait pas semblé réaliser immédiatement à qui je faisais référence. Heureusement qu’il n’était pas là, son égo en aurait pris un coup, il aurait été vexé qu’on ne se souvienne pas de lui bien qu’il ne s’agissait pas vraiment d’une perte de mémoire, la pauvre n’avait pas dû faire immédiatement le rapprochement. Toutefois, ce cher Soo Jong aurait tout de même râlé et aurait fait une mine boudeuse quant au fait qu’Ae Ri n’avait pas immédiatement fait le rapport.
« J’ai eu de la chance que Monsieur Kim m’accepte en stage dans son entreprise et encore plus qu’il me recommande aussi chaudement ! Je n’ai que du bien à dire de lui, même si je n’ai pas encore beaucoup bossé avec lui. J’espère aussi ne pas le décevoir… »
Cependant, il se serait immédiatement repris en entendant les propos flatteurs d’Ae Ri même si elle ne le connaissait pas vraiment, il aurait de nouveau bombé le torse avec fierté et aurait fanfaronné. Dans un sens, heureusement qu’elle ne connaissait pas plus Soo Jong, cette remarque m’amusa mais je tâchai de réprimer le petite rire qui me guettait sinon la jeune Ae Ri se serait demandé ce qu’il m’arrivait.
J’avais donc tâché de reprendre mon sérieux par tous les moyens et m’étais adressé d’une manière très professionnelle à la jeune Ae Ri, cela sembla la perturber plus que tout, j’aurais dû m’abstenir.
« Euh… Si vous voulez vraiment être aussi formel avec moi, ne vous gênez pas… Mais… ce n’est pas la peine ! Vous pouvez tout simplement m’appeler Ae Ri et continuer à me tutoyer, ça ne me dérange pas du tout ! »
J’avais compris le message ! La demoiselle ne souhaitait pas que j’utilise la formalité avec elle, ça devrait sûrement la gêner. Moi qui voulais donner une dimension professionnelle à cette tâche, j’étais plutôt parvenu à rendre nerveuse Ae Ri. Bon, au moins maintenant j’étais fixé et savais que la jeune fille préférait que nous continuions comme avant, ça ne me dérangeait pas. Il était vrai qu’il était plus convivial de tutoyer que vouvoyer et c’était sûrement ce dont Ae Ri avait besoin. Toutefois, elle ne sembla pas se laisser prise au dépourvu trop longtemps et rétorqua bien vite :
« Pour vous répondre, j’ai déjà commencé à me documenter un peu et j’ai quelques questions à vous poser histoire de cerner vos goûts et vos préférences. Il ne s’agirait pas de vous envahir de rose si vous préférez le noir ! »
Quel sérieux ! J’étais satisfait face à tant de professionnalisme, j’aimais quand les gens s’impliquaient dans leur tâche, peu importe le peu d’importance de celle-ci. Peut-être était-elle aussi une partisante du surpassement de soi ? J’avais l’impression que nous étions sur la même longueur d’ondes et ça me faisait plaisir. Qui n’aurait pas été ravi à ma place de tomber sur quelqu’un d’aussi impliqué que soi-même dans tout ce qu’il entreprenait ? N’ayant pas répondu à ses dires, je n’avais pas pris cela pour une question, la jeune fille continua de parler, je l’écoutais avec beaucoup d’attention, je voulais m’investir autant qu’elle dans cette tâche.
« Je n’ai pas pu me pencher plus sur la question parce que je n’avais absolument aucune idée de la taille de votre appartement ni même de sa disposition. Et heureusement que je ne me suis pas lancée sur des idées au hasard parce que j’étais loin de m’imaginer que ce serait… comme ça ! »
En effet, la demoiselle n’était pas devin, elle n’aurait pas pu se faire une idée précise sans avoir vu les lieux. J’appréciais son argumentatif, malgré son jeune âge, elle savait s’exprimer et était même très mature, j’en étais impressionné. Les jeunes que j’avais pu rencontrer jusqu’à maintenant, n’étaient pas tous pourvus de réparti, Ae Ri était-elle une exception ou alors les jeunes de sa génération étaient tous pourvus d’une telle éloquence ? Je tâchai de ne pas trop songer à cette question, j’étais resté un peu silencieux ces derniers temps, je ne voulais pas qu’Ae Ri croie que j’étais ailleurs ou désintéressé par ses dires.
« Je comprends bien, ne t’en fais pas. Et que sous-entends-tu par « comme ça » ? A savoir que je ne prendrai pas la responsabilité si les lieux ne te conviennent pas, je n’ai pas dessiné les plans et n’ai pas choisi de vivre ici, on m’a mis devant le fait accompli. »
Je disais la vérité, je n’avais pas choisi de vivre en ces lieux, il s’agissait d’un appartement que mes parents m’avaient offert. Je ne leur avais jamais rien demandé et avais toujours subvenu à mes propres besoins même si ces derniers avaient le moyen de le faire et souhaitaient apporter leur participation. Toutefois, je n’étais pas ainsi et n’avais jamais cherché à profiter de leur richesse, j’étais trop fier et indépendant pour cela. Par conséquent, la seule solution qui leur avait resté avait été de me prendre de cours même si cela revenait à m’imposer en quelque sorte leur cadeau. Cependant, je n’avais pas mal pris leur intention et avait même été touché. Certes, j’aurais aimé pouvoir dire mon mot, choisir l’endroit où même les lieux mais je n’allais pas leur en tenir rigueur, ils étaient tellement ravis de pouvoir me faire plaisir, je pouvais au moins leur laisser ce plaisir là même si ça me gênait qu’ils aient fait un si gros investissement pour moi.
« Dîtes, est-ce que vous m’autorisez à photographier les pièces sur lesquelles je vais travailler ? J’aimerais bien pouvoir m’appuyer sur des photos pour pouvoir redessiner les espaces et y manipuler la nouvelle décoration… » « Bien sûr Ae Ri, n’hésites pas à prendre tout ce dont tu as besoin pour la conception ou encore me demander, je suis là si tu as besoin. »
J’étais encore impressionné par son professionnalisme, surtout à un si jeune âge. Cette fille irait loin, j’en étais persuadé ! J’avais même foi en son avenir, je lui prédisais une magnifique carrière. Cela ne pouvait qu’arriver avec une telle ambition, une telle répartie, une telle maturité et surtout un tel professionnalisme. Notre pays avait besoin d’une nouvelle relève formée de gens comme Ae Ri.
« Au fait, je déteste les couleurs sombres donc si tu pouvais éviter, je t’en serais très reconnaissant. »
J’aimais les teintes claires, cela donnait un aspect plus vivant aux lieux. Je me devais bien d’admettre que le noir pouvait donnait un côté très élégant à une pièce mais je ne voulais pas de teintes sombres chez moi, j’avais besoin de me sentir libre. Les couleurs sombres me donnaient l’impression d’être comprimé. De plus, étant donné l’aménagement de mon appartement, je ne parvenais pas à considérer des teintes foncées, avec autant de baies vitrées et cette vue panoramique à laquelle j’avais droit, il valait mieux colorer les murs d’une teinte qui donnerait cette même sensation aérienne et de liberté. Mais j’étais confiant, Ae Ri le comprendrait, elle semblait vive d’esprit et avoir bon goût. J’étais persuadé qu’elle ciblerait mes attentes.
Je suis soulagée de voir que Monsieur Kwang n’est pas contrarié ni contrariant. Mon énergie et ma bonne volonté semble lui plaire et il est très souriant. Ce travail s’annonce encore plus facile que ce à quoi je m’attendais. Certes, je ne m’attendais pas à ce qu’il me déteste, mais j’ai conscience que mon tempérament agace parfois certaines personnes, je suis donc heureuse que Monsieur Kwang ne fasse pas partie de ces personnes-là. Mieux que cela, il semble vraiment prêter attention à mes propos. Pourtant, je parle vraiment beaucoup, probablement trop, mais je ne peux pas m’en empêcher. Mes parents ont encore espoir que je me calme un tant soit peu avec l’âge et j’ai beau leur dire que c’est peine perdue, ils ne veulent rien entendre. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que parler m’évite de penser à des choses auxquelles je ne veux pas penser et que le jour où je me tairai, ça voudra simplement dire que j’ai abandonné et que je n’ai plus envie de survivre.
« Je comprends bien, ne t’en fais pas. Et que sous-entends-tu par « comme ça » ? A savoir que je ne prendrai pas la responsabilité si les lieux ne te conviennent pas, je n’ai pas dessiné les plans et n’ai pas choisi de vivre ici, on m’a mis devant le fait accompli. »
Si je comprends bien ce qu’il dit, l’architecte vit dans un appartement qu’il n’a pas conçu et il se dédouane de tout ce qui ne me plairait pas. Est-ce qu’il sous-entend que s’il avait dessiné les plans tout aurait été à mon goût ? Ce n’est pas certain… A priori, l’appartement manque de vie mais il a l’air plein de « grands espaces ». Ce n’est pas cloisonné et c’est lumineux, tout ce que j’aime. Les grandes vitres me plaisent beaucoup.
« J’avoue que je m’attendais à quelque chose de plus conventionnel, de plus cloisonné. En fait, j’aime beaucoup cet endroit ! C’est grand et clair, tout ce qui me plaît en somme ! Il manque juste quelques touches de couleur à mon avis mais ça n’empêche pas l’endroit d’être agréable ! Vous devez vous y sentir bien ! Par contre, niveau nettoyage des vitres, ça doit être assez… pénible ! »
Réflexion très terre à terre et pas franchement brillante, je le conçois. Pourtant, je ne me départi pas de mon sourire. Il restera solidement vissé à mes lèvres jusqu’à ce que l’air sérieux que j’emprunte lorsque je suis très concentré ne le chasse. Et pour l’instant, j’observe simplement. Nul besoin d’être super concentrée pour ça.
« Bien sûr Ae Ri, n’hésites pas à prendre tout ce dont tu as besoin pour la conception ou encore me demander, je suis là si tu as besoin. »
Voilà qui va me simplifier grandement la tâche ! Ca m’évitera de devoir tout dessiner sur place, avec tous les inconvénients que ça comprend pour lui comme pour moi. Avec les photos, je vais tout simplement pouvoir m’installer chez moi, probablement à même le sol, et dessiner tranquillement. Monsieur Kwang ne pourra pas juger mes dessins ni mon manque de technique, comme l’a soulevé Tae Hyun la dernière fois qu’on s’est vus. Et puis si je rate quelque chose, je pourrais toujours recommencer sans faire perdre de temps au propriétaire des lieux.
« Génial, merci ! Par contre, est-ce que, par hasard, vous auriez les plans des lieux ? Ou alors les mesures approximatives… ça me serait bien utile pour réfléchir aux quantités et aux mesures.»
Je suppose que même s’il n’a pas conçu les lieux, il doit en avoir les plans ou au moins en connaître grosso modo les superficies… Dans le pire des cas, j’apprendrai à me servir d’un mètre, ça ne pourra pas me faire de mal même si cette compétence ne me servira probablement plus jamais après ce boulot !
« Au fait, je déteste les couleurs sombres donc si tu pouvais éviter, je t’en serais très reconnaissant. » « Ah ! ça tombe bien ça ! J’ai aussi horreur de ça ! C’est tellement plus beau et plus vivant quand c’est coloré ! »
Je devrais peut-être éviter de m’emballer comme ça… Il faut dire que mon amour pour la couleur est assez extrême. Il n’y a qu’à voir l’état actuel de ma chambre, l’état de ma garde-robe, et les nombreuses éclaboussures colorées qui égayent mon Atelier pour comprendre que je ne tolère pas les couleurs sombres et tristes.
« N’ayez pas peur, je ne vais pas non plus peinturlurer tout l’appart’ de couleurs fluos, hein ! A moins que ça ne vous plaise bien évidemment… »
Je sors de mon sac mon appareil photo, faisant tomber au passage mon porte-vues. Je lâche un « oups » en le ramassant et en le rangeant. J’allume mon appareil et, un sourire teinté de sérieux, je fixe le chef.
« Vous voulez bien me montrer les pièces sur lesquelles je dois travailler ? Et après si vous voulez bien, on fera le point sur vos préférences. Ce programme vous convient ? »
Et bien oui, je ne sais pas si je vais devoir m’atteler à toutes les pièces ou juste à la pièce principale… Et puis je ne vais pas aller de moi-même visiter l’appartement ! Ca ne se fait pas !
Ae Ri observe vraiment avec sérieux les lieux, comme si elle essayait déjà d’enregistrer mentalement toutes les informations qu’elle peut récolter pour concevoir la déco. Ça ne m’étonnerait pas qu’elle ait déjà des idées mais pour l’instant, elle semble surtout essayer d’enregistrer les lieux tels qu’ils sont actuellement.
« Génial, merci ! Par contre, est-ce que, par hasard, vous auriez les plans des lieux ? Ou alors les mesures approximatives… ça me serait bien utile pour réfléchir aux quantités et aux mesures.»
Tout architecte digne de ce nom se doit de connaître les mesures approximatives de l’endroit où il vit. Pour ma part, j’avais tâché de faire le plan lorsque j’étais encore étudiant, c’était de cette manière que je révisais, en m’entraînant et mettant en pratique les connaissances qu’on nous avait enseigné en cours. Il fallait juste que je retrouve ce plan, heureusement pour moi, j’étais quelqu’un de soigneux et d’ordonné, il fallait que j’aille consulter l’un de mes classeurs pour retrouver le plan en question.
« Peux-tu attendre quelques secondes ? Je vais aller te chercher cela.»
Je la quittai le temps de quelques minutes afin de lui ramener le plan dont elle avait besoin. Lorsque je quittai la pièce principale, Ae Ri continuait d’observer les lieux avec énormément d’attention et de concentration. Quelques minutes plus tard, au cours desquelles j’avais fouillé dans l’un de mes classeurs contenant différents plans d’architectures à la recherche de celui de l’appartement, je vins retrouver Ae Ri avec le dit papier entre les mains. Cette dernière était encore en train d’observer chaque élément qui constituait mon appartement.
« Et voilà pour vous mademoiselle ! »
Je lui tendis le bout de papier en souriant. De la sorte, cela allait lui éviter de devoir prendre en mesure tous les murs de l’appartement, il était déjà bien grand, cela lui faisait gagner un temps considérable au moins.
Tout d’un coup, je me souvins que j’avais oublié de lui préciser mes préférences. Même si j’étais persuadé qu’Ae Ri ferait du bon travail, je voulais qu’elle évite les couleurs sombres, je n’aimais pas cela et je ne pense pas que ça aurait suivi avec le lieu. Heureusement pour moi, cette dernière ne semblait pas avoir envisagé cette éventualité.
« Ah ! ça tombe bien ça ! J’ai aussi horreur de ça ! C’est tellement plus beau et plus vivant quand c’est coloré ! »
Je l’admets, les couleurs donnaient un aspect beaucoup plus vivant à un lieu. Toutefois, je ne voulais pas retrouver mon appartement complètement bariolé. J’aimais les couleurs mais à condition que les lieux gardaient un minimum de sobriété, j’étais un garçon tout de même et très peu pour moi les décorations beaucoup trop flashy.
« N’ayez pas peur, je ne vais pas non plus peinturlurer tout l’appart’ de couleurs fluos, hein ! A moins que ça ne vous plaise bien évidemment… »
Non ça ne m’aurait pas plu que mes murs soient colorés en fluo, j’aurais même pu avoir un infarctus quant à cette vision d’horreur. Bon, du moment qu’elle conserverait le côté sobre des lieux, peu importe la couleur, ça m’allait. Quoique, si elle pouvait éviter le rose, je lui en aurais été reconnaissant. Après tout, il ne s’agissait pas d’un appartement de fille mais je pense que cela, Ae Ri l’avait compris, tout au moins, je l’espère.
Ae Ri finit par sortir son appareil photo, elle semblait prête à se mettre à cette tâche, d’ailleurs elle me demanda immédiatement quelles étaient les pièces à refaire tandis que son sourire habituel était devenu un peu plus sérieux.
« Oui, bien sûr que cela me convient. Je vais te montrer les pièces en question. »
A vrai dire, je voulais qu’elle ne travaille que sur deux pièces, la pièce principale et le coin cuisine. Le reste restait du domaine personnel et je voulais m’en charger moi-même, en particulier de ma chambre. Même s’il s’agissait pourtant de quelque chose d’anodin, je n’aurais pas aimé qu’elle y entre, prenne des photos et change la déco, je voulais m’en charger moi-même. Cela m’aurait paru déplacé de laisser Ae Ri s’en occuper.
Nous étions déjà dans la pièce principale, je lui laissai donc le temps de prendre en photo tout ce dont elle avait besoin avant de la guider dans la deuxième pièce, le coin cuisine. La jeune fille s’exécutait avec énormément de sérieux, elle ne ratait aucun angle et chaque détail était bon à photographier. Elle s’appliquait vraiment dans toutes les tâches qu’elle entreprenait et j’appréciais cela. Tout d’un coup, je me demandai si la jeune fille avait déjà des idées quant à son avenir, j’étais curieux de savoir si elle envisageait une carrière et dans ce cas-là, laquelle.
« Dis-moi Ae Ri, tu sais ce que tu voudrais faire plus tard ? »
J’espérais qu’elle ne prendrait pas mal ma curiosité mais je voulais savoir. Avec autant de précision, de minutie et d’efforts, j’étais curieux de savoir quelle carrière faisait rêver la jeune fille.
« Peux-tu attendre quelques secondes ? Je vais aller te chercher cela.» « Hum. »
Je prends le droit de poser mon sac à même le sol, dans un coin de la pièce. J’empile également tout ce que j’ai, pour une raison mystérieuse, dans les mains. Voilà qui ne fait pas bien sérieux ! J’en profite aussi pour plier ma veste et la fourrer dans mon sac. Non, je ne sais pas non plus pourquoi je m’acharne à la plier si c’est pour la mettre n’importe comment dans ledit sac. Je ne garde que mon bloc-notes et le tout petit stylo bleu turquoise qui y est retenu par un fil de pêche coloré. Monsieur Kwang ne tarde pas à revenir alors que je me balade à travers la pièce, mon regard s’imprégnant de l’ambiance de l’endroit et essayant d’y apposer différentes autres ambiances. Monsieur Kwang me sort de mes pensées en me tendant un papier que je devine être le plan en question.
« Et voilà pour vous mademoiselle ! » « Merci ! Euh… Je me suis permise de poser mes affaires dans le coin. J’espère que ça ne vous embête pas ! »
Je prends le plan et y jette un rapide coup d’œil, histoire de vérifier que je comprends à peu près tout. Dans le pire des cas, je ferai une petite recherche sur le net, ce sera tout aussi bien. De toute manière, ça ne doit pas être bien compliqué. Je retourne à mon sac et m’accroupit devant lui. Je range précautionneusement le plan dans mon porte-vues pour ne pas l’oublier en partant. C’est trop utile pour être oublié sans conséquences.
« J’en fais une photocopie à la maison et je vous le ramène la prochaine fois, avec pleins d’idées. »
Je me suis relevée tout en parlant, et ce sans oublier à terre mon calepin que j’ouvre enfin. Je passe les pages sur lesquelles j’ai dessiné pour arriver aux feuilles vierges. Je pince les pages sur la gauche pour les coincer avec un grand trombone couleur d’arc-en-ciel. C’est censé les empêcher de voleter pendant que je bouge et aussi cacher mes gribouillis, puis je récupère mon appareil photo numérique. Je passe mon poignet droit dans la dragonne et attends le feu vert de mon « patron ». Cette idée me donne envie de sourire, je me sens adulte, ou presque.
« Oui, bien sûr que cela me convient. Je vais te montrer les pièces en question. »
Et c’est parti, je me transforme en paparazzi, balayant l’espace de mon viseur. En fait, je me suis rendue compte que lorsqu’on entre chez quelqu’un, on s’y sent tout de suite bien ou mal. Et la première chose que font les nouveaux visiteurs est de jeter un coup d’œil, certes plus discrets que les miens. En entrant ici, je me suis plutôt sentie apaisée, et c’était agréable comme sensation. J’aimerais bien conserver ce cadre apaisant, et calme. Quand j’ai terminé mon inspection de la pièce à vivre, je lance un regard interrogateur au propriétaire des lieux qui semble me comprendre sans aucun effort et me guide vers la suite : la cuisine. Ouais, non. Je trouve l’endroit impersonnel, manquant cruellement de fantaisie. Jamais en entrant je n’aurais imaginé trouver ce genre de coin. Et pendant que je shoote l’endroit, celui qui me demanderait le plus de travail, Monsieur Kwang m’interroge.
« Dis-moi Ae Ri, tu sais ce que tu voudrais faire plus tard ? » « Absolument aucune. Je veux rendre les gens heureux. Mais je n’en sais pas plus. »
Pourquoi les adultes posent-ils tous la même question ? J’ai une tête à savoir ce que je veux faire plus tard ? Je n’ai absolument aucune idée de ce que je veux faire de ma vie.
« Peut-être que je pourrais ouvrir un atelier de poterie et vendre ce que je fabrique… Mais ça ne rendrait pas les gens heureux. »
J’ai pensé à voix haute. Je termine mes photographies et lâche enfin les murs des yeux.
« Ne vous méprenez pas, ça m’inquiète de ne pas savoir, comme ça inquiète visiblement tout le monde autour de moi, mais j’ai beau y réfléchir, je ne parviens à trouver aucune réponse. J’envie ceux qui savent exactement quel métier ils veulent faire plus tard… »
Je ne me suis pas une seconde départie de mon sourire. Après tout, j’ai l’habitude d’être prise pour une folle quand je réponds à ce genre de question !
« Un autre endroit à remanier, ou ça ira comme ça ? »
Histoire de savoir si je range mon appareil ou si je le garde à portée de main.
J’étais ravi de pouvoir constater que la nouvelle génération ne comportait pas uniquement des individus mal élevés, fainéants et suspendus sans cesse à leur téléphone ou devant leur ordinateur. La jeune Ae Ri m’avait redonné foi en la relève qui guettait et je lui étais sincèrement reconnaissant pour cela car j’avais besoin de renouer avec les jeunes adolescents pour qui je n’avais plus eu d’espoirs jusqu’à maintenant. La jeune Ae Ri avait su me prouver que ce que je croyais être une majorité comportait en fait des minorités qui valaient le coup et j’étais persuadé qu’Ae Ri ferait partie de cette minorité au futur très prometteur. Je ne pouvais pas me tromper à ce sujet, surtout vue son implication dans sa tâche.
« J’en fais une photocopie à la maison et je vous le ramène la prochaine fois, avec pleins d’idées. » « Tu peux garder cet exemplaire, je l’ai en double. »
J’avais l’habitude de toujours photocopier en double exemplaires n’importe quel document, peu important soit-il. Même si j’étais quelqu’un d’organisé, j’avais toujours la hantise qu’un papier important puisse disparaître, se déchirer, s’envoler ou autre. Par conséquent, je préférais être prévoyant et faisait souvent des doubles de mes papiers.
La jeune fille s’équipa de son appareil photo et me montra qu’elle était prête à me suivre pour l’inspection des lieux. Je la conduisis donc vers les endroits en question, la laissant entrer en avant tandis que je tâchais de rester en arrière, près de l’entrée, afin de lui laisser un bon champ de vision pour photographier les pièces sous les angles adéquats.
Tandis qu’elle ne cessait de mitrailler de son appareil photo, les environs, voulant rendre un brin décontracté l’atmosphère actuelle, j’essayais d’engager un peu plus la conversation. Et pour cela, je choisis de connaître un peu plus la jeune demoiselle, j’étais curieux de savoir quels étaient ses objectifs. Je lui avais donc demandé ce qu’elle voudrait faire dans le futur, quelle profession la faisait rêver. Je m’attendais à la voir s’enthousiasmer, à me parler avec passion de ses ambitions, j’étais vraiment persuadé qu’Ae Ri avait une idée de son avenir et avait confiance en ce dernier. En réalité, la question sembla agacer l’adolescente et je m’en sentis assez gêné, je ne voulais pas la froisser.
« Absolument aucune. Je veux rendre les gens heureux. Mais je n’en sais pas plus. »
Alors Ae Ri n’avait aucune idée de ce qu’elle voulait faire. Je me devais bien d’admettre que j’étais vraiment surpris quant à cette révélation. Elle avait toutes les armes pour réussir, le seul problème était qu’elle n’avait pas encore trouvé la cause qu’elle voudrait défendre à tout prix et je ne pouvais pas la blâmer pour cela. Moi aussi j’avais dû faire face à ce genre de situation quand j’avais un peu près le même âge. Je n’étais pas né avec l’idée bien précise de devenir architecte, j’avais découvert ce métier assez tardivement, c’était un déclic que j’avais dû au hasard mais qui s’était révélé être ma vraie passion en fin de compte.
« Peut-être que je pourrais ouvrir un atelier de poterie et vendre ce que je fabrique… Mais ça ne rendrait pas les gens heureux. »
Ae Ri était donc ce genre de personne, quelqu’un de généreux. Bizarrement, cela ne m’étonna aucunement. Et le plus amusant dans l’histoire c’est que je parvins à retrouver un peu de moi-même en la jeune lycéenne. A son âge, je voulais aussi faire le bien, je voulais donner du bonheur à ce monde triste. J’avais songé à être médecin, pompier, avocat, psychologue et pleins d’autres professions mais au final, je m’étais dévié de mon but primaire et étais devenu architecte. Je construisais des bâtiments et ne prodiguais aucun bonheur par le biais de mon travail. Toutefois, j’avais compris qu’il y avait d’autres moyens de rendre les gens heureux et qu’il ne fallait pas toujours avoir recours à son emploi pour cela. Je m’étais impliqué dans des associations, des évènements caritatifs et autres choses de ce genre et ceci me convenait parfaitement.
« Ne vous méprenez pas, ça m’inquiète de ne pas savoir, comme ça inquiète visiblement tout le monde autour de moi, mais j’ai beau y réfléchir, je ne parviens à trouver aucune réponse. J’envie ceux qui savent exactement quel métier ils veulent faire plus tard… »
Peut-être fallait-il que je lui parle de mon expérience personnelle ? Je ne voulais pas qu’elle se décourage à cause d’une telle futilité, j’étais persuadé qu’une voie à suivre l’attendait mais qu’il suffisait juste qu’un coup de pouce du destin la dirige vers ce dernier. Et puis elle était encore jeune et n’avait pas encore fini le lycée donc elle pouvait encore continuer d’y penser. J’imagine que les professeurs devaient lui mettre beaucoup de pression, à son âge, on m’avait fait pareil. Heureusement pour moi, je n’avais jamais eu à supporter mes parents quand à mon questionnement concernant mon avenir car pour mon père la solution était garantie, si je ne trouvais rien, j’aurais intégré l’entreprise, ce que je ne voulais pas, je souhaitais voler de mes propres ailes.
« Tu es encore jeune, je ne pense pas que tu devrais te mettre autant de pression. Tu sais, je ne suis pas né avec l’idée intégrée de devenir architecte dans le futur. A ton âge, moi aussi je ne savais pas encore ce que je voulais faire et je n’avais jamais songé à l’architecture. Pour te dire, c’est vers la fin de ma dernière année de lycée que je me suis orienté vers ce domaine, suite à un gros coup de cœur que je dois au hasard. Je pense qu’un jour ta voie se présentera à toi, ne te casses donc pas trop la tête et laisse faire le destin, si tu y crois bien entendu. »
Dit comme ça, mon propos semblait presque risible et sorti d’un conte de fée. Pourtant, j’étais persuadé que l’architecture était mon destin et que le hasard n’avait pas fait les choses pour rien. J’espérais qu’Ae Ri ne me prenne pas pour un vieux fou avec de tels propos.
« Un autre endroit à remanier, ou ça ira comme ça ? » Me demanda-t-elle au passage tandis que je voyais bien qu’elle écoutait avec attention mes propos.
« Ça ira de la sorte, merci. Au fait, tu n’es pas obligée de faire une profession qui aiderait les autres. Si tu veux contribuer au bonheur des autres, il y a toujours moyen d’y parvenir et cela même sans exécuter une profession en particulier. La preuve, je suis architecte, mon métier ne rend personne heureux mais je trouve tout de même le moyen d’aider les autres en intervenant de moi-même, en contribuant à des œuvres caritatives ou en m’impliquant dans des associations. Ne ferme pas ton esprit et ouvre le à toute sorte de possibilités. C’est lorsque j’ai fait cela que j’ai été dirigé vers l’architecture et je peux t’assurer que j’ai eu un véritable déclic. »
J’espère vraiment qu’Ae Ri ne se laissera pas démoralisée par cette histoire d’avenir, de toute façon, je suis persuadé qu’elle trouvera sa voie un jour ou l’autre.
« Tu peux garder cet exemplaire, je l’ai en double. » « Merci ! »
Ca m’évitera de me battre avec l’imprimante dans le bureau de Papa. Le pauvre désespère. Il s’en sort mieux avec la technologie que sa propre fille… Heureusement que j’ai d’autres qualités pour compenser tout ça ! Quand je réponds à l’interrogation de Monsieur Kwang, je ne peux m’empêcher de remarquer son air surpris. Il n’a pas l’air déçu, ni même inquiet, il semble simplement étonné. Je peux d’ailleurs le comprendre. J’ai l’air d’être une personne déterminée, qui sait où elle va et ce qu’elle veut. Voilà qui me rassure sur la qualité du masque que je m’applique chaque jour à porter pour que Seo Min ne soit pas mort en vain. J’ai toujours donné cette impression alors que je ne suis absolument pas sûre de moi. Je me suis toujours dit que le meilleur moyen d’avancer était d’assumer ses choix, et c’est ce que je m’efforce de faire encore maintenant.
« Tu es encore jeune, je ne pense pas que tu devrais te mettre autant de pression. Tu sais, je ne suis pas né avec l’idée intégrée de devenir architecte dans le futur. A ton âge, moi aussi je ne savais pas encore ce que je voulais faire et je n’avais jamais songé à l’architecture. Pour te dire, c’est vers la fin de ma dernière année de lycée que je me suis orienté vers ce domaine, suite à un gros coup de cœur que je dois au hasard. Je pense qu’un jour ta voie se présentera à toi, ne te casses donc pas trop la tête et laisse faire le destin, si tu y crois bien entendu. »
Mais ce n’est pas moi qui applique la pression sur ce coup-là ! J’ai déjà du mal à m’imaginer ce que je serai dans un mois, alors de là à envisager mon futur professionnel, il ne faut pas rêver. Enfin au moins je suis rassurée de voir que je ne suis pas une exception, qu’il existe d’autres personnes qui, comme moi, n’ont aucune idée de ce qu’elles veulent faire plus tard, et qu’il en a existé d’autres qui ont trouvé leur voie plus tard, tout simplement. Je hoche la tête d’un air entendu puisque je suis tout à fait d’accord avec lui. A ceci près que je ne crois pas au destin.
« J’ai déjà mis un temps fou à faire comprendre à mes parents que je ne me marierai pas tant que je n’aurais pas trouvé la bonne personne, inutile d’espérer les convaincre qu’ils doivent juste être patients et me laisser le temps de décider de mon avenir professionnel… »
Sur ces points, je suis comme toutes les autres filles de mon âge, en quête de liberté et de temps, et surtout, je fuis les responsabilités trop conséquentes. J’ai du mal à me faire à l’idée de devoir passer ma vie à faire la même chose tous les jours, comment voulez-vous que je décide de mon orientation alors qu’il n’y a même pas d’urgence ? Ajoutons à cela le fait que mon modèle, mon frère, n’étudie les langues étrangères que dans le but de pouvoir partir à la recherche de son âme sœur et vous obtenez l’équation dont le résultat est le suivant : Ae Ri ne sait pas ce qu’elle veut faire plus tard.
« Ça ira de la sorte, merci. Au fait, tu n’es pas obligée de faire une profession qui aiderait les autres. Si tu veux contribuer au bonheur des autres, il y a toujours moyen d’y parvenir et cela même sans exécuter une profession en particulier. La preuve, je suis architecte, mon métier ne rend personne heureux mais je trouve tout de même le moyen d’aider les autres en intervenant de moi-même, en contribuant à des œuvres caritatives ou en m’impliquant dans des associations. Ne ferme pas ton esprit et ouvre le à toute sorte de possibilités. C’est lorsque j’ai fait cela que j’ai été dirigé vers l’architecture et je peux t’assurer que j’ai eu un véritable déclic. »
Le problème, qu’il ignore totalement, c’est que j’ai un besoin vital de rendre les gens heureux. J’ai toujours été comme ça mais depuis l’agression, c’est devenu une vraie nécessité, la condition sine qua none à ma survie. C’est pour cela que je fais tout pour que mes proches ignorent ce que je ressens vraiment, pour leur cacher que je ne suis plus du tout celle qu’ils croient. Ca les rendrait malheureux et sans leurs sourires bienveillants et chaleureux, je crèverais tout simplement. Je chasse d’un hochement de tête les nuages gris qui menacent de peser sur mon humeur et m’attache à ses propos. Je souris, amusée, en comprenant qu’il est un peu comme moi. Je pourrais sûrement me servir de cette analogie la prochaine fois que Papa mettra le sujet sur le tapis, c’est-à-dire à la fin de mon stage. Je soupire.
« Je finirai par faire quelque chose, c’est certain, j’espère juste réussir à trouver mon compte au final ! Ce serait tellement plus simple si j’étais moins compliquée et si j’étais capable de rester deux minutes sans bouger ! Il faudrait que je trouve un travail qui bouge, qui soit utile et fasse plaisir aux gens, et qui me permette toujours de sculpter des heures durant. Si vous avez des idées, je suis preneuse ! »
Je laisse un petit rire se faire entendre avant d’éteindre mon appareil photo.
« Merci pour ces paroles rassurantes. »
Je n’ai pas d’autre endroit à visiter, donc plus de photos à prendre. Je m’attendais à plus, je dois l’avouer, mais je ne vais pas non plus me plaindre. Comme je n’ai jamais fait ce genre de choses, ça risque déjà de me prendre un temps fou. Mais ça vaut le coup puisque c’est pour faire plaisir à Woonie. Son sourire vaut tous les efforts du monde. S’il fallait que j’affronte la mort encore une fois pour son bonheur, je le ferai sans hésiter.
« J’en ai fini avec ma tornade de photos ! Est-ce qu’il y a un endroit où on pourrait s’installer pour faire un peu le point ? J’aimerais bien en savoir plus sur vous ! »
Si j’étais une adolescente normale, je ressentirais un semblant de timidité en prononçant ces paroles. Malheureusement, je ne suis pas comme ça. J’ai l’habitude de dire ce genre de chose avec un naturel déconcertant. La timidité n’a jamais été mon fort. Et puis… cette fois-ci au moins c’est justifié !
Je n’étais pas capable de savoir ce que la jeune demoiselle pouvait bien penser en ce moment-même mais je voyais à son expression, qu’elle réfléchissait. Je savais très bien que mes paroles ne l’aideraient pas à avoir un déclic mais j’espérais tout au moins qu’elle se rassure quant à sa situation. Comme je l’avais déjà dit, elle était encore jeune. D’ailleurs, je regrettais ma question, elle paraissait tellement mature qu’il semblait bien que j’avais fini par faire abstraction de son âge et le fait justement, qu’il était difficile d’avoir une idée bien précise de sa future profession à 16 ans. Je me trouvais un peu idiot sur le coup, surtout qu’il semblait que j’avais fait naître chez elle une sorte de malaise, il devait sûrement s’agir d’un sujet sensible. Je regrettais davantage cette interrogation pourtant innocente.
« J’ai déjà mis un temps fou à faire comprendre à mes parents que je ne me marierai pas tant que je n’aurais pas trouvé la bonne personne, inutile d’espérer les convaincre qu’ils doivent juste être patients et me laisser le temps de décider de mon avenir professionnel… »
En effet, les parents pouvaient être de véritables pressions lorsqu’ils s’y mettaient. Parce qu’ils s’inquiétaient de l’avenir de leurs précieux bambins, ils en arrivaient à nous remettre cette inquiétude sur les épaules même si en réalité ce n’était pas fait à tort. Les miens aussi avaient eu tendance à souvent m’interroger sur mon avenir mais sauf qu’à la différence d’Aeri, mon père concluait toujours le dialogue en disant que si je ne trouvais pas un jour, ce n’était pas bien grave car il pouvait toujours m’assurer une place dans sa compagnie. Peut-être que c’était grâce à cela que j’avais fini par trouver ma voie, la menace de reprendre le flambeau du paternel, un destin que je voulais éviter en tous points même s’il ne m’avait jamais été imposé.
« Je finirai par faire quelque chose, c’est certain, j’espère juste réussir à trouver mon compte au final ! Ce serait tellement plus simple si j’étais moins compliquée et si j’étais capable de rester deux minutes sans bouger ! Il faudrait que je trouve un travail qui bouge, qui soit utile et fasse plaisir aux gens, et qui me permette toujours de sculpter des heures durant. Si vous avez des idées, je suis preneuse ! »
Le petit rire qu’elle lâcha à la fin me rassura, j’avais l’impression soudaine d’avoir été débarrassé d’un gros poids sur les épaules, le poids de l’embarras. De plus, cette invitation à lui donner des idées, je l’avais bien entendu et ne comptais pas la laisser filer.
« Merci pour ces paroles rassurantes. »
Je lui souris, je n’avais rien fait hormis l’embarrasser davantage et elle me remerciait tout de même. Intérieurement j’étais frustré, j’aurais vraiment voulu l’aider. Je songeais donc à ce qu’elle m’avait dit, le descriptif de sa profession idéale et quelques idées semblèrent me venir à l’esprit.
« Tu n’as jamais songé à l’enseignement ? Je pense que tu pourrais trouver ton bonheur dans cette profession. En transmettant ton savoir et ta bonne humeur, tu rendrais tes élèves heureux, de plus, tu pourrais continuer la sculpture en proposant à ces derniers des cours d’arts plastiques, ils adoreraient ça. Et si cela ne te suffirait pas, en dehors tu pourrais toujours enseigner la sculpture. »
Je n’étais pas sûr que mon idée lui convienne mais m’ayant invité à lui faire part de mes réflexions, je n’avais pas pu m’en empêché de les lui dire. D’ailleurs, je ne vous dit pas combien j’aurais été heureux si elle retenait mon idée mais je n’avais pas énormément d’espoirs à ce sujet.
« J’en ai fini avec ma tornade de photos ! Est-ce qu’il y a un endroit où on pourrait s’installer pour faire un peu le point ? J’aimerais bien en savoir plus sur vous ! »
Avec tout cela, j’avais fini par oublier la véritable raison de sa visite. Je lui avais demandé de s’occuper de la décoration de quelques pièces de mon appartement et à la base elle était venue pour jeter un coup d’œil aux lieux et prendre des photos afin de songer à quelques idées. A la base… Mais au final, nous nous étions mis à discuter et la curiosité m’avait rattrapé. Néanmoins, il fallait bien l’avouer, il n’était pas commun de tomber sur des adolescents comme Aeri et donc je m’étais laissé emporter, surtout que la demoiselle était également bavarde.
« Euh… Pas de soucis ! »
Je l’emmenai donc en direction de la cuisine où je l’invitais à s’asseoir tandis que j’allai chercher de la boisson et quelques trucs à grignoter. Je posai le tout sur la table puis vint m’asseoir en face d’elle.
« Surtout n’hésite pas, sers toi. »
Spoiler:
Pardon pour cet immense retard T.T Je me suis laissée submergée par le manque de temps, mes activités et mes obligations. Je suis vraiment désolée à ce sujet, surtout que tu me réponds toujours très vite. Je ne fais pas là un retour en force et je tiens encore à m'excuser :(
« Tu n’as jamais songé à l’enseignement ? Je pense que tu pourrais trouver ton bonheur dans cette profession. En transmettant ton savoir et ta bonne humeur, tu rendrais tes élèves heureux, de plus, tu pourrais continuer la sculpture en proposant à ces derniers des cours d’arts plastiques, ils adoreraient ça. Et si cela ne te suffirait pas, en dehors tu pourrais toujours enseigner la sculpture. » « L’enseignement… »
Je laisse encore mon rire résonner dans la pièce. Me voit-il réellement enseignante, moi qui ne suis pas capable de rester en place ? Je n’ai pas la patience pour ce genre de chose. Non, vraiment, je suis loin d’être aussi parfaite que Min Hwan. Jamais je ne pourrais enseigner l’art. Quant à la sculpture, ce n’est pas quelque chose que je pourrais transmettre. Je ne sais même pas comment je m’y prends pour réaliser mes céramiques. J’agis sur des coups de tête et je sculpte ce que j’ai envie de façonner de la façon dont j’en ai envie. Je serais totalement incapable de donner des cours à qui que ce soit.
« C’est une idée… Mais je ne pourrais pas avoir la patience nécessaire ! Un de mes amis les plus proches est enseignant, et je sais que je ne pourrais jamais lui arriver à la cheville. Je ne suis pas pédagogue. »
Ca non. Quand il s’agit d’expliquer les choses, je suis vraiment une bille. Je pourrais même réussir à embrouiller quelqu’un qui maîtriserait parfaitement son sujet. J’adorerais vraiment faire le même métier que Hwannie, mais je sais que je n’en serai jamais capable. Inutile de me bercer d’illusions. Je finirai tout simplement vieille fille dans mon atelier, à vendre mes propres œuvres à une majorité de gens qui n’y comprennent rien. Quelle tristesse ! Enfin bref, mon patron vient d’accepter de répondre à mes questions. Inutile de s’attarder sur des pensées aussi agaçantes.
« Euh… Pas de soucis ! »
Je le suis jusque dans la cuisine, récupérant au passage mon sac posé dans un coin. Tandis qu’il part chercher quelque chose, je glisse mon appareil dans mon sac avant d’en extirper un porte-vues ainsi que mon petit cahier de notes. Je m’installe sur une chaise et pose mon matériel juste devant moi. Monsieur Kwang pose à son tour des choses sur la table, à savoir des sodas et de quoi grignoter un peu.
« Surtout n’hésite pas, sers toi. » « Merci ! »
Vraiment, j’ai de la chance d’avoir été embauchée par cet homme. La vie tente peut-être de rétablir l’équilibre entre toutes les catastrophes qui me sont arrivées et les bonnes choses qui pourront survenir… C’est en tout cas ce que j’espère. Si l’encas ne me tente pas du tout, la boisson en revanche me fait de l’œil. Pourtant, je m’abstiens, préférant présenter des documents à mon employeur.
« J’ai toute une série de décorations types. Dites moi ce qui vous plaît et ce qui ne vous plaît pas. Ca me permettra de savoir déjà de quel côté chercher. »
Je retourne mon porte-vues pour qu’il soit dans le sens de lecture de mon hôte et le lui ouvre à la première page, attendant qu’il me dise si la première image lui irait ou non. A chaque fois qu’il me dira que quelque chose ne lui convient pas, j’enlèverai la photo. Ce sera plus pratique que de tout noter. Tandis qu’il regarde, je cède.
« Vous voulez que je vous serve ? »
Je désigne la bouteille de soda sur la table. Il serait mal élevé de me servir sans attendre qu’il m’ait répondu.
« Invité »Invité
Sujet: Re: D&CO ~ Kwang Jae Hyun Sam 5 Oct - 20:24
Je pensais avoir trouvé une bonne idée, j’étais même plutôt ravi de ma trouvaille mais lorsque ma proposition fut faite et que j’avais tâché de sélectionner de bons arguments dans l’espoir de la convaincre, cette dernière avait laissé échapper un rire, trahissant mon cuisant échec. J’avais encore raté et je me sentais désolé de ne pas pouvoir aider davantage la jeune Ae Ri dans sa quête de trouver sa profession future.
« C’est une idée… Mais je ne pourrais pas avoir la patience nécessaire ! Un de mes amis les plus proches est enseignant, et je sais que je ne pourrais jamais lui arriver à la cheville. Je ne suis pas pédagogue. »
Moi aussi je connaissais quelqu’un dans l’enseignement, nous n’étions absolument pas proches même loin de là mais je me devais bien d’admettre qu’il faisait un super boulot et qu’il n’y avait rien à redire d’un point de vue professionnel. Et ce garçon en question, de la patience, il en débordait, il n’y avait qu’à avoir le calme olympien qu’il conservait sans cesse face à moi malgré mes nombreuses piques ou la manifestation de ma mauvaise foi. Ae Ri soulignait là un point important, il n’était pas chose aisée d’être enseignant en réalité et peut-être que j’aurais dû davantage songer aux conditions requises avant de lui suggérer l’idée et davantage la déprimer. Mais heureusement, la jeune fille mit tout fin à cela lorsqu’elle me proposa d’en revenir à la raison pour laquelle elle était là, la décoration de l’appartement. Nous nous dirigeâmes donc en direction de la cuisine où j’avais entrepris de poser sur la table quelques mets et rafraichissements. Alors que j’avais pourtant invité ma jeune employée à déguster ce qui était posée sur la table, cette dernière ne fit rien, j’eus même l’impression qu’elle avait peur de se servir alors que je l’avais pourtant invité à faire cela. De plus, je remarquai son regard posé sur la bouteille de soda mais très vite, elle captiva de nouveau mon attention en abordant de nouveau le travail :
« J’ai toute une série de décorations types. Dites moi ce qui vous plaît et ce qui ne vous plaît pas. Ca me permettra de savoir déjà de quel côté chercher. »
Je retourne mon porte-vues pour qu’il soit dans le sens de lecture de mon hôte et le lui ouvre à la première page, attendant qu’il me dise si la première image lui irait ou non. A chaque fois qu’il me dira que quelque chose ne lui convient pas, j’enlèverai la photo. Ce sera plus pratique que de tout noter. Tandis qu’il regarde, je cède.
Je jetai donc un coup d’œil à ce porte-vue qu’elle me tendait. Ce que j’y vis était plutôt plaisant, la première image comportait de jolis coloris bleus clairs presque blancs qui avaient su capturé mon regard. Par contre, j’appréciais moins le revêtement du sol, j’avais une simple horreur de la moquette et il valait mieux que j’en avertisse Ae Ri. Toutefois, cette dernière m’interrompis involontairement en me proposant un verre de la boisson qu’elle avait convoité depuis que je l’avais posé sur la table.
« Vous voulez que je vous serve ? »
« Volontiers » lui répondis-je.
Je jetai de nouveau un coup d’œil à la photographie avant de ne donner mon avis définitif à la jeune fille mais non, le seul problème que je voyais était la moquette, tout le reste me convenait parfaitement.
« J’aime déjà beaucoup cette première proposition. Ce bleu presque blanc est très agréable et irait très bien dans cette pièce. Dues aux baies vitrées, il vaut mieux des couleurs très claires et trouvant le blanc trop banal, je trouve que ce bleu en question est une très bonne alternative. Par contre, il y a un petit détail qui me chiffonne et je tiens à préciser qu’il s’agit du seul en question. »
Je m’arrêtais quelques secondes pour reprendre mon souffle et siroter une gorgée de soda tandis que je vis le regard de la jeune fille se posait sur moi, toute ouïe de connaître quel était ce bémol en question.
« Je déteste par-dessus tout la moquette, serait-il donc possible de changer cela ? Personnellement, je pensais carreler mais après, je me dis que le parquet ne pourrait pas non plus être une mauvaise option. Qu’en penses-tu et enfin à quels coloris penses-tu ? »
Je pris une nouvelle gorgée de soda et mangea un biscuit, je commençais à avoir faim et je me demandais s’il en était de même pour la jeune fille. Après tout, cela faisait presque une heure qu’elle se trouvait ici et nous étions dans les environs de l’heure du repas. D’ailleurs, je réalisais que la jeune fille était encore une adolescente et que ses parents devaient sûrement l’attendre pour le dîner. Il valait mieux peut-être que l’on finisse tout cela au plus vite pour permettre à la jeune fille de rentrer dans les temps.
« Au fait Ae Ri, tes parents t’attendent pour quelle heure ? Il va bientôt être 19h30 et je ne voudrais pas qu’ils s’inquiètent pour toi. D’ailleurs, je te raccompagnerai en voiture, ce sera plus rapide et sûr pour toi. »
En effet, je ne pouvais pas laisser partir une jeune fille seule à une telle heure, je n’étais pas irresponsable à ce point. Même si Seoul n’était pas reconnue pour sa dangerosité, je restais méfiant et n’étant pas majeure, je considérais avoir en ce moment-même sa responsabilité et en tant que responsable, je tenais à lui procurer une certaine sécurité et cela n’allait pas me coûter grand-chose.
Messages : 1559 « Kang Ae Ri »TWAO ☆ Loner
Sujet: Re: D&CO ~ Kwang Jae Hyun Sam 19 Oct - 16:44
Tandis que je nous sers lui et moi, il observe ce que je lui présente. Je me concentre sur ma tâche afin de ne rien renverser. Hors de question de tuer toute ma crédibilité en me montrant maladroite. Par miracle, il n’y a pas la moindre goutte sur la table lorsque j’avance le verre vers mon patron et lorsque je prends le mien. Je bois une gorgée juste avant que Monsieur Kwang ne commente la première photo.
« J’aime déjà beaucoup cette première proposition. Ce bleu presque blanc est très agréable et irait très bien dans cette pièce. Dues aux baies vitrées, il vaut mieux des couleurs très claires et trouvant le blanc trop banal, je trouve que ce bleu en question est une très bonne alternative. Par contre, il y a un petit détail qui me chiffonne et je tiens à préciser qu’il s’agit du seul en question. »
J’attends sagement qu’il boive à son tour tout en essayant d’anticiper ce détail. Sauf que je ne connais pas suffisamment le propriétaire des lieux pour avoir la moindre chance de deviner de quoi il s’agit.
« Je déteste par-dessus tout la moquette, serait-il donc possible de changer cela ? Personnellement, je pensais carreler mais après, je me dis que le parquet ne pourrait pas non plus être une mauvaise option. Qu’en penses-tu et enfin à quels coloris penses-tu ? » « Ah ! Mais ce ne sont que des idées pour me permettre de cerner un peu vos goûts, en réalité. Donc tout est modifiable à souhait. Pour les couleurs, je pensais justement à des tons pastel, et surtout pas à du blanc. J’ai un gros penchant pour les tons orangés, je trouve cette couleur chaleureuse. Je vous ferai d’autres propositions plus adaptées et personnelles, en fonction de vos choix et préférences. Pour ce qui est du parquet, je pense que ça irait mieux avec des couleurs un peu chaudes, ou à la limite avec du vert un peu couleur anis. »
Il mange un biscuit et j’en profite pour noter qu’il n’aime pas la moquette. Ca tombe bien, j’ai aussi horreur de ça. Ce sont des nids à poussière et à tâches.
« Au fait Ae Ri, tes parents t’attendent pour quelle heure ? Il va bientôt être 19h30 et je ne voudrais pas qu’ils s’inquiètent pour toi. D’ailleurs, je te raccompagnerai en voiture, ce sera plus rapide et sûr pour toi. »
Comme pour confirmer ses dires, je jette un rapide coup d’œil à ma montre. C’est fou comme le temps est vite passé !
« Je ne m’étais pas rendue compte qu’il était si tard ! Effectivement, il vaudrait mieux que je rentre. Merci de prendre soin de moi ! »
Tout sourire, je tends mon bloc-notes à Monsieur Kwang ainsi qu’un stylo.
« Est-ce que vous pourriez me donner une adresse mail et un numéro de téléphone auquel je peux vous contacter sans vous déranger ? Le mail, c’est pour vous envoyer mes propositions dès que je les aurais formalisées, et le téléphone… c’est au cas où. »
Au cas où j’aurais du retard, ou au cas où j’oublierais encore l’adresse d’un rendez-vous. Je termine mon verre avant de ranger mes affaires. Puis il me ramène. J’adore ce boulot, j’adore mon patron. Que demander de plus ?