Jin Hei eut un silence devant l'immense bâtiment. Pour être honnête, il se demandait encore, depuis l'instant où il s'était levé, si ce qu'il faisait était réellement une bonne idée. Mais puisque ses pas l'avaient guidés jusqu'ici, autant aller jusqu'au bout de sa pensée, non ? Gravissant une à une les marches du palais de justice, il continua de scruter les alentours, le décor, et tout ce qui l'entourait. Clairement, ce n'était pas son monde, et s'il n'avait pas une bonne raison d'être là, il aurait déjà tournés les talons depuis longtemps. Heureusement qu'il était motivé et du genre obstiné. Très obstiné. Une fois à l'intérieur, le mécanicien s'approcha de l'accueil, avant de sourire à la jeune femme qui s'y trouvait. Cette dernière lui rendit sa politesse, tout en l'observant avec insistance, comme si elle se demandait intérieurement ce qu'il faisait là, et surtout, ce qu'il voulait. Sans attendre plus longtemps, le mécanicien lâcha :
« Bonjour. Je suis venu voir le procureur Tae Sung Ki. »
Le sourire de la jeune femme se figea instantanément, et ses yeux cessèrent de bouger, comme une poupée, ou un mode "arrêt sur image". Le changement était même si violent que Jin Hei dû lutter pour ne pas avoir de mouvement de recul. A croire qu'il avait cité un nom interdit, à l'instant. C'était sans doute le cas, d'ailleurs. La jeune femme cligna des yeux comme pour reprendre vie, avant de s'éclaircir la gorge :
« Hm...Vous êtes sûr ? »
Le mécanicien eut un silence, assez surpris, et se retourna même un instant pour être sûr qu'il était seul avec elle. Comprenant qu'il y avait un problème, il insista tout de même :
« Oui, je suis sûr. »
Elle eut un nouveau silence, considérant Jin Hei une seconde fois. Il avait presque l'impression qu'elle le prenait soit pour un fou, soit pour un homme terriblement courageux. Ou un mélange des deux, un type qui n'avait sans doute pas toute sa tête. Allons bon, il savait que celui qu'on nommait "le Faucheur" en ces lieux, devait avoir une réputation qui n'était plus à faire. Impitoyable. Mais au point d'en faire trembler les jeunes femmes de l'accueil, tout de même...Le mécanicien ne s'y attardât pas plus, constatant que la fille venait d'appeler celui qu'il venait voir, justement. Elle annonça "un visiteur", et sans même donner son nom, raccrocha, avant de se mordre la lèvre :
« Deuxième étage à droite, c'est tout au fond...Vraiment tout au fond, il n'y a qu'une porte, vous ne pouvez pas vous trompez. » Elle ajouta dans un souffle presque inaudible et blasé « Bon courage. »
Jin Hei se contenta de la remercier d'un sourire, avant de s'éloigner. Du courage, il en aurait besoin en effet. Stressé, il l'était. Peut-être même terrifié. Pas à l'idée de faire face à Sung Ki contrairement à ce qu'on pourrait croire, mais plutôt...A ce qu'il entendrait de sa part. Oui, la vérité, c'était que le rejet l'effrayait au plus au point. Il avait bien compris, aux réactions du ténébreux, que ce dernier n'avait pas l'intention de l'accepter, tel qu'il était. Jin Hei s'accrochait néanmoins à l'espoir de la surprise. Tout s'était passé si vite la première fois, que la réaction du procureur pouvait être compréhensible. Et la seconde fois, il était presque en train de mourir, et cherchait Jae Hwa, non pas Jin Hei. Là encore, les choses s'étaient faites sur le pouce. Alors le mécanicien espérait qu'aujourd'hui, ce serait différent, même si l'angoisse lui retournait l'estomac. Mais pas question de se défiler, alors qu'il avait fait tout ce chemin, et qu'il n'était qu'à quelques mètres de la personne qui hantait ses nuits. Ses derniers mots, il les avaient en tête depuis plusieurs jours. Depuis l'instant même où le procureur avait quitter son appartement, en fait.
« Je te l'ai dit. Nous sommes quittes. »
Fermant un instant les paupières en se remémorant cet instant, il souffla. A force, il commençait à mettre de l'ordre dans ses idées. Et, en dehors du fait que Sung Ki était son âme soeur, il savait qu'il ne le laissait pas indifférent. Il n'était pas comme les autres, c'était certain. Sung Ki avait...Un je-ne-sais-quoi qui le rendait magnétiquement attirant aux yeux du garagiste. Il ne pouvait pas passer outre. Et justement, Jin Hei atteignit rapidement la fameuse porte isolée du fond du couloir, et une fois devant, son rythme cardiaque augmenta considérablement. Il n'avait pas vraiment besoin de plus pour savoir que Sung Ki était bel et bien derrière cette porte : il sentait d'ores et déjà un parfum d'eau de pluie qui enivrait ses sens, rendant le mécanicien presque fébrile.
C'était loin d'être le moment.
Avec douceur, il leva le poing pour frapper le bois de la porte. Trois coups, puis le silence. Jusqu'à entendre sa voix de l'autre côté, qui miraculeusement, l'autorisait à entrer.
Sa voix.
Inspirant profondément, le mécanicien abaissa la poignée de porte d'un geste sûr, avant de s'engouffrer dans le bureau de Tae Sung Ki. L'effet fut immédiat ; à peine eut-il croiser son regard, que son coeur fit la fête contre sa cage thoracique, sans permission. Un peu plus et il finirait cardiaque avant l'heure. Il tenta néanmoins de ne pas le montrer, s'attendant parfaitement à ne pas être le bienvenu ici. Mais avec leur dernière rencontre, datant d'une semaine, Jin Hei ne pouvait pas se résoudre à en restait là. Sung Ki l'obsédait beaucoup trop pour ça.
« Bonjour. »
Il referma la porte, et s'approcha du bureau. Pour peu, il aurait pu noter l'aspect immense, et un peu vide et froid de cet intérieur. Mais actuellement, la seule chose qu'il ne quittait pas des yeux était le visage de son âme soeur.
« Tu devrais prendre une petite pause et en profiter pour discuter avec moi. » S'il sortait vivant de cette pièce, ça tiendrait du miracle, Jin Hei le savait. « On a plein de choses à se dire. »
« Invité »Invité
Sujet: Re: Are you afraid of me ? Mar 25 Mar - 21:44
15 juillet 2013 – 11 h
Penché sur ses dossiers depuis le petit matin, le procureur n’avait pas vu le temps s’écouler. Les rares fois où il avait relevé la tête, c’était uniquement afin de détendre sa nuque devenue douloureuse à force de rester raide. Sinon quoi, il avait passé le clair de son temps les yeux rivés sur l’écran de son ordinateur ou sur l’amas de paperasse disposé un peu partout sur sa table de travail. Pourtant, ce n’était pas comme s’il avait vraiment beaucoup de travail ces jours-ci, c’était même plutôt le contraire. A croire que les cas intéressants se faisaient rares. Mis à part deux ou trois cas de viols, une tentative de meurtre et quelques banalités, il n’y avait rien de palpitant. Même la traque qu’il menait sans relâche contre la Caste n’avait rien d’aboutit depuis la libération d’un de ces chiens au profit de Kim Do Jun. A croire que le monde s’était assagit au moment où il aurait bien eu besoin d’un attentat. Mais rien. Pour le moment, il n’avait pas de quoi avoir l’esprit occupé.
Or, s’occuper l’esprit pour éviter de penser, c’était justement ce qu’il voulait.
Soufflant légèrement, Sung Ki s’autorisa une pause. Juste cinq minutes. Après avoir longuement étiré son cou et ses épaules, il glissa ses doigts jusqu’au nœud de sa cravate sombre qu’il desserra. Il prit même soin de détacher les deux premiers boutons de la chemise immaculée qui lui enserrait la gorge. Il avait déjà ôté sa veste et remonté ses manches sur ses avant-bras. Il pouvait bien se le permettre, à cette heure-ci les quelques personnes qui pourraient oser s’aventurer jusqu’à son bureau étaient probablement déjà partie en pause déjeunée, ravies que leur patron ne les retienne pas. De plus, il n’avait jamais supporté ces costumes réglementaires qu’il se devait de porter. Comme s’il n’avait pas suffisamment l’impression d’étouffer.
Surtout ces derniers temps.
Les yeux plongés dans le vide, il ne put plus retenir ses pensées de divaguer. Il y avait cette phrase, qui ne cessait de revenir en boucle. Comme l’une de ses mélodies avec laquelle on se lève le matin et qui, quoiqu’on fasse, restait tout au long de la journée, se répétant inlassablement. Ce même refrain, cette même partie du couplet. C’est l’impression qu’il eut lorsqu’il se rendit compte que cela faisait dix jours qu’il y pensait, à ces trois mots auxquels il n’aurait pas dû accorder autant d’importance :
« Tu me détestes… »
Détester. Rien que ça.
C’était un sentiment fort. Celui qui l’aidait à se lever chaque matin, pour tout avouer. Tae Sung Ki savait parfaitement ce que représentait la haine. Elle accompagnait si bien la rancœur, la colère et le mépris, ce cocktail qui le rendait ivre depuis des années déjà. Celui qu’il buvait en tête à tête avec l’organisation qui avait ruiné sa vie. Il lui suffisait d’y penser pour sentir son sang bouillir, et son souffle se couper sous la force que lui prodiguait ce mélange de ressentiments. Détester quelqu'un, c'était lui donner de l'importance qu'elle soit bénéfique, ou pas.
Etait-ce le cas envers Bang Jin Hei ? Son âme sœur.
Aussi loin qu’il puisse se souvenir d’avoir croisé la route du garagiste, il avait ressenti énormément de choses en présence. Même en son absence par ailleurs, par la simple mention de son nom. De l’indignation. De l’agacement, qui l’avait ensuite mené à de la colère. Mais au-delà de ça, il y avait plus. Il pouvait le nier autant qu’il le voulait, mais c’était bel et bien le cas. Il y avait quelque chose de plus qui se produisait dans sa poitrine lorsqu’il croisait le regard énervant de son cadet. Qu’il ne pouvait décemment pas expliquer, encore aujourd’hui. Puis il y avait eu ce baiser, ce simple baiser qui avait suffi à changer. Il avait alors ressenti de la surprise, de la crainte… Et même s’il ne pouvait se l’avouer, il avait aussi senti l’envie d’avoir plus sans oser s’accrocher. Là était tout le problème...
Il fut coupé dans ses réflexions lorsqu’un grésillement se fit entendre, lui faisant baisser les yeux vers le petit appareil au coin de son bureau.
« Hum… Procureur Tae, je suis désolée de vous déranger mais vous avez un visiteur. Est-ce que je le… »
Le dit procureur appuya machinalement sur le bouton qui permettait la réponse et lui coupa la parole d’une voix plate, sans y réfléchir :
« Faite-le monter. »
Bien sûr, il n’attendait aucune visite de qui que ce soit. Mais sachant que personne n’osait généralement venir dans le bureau du fond du deuxième étage sans y avoir été forcé, il devait y avoir une bonne raison à cette venue. Cela suffisait à Sung Ki. Il n’eut pas à attendre énormément pour entendre un léger frappement sur la porte de bois, annonçant l’arrivée de son visiteur. Il avait à peine eu le temps d’écarter quelques-uns de ses dossiers afin de paraitre un minimum organisé. Non pas que l’opinion d’autrui ne compte réellement, après tout qui oserait lui faire une remarque déplaisante ?
« Entrez. » lança-t-il en se redressant.
La porte s’ouvrit lentement, laissant apparaitre un visage que Sung Ki ne connaissait malheureusement que trop bien mais qu’il ne pensait certainement pas voir aujourd’hui. Encore moins ici. Il n’eut besoin que d’un regard pour sentir son souffle lui être arraché. Inconsciemment, il fronça les sourcils. Est-ce que trop penser au mécanicien lui faisait avoir des hallucinations ?
« Bonjour. »
Cette voix.
Il avait beau l’avoir imaginé une centaine de fois ces derniers jours, répétant son prénom inlassablement, il ne pouvait pas se tromper. L’homme qui se trouvait sur le pas de sa porte, pénétrant dans son bureau comme si ça devait être le geste le plus naturel au monde, était bel et bien celui qu’il essayait tant bien que mal d’oublier. Son âme sœur. Bang Jin Hei. Incapable de détacher son regard de la personne qui lui faisait face, il ne se retint pourtant pas de le dévisager de ses pupilles d’encre. Le procureur se concentra pour ne pas laisser tomber son masque impassible. Alors qu’à l’intérieur, un léger vent de panique s’était épris des battements de son cœur. Qu’est-ce qu’il pouvait bien faire là ? Pour quelle obscure raison venait-il jusqu’au Palais de Justice ? Tant de questions qui se bousculaient dans sa tête, sans qu’aucune ne passe la barrière de ses lèvres.
« Je travaille. » fut tout ce qu’il parvint à prononcer, sans le quitter des yeux.
Ainsi, il comprendrait peut-être qu'il n'était pas le bienvenue. Qu'il devait partir. Maintenant. Ce qu’il ne sembla pas comprendre puisqu’il ferma la porte avant de s’avancer vers le bureau. Lui aussi toisait son vis-à-vis, sans ciller une seule fois.
« Tu devrais prendre une petite pause et en profiter pour discuter avec moi. »
Pardon ?
« Je ne prends pas de pause. Je n'aime pas perdre mon temps inutilement » répliqua-t-il sèchement.
Pourtant le garagiste ne sembla pas y faire attention puisqu’il continua à marcher droit vers lui, traversant la pièce avant de s’immobiliser à quelques pas du procureur. Ce dernier sentit un frisson parcourir son échine. Il était proche. Bien trop proche. C’était comme si ses gênes pouvaient sentir que leur moitié se trouvait juste là, à portée de main. Et qu’ils l’appelaient, demandeurs de cette flamme qu’ils mourraient de sentir à nouveau crépiter.
«On a plein de choses à se dire. »
Sung Ki arqua un sourcil, s’adossant plus au fond dans son siège comme si ça pouvait lui permettre de mettre de la distance entre le donneur et lui-même.
« Je croyais pourtant qu’on avait mis les choses au clair la dernière fois. » répliqua-t-il.
Après tout, chacun à leur tour, ils avaient sauvé l’autre. Il lui avait bien fait comprendre qu’ils étaient quittes, qu’ils pouvaient par conséquent arrêter les frais avant... Avant quoi exactement ? Lui-même l’ignorait. Qu’est-ce qu’il craignait ?
« Tu ne me dois rien, si c’est ce qui t’inquiète. »
Il fallait seulement qu’il s’en aille, il ne demandait rien d’autre. Le procureur n’appréciait pas tout ce qu’il sentait au creux de son être. Cette chaleur qui commençait vraiment à prendre de l’ampleur, grandissant un peu plus à chaque fois qu’il se trouvait près de Bang Jin Hei.
« C’est tout ? » lâcha-t-il d’un ton impatient.
« Invité »Invité
Sujet: Re: Are you afraid of me ? Mer 26 Mar - 0:01
« Je ne prends pas de pause. Je n'aime pas perdre mon temps inutilement »
Inutilement.
Le ton sec qu'avait employé le ténébreux crispa le mécanicien pendant un quart de seconde. Jin Hei avait fermés les paupières un court instant, tentant tant bien que mal de ne pas montrer que les mots de Sung Ki ne lui faisait pas du bien. Alors, c'était bien comme ça qu'il le voyait ? Réprimant au plus loin ses mauvaises pensées, le mécanicien parvint, malgré la difficulté, à passer outre les mots du procureur, poursuivant sur sa lancée. Il s'arrêta juste en face du bureau, observant son vis-à-vis, alors qu'un frisson remontait le long de son dos. Comme toujours, Tae Sung Ki provoquait beaucoup de choses en lui. Ce dernier s'adossa contre le dossier de sa chaise d'un air sûr, avant de répondre à nouveau :
« Je croyais pourtant qu’on avait mis les choses au clair la dernière fois. »
Le mécanicien pencha légèrement la tête, sans quitter son homologue des yeux. Oui, lui-même n'avait cessé de penser à leur dernière entrevue. Elle avait été pour le moins...Intense. Mais il y avait un point qui ne plaisait pas à Jin Hei. Sung Ki ne cessait d'agir comme si Jin Hei avait cherché à lui rendre service. Bien sûr, il avait avant tout penser à l'état de santé du procureur ; mais s'il l'avait embrassé, ce jour-là, c'était pour une autre raison. Pour une panoplie d'autres raisons, qui avaient menés les pas du garagiste jusqu'ici.
« Tu ne me dois rien, si c’est ce qui t’inquiète. »
Jin Hei arqua un sourcil, face à Sung Ki. Il pensait sérieusement qu'il était venu pour ça ? Il comprenait bien que le procureur avait tout sauf envie de voir le mécanicien, pas besoin d'être un génie pour le remarquer. Pourtant, même s'il n'aimait pas forcer la main des gens, il ne pouvait décemment pas se résoudre à repartir. Pas maintenant. Même si son coeur fébrile menaçait de lâcher chaque fois que Sung Ki le regardait. Comme d'habitude. A croire qu'il le tenait entre ses mains, capable de décider de son sort d'une simple pression de ses doigts. En soi, c'était terrifiant.
« C’est tout ? - Pas vraiment. Je n'ai pas l'intention d'en rester là. »
Oh que non. Depuis leur dernière rencontre, le garagiste s'était torturé l'esprit, alors que chaque geste, chaque mot de Sung Ki étaient repassés en boucle dans sa tête. Il avait revécu la scène un nombre incalculable de fois. Allongé dans ses draps, il avait prononcé le prénom de son âme soeur plus de fois qu'il n'y avait d'étoiles décorant le ciel de nuit. Combien de fois s'était-il remémoré son parfum si unique ? Il s'était surpris à vouloir qu'il pleuve, afin de ne pas oublier ne serait-ce qu'un détail de l'odeur naturelle du procureur. Incapable de résister, il était même retourné devant la porte de son appartement pour y poser ses mains, à plat sur le bois en revivant l'instant où il avait eut Sung Ki contre lui. Où leurs lèvres s'étaient retrouvés une nouvelle fois. Une nouvelle, délicieuse fois. Ça se terminait pourtant toujours de la même façon ; Jin Hei finissait avec le front collé contre la porte, se maudissant intérieurement d'être si faible. Il était incapable de refouler ses pensées, toutes en lien avec cet homme qui lui avait pourtant parut si détestable aux premiers abords. Et aujourd'hui, il était à nouveau face à lui, après toutes ces nuits blanches passées à réfléchir à leur situation. Il effleura le bois du bureau du bout des doigts, comme pour se rapprocher un peu plus du procureur, même si une partie de lui-même avait envie de mettre de la distance. Sa raison était déjà en train de lutter pour ne pas contourner ce foutu bureau et renverser le procureur au sol, il valait donc mieux éviter le moindre geste de trop. A voix basse, il continua doucement :
« La raison de ma venue n'a aucun rapport avec ce qu'il s'est passé la dernière fois. » Il inspira doucement. « Si je suis là, c'est parce que je veux savoir ce que tu en penses. De tout ça. Nous sommes... »
Le mécanicien hésita, pendant un très court instant. C'était la première fois qu'il osait le prononcer. Il le savait, c'était même une évidence pour eux deux. Mais le dire à voix haute, c'était une façon de rendre les choses plus réelles, et en soi, c'était particulièrement troublant. Troublant, parce qu'au fond, ils n'en avaient jamais réellement parlé, tous les deux. Et c'était pour ça qu'il était là, aujourd'hui :
« ...Nous sommes âmes soeurs. Je suis en droit de me poser la question, non ? »
Ce mot, qu'il avait pourtant prononcé de lui-même, eut le don de déclencher de nouvelles sensations en lui, comme une douce chaleur se répandant sous sa peau. Son âme soeur. Cette âme soeur qu'il ne rejetterait en aucun cas. Même si ce sentiment ne semblait pas vraiment être réciproque. A cette pensée, le mécanicien ressentit une nouvelle fois un léger pincement au coeur, inexplicable, le même qu'il avait ressentit le jour où Sung Ki avait cherché à quitter son appartement sans un regard pour lui. Chassant ce souvenir et cette sensation d'un mouvement de tête, Jin Hei reprit doucement contenance, murmurant sans quitter le procureur du regard :
« Et puisque tu en parles, personnellement, je ne m'arrête pas au fait que nous soyons "quitte" ou pas. Si j'ai chargé avec toi la dernière fois, ce n'était pas pour t'aider. Pas en premier lieu, du moins. Je t'ai embrassé parce que j'en avais envie. »
Tes lèvres me manquaient.
Il s'obligea à ne pas fixer la bouche tentante de Sung Ki en cet instant, relevant les yeux pour croiser son regard d'ébène. Toujours aussi puissant, bien qu'une lueur de trouble semblait voiler ses yeux un court instant. Refusant d'arrêter en si on chemin, Jin Hei alla au bout de sa pensée, bien décidé à connaître l'avis de Sung Ki. Quelque chose de plus clair qu'un "nous sommes quittes".
« Quand tu es revenu au garage alors que j'étais en pleine crise, ose me dire que c'était uniquement par bonté d'âme. Il y avait autre chose, pas vrai ? Tu ne peux pas nier ça. On ne le peut pas. »
Parfois, le coeur avait besoin de plus de temps pour accepter ce que l'esprit savait déjà. Jin Hei avait eut le temps de réfléchir, de penser. Il était toujours un peu perdu malgré tout, mais savait qu'il avait déjà une place pour Sung Ki. Quelque part au fond de son être.
Il le savait.
« Invité »Invité
Sujet: Re: Are you afraid of me ? Mer 26 Mar - 23:13
« Pas vraiment. Je n'ai pas l'intention d'en rester là.»
Sung Ki ne bougea pas, prenant tout juste la peine de ciller sans détacher son regard de celui, troublé, du garagiste. Il n’aimait pas tellement la tournure que prenait cette conversation. D’ailleurs, il ne comprenait pas comment il avait pu en arriver là. Finalement, il ferait mieux de demander l’identité de ses visiteurs avant de les laisser venir jusqu’à lui. Il aurait ainsi pu éviter de se retrouver confronter à celui qu’il s’évertuait à éviter. Et ça, il comptait bien le faire payer à la réceptionniste de l’accueil.
«La raison de ma venue n'a aucun rapport avec ce qu'il s'est passé la dernière fois. » Le procureur croisa les bras sur son torse, imperturbable. De quoi d’autre ? « Si je suis là, c'est parce que je veux savoir ce que tu en penses. De tout ça. Nous sommes... »
Ne le dis pas. Surtout, ne le dis pas.
Sung Ki sentit son cœur se figer quelque part dans sa poitrine, alors qu’il était toujours dans l’incapacité de détacher son regard du donneur. Allait-il vraiment prononcer ce que lui-même avait tant de mal à penser tel quel ? Le dire, c’était l’avouer. L’entendre, c’était l’accepter. Il n’était pas prêt, et au fond, il ne le serait probablement jamais. Pour le moment, il souhaitait seulement que Jin Hei se taise.
« ...Nous sommes âmes soeurs. Je suis en droit de me poser la question, non ?»
C’était dit. Il ferma les yeux une seconde, inspirant doucement. Âme sœur. A l’entente de ce terme Sung Ki sentit de nombreux frissons courir le long de son être avant de se loger dans le creux de son estomac. Désormais, il n’y avait plus aucune barrière pour retenir la réalité, et il devait bien y faire face. Son âme sœur, cet être qu’il avait espéré rencontrer tout au long de son adolescence, juste dans l’attente de ressentir ce que ses parents avaient l’air de vivre. Pourtant rien ne semblait se dérouler comme il s’y attendait. Pour la première fois, il se posa la question. Qu’est-ce que Jin Hei pensait de la situation ?
« Et puisque tu en parles, personnellement, je ne m'arrête pas au fait que nous soyons "quitte" ou pas. Si j'ai chargé avec toi la dernière fois, ce n'était pas pour t'aider. Pas en premier lieu, du moins. Je t'ai embrassé parce que j'en avais envie. »
Envie.
Il en avait envie ? Sung Ki s'immobilisa, réellement surpris par ce que venait de dire le jeune homme. Comment pouvait-il avoir envie de l'embrasser? Embrasser quelqu'un, n'était-ce pas censé être un geste qui accompagnait le désir de se rapprocher de la personne, de goûter à la saveur qu'elle pouvait prodiguer, au plaisir d'être lié à elle... Pour Tae Sung Ki, un baiser restait quelque chose chose d'infiniment intime. La preuve. Si le brun avait souvent l'occasion de changer de partenaire de lit, jamais, à aucun moment, il ne posait ses lèvres sur leur bouche. C'était bien trop particulier pour prendre le risque de le perdre en le partageant avec n'importe qui. En y repensant, il n'avait pas échangé énormément de baiser, si ce n'est pour charger. D'ailleurs, s'il n'avait pas à le faire, il n'aurait probablement jamais embrassé Jae Hwa.
Inconsciemment, son regard tomba sur les lèvres du donneur. Ces pulpes rouges qu’il avait eu tant de mal à quitter les deux fois où il avait eu à y poser les siennes. A leur souvenir, il sentit les crépitements dans sa poitrine se faire plus intenses. Secouant légèrement la tête, il releva les yeux pour croiser ceux de son vis-à-vis, fronçant légèrement les sourcils en y découvrant une lueur de crainte mêlée à de la détermination.
«Quand tu es revenu au garage alors que j'étais en pleine crise, ose me dire que c'était uniquement par bonté d'âme. Il y avait autre chose, pas vrai ? Tu ne peux pas nier ça. On ne le peut pas.»
Le procureur souffla longuement. Alors Jin Hei était bien déterminé à tenir cette conversation, ici et maintenant. Quelque chose dans son attitude indiquait que peu importe la façon dont il s'y prendrait, Sung Ki ne parviendrait pas à le faire sortir du bureau avant qu'il n'ait les réponses à ses questions. Ce qui posait problème, puisque celui-ci ne les avait pas. Il se torturait l'esprit depuis des semaines à présent, se répétant encore et encore que cette situation n'avait rien de normale. Du moins, ce qu'il ressentait en présence de cet homme qui mettait ses nerfs à vif aussi facilement qu'un claquement de doigt, ne l'était pas.
S'il niait qu'il y avait autre chose ? Totalement. Comment pourrait-il l'avouer, alors qu'il n'était pas capable de mettre des mots sur ce qu'il s'était réellement passé ce jour-là. Dès l'instant où il avait quitté l'enceinte du garage, il avait senti ce poids s'installer aux creux de sa poitrine. Comme si quelqu'un avait la main posée sur son cœur, le forçant à faire demi-tour sous peine de quoi il le lui serait arraché. Encore maintenant, il n'avait qu'à fermer les yeux pour avoir l'image du garagiste étendu sur le sol, le corps tremblant et fiévreux. Si ça devait se reproduire, là juste devant lui, est-ce qu'il recommencerait ? Il l'ignorait, sincèrement. Son instinct avait agit de lui-même, laissant sa raison s'enfermer quelque part dans son esprit. Il le savait, ça aurait pu être n'importe qui, jamais il ne serait retourné à l'intérieur. Seulement, il s'agissait de Jin Hei et à son contact, il ne pouvait s'empêcher de faire tomber légèrement ses barrières. A présent, il avait beau se dire amèrement que tout ceci n'était qu'un mauvais tour joué par l'espèce d'abruti qui tirait les ficelles de là-haut, ça avait pris un sens.
Puisqu'il se trouvait face à son l'âme faite pour compléter la sienne.
Lentement, il abandonna le siège de cuir sur lequel il se trouvait, préférant se lever et tourner le dos au mécanicien. Pour quelqu'un qui n'avait aucun mal à soutenir les rares regards qu'il sentait peser sur lui, celui de Jin Hei avait le don de le mettre mal à l'aise. Quoiqu'il fasse, il avait toujours l'impression que ce dernier cherchait à plonger dans son regard afin de le lire, à cerner la moindre expression qui pourrait avoir le malheur de traverser ses traits.
« Qu'est-ce que tu attends de moi ? » demanda-t-il finalement en s'avançant vers l'immense fenêtre.
Qu'est-ce qu'il espérait en venant jusqu'ici ? Pensait-il que Sung Ki allait lui tomber dans les bras et qu'ils vivraient heureux, en harmonie jusqu'à la fin des temps ? Le procureur eut un sourire narquois. Comme si c'était possible. Tout, depuis leur rencontre, était fait pour contredire l'idée même qu'ils puissent s'entendre un jour. Si ce n'était qu'une question de voiture brisée, mais non. Il y avait une multitude d'éléments qui allaient à l'encontre d'un possible lien, quel qu'il soit. Le fait que son âme soeur soit l'amant de sa cadette étant en tête de liste.
« Ce que nous sommes... » Il n'y arrivait pas. Il ne pouvait pas le dire. « Est-ce réellement important ? »
Ses yeux s'égarèrent sur la silhouette qu'il voyait dans le reflet de la baie vitrée. Même sans vraiment l'apercevoir, il le sentait. Bang Jin Hei se trouvait derrière lui, à quelques pas seulement. Et même cette distance pourtant tout à fait respectable ne suffisait pas à calmer l'ébullition qui prenait doucement forme à l'intérieur de son être.
« Nous avons très bien vécu sans rien connaître l'un de l'autre après tout. Ca pourrait tout aussi bien continuer dans ce sens. Ca vaudrait mieux pour tout le monde. »
Lâche Sung Ki, tu n'es qu'un lâche.
« Invité »Invité
Sujet: Re: Are you afraid of me ? Jeu 27 Mar - 2:32
« Qu'est-ce que tu attends de moi ? »
Ce qu'il attendait de lui ?
Jin Hei eut un silence. Il en s'attendait pas vraiment à cette question, et accusa le coup. En vérité, il ne le savait pas vraiment lui-même, ce qu'il attendait précisément de Sung Ki. La seule chose qu'il savait, c'est qu'il ne voulait pas qu'il le rejette. Rien que l'évocation de cette idée lui arrachait son souffle d'air, avec autant d'assurance qu'un poignard planté au fond de son coeur, l'empêchant de battre. Cette idée le terrifiait, réellement, même s'il s'efforçait de ne pas le montrer. C'était ridicule en soi, parce ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps, mais Jin Hei se sentait dépendant de Sung Ki. Et ce n'était pas une chose contre laquelle il pouvait lutter. Chacun de ses mots, de ses souffles, et l'odeur de sa peau faisait de Jin Hei son esclave. Est-ce que le Faucheur s'en doutait ? Probablement pas. Pour le remarquer, il faudrait déjà qu'il cesse de lui tourner le dos, inlassablement... Décidé à ne pas abandonner si vite, Jin Hei posa son regard sur le dos du ténébreux procureur, remontant les yeux le long de l'échine de ce dernier, avant de croiser son regard dans le reflet de la vitre.
« Je veux t'apprendre. »
Il pouvait voir ça dans tous les sens qu'il le souhaitait. Il voulait apprendre qui était Sung Ki. De quoi il était fait. Quels couleurs résumait la vie de cet homme si fascinant, jour après jour. Pourquoi il se tenait debout aujourd'hui, et dans quel but. Qu'est-ce qui le maintenait en vie, exactement ? Oui, il voulait tout savoir. Tout apprendre de lui. Mais pas seulement. Il souhaitait aussi lui apprendre. Ce que Sung Ki ne connaissait pas, ou ce qui lui faisait défaut, Jin Hei voulait être là pour le lui donner. Être capable de lui offrir ce qu'il n'avait pas. Est-ce que c'était trop égoïste, ou ambitieux ? Possible. Mais il était son âme soeur. Il était sa moitié. Et même sans ça...Jin Hei était incapable de lutter.
Il ne le voulait pas, de toute façon.
« Ce que nous sommes... » Le mécanicien leva la tête, alors que son homologue reprenait « Est-ce réellement important ? »
Important ? Pour lui, ça l'était. Une nouvelle fois, le mécanicien eut l'impression de se fourvoyer seul. Mais il se sentait incapable d'abandonner, malgré tout. Ces doux frissons qui s'emparait de sa peau, alors que le procureur n'était qu'à quelques mètres, était une nouvelle preuve pour lui qu'il devait aller au bout de sa pensée. Il détailla Sung Ki du regard, alors que ce dernier lui faisait obstinément dos, comme pour éviter de l'affronter. Est-ce qu'il fuyait encore ?
« Nous avons très bien vécu sans rien connaître l'un de l'autre après tout. Ça pourrait tout aussi bien continuer dans ce sens. Ça vaudrait mieux pour tout le monde. »
Jin Hei se figea pendant quelques secondes. Est-ce que Sung Ki pensait vraiment ce qu'il disait ? Bien sûr, le mécanicien voyait très bien où il voulait en venir, et ce qu'il laissait sous-entendre. Mais Jin Hei, lui, ne pouvait s'y résoudre. Évidemment qu'ils avaient très bien vécus sans se connaître, même si, dans le cas du garagiste, il y avait toujours eu une sensation de manque. Qu'il ne ressentait d'ailleurs plus en présence du procureur.
« Moi, je ne le pourrais pas. Je suis incapable de reprendre le cours de ma vie comme si de rien n'était. Pas maintenant que tu m'as rendu entier. »
Il avait beau faire, Sung Ki ne semblait pas prêt à comprendre ce que Jin Hei tentait de lui dire. Les bras ballants, il ferma les yeux pendant une seconde :
« Est-ce que je t'effraies à ce point ? »
Ils savaient tous les deux que Jin Hei ne disait pas ça dans le sens premier du terme. S'il y avait bien quelqu'un qu'il était difficile d'effrayer, c'était Tae Sung Ki. Il ne risquait pas d'avoir peur de Jin Hei en tant que tel, non...Mais plutôt de ce qu'il représentait, à ses yeux. Mais est-ce que ça devait l'arrêter ? Le mécanicien savait lui-même qu'il n'était pas raisonnable ; il ne pouvait pas forcer les choses. Mais il se sentait incapable de faire sa vie de son côté en oubliant l'existence du procureur. C'était clairement au-dessus de ses forces désormais. Aussi, il reprit lentement la parole :
« ...Il y a un rêve que je faisais dans mon enfance. Je rêvais d'un être qui était censé me compléter à la perfection. Il a toujours été très flou, je n'apercevais que sa silhouette, mais je savais que je l'accepterais, qui qu'il soit, et quoi qu'il ait fait au cours de sa vie. Simplement parce que je savais qu'il saurait me rendre entier. Qu'il saurait combler le trou béant avec lequel je suis né. En grandissant, j'ai commencé à y croire un peu moins. Je me disais que le monde était trop grand pour que je le trouve, cet être utopique. Puis tu es arrivé dans mon garage. Tu sais quoi ? Je ne pensais pas que ce serait toi. Celui que j'ai attendu patiemment, celui qui complète mon âme. Mais ce que je sais, c'est qu'un des jours les plus importants de ta vie est celui où tu commences à croire en quelque chose. C'est ce que j'ai compris lorsque j'ai ressentis cette chaleur qui m'a rendu entier en contact de tes lèvres. Quand tu trouves une personne capable de te rendre comme ça d'un simple effleurement, tu fais tout pour la garder. »
Tant pis si Sung Ki le moquait de lui. Tant pis s'il lui balançait d'un air moqueur que tout ceci était parfaitement ridicule. Tant pis s'il se mettait en colère en lui demandant de quitter les lieux. Il assumerait chacun de ses mots jusqu'au bout.
« Ce n'est pas compliqué, tu as seulement trois choix dans la vie. Abandonner, céder ou donner tout ce que tu as pour réussir. En ce qui me concerne, j'ai fais un choix. Et mon choix, c'est toi. Alors ne sois pas surpris de me voir t'admirer en silence. »
Il se tue quelques secondes, conscient que ce qu'il était en train de dire, il ne reviendrait pas dessus. Et encore, il était loin d'avoir fini, mais garda le silence pendant de longues secondes, assimilant les mots qu'il comptait dire à Sung Ki. Ces mots, il ne pensait pas qu'il les prononceraient un jour. C'était trop fort, pour être utilisé ou dit n'importe comment. Mais en cet instant, Jin Hei avait envie de les dire comme s'il était naturel pour lui de le faire. Bien sûr, il savait que ces mots étaient difficiles, et complexes, et lui brûlaient les lèvres. Mais il pensait chacun d'entre eux. Il était né pour Sung Ki, c'était une chose à laquelle il faisait face, et qu'il acceptait. Sans lâcher le regard de Sung Ki dans le reflet de la vitre, il n'hésita pas à souffler de façon un peu plus audible, plus déterminé que jamais :
« J'existe pour toi. »
Que tu le veuilles ou non.
« Invité »Invité
Sujet: Re: Are you afraid of me ? Lun 31 Mar - 18:15
Sung Ki ne bougea pas, gardant son regard rivé sur le visage aux traits tirés qu'il apercevait sur le reflet de la baie vitrée.
« Moi, je ne le pourrais pas. Je suis incapable de reprendre le cours de ma vie comme si de rien n'était. Pas maintenant que tu m'as rendu entier. »
Sung Ki sentit toutes répliques acides se bloquer dans le fond de sa gorge. D'aussi loin qu'il se souvienne, il n'avait pu être touché par une phrase aussi simple. Elle en était presque trop réelle, trop vraie. Il le savait. Comment... Comment pourrait il reprendre le cours de sa vie, alors que son être tout entier hurlait pour combler ce manque qui lui entravait la poitrine. Tout ce qu'il espérait, c'était être suffisamment crédible en faisant semblant d'avoir oublié qu'en rencontrant ses lèvres, il avait su retrouver sa moitié manquante.
«Est-ce que je t'effraies à ce point ? »
Durant une seconde, le procureur resta stoïque. L'effrayer ? Rien ne le pouvait. Il faudrait être capable de ressentir la peur pour cela. Or ce sentiment l'avait quitté alors que les cendres s'effaçaient dans l'air, emportant avec elles une bonne partie de son âme. Mais, étonnamment, il se doutait que ce n'était pas dans ce sens que l'entendait le jeune homme. Aussi, c'est sans même y réfléchir qu'un unique mot passa la barrière silencieuse de ses lèvres :
« Oui. »
Il était le premier à être étonné par sa réponse. Est-ce qu'il l'avait vraiment prononcé à voix haute ? Pourtant, il devait l'avouer, non sans mal, il était effrayé. Pas par Bang Jin Hei en lui-même, mais par tout ce que son existence engendrait. Son âme sœur. Celui qui était supposé l'accueillir à bras ouverts, celui qui était prédestiné à être la moitié qui le compléterait, celui qui devait le sauver. Seulement, à présent qu'il l'avait sous les yeux, il n'était pas capable de le reconnaître. Quelque chose n'allait pas, quelque chose qu'il ne pouvait contrôler. Depuis qu'il connaissait le garagiste, Sung Ki n'avait eu de cesse de dévoiler des faces qu'il avait toujours su garder enfermées dans les ténèbres. Au contact de cet homme, il perdait peu à peu les barrières qui le faisaient tenir debout. Il ignorait ce dont il s'agissait, et ça, ça l'inquiétait.
« ...Il y a un rêve que je faisais dans mon enfance. Je rêvais d'un être qui était censé me compléter à la perfection. Il a toujours été très flou, je n'apercevais que sa silhouette, mais je savais que je l'accepterais, qui qu'il soit, et quoi qu'il ait fait au cours de sa vie. Simplement parce que je savais qu'il saurait me rendre entier. Qu'il saurait combler le trou béant avec lequel je suis né. En grandissant, j'ai commencé à y croire un peu moins. Je me disais que le monde était trop grand pour que je le trouve, cet être utopique. Puis tu es arrivé dans mon garage. Tu sais quoi ? Je ne pensais pas que ce serait toi. Celui que j'ai attendu patiemment, celui qui complète mon âme. Mais ce que je sais, c'est qu'un des jours les plus importants de ta vie est celui où tu commences à croire en quelque chose. C'est ce que j'ai compris lorsque j'ai ressentis cette chaleur qui m'a rendu entier en contact de tes lèvres. Quand tu trouves une personne capable de te rendre comme ça d'un simple effleurement, tu fais tout pour la garder. »
L'écoutant jusqu'au bout, Sung Ki avait bien eu du mal à ne pas céder à la tentation et fermer les paupières. Cette voix, qui murmurait doucement en se confiant, elle déclenchait chez lui de nombreux frissons incontrôlés qui parcouraient son échine sans lui laisser de répit. A tel point que se concentrer sur ce que disait le possesseur de ce ton rauque était bien difficile. Durant une seconde, il se demanda pour quelle raison Jin Hei parlait aussi bas, alors qu'il avait un grain grave qui serait bien capable de lui faire obtenir ce qu'il désirait.
Incapable de résister, il finit par clore ses yeux. Juste un instant, le temps de prendre une grande inspiration et de remettre ses idées en place. Pourquoi devait-il être aussi loquace, aujourd’hui ?
« Ce n'est pas compliqué, tu as seulement trois choix dans la vie. Abandonner, céder ou donner tout ce que tu as pour réussir. En ce qui me concerne, j'ai fait un choix. Et mon choix, c'est toi. Alors ne sois pas surpris de me voir t'admirer en silence. »
Le procureur s'était figé, les poings serrés. Etait-ce son cœur qui tambourinait fiévreusement contre ses côtes ? Il y avait tellement longtemps qu’il n’avait pas ressenti de tels battements rythmés sa poitrine. Pourquoi maintenant ?
« J'existe pour toi. »
Pour toi.
Pour une raison qui ne lui venait pas à l'esprit, il était en colère. Les mots que venait de prononcer le garagiste, d'une façon bien plus claire et audible, avaient suffi à l'agacer. Pour qui il se prenait? Il sortait de nulle part, fonçant tête baissée dans sa voiture et ruinant ses chances de vengeances, puis le voilà qui se lançait dans des déclarations sous prétexte que leurs gènes avaient décidés de les lier à jamais. Avait-il déjà oublié qu'il l'avait trouvé entre les jambes de sa cadette, quelques semaines auparavant? Est-ce que tout cela avait un sens? Sung Ki n'en voyait pas. Il perdait doucement patience, et ce qu'il ressentait à l'entente de ces phrases, ces longs crépitements qui broyaient sa poitrine, ne l'aidait pas à contenir un tant soit peu son venin.
Lentement, il fit volte-face. Son regard s'accrocha aux yeux sombres et légèrement inquiets de son vis-à-vis. Il la sentit aussitôt. La flamme qui s'était atténuée dans le creux de son être, venait de s'animer de nouveau, embrasant ce qui lui restait de raison. Sans plus y penser, il avança directement vers Jin Hei. A aucun moment, il lâcha le contact visuel, s'appliquant à le faire reculer jusqu'à ce que les reins de ce dernier ne rencontrent le côté de son bureau. Accompagné d'un air impassible, trahit par la noirceur de ses pupilles, Sung Ki ne s'arrêta qu'une fois qu’un bien faible gouffre ne les sépare. Ses bras encadrèrent le corps du jeune homme, s'appuyant de ses paumes de chaque côté de ses hanches. Il avait beau ne pas le toucher, il pouvait sentir les pores de sa peau nue brûler d'être aussi proches l’un de l’autre.
« Tu es sûr de toi? » souffla-t-il, à quelques centimètres du visage de son âme soeur.
L'air autour d'eux semblait sur le point de s'enflammer. Comme à chaque fois qu'ils se trouvaient à si peu de distance l'un de l'autre. Contradictoire. Il souhaitait ardemment que le garagiste quitte son bureau, et sa vie par ailleurs, mais il ne pouvait s’empêcher de rapprocher leurs deux corps. Comme si le sien agissait de lui-même, cherchant cette chaleur envoûtante qui avait le don de le faire trembler. De nouveau, c’était la lutte entre son esprit et son enveloppe charnelle.
Tae Sung Ki ne comprenait pas pourquoi il ressentait ce besoin urgent de le faire fuir, alors qu’il devait avouer avoir cette envie irrépressible de le voir rester.
« Tu ne me connais pas, Bang Jin Hei. » continua-t-il sur le même ton. « Est-ce que tu pourrais vraiment m'accepter? Tu ignores si ça en vaut réellement la peine. Est-ce que tu serais prêt à laisser tes gènes décider de ta vie? Ne résume pas ton existence à faire partie de la mienne. Simplement parce que nous sommes deux âmes faites pour se compléter, ça ne veut pas dire que nous sommes nés l'un pour l'autre. Qu’est-ce qui te fait croire que tu arriveras à me supporter, ou que j’en serais capable ? Est-ce que j’en ai même envie ? Jusqu’à quelques jours, tu n’étais rien. Rien d’autre que l’espèce de gêneur qui se trouve toujours au mauvais endroit, au mauvais moment.
Et qu’était-il à présent ?
Inconsciemment, il rapprocha leurs deux visages un peu plus. Il était presque surpris de ne pas voir son vis-à-vis flancher devant lui, cherchant à se dégager de cette étreinte qui l’emprisonnait, ou bien éviter de croiser les orbes ténébreuses qui semblaient sur le point de le fusiller.
Cet homme, n’était décidément pas comme les autres. Sung Ki devait le reconnaitre.
Ca l’énervait d’autant plus qu'il n'arrivait pas à déceler la différence. Cette infime différence qui l'attirait bien malgré lui.
« Et si, moi, je ne te choisis pas ? »
« Invité »Invité
Sujet: Re: Are you afraid of me ? Jeu 3 Avr - 10:55
« Oui. »
Jin Hei ne s'était pas attendu à une telle réponse, pour être honnête. Et il ignorait comment il devait l’interpréter. Sung Ki était sans doute aussi perdu que lui dans toute cette histoire et pourtant, il n'était pas totalement clair non plus. Il ne pouvait pas lui en vouloir, après tout. Sung Ki n'avait rien fait. Il ne faisait rien. Mais c'était ça, le problème, justement. Le corps de Jin Hei se tendit imperceptiblement, alors que Sung Ki se retournait doucement pour lui faire face. Impossible de ne pas accrocher son regard sombre, ce dernier se plantant dans celui du mécanicien. Il aurait dû baisser les yeux. Et dans d'autres circonstances, il l'aurait fait. Mais parce qu'il s'agissait de Tae Sung Ki, il ne voulait rien rater de chacune des lueurs qui dansaient à la surface de ses pupilles. Par contre, son coeur cessa véritablement de battre lorsque Sung Ki s'avança vers lui d'un geste sûr, déterminé, et droit vers lui. Écarquillant les paupières, il ne put se retenir de reculer, alors que le procureur n’hésitait plus à réduire la distance de leurs deux corps. Incapable de prononcer le moindre mot, il eut un léger sursaut en heurtant le bois du bureau, et fut immobilisé. Son visage gardait un masque d'impassibilité, trahit par le léger tressaillement de sa peau. Il pouvait faire semblant...Mais il le ressentit aussi, n'est-ce pas ? Cette électricité ambiante qui parcourait leurs peaux dès qu'ils s'effleuraient. Jin Hei crispa la mâchoire, le cou tendu alors que les mains du procureur se posèrent de pas et d'autres de ses hanches, les paumes à plats sur la surface du bureau derrière lui. Incapable de décrocher son regard des deux orbes d'ébènes qui le fixaient, le mécanicien en oublia presque de respirer. Un geste, un seul, et il pourrait le toucher. Si proches...
« Tu es sûr de toi? »
Jin Hei déglutit faiblement, alors que Sung Ki se penchait vers lui. Leurs visages étaient si proches qu'il pouvait sentir son souffle brûlant qui s'écrasait sur la peau de ses joues. Instantanément, tout se bouscula au creux de son ventre. Il avait terriblement envie de le serrer dans ses bras, contre lui, de l’envelopper de sa chaleur et de pouvoir le protéger de ce qui lui causait de la peine. Tout comme il avait l’irrésistible envie de ne le garder que pour lui.
C'était insoutenable.
« Tu ne me connais pas, Bang Jin Hei. »
Jin Hei cligna des yeux, alors que son souffle fut coupé pendant un court instant. En entendant ses mots, sa façon de prononcer son prénom après son nom de famille, lui donna des frissons incontrôlables. Au point qu'il dû serrer les poings jusqu'à ce que ses phalanges blanchissent sous la pression, pour ne pas se jeter sur ses lèvres, quasiment offertes.
Contrôles toi.
« Est-ce que tu pourrais vraiment m'accepter? Tu ignores si ça en vaut réellement la peine. Est-ce que tu serais prêt à laisser tes gènes décider de ta vie? Ne résume pas ton existence à faire partie de la mienne. Simplement parce que nous sommes deux âmes faites pour se compléter, ça ne veut pas dire que nous sommes nés l'un pour l'autre. Qu’est-ce qui te fait croire que tu arriveras à me supporter, ou que j’en serais capable ? Est-ce que j’en ai même envie ? Jusqu’à quelques jours, tu n’étais rien. Rien d’autre que l’espèce de gêneur qui se trouve toujours au mauvais endroit, au mauvais moment.
C'était la première fois. La première fois que Sung Ki était si loquace, et se confiait réellement sur ce qu'il en pensait, lui, même si le tout était mis sous une forme d'interrogation. Au fond, c'était ce qu'il pensait, pas vrai ?
Et maintenant ? Est-ce que je suis autre chose, mis à part ton âme soeur ?
Il essaya de visualiser la chose. Et s'il abandonnait maintenant ? Est-ce qu'il parviendra à tout oublier ? A cesser de penser à Sung Ki ? Peut-être. Peut-être qu'un jour, Jin Hei pourrait arrêter de rêver de Sung Ki, quand il aura baissé les bras. Il n'avait pas tort. Vu l'aperçu qu'il avait eut de son caractère, ils ne pourraient clairement jamais s'entendre. De toute façon, le Faucheur ne semblait pas prêt à l'accepter non plus. Et pourtant...Il aurait n'importe quoi pour plaire à ses beaux yeux. Quelque part, il avait l'impression que plus rien ne comptait à part le procureur et c'était un peu effrayant, même pour lui. Sung Ki n'avait pas tort ; il ne connaissait rien de lui et n'étaient sans doute pas faits pour s'entendre. Mais il ne pouvait décemment pas ignorer la flamme qui prenait peu à peu possession de son coeur à chaque fois que leurs regards se croisaient.
Comme en ce moment, alors que Sung Ki approchait son visage. Jin Hei ne le quitta pas des yeux, incapable de détourner le regard. Cette flamme qui crépitait contre sa peau, alors qu'ils s'effleuraient presque, lui donnait presque envie de supplier. De supplier Sung Ki de ne pas l'abandonner. Mais il ne fit rien, se contentant de le dévorer du regard, incapable du moindre geste.
Jusqu'à ce que le procureur lâche ces mots :
« Et si, moi, je ne te choisis pas ? »
Un vide.
Il avait l'impression qu'un grand vide l'attendait, rien qu'à l'entente des mots de Sung Ki. Comme un souffle glacial qui prenait possession de son corps faisant frissonner chacun des pores de sa peau. C'était la peur. La peur du rejet qui lui bouffait les entrailles, lentement mais sûrement. Il avait la sensation qu'une partie de lui criait pour que Sung Ki soit capable de l'entendre, mais aucun mot n'eut l'audace de franchir la limite de ses lèvres. Et il en avait des choses à dire. Il avait presque envie de lui hurler toutes les pensées que Sung Ki faisaient naître en lui. Le manque, pour commencer. C'était le seul sentiment qui prenait le dessus sur les autres, dernièrement. Le manque. Depuis qu'il avait goûté aux lèvres brûlantes de celui qui lui paraissait pourtant si froid. Comment avait-il fait pour lui retourner autant la tête ? Le mécanicien ne parvenait même plus à se concentrer tant ses pensées étaient tournées vers le procureur. Ce n'était pourtant pas dans ses plans...De craquer pour un homme pareil. Était-ce simplement parce qu'ils étaient âmes soeurs ?
« Ne résume pas ton existence à faire partie de la mienne. Simplement parce que nous sommes deux âmes faites pour se compléter, ça ne veut pas dire que nous sommes nés l'un pour l'autre. »
Le coeur de Jin Hei se mit soudainement à tambouriner dans sa poitrine, faisant acte de présence dans son corps. Alors quoi ? Était-ce aussi simple ? Certainement pas. Sung Ki pensait-il que le mécanicien avait prévu tout ça ? Le temps qui s'étaient écoulés depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus, n'avaient pas suffit à effacer son souvenir. Pourtant, ce n'était pas faute d'avoir essayer, mais chacun des efforts de Jin Hei s'étaient soldés par des échecs. Il ne prétendait pas connaître le faucheur, mais en avait justement terriblement envie. Il s'était incrusté sans son accord dans sa tête.
Vas-y, explique moi. Dis-moi comme je fais pour t'oublier, tu as une idée ? Parce que j'arrive à un point où ton odeur devient une addiction. J'aimerais te faire comprendre que tu comptes pour moi mais je ne vois pas comment m'y prendre face à ton indifférence. J'aimerais que tu m'accordes un peu d'attention pour me sentir moins seul. Avoir l'infime espoir que rien n'est perdu, qu'il peut y avoir quelque chose entre toi et moi. Je désire ardemment pouvoir être quelqu'un capable de te rendre heureux, quelqu'un qui puisse te rendre ton sourire perdu. Au fond, tu as oublié ce que c'est, pas vrai ? Je me demande à quoi ressemble ton sourire. De quel couleur est la lueur de ton iris quand tu ris du fond du coeur. Je veux te connaitre. Je suis sûr que tu pourrais être heureux avec moi. Et si tu t'en rendais compte, tout serait beaucoup plus simple.
Jin Hei eut un sourire intérieur. Voilà qu'il devenait vantard, en plus ? Ce type lui faisait perdre les pédales. Sa raison lui disait pourtant d'abandonner. Réellement. De faire demi-tour et de ne plus jamais réapparaitre devant lui. Mais tout le reste en avait décidé autrement. Son corps qui réagissait au moins effleurement de la part de Tae Sung Ki, et son coeur qui cessait de battre quand leurs regards se croisaient. Il n'était pourtant pas du genre à s'amouracher facilement. Mais là...Il était difficile de nier l'évidence.
« Je suis incapable d'abandonner. Même si tu décides de me rayer de ta vie. »
Il ne le pouvait tout simplement pas, c'était plus fort que sa raison.
« Renoncer à toi serait comme refuser de respirer. »
Puisque Sung Ki était si fort pour lire dans le regard des gens, qu'il voit donc ce que celui de Jin Hei était en train de hurler, sans ciller.
J'ai bien l'intention de me battre pour toi.
« Invité »Invité
Sujet: Re: Are you afraid of me ? Jeu 10 Avr - 21:56
« Je suis incapable d'abandonner. Même si tu décides de me rayer de ta vie.»
Un rictus narquois prit place sur ses lèvres. Le rayer de sa vie? Le procureur avait peut-être un don pour se mettre des œillères lorsque ça l'arrangeait, mais il devait pourtant se rendre à l'évidence sur ce fait. Peu importe combien il avait envie de ne plus croiser le regard de cet homme, il avait peu d'espoir sur le fait de pouvoir continuer à faire comme si celui-ci ne lui importait pas. Pas alors qu'il avait bien du mal à ne pas plonger dans ces iris ténébreuses qui l'observaient sans ciller. Il pourrait si simplement s'y noyer s'il cessait de lutter. Il savait parfaitement qu'en s'y laissant immergé l'océan brun qui lui tendait les bras, ne manquerait pas de chasser la glace qui s'était éprise de son cœur. Seulement, il n’était pas sûr de pouvoir en ressortir intact. Pas avec la tempête qui semblait y faire rage. Il aurait été si facile d'y lire ce que Jin Hei ne disait pas, du moins pas encore. Ce léger froncement de sourcils, et cette détermination à ne jamais cligner des paupières face aux yeux sombres qui le dévisageaient pleinement. Jamais auparavant, il n'avait eu l'occasion de croiser dans un regard autant de sentiments intenses. Ils venaient presque frapper l'homme de loi, le giflant fortement de leur obstination, l'oppressant de l'envie de s'accrocher à lui et du désespoir sourd de le voir tourner les talons de nouveau.
Ce dernier ne put s'empêcher de crisper ses doigts sur le plat de la table de travail. La raison pour laquelle il ne s'était pas embêté à créer des liens avec qui que ce soit ces dernières années se trouvait juste sous son nez. Cette empathie qu'il ne supportait pas et qu'il ressentait bien malgré lui dès que Jin Hei se trouvait près de lui.
Ainsi que la façon qu’il avait de toujours trouvé les mots. En un murmure, il sentait son cœur être retourné dans le creux de sa poitrine alors que la voix incroyablement basse et rauque de son vis-à-vis venait disperser nombreux frissons, qui partirent s'écouler le long de son échine.
« Renoncer à toi serait comme refuser de respirer. »
Un souffle d’air…
Il pouvait toujours essayer de le nier, c’était bel et bien ce qu’il avait ressenti lorsque ses lèvres avaient frôlées celles de Bang Jin Hei. Lui qui avait toujours peiné à prendre de grandes inspiration tant le poids continuel sur sa poitrine l’oppressait, avait eu l’impression de pouvoir respirer à pleins poumons. Se pensait-il réellement capable de goûter de nouveau à cet air chaleureux qui coulait lentement le long de sa gorge si Jin Hei décidait de lui tourner le dos ? Il y a encore quelques semaines, il l’aurait affirmé sans l’ombre d’une hésitation. Désormais, il n’était plus sûr de rien. Il ne savait même pas pourquoi il se trouvait encore à enfermer la taille du donneur entre ses bras, le poussant un peu plus contre le bois du bureau. Il y avait ce besoin. Ce besoin constant d’être près de lui, même quand sa raison lui hurlait de faire exactement le contraire. En un baiser, ce dont il était pourtant habitué s’était transformé en une étrange fumée qui continuait de flotter autour de lui dès qu’il avait l’occasion de se trouver à quelques centimètres de la bouche du mécanicien. Comme à ce moment précis.
Inévitablement, son regard descendit le long du visage de son vis-à-vis, le dévisageant comme il ne l’avait encore jamais fait. Trop occupé à développer une haine sans fondement à l’encontre du jeune homme, il n’avait pas pensé à l’observer plus précisément. Mais maintenant qu’il le tenait, juste sous ses yeux, il ne pouvait pas s’en empêcher. Il se souvint avoir vaguement pensé que Bang Jin Hei était beau. Peut-être banal au premier regard, mais à bien y faire attention, il y avait quelque chose qui se dégageait de cet homme et qui donnait envie d’en découvrir plus. Que ce soit dans son regard où tout ce qu’il ressentait était aussi lisible qu’un livre grand ouvert. Etait-il seulement capable de faire semblant ? L’indignation, la colère, la peur, la surprise… Sung Ki avait eu l’occasion de voir tellement de sentiment traverser ces pupilles d’encres. Muni de tant d’expressivité, son regard ne pourrait pas avoir le moindre secret. Tout comme son visage. En lui-même, il n’avait rien d’exceptionnel, mais ses traits étaient marqués par un immense rictus de joie que le procureur n’avait pas eu l’honneur d’apercevoir. Pourtant, il était bien là. Un sourire caché au coin de ses lèvres.
Ces mêmes lèvres rouges qui le tentaient, fatalement.
« Tu as fait ton choix, hein ? » murmura-t-il.
Avait-il fait le sien ?
Il pourrait. Se laisser aller, tomber doucement et voir jusqu'où cela le mènerait de tendre la main vers Bang Jin Hei, d'accrocher les doigts aux siens dans l'espoir d'y trouver plus qu'un quelconque échange d'énergie. Ce serait si simple. Dangereux, probablement instable, mais simple. Vivre simplement, il en rêvait. Mais ce n'était pas le cas. Il y avait bien trop de facteurs pour se mettre au travers d'une possible route commune, bien trop de risque de tout voir partir en fumée encore une fois.
Seulement, tels deux entités en perpétuelle contradiction, son corps et son esprit réagirent de leur plein gré. Sans même s’en rendre compte, l’impitoyable procureur se rapprochait d’avantage vers son âme sœur, penchant légèrement la tête sur le côté alors que leurs nez se frôlaient doucement. Il n’avait aucune idée de ce qu’il était en train de faire. Inconsciemment, ses doigts se crispèrent sur le bois du bureau, faisant blanchir chacune de ses phalanges, comme s’il essayait de se retenir à quelque chose pour ne pas totalement se laisser aller. Pourtant, c’est plus fort que lui. Bien que la faible raison qu’il lui restait s’obstinait à le supplier de reculer, son être tremblant lui, ne pouvait s’y résoudre. C'était bien trop enivrant pour renoncer à cette exaltation. Il s’approchait encore et encore, jusqu’à ce qu’il ne touche celui qui lui faisait face. De nombreux frissons se développèrent le long de chacun de ses membres, manquant de peu de le faire tressaillir. Il pouvait la sentir, cette chaleur particulière qui venait réanimer la flamme somnolente au fond de son être.
Leurs lèvres s’effleurèrent à leurs tours, sans se toucher complètement. Mais cela suffit à Sung Ki pour sentir l’énergie brûlante commencer à traverser le faible lien qui les unissait pour venir jusqu’à lui. Comme une terrible attraction qui le poussait vivement à approfondir le contact. Était-ce là ce que chacun ressentait en présence de l'être fait pour les compléter, ou était-ce seulement lui qui éprouvait l'envie irrépressible de s'emparer de chaque parcelle à portée?
Plus rien. Il n’y avait plus rien autour de lui, qui semblait avoir la moindre importance.
Du moins, jusqu'à ce qu'une voix fluette ne le fasse sortir de sa léthargie, le réveillant avant d'avoir pu poser ses lèvres sur celles tendues du garagiste.
« Excusez-moi de vous... Déranger ? »
Le monde sembla réapparaître brutalement, laissant le décor retomber alors que les yeux effarés du procureur tombèrent dans ceux voilés du donneur. Essayant lentement, mais sûrement, de se reprendre, il tourna la tête vers sa secrétaire. Au regard que lui lança son patron, celle-ci eut un pas en arrière, et le rouge de ses joues ne cessa d’amplifier. Elle avait intérêt d'avoir une bonne raison pour être entrée ainsi dans son bureau. Sung Ki ne saurait dire si la douce colère qui commençait à palpiter dans ses veines était due au fait d'avoir été interrompu, ou si justement, elle était là pour lui rappeler qu'il avait failli faire fondre ses barrières.
« Je… Je ne… » Elle inspira profondément alors que l'homme de loi arqua un sourcil, sans cesser de la fusiller du regard. « Maître Cho a demandé à vous voir, il attend dans le couloir. Et comme vous ne répondiez pas, je… »
D’un geste, il la fit taire avant de se redresser, quittant la chaleur dégagée par le corps de son âme sœur. Il pouvait toujours sentir de légers picotements le long de ses bras nus, là où sa peau était entrée en contact avec celle de Jin Hei. Elle comprit, se pinça les lèvres en reculant d'avantage comme par peur qu'il ne lui saute à la gorge et ne lui vole le moindre souffle de vie. Derrière elle, le procureur pu apercevoir la silhouette fine et élancée de son collègue qui patientait, les bras croisés dans son dos. Devait-il le bénir? Il hocha doucement la tête dans sa direction avant de retourner derrière son bureau, mettant le plus de distance possible entre Jin Hei et lui, dans l'espoir de récupérer un minimum de réflexion. Il y avait bien trop de sentiment lorsqu'il s'agissait d'être près de lui, que ce soit physiquement ou mentalement. Il se perdait constamment, oubliant même ce qu'il avait appris à garder pour lui afin de se défendre. C'en était réellement déstabilisant.
« Si tu n'as rien à ajouter, tu peux y aller. » lança-t-il d'une voix égale en direction du donneur.
Il ne lui adressa pas un regard de plus, restant fixé sur un point égaré. Ce qu'il venait de se passer, du moins ce qu'il aurait pu se passer, il préférait ne pas avoir à y penser. Ce n'était pas lui. Il était toujours maître de ses actes et de ses pensées, alors il ne pouvait pas se permettre d'agir ainsi sous prétexte qu'une personne lambda avait un goût plus appréciable. D'autant plus qu'il avait une liste de détails agaçants qu'il pourrait aisément mettre sur le dos du mécanicien. Vraiment. Une seule chose pouvait les lier, et malheureusement, Sung Ki n'était pas prêt à l'avouer.
Non. Il n'y avait pas que ça. Il ne pouvait se mentir.
J'ai fais un choix. Et mon choix, c'est toi.
Un battement de coeur disparu soudainement alors que le sens de ces mots le frappa de plein fouet. Un choix. Avant que le garagiste ne passe la porte, Sung Ki leva les yeux en direction de son dos, l'observant quelques secondes. Il allait partir. Or sans plus y penser, un murmure échappa ses lèvres -assez fort pour être entendu par le concerné- :
« Assume-le. »
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Sujet: Re: Are you afraid of me ? Mer 23 Avr - 11:36
« Tu as fait ton choix, hein ? »
Le murmure de Sung Ki eut le don de faire frémir Jin Hei de tout son corps, du bout des doigts en remontant le long de ses bras. Un seul de ses souffles suffisait à le mettre dans tous ses états, et Jin Hei avait de plus en plus de mal à garder un tant soit peu de contrôle sur lui-même, actuellement. Sans le quitter des yeux, il plongea une nouvelle fois dans ce regard d'ébène, si profond qu'il pouvait s'y noyer à chaque instant. Pourtant, ce qu'il avait dans la tête restait insondable, et le mécanicien aurait tout donné pour savoir quel genre de pensées pétrissaient l'esprit de Tae Sung Ki, en cet instant même.
Mais rapidement, chacune de ses pensées à lui furent balayées par un geste, un seul que Sung Ki initia. Son rapprochement. Retenant son souffle, Jin Hei ne fut même plus capable de cligner des yeux, ne voulant rien rater de ce qu'il était en train de se passer sous ses yeux. Est-ce que le procureur réduisait de lui-même la distance entre eux, ou ne serait-ce que le fantasme délirant de l'esprit du mécanicien qui lui jouait des tours, comme chacun des rêves qu'il avait fait dernièrement ? Il eut l’impression que son coeur avait cessé de battre, en voyant Sung Ki pencher la tête sur le côté, leurs nez se frôlant au passage. Il se raidit instantanément, ne comprenant plus très bien ce qu'il était en train de se passer. La seule chose qu'il savait, c'est qu'il ne voulait pas que ça s'arrête. Surtout pas. Tout était trop fort, trop vif pour cesser maintenant. Jin Hei se sentait terriblement vivant au contact de cet homme, et s'il le fallait, il serait prêt à le supplier pour ne pas en perdre une miette, un instant. Chacune des secondes qui s'écoulaient se glissait lentement le long de ses veines, y courant pour atteindre son coeur en le frappant plus fort à chacun de ses battements. Ces derniers étant tous, absolument tous destinés à l'homme qui se trouvait sous ses yeux. Il en profita d'ailleurs pour le détailler un instant, de la ligne de sa mâchoire à la puissante jugulaire de son cou. C'était un angle de Sung Ki qu'il ne connaissait pas auparavant et qui le rendait d'autant plus désirable, son souffle brûlant effleurant son visage, déjà si proche du sien. Tout en étant encore trop éloigné.
Tressaillant faiblement, le parfum de pluie de son âme soeur vint s'insinuer près de lui, glissant sur sa propre peau comme de l'eau sur les plumes d'un oiseau. Son corps restait crispé, comme incapable de réagir, alors qu'une étincelle s'abattit sur ses lèvres lorsque celles de Sung Ki vinrent l'effleurer. Ce léger contact suffit à lui rappeler chacune des sensations qui avait éteint Jin Hei, à chaque fois qu'ils avaient pu échangé un baiser. Encore une fois, s'il te plait. Son âme décida de prendre voix au chapitre, brûlant d'une flamme qu'il commençait à reconnaître, ressentant faiblement cette sensation à chaque fois que le procureur posait ses yeux sur lui. Cette attraction qui le poussait vers lui était aussi enivrante que terrifiante, mais il était prêt à y plonger les yeux fermés, encore et encore. Peu importe ce qu'il adviendrait ensuite.
Il était devenu trop dépendant de toutes les sensations que faisait naître le procureur en lui. Ce fut au point qu'il s'approcha à son tour de lui-même, entrouvrant les lèvres en espérant y accueillir celles tant désirées de son âme soeur.
Ne me torture pas plus.
« Excusez-moi de vous... Déranger ? »
Jin Hei écarquilla les yeux, ayant l'impression de retomber durement sur le sol. Cette voix féminine venait de rompre le lien fort que Sung Ki venait de créer en faisant disparaitre chacune des distances qui les séparaient, presque autant physiquement que moralement. Le mécanicien n'avait jamais été quelqu'un d'amer dans l'âme, préférant pardonner pour passer à autre chose. Mais en cet instant, il avait beaucoup de mal à ne pas maudire intérieurement la jeune femme dans toutes les langues qu'il connaissait. Pourquoi ? Une seconde. Il n'aurait fallu qu'une seconde de plus... Il ne bougea pas, voyant la tête de Sung Ki se tourner vers un point derrière lui, de l'endroit où venait cette voix fluette et effrayée. Vu le bruit des talons claquant au sol, il n'était pas difficile de comprendre qu'elle venait sans doute de reculer. Pas étonnant, vu le regard que son patron lui lançait.
« Je… Je ne…Maître Cho a demandé à vous voir, il attend dans le couloir. Et comme vous ne répondiez pas, je… »
Alors, finalement, la faute revenait à ce "Maître Cho" ? Pour un peu, il lui dirait bien deux mots, tiens. Mais ses pensées tourbillonnantes prirent une toute autre tournure, lorsque la chaleur de Sung Ki disparue brutalement, alors que celui-ci s'éloignait lentement. Le mécanicien sentit un froid l'envahir, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur, ce qui le fit frissonner de toute part. Un mélange d'angoisse et de frustration prit place au creux de son ventre, laissant sous-entendre qu'il savait d'avance que la suite ne lui plairait pas. Et cela se confirma, lorsque son âme soeur fit le tour de son bureau en mettant un peu plus de distance entre leurs deux corps.
« Si tu n'as rien à ajouter, tu peux y aller. »
Jin Hei déglutit faiblement, alors que les mots du procureur s'incrustaient dans sa chair. Comme ça ? Il savait que cet homme était froid mais il fallait admettre qu'il avait un niveau d'impassibilité assez élevé. Mais qu'importe. Le mécanicien n'oubliait pas ce qu'il venait...Ou plutôt, ce qui avait failli se passer. Se décollant du bureau, il inspira doucement, comprenant qu'il n'avait plus à rester ici. Mais le regard du procureur, il ne l'oubliait pas. Ni ses mots, ou chacun de ses gestes, bien plus parlants encore. Comme à ce moment, alors qu'il était debout en faisant dos à son âme soeur. Il avait presque l'impression de ressentir le regard brûlant de Sung Ki dans son dos. Ce même regard qui l'empêcher de franchir les derniers mètres qui le séparait de la porte et de lui, par la même occasion.
Son corps se stoppa net cependant, alors qu'un faible murmure rauque s'éleva dans la pièce, à son encontre :
« Assume-le. »
Le coeur de Jin Hei fit un nouveau saut, un peu plus violent cette fois. L'assumer ? Il avait du mal à comprendre dans quel sens il était censé interpréter ce mot. Mais ça ne changeait en rien la décision qu'il avait prise, et ce à quoi il passait en franchissant la porte sans un mot.
Il se battrait pour lui, quoi qu'il en coûte.
Fin
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Sujet: Re: Are you afraid of me ?
Are you afraid of me ?
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