Do Jun est grand. Du haut de son mètre quatre-vingt sept, il a tendance à regarder les gens de haut, les observer en silence. Son corps n'a rien à envier à personne ; en effet, Do Jun peut se vanter de ne pas avoir le moindre gramme de graisse en trop. Un regard sur sa physionomie suffit pour comprendre qu'il fréquente assidument les salles de sports. Et pour cause, il fait partie de ses hommes sur lesquels on se retourne dans la rue après son passage. Pourquoi ? Parce qu'en plus d'être élégant, il possède une aura telle qu'il est impossible de l'ignorer. Au delà de ça, Do Jun n'est ni tatoué, ni percé. Il est totalement désintéressé de ce genre de pratique. De même pour ses vêtements, qui restent en général le plus sobre possible. Il reste généralement en costume, et la seule couleur dont il s’accommode est le rouge ou le marron.

En clair, il ne cherche pas à attirer l'attention sur lui par une quelconque démarcation physique. Il est brun, avec des yeux noirs, comme beaucoup de coréens. C'est par son charisme que l'on se doit de le reconnaitre, de le regarder à la dérobée lorsqu'il se déplace hors de sa voiture de marque.

Au niveau de son visage, Do Jun ne fait pas parti de ces hommes que l'on juge incroyablement beaux au premier coup d'oeil. Et pourtant, si l'on s'attardent sur les traits qui le composent, il est difficile de ne pas le trouver charmant, alors que ses yeux sombres scintillent d'une intensité indéfinissable et secrète. Malgré ses sourires de façades qui se veulent charmeurs, on devine en lui une volonté d'aller très loin, sans saisir les véritables intentions qui l'animent. Sociable, il salue les gens qu'il croise dans la rue d'un sourire poli, avant de disparaitre d'un pas léger, droit et sûr.

Depuis qu’il est capable de penser, Do Jun a appris deux choses. La première, c'est qu'il fallait se façonner un masque en public, un masque parfait qui lui permettrait d'obtenir tout ce qu'il désire en claquant des doigts, mais pour cela, il devait travailler sans relâche. La seconde, c'est qu'il existait des êtres physiquement pas bien différents des humains, mais qui sont, au fond, des atomes de moisissures infectant peu à peu son espace vital. Il se de les maudire, eux qui ont fait intrinsèquement de sa vie un enfer. Finalement, sans leur existence, il aurait vécu une vie normale, avec une famille aimante, et des sentiments comme une personne lambda. Mais non, il n'y a pas eu droit, parce qu'ils sont là, qu'ils existent. Les Twaos. Do Jun le sait ; il est né pour les détruire jusqu'aux derniers. De père en fils, il n’a eu que pour héritage, la haine et cette envie de destruction suintant sous sa peau, pulsant dans ses veines. L’idée même de les côtoyer le rend nauséeux et malade. Pire qu'une phobie, ou qu'un dégoût, c'est une pure obsession pour le politicien. Il FAUT que les Twaos disparaissent. Et il est prêt à tout pour ça. Même si ça signifie se servir de sa famille ou de ses relations pour cela.

Simplement, Do Jun peut paraitre bipolaire. A la lumière du jour, et devant les yeux du public, Do Jun est un politicien passionné. Il a fait de très grandes études, et à été diplômé de l’université de Harvard avec les honneurs. Son entourage à toujours trouvé Do Jun prometteur, fondant de grands espoirs sur lui, et il n'a déçu personne. Il enchaine directement en plongeant tête première dans le monde de la politique, qu'il gère à la perfection, menant les débats sans difficultés majeures. Il manie chacun de ses atouts avec dextérité, s'en servant comme arme pour mener ses projets à bien. Sa fabuleuse mémoire en fait partie, qu'elle soit visuelle ou mécanique, et son intelligence lui permet de manipuler les autres à sa guise. Aussi, sa popularité à Séoul n'est plus à prouver. Il sait également parler, mettre le peuple de son côté à l'aide d'un simple discours, tant la passion déferlent au travers de ses mots. Ceux qui le connaissent diraient qu'il est né pour être un leader.

Seulement, il y a la partie cachée de l'iceberg, que seuls une poignée d'initiés connaissent. En dehors de ses belles paroles, en privé, Do Jun est un homme odieux et méprisant. Dans ces instants -là, seuls les sarcasmes passent la barrière de ses lèvres, avec lesquels il écrasent les autres sans aucune pitié. Pour lui, le monde se divise clairement en trois catégories distinctes : les alliées, les ennemis, les larbins. Et il n'est satisfait que lorsque chacun d'entre eux dansent dans la paume de sa main.
Do Jun est un modèle d'intolérance brut, clamant haut et fort l'extinction des Twaos dans le monde de l'ombre. Et pour ça, il est prêt à utiliser tout ce qu'il possède, que ce soit son argent, son poste, ses employés et sa capacité de faire déplacer des foules. Il sait utiliser les autres comme des poupées d'argiles malléables à sa guise, et ne s'empêche en aucun cas de le faire. Allant même jusqu'à mener à la baguette des tueurs à gages. Certains appellent ça de la sorcellerie. D'autres disent qu'il s'agit du charisme à l'état pur. Il n’a aucune pitié pour autrui, ne voyant que des pions à utiliser sur son échiquier.

En dehors de ça, Do Jun fume beaucoup. Le tabac est une chose qui le détend, même s'il ne le montre pas trop en public, pour préserver son image. Par ailleurs, il joue souvent avec son briquet. L'un de ses tics est de fixer la flamme lorsqu'il est plongé dans ses réflexions. La lumière de la flamme dansante dans ses pupilles lui permet d'évacuer toutes les informations superflues pour clarifier chaque point des stratégies qu'il établit jour après jour. Do Jun est aussi un grand joueur de poker, et apprécie l'alcool. Il n'est pas rare de l'apercevoir dans des clubs privés très select, dans lesquels il s'amuse à battre ses collègues au billard, tout en parlant affaire. Finalement, on peut dire de lui qu'il a tous les vices.

Il est aussi multilingue et maîtrise pas moins de six langues différentes, en grande partie grâce à l'éducation très stricte de sa famille, le forçant à prendre des cours privés jusque tard dans la nuit. Parce que c'est comme ça dans la famille Kim : il n'y a pas de place pour les moins que rien. Seuls les gagnants méritent une place au soleil.

Si d'un côté technique, Do Jun semble proche de la perfection, humainement, il n'a rien appris, et son empathie est proche de zéro. Comme le signifierait la réplique d'un célèbre film, Do Jun à la capacité émotionnelle d'une petite cuillère. Il est totalement désintéressé des autres, seul son bien-être l'importe. Ce pourquoi il n'a jamais eut aucune difficulté à faire du mal aux autres. Il méprise les Twaos comme une maladie dégénérescente qui empêche la Terre de tourner correctement. C'est la raison pour laquelle il faut s'en débarrasser au plus vite.

Do Jun est né un matin, poussant son premier cri en même temps que le soleil se levait au travers de la fenêtre du salon, dans lequel sa mère venait d'accoucher, seule. Déjà à l'époque, son géniteur était un homme trop occupé pour s'intéresser à la naissance de son premier fils, ayant des choses "bien plus importantes" sur le feu. C'est ainsi que la première année de sa vie, le petit garçon fut élevé seul par sa mère, et jugé intéressant qu'à l'âge de dix-huit mois. Age où son père décide de prendre son éducation en main, pour en faire son digne héritier.

Do Jun est humain, mais aussi loin que ses souvenirs remontent, ce ne sont pas des flash-back de balades dans le parc ou de dégustation de barbapapa qui apparaissent dans son esprit, mais le visage dur de son père, et le mot "Twao" qu'il répète en boucle. Avant même de savoir lire convenablement, Do Jun connaissait l'existence des Twaos, leur façon de vivre, de quoi il étaient dépendants, les légendes qui entouraient leur existence. Il n'a pas eu d'enfance normale. Ou plutôt, il n'a pas eu d'enfance tout court. Do Jun n'a jamais été inscrit à l’école, durant son enfance, il suivait des cours privés dans un bureau immense avec une unique fenêtre, des livres, et un professeur par matière. Il passait une douzaine d'heure par jour dans cette immense pièce, n'en sortant que pour manger et se laver le soir, avant de dormir, et de recommencer le lendemain. Le savoir était une chose importante dans les principes de sa famille, et il se devait d'apprendre, et d'être très bon dans tous les domaines. Seul l'apprentissage d'un quelconque instrument de musique lui a été dispensé, jugé inutile d'après son père.

Et c'est ainsi qu'il fut peu à peu transformé en automate sans émotion, ou presque.

Pendant les moments "privilégiés" qu'il passait seul avec son père, ce dernier n'avait qu'une doctrine à la bouche : Les Twaos sont des abominations. Rien de moins. Depuis que Do Jun eut atteint l'âge de raison, son paternel n'a eut de cesse de faire grandir cette petite graine de haine dans le coeur du futur politicien, le formant peu à peu à devenir son digne successeur dans la lourde tâche de l'extinction de cette race inférieure aux humains.
C'est au cours de sa huitième année d'existence que Do Jun apprend réellement les secrets de la Caste. Elle est divisée en plusieurs catégories. Tout en bas, il y a ce que son père appelait "les chiens" : la poignée de Twao au service de la Caste, qui finissent de toute façon par périr lorsqu'ils ont remplis leurs fonctions d'espions et cobayes pour l’extinction de leur race. Ils sont rares, parce qu'aussi naïfs soient-ils, peu d'entre eux restent totalement dévoués à l'organisation lorsqu'enfin ils comprennent ce qu'il s'y passe. Ils ont toujours le même genre de profils : des gamins qui ont tout perdu, qui n'ont plus rien, et qui ont besoin d'argent pour survivre, sans comprendre qu'ils tombent en enfer en signant pour la Caste. Les plus désespérés d'entre eux, aussi rares soient-ils, gagnent un pourcentage quand ils aident à se débarrasser des corps lorsque le besoin s'en fait sentir.
Au dessus d'eux, il y a les tueurs, chargés du "nettoyage des ordures" comme ils se plaisent à dire. Ils tuent les Twaos qu'on leur désignent sans poser la moindre question. Il faut que ce soit rapide, et surtout sans laisser de traces derrière eux. Le feu reste le moyen le plus sûr et le plus "discret" (dans le sens accidentel du terme) pour éradiquer l'espèce, et les assassins de la Caste l'ont bien compris.
Un rang plus haut se trouvent les actionnaires, les donateurs, et les partenaires. En gros, ce sont les différents comptes en banque de la Caste. Les hommes d'affaires versant une somme considérable d'argent pour voir certains Twao en particulier disparaitrent. Ils permettent le bon fonctionnement de tout l'engrenage, puisque leurs chèques permettent de payer le nombre effrayant d'employés qui tournent dans l'empire des Kim, chefs de père en fils. Do Hyun, le petit frère de Do Jun, fait partie de ceux là. En plus de s'occuper des revenus nécessaires pour les campagnes électorales, il est aussi responsable en grande partie de la gestion de l'argent au sein de la Caste, étant le principal intermédiaire entre les donateurs et le grand patron.
Et pourtant, ils restent moins importants que les informateurs. Ces derniers sont les éléments les plus précieux de l'organisation. Ce sont eux qui sont chargés de retrouver les Twaos, qui s'immiscent dans leurs vies, qui les tracent, et qui établissent des listes d'adresses pour les tueurs. Ce sont des cartes maitresses aux yeux de chacun des dirigeants ayant siégé à la tête de la Caste.
Et justement, en dernier lieu vint le responsable de tout ce beau monde, maniant d'un main de maitre les pantins dansant à ses pieds. Celui que Do Jun était censé devenir depuis sa naissance. Le président de la Caste.
 
C'est donc à l'âge de 24 ans, de part son esprit brillant et ses capacités hors du commun, que Do Jun reprend le flambeau familial à la mort de son père et devient le grand patron de la Caste, une organisation cachée datant de plusieurs siècles qui n'existe que pour éliminer les porteurs du gêne inférieur un par un. Son éducation ne lui a appris que cela.

Aussi, Do Jun ignore les valeurs émotionnelles que l'on enseigne aux enfants "normaux". L'amour. Le partage. L'amitié. La famille. La solidarité. Ce ne sont que des mots dénués de bon sens, pour lui, et la naissance de son petit frère Do Hyun n'a rien changé. Il le traite de la même façon que les autres : comme un pion. Il en va de même pour tout ce qui l'entoure. Des femmes ? Do Jun en a connu quelques-unes. Sa plus longue relation intime avec une femme s'étend sur environ sept heures. En effet, au retour de soirée, ils sont restés coincés dans les embouteillages plus de deux heures, et il a quitté les draps de la demoiselle dès le lever du soleil. Comme pour le reste de ses sentiments, Do Jun ne sait pas ce qu'est être amoureux, et ça ne l'intéresse tout simplement pas. Le mariage, les enfants, la vie de famille ? Avec celle qu'il a connu, pas question d'en fonder une lui-même. L'idée même le révulse, et il a bien d'autres projets en tête. Les femmes, c'est uniquement pour passer le temps, ou pour se vider la tête quelques heures de manière plaisante.

En dehors de ça, même s'il répugne à le faire, le politicien n'hésite pas à utiliser sa face publique (bienveillante, souriante, passionnée) pour se mettre ceux dont il a besoin dans la poche, ou simplement brouillé les pistes. En effet, avec les activités criminelles de son organisation, de plus en plus d'enquêteurs, ou simplement d'esprits vengeurs sont à ses trousses. Pourtant, ça ne l'arrête pas, au contraire ; il s'en amuse presque, tel un enfant sadique aux prises avec des jouets désobéissants. Et de toute façon, il fait toujours en sorte que l'on ne puisse pas remonter jusqu'à lui, utilisant des assassins chevronnés pour s'occuper des bas travaux. Pas question qu'il se salisse les mains lui-même pour des êtres qui n'en valent pas la peine, à ses yeux. Tous les moyens seront bons, du moment qu'ils disparaissent tous.

Et peu importe combien de temps cela prendra, il atteindra son but quoi qu'il en coûte. C'est sa raison d'être.