Sujet: So...you want to talk to me ? [Sung Ki] Mer 7 Mai - 14:20
So...you want to talk to me ?
Tae He Ran & Tae Sung Ki
Assise à son bureau, He Ran jetait des coups d’œil à l’horloge murale toutes les deux secondes, et cela depuis plus de deux heures. Difficile de se concentrer dans une telle situation. Elle n’avait pas la tête à travailler, son esprit et sa motivation étant ailleurs.
Plus tôt dans la matinée, son grand frère Sung Ki lui avait envoyé un sms pour lui proposer de manger ensemble à midi. Un sms… pour manger avec lui. Nul besoin d’être devin pour savoir pourquoi il lui proposait ce déjeuner. He Ran se doutait déjà de ce qu’il voulait lui annoncer. Elle n’avait pas pu le voir depuis ce fameux soir où Soo Jin était venu la trouver en pleurs, dans son lit. La jeune policière voulait à présent entendre sa version des faits. Cette invitation tombait donc à pique.
Difficile de ne pas être partagée dans cette histoire. He Ran ne se sentait décidément pas à l’aise, tiraillée entre le bonheur de sa sœur et celui de son frère. D’un côté, Soo Jin souffrait le martyre à cause d’un type qui était TWAO et destiné à trouver son âme sœur. D’un autre côté… Sung Ki, son grand frère, avait enfin découvert la sienne… En la personne de Jin Hei, le béguin de Soo Jin. Son frère avait trouvé sa moitié, enfin, après toutes ces années. Mais le destin avait été cruel au point d’avoir choisis CET homme, parmi tous ceux qui vivaient sur cette terre. Il avait fallu que ce soit Jin Hei. He Ran ne s’en était pas encore remise, elle imaginait donc le désespoir dans lequel se trouvait Soo Jin. La policière avait bien tenté de lui changer les idées ces derniers jours. Elle lui avait proposé des sorties, des cinés, des soirées pyjama. En vain. Soo Jin prétendait que tout allait bien et qu’elle allait s’en sortir. Mais elle avait tort. Et elle mentait mal. He Ran la connaissait assez pour savoir que c’était plus difficile qu’elle ne le laissait paraitre.
He Ran se sentait inutile. Impuissante. Elle voulait agir et aider Soo Jin mais elle ne voyait pas comment. Les sentiments, ce n’était pas une chose que l’on pouvait manipuler et changer en si peu de temps. C’était délicat. Long à changer et à adapter. Elle ne pouvait donc que soutenir sa grande sœur, tout en essayant de lui changer les idées. Soo Jin devait trouver quelqu’un d’autre. Elle devait oublier Jin Hei. Car il était destiné à son âme sœur.
Tic-Tac-Tic-Tac-Tic-Tac…
La policière était curieuse. Que ressentait Sung Ki dans toute cette histoire ? Comment avait-il vécu cette découverte ? Que pensait-il vraiment de Jin Hei ? Etait-il heureux ? Se voilait-il la face ? Pensait-il à Soo Jin… et aux conséquences de cette découverte ? He Ran voulait savoir. Elle était même impatiente d’entendre tout ce qu’il avait à lui dire. Et pour cette raison, elle checkait sans cesse sa montre dans l’espoir que le temps s’accélère.
Midi sonna enfin. He Ran sauta sur ses deux jambes, verrouilla son ordinateur, attrapa son sac à main et salua ses collègues avant de disparaitre dans la nature. Elle ne traina pas et se dirigea directement en direction du restaurant où Sung Ki lui avait donné rendez-vous. Sans surprise, elle était la première sur les lieux. Elle ne s’était pas attendue à ce que son grand frère soit déjà sur place, d’autant que son métier de procureur lui demandait beaucoup de temps. Il ne serait donc pas inhabituel qu’il se pointe en retard à cause d’un rendez-vous ayant trainé en longueur. En l’attendant, la jeune femme s’installa à une table et fit mine de regarder le menu.
Les minutes passèrent. En l’absence de Sung Ki, elle se commanda un apéritif. Sans alcool. Un soupire lui échappa alors qu’elle espérait que son frère n’allait pas décommander à la dernière minute. 5 minutes… 10 minutes. Le pied de la jeune femme tressautait nerveusement alors qu’elle jetait fréquemment des coups d’œil vers l’entrée du restaurant. Elle s’était installée de façon à être face aux nouveaux arrivants, pour ne pas louper Sung Ki. Et ainsi, elle put apercevoir ce dernier ci-tôt qu’il poussa la porte du restaurant. Un nouveau soupire – de soulagement cette fois- lui échappa, et elle se leva à l’approche de son grand frère. He Ran lui adressa un sourire affectueux avant de le prendre légèrement dans ses bras pour le saluer. Pas de gros câlin comme elle avait envie de le faire. Pas de bisous sur la joue non plus. Elle connaissait assez son frère pour savoir qu’il ne fallait pas être trop démonstratif en public. Ce n’était pas bon pour sa réputation… Tu m’étonnes ! Monsieur le procureur avait intérêt à conserver son image intraitable plutôt que de passer pour un gros ours en peluche cajolé par sa petite sœur.
- Grand frère… Ça me fait plaisir de te voir.
Tout en lui parlant, elle retourna sur sa chaise et s’installa confortablement. Sa nervosité avait disparu à présent que Sung Ki était là. Le voir lui suffisait à respirer plus librement. Cet idiot lui avait manqué. Elle ne le voyait pas autant qu’elle ne l’aurait voulu. Et malgré tous ces méli-mélo d’âmes sœurs, elle n’arrivait pas à lui en vouloir parce qu’elle savait qu’il était aussi impuissant que Jin Hei ou Soo Jin dans cette histoire. Il ne faisait que subir la « malédiction » des Twaos. Il ne choisissait pas. Il devait accepter le sort qu’on lui avait réservé… Encore une fois, et devant l’ironie du sort, He Ran se répéta qu’elle n’était pas spécialement pressée de rencontrer la sienne.
- Merci pour l’invitation. Ça fait longtemps qu’on n’a pas mangé ensemble. C’est toi qui régale ?
Demanda t- elle, un sourire taquin sur les lèvres. En tant que procureur, Sung Ki avait un salaire beaucoup plus conséquent que le sien. Et puis, il était l’ainé de la famille… En gros, toutes les excuses étaient bonnes pour qu’He Ran se fasse inviter. La jeune femme fit mine d’examiner la carte avant de finalement la reposer, au bout de quelques secondes seulement. Pendant qu’elle attendait Sung Ki, elle avait eu le temps de la lire en long, en large et en travers. Elle savait donc déjà ce qu’elle voulait commander.
Une serveuse arriva avec l’apéritif qu’elle avait commandé plus tôt, et interrogea Sung Ki pour savoir s’il en désirait un lui aussi. Quand elle s’éclipsa enfin, He Ran croisa le regard de son grand frère, et après une discrète inspiration, se lança :
- Alors ? Que me vaut le plaisir de ta compagnie ?
Il était inutile de prétendre que Sung Ki l’avait invité uniquement dans le but de manger avec elle et la voir. Elle savait que ce n’était pas le cas. Elle se doutait également que la conversation n’allait pas être facile à aborder à cause du thème « tabou », aussi avait-elle prit la peine de tendre la perche à son grand frère. Allait-il l’attraper ? Ça, c’était une autre histoire…
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Sujet: Re: So...you want to talk to me ? [Sung Ki] Dim 1 Juin - 23:42
Pour la énième fois depuis le commencement du procès, le procureur Tae souffla, la main dissimulant le rictus moqueur qui était venu s'installer sur le coin de ses lèvres. Ses doigts libres, eux, venaient frapper le bois de la table sur laquelle il était accoudé. Plus de deux heures déjà, qu'ils étaient tous enfermés dans l'immense salle, débattant sur le sort d'un criminel de bas étage qui semblait lui-même douter de la capacité qu'avait son avocat pour le défendre. Parfois, le pauvre homme lançait des regards paniqués vers l'homme impitoyable que représentait Sung Ki, comme dans l'espoir de l'amadouer et de faire baisser sa peine. Alors que chaque personne présente dans cette pièce pouvait témoigner de ce fait : Tae Sung Ki ne changeait jamais d'avis.
Il avait demandé dix ans d'emprisonnement, et ce serait bel et bien dix ans qu'il prendrait à la fin de ce procès aussi long qu'inutile. Le reste n'était qu'une perte de temps qui commençait légèrement à irriter le procureur.
Il jeta un coup d'oeil rapide à la montre partiellement dissimulée sous la manche de son habit de travail, avant de pousser un nouveau soupir, bien plus audible cette fois. Il était déjà midi moins vingt. A cette heure-ci, il ne pouvait plus espérer rejoindre son rendez-vous dans les temps. Mais ça, il avait dans l'idée que son invitée l'avait d'ores et déjà prévu. Après tout, ce n'était pas n'importe qui qu'il attendait de pouvoir rejoindre. Plus tôt dans la matinée, il avait pris son courage à deux mains et avait composé le numéro de sa petite sœur afin de lui proposer un déjeuner, en tête à tête. C'était sans surprise qu'elle avait accepté, rares étaient les fois où elle lui avait refusé. Pour cause, ces déjeuners entre deux affaires étaient tout ce que l'aîné lui donnait ces dernières années.
Il suffisait de compter les jours depuis qu'il n'était pas revenu à la villa familiale. Bien un mois c'était écoulé, déjà... Il avait passé le plus clair de son temps a traquer dans les rues de Séoul, cherchant à oublier ce qui l'avait poussé à la fuite. Mais c'était inutile. La voix de cet homme qui avait su aussi rapidement bouleverser la glace qui faisait rage dans son cœur, continuait de caresser son esprit à chaque malheureux silence. Il avait beau faire, il ne parvenait pas à la sortir de sa tête. Elle continuait, grave et basse, à parcourir le moindre recoin de son crâne comme une de ces mélodies entêtantes qui ne partait jamais. Chacun de ses mots étaient restés gravés dans sa mémoire, se répétant encore et encore, ne l'aidant pas à y voir plus clair. Même si pour ça, il n'avait besoin de rien d'autre que du souvenir constant de la chaleur sur ses lèvres qu'il mourrait intérieurement de ne pas ressentir de nouveau... Quoiqu'il fasse, peu importe où il se trouvait, il avait cette impression étrange qui lui collait à la peau. Comme s'il était capable de sentir le regard sombre du jeune homme parcourir son dos, à chaque instant. Ici même, aussi. Il avait dû balayer la salle des yeux une dizaine de fois pour s'assurer que le brun n'était pas présent. Une obsession, cet homme avec qui il se devait de partager son âme et qu'il s'efforçait de faire sortir de sa vie, était devenu une obsession sans qu'il s'en rende compte.
C'était la raison pour laquelle il devait parler avec sa sœur. Aujourd'hui. Pour faire un choix, à son tour.
Des coups de marteaux résonnèrent, annonçant la sentence qui avait tant su se faire attendre.
Finalement, il avait gagné.
Et il était en retard. Encore.
Tic tac, tic tac, tic tac~
Sung Ki poussa la porte du petit restaurant, parcourant aussitôt la salle d'un regard inquisiteur. Il n'eut aucun mal à la trouver, sa précieuse petite sœur qui s'était levée en le voyant entrer. Elle n'avait pas changée, ce qui n'était pas si étonnant sachant qu'il s'était vu il y a quelques semaines. Mais à chaque fois qu'il avait l'occasion de croiser le joli minois de sa cadette, le jeune homme était étonné de voir qu'elle s'était épanouie. Elle n'avait décidément plus rien de la fillette égarée qu'elle est restée dans les premiers éclats de souvenirs du plus vieux. Ce dernier laissa sa sœur l'étreindre légèrement, sachant qu'elle faisait de gros efforts pour ne pas montrer davantage son affection. C'est quelque chose qu'ils avaient appris ensemble, après tout.
« Grand frère… Ça me fait plaisir de te voir. - Désolé de t'avoir fait attendre...»
Sung Ki accompagna He Ran jusqu'à la table qu'elle occupait seule jusqu'à son arrivée, essayant de faire tomber son masque de froideur légendaire. Il savait parfaitement qu'elle ne lui en tiendrait pas rigueur. Elle était bien la première a regretter son absence de sourire, après tout. Il s'assit face à sa cadette, et l'observa longuement. Elle avait toujours cet air joyeux inscrit sur les traits, avec cette impression de soulagement qui vint toucher doucement le cœur de glace de son grand frère.
« Merci pour l’invitation. Ça fait longtemps qu’on n’a pas mangé ensemble. C’est toi qui régale ? »
Il hoche légèrement la tête, un rictus amusé décorant la pulpe de ses lèvres. Comme toujours en présence de la plus jeune de ses sœurs, Sung Ki commença à se détendre. Pour un peu, il en oublierait sa légère paranoïa qui le force toujours à jeter des regards frénétiques autour de lui.
« J'avais envie de te voir. » avoua-t-il à mi-voix, avant d'ajouter : « Et évidemment, je t'invite. Prends ce que tu veux, ça n'a pas d'importance. »
Ce n'était pas comme si l'argent était sa préoccupation principale. Il en avait plus qu'il n'en aurait jamais besoin, alors qu'est-ce qu'un déjeuner offert à l'une des personnes les plus importantes à ses yeux pouvait représenter ? Rien. Clairement.
Il la laissa donc faire son choix, alors qu'elle se cachait derrière la carte. Puis il l'imita, détaillant la liste des plats qui s'étalait devant lui. Par habitude, il chercha d'abord ceux qui prendraient le moins de temps à être servi et englouti, mais rapidement, il se souvint de sa compagnie et se ravisa, décidant de prendre son temps aux côtés de sa soeur. Il accepta l'offre de la serveuse en commandant un apéritif avec un fort alcool, se demandant à peine comment avait-elle pu arriver aussi vite, puis se tourna vers He Ran, qui ne le quittait pas des yeux depuis qu'elle avait posée le menu sur la table.
« Alors ? Que me vaut le plaisir de ta compagnie ? Ai-je besoin d'une raison pour t'inviter au restaurant? » souffla-t-il en détournant momentanément les yeux.
A qui pensait-il parler ainsi ? Évidemment qu'il avait besoin d'une raison, même si le simple fait d'être avec elle le satisfaisait. Or, elle le savait aussi bien que lui. La preuve était qu'elle ne tournait pas inutilement autour du pot.
Sung Ki ferma les paupières un instant, avant de se caler davantage contre le dossier de sa chaise. Après une pénible seconde d'hésitation, il lança un regard vers sa cadette qui semblait attendre patiemment une réponse un peu plus honnête. Mais lui-même ignorait par quoi commencer. Il n'avait pas pour habitude de parler ouvertement, préférant de loin se renfrogner dans son coin. Pourtant, depuis leur enfance, Sung Ki et He Ran étaient aussi inséparables que l'auraient été des jumeaux. Si quelqu'un pouvait se venter de connaître le procureur mieux que personne, ce devait être elle.
Mais... Ça aussi, était parti en fumée avec l'incendie.
« Comment va Soo Jin ? » murmura-t-il finalement.
C'était une question qu'il ne pouvait s'empêcher de poser, bien qu'elle lui brûla les lèvres. Il y pensait. Constamment. Il se demandait si Bang Jin Hei avait osé faire ce que lui-même ne trouvait le courage de faire, et lui avait annoncé la nouvelle. Qu'ils étaient âmes sœurs.Âme sœur. Maintenant qu'il n'y avait plus le moindre doute sur la nature de leur lien. Au contraire de celui qu'entretenait sa sœur avec le garagiste. Etaient-ils réellement plus que des amis, ou y avait-il seulement une relation ambiguë qui aurait dérapé au détour d'une soirée ? Il n'en avait aucune idée. Or comme il ne comptait pas sur ce dernier pour lui faire part de quoique ce soit, il se voyait en train de se poser inlassablement cette interrogation. Comment allait-elle ?
« Je... Hum. » Il chercha ses mots, hésitant pour la première fois depuis longtemps. « Je me suis toujours dit que le destin devait bien se moquer de moi, à me mettre aussi souvent à l'épreuve. »
Il leva les yeux vers sa petite sœur, silencieuse, affrontant son regard sans ciller. Il pouvait le dire. Il pouvait prononcer cette phrase qui n'avait cessé de le hanter depuis ce fameux jour, bien qu'il ait essayé de la rendre muette.
« J'ai trouvé mon âme sœur, He Ran. »
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Sujet: Re: So...you want to talk to me ? [Sung Ki] Lun 16 Juin - 8:19
Il était difficile de ne pas être démonstratif en public. He Ran avait tellement envie de prendre son grand frère dans ses bras et de profiter de cette étreinte. Il lui manquait tant, et elle ne le voyait pratiquement jamais à la maison. Pourquoi fallait-il qu’ils se retrouvent dans un endroit aussi impersonnel ? Tout en s’écartant de lui, sa main s’attarda un instant sur le bras de cet homme imposant qui s’était fait une place dans le monde de la justice. Elle admirait sa prestance, son charisme, sa force. Sung Ki l’avait toujours impressionné, et cela même lorsqu’ils étaient plus jeunes. Il était le grand frère parfait, celui qui bravait tout pour le bien des autres. Et surtout pour le sien à elle.
Alors qu’il s’excusait de son retard, He Ran prenait place derrière la table, s’asseyant sur sa chaise tout en faisant un petit geste de la main. Le sourire n’avait pas quitté ses lèvres alors qu’elle le rassurait :
- Le devoir avant tout. Je ne t’en veux pas, je me doute que tu devais faire quelque chose de très important. Et puis, ça me fait plaisir de te voir, alors je te pardonne de tout.
On aurait pu croire que He Ran exagérait, mais non. Elle pensait parfaitement ce qu’elle lui disait. Il aurait pu arriver avec une heure de retard qu’elle ne lui en aurait pas voulu. Elle aurait certes été un peu déçue, car cela aurait raccourcis leur pause et ne leur aurait pas laissé assez de temps pour en profiter pleinement. Mais c’est tout. Fort heureusement, Sung Ki était là, et c’était le plus important. A présent, la jeune femme était plus détendue et ne pouvait s’empêcher de sourire en observant le visage de son aîné. Elle voyait bien qu’il était encore en phase « d’entre deux », il avait toujours une certaine retenue, bien qu’il faisait un effort colossal pour se détendre et faire tomber son masque de froideur. Pour lui donner un petit coup de pouce, la jeune femme le remercia de son invitation, et lui demanda par la même occasion si c’était lui qui payait.
Victoire ! Un rictus amusé apparut sur le visage de Sung Ki. Cela suffit à faire briller les yeux de He Ran, qui, pour sa part, devait avoir le sourire jusqu’aux oreilles. La policière se satisfaisait de peu de chose : la présence et le bonheur de ceux qu’elle aimait le plus au monde.
- J'avais envie de te voir. Et évidemment, je t'invite. Prends ce que tu veux, ça n'a pas d'importance.
Le rire de la policière raisonna rapidement alors qu’elle secouait la tête et tendait un doigt vers lui avant de déclarer :
- Tu regretteras ces mots avant la fin du repas, j’en suis certaine. J’ai une faim de loup ! Je pourrai manger tout ce qui a sur la carte si je m’écoutais !
Après quoi, elle s’adossa totalement contre le dos de sa chaise, faisant mine de se tapoter l’estomac, salivant d’avance de ce qu’elle allait pouvoir manger. Contrairement à beaucoup de femmes de son âge, He Ran ne faisait pas de régime et ne prêtait pas vraiment attention à son poids. Elle n’avait de toute façon pas à s’inquiéter : entre le sport et le travail, elle suait assez pour ne pas prendre une once de graisse. De plus, sa morphologie lui permettait de perdre du poids aussi facilement qu’elle pouvait en prendre, et beaucoup l’enviaient pour cela.
Connaissant déjà le contenu du menu par cœur, elle délaissa vite ce dernier pour observer son grand frère. Sung Ki commanda un apéritif fort, détail qui l’amusa autant qu’il l’intrigua. Avait-il besoin de l’aide de l’alcool pour lui annoncer ce qu’il devait lui annoncer ? Ou avait-il seulement besoin d’un remontant après un procès ardu ? Quoiqu’il en soit, He Ran espérait que cela n’allait pas porter préjudice à son travail de cette après-midi. Elle se sentirait coupable, si c’était le cas, bien qu’elle ne soit pas celle qui lui ait mis directement l’alcool dans la bouche.
- Alors ? Que me vaut le plaisir de ta compagnie ? - Ai-je besoin d'une raison pour t'inviter au restaurant?
Le sourcil droit d’He Ran se souleva légèrement, signe qu’elle n’était pas dupe. Elle ne dit cependant rien pour ne pas le brusquer, sachant pertinemment que cela ne ferait que le braquer. Calée au fond de sa chaise, les jambes croisées, et les avant-bras posés sur les accoudoirs, la jeune femme attendit patiemment la réponse de Sung Ki. Du moins, la « vraie » réponse. L’avantage d’avoir un frère aussi proche, c’était qu’ils n’avaient parfois pas besoin de se parler pour deviner ce que pensait l’autre. Ainsi, Sung Ki sut immédiatement qu’elle attendait autre chose. Devant la policière, le procureur ferma brièvement les paupières. Il semblait hésitant, cherchait-il ses mots ? Le regard qu’il lui lança tout de suite après lui pinça le cœur. Elle savait. Elle savait et elle se doutait que ce n’était pas des choses faciles à dire.
- Comment va Soo Jin ?
Cette question la prit finalement par surprise au point qu’elle sursauta légèrement. Et comme He Ran était du genre franche et directe, surtout avec son frère, elle ne put retenir une grimace. Blesser Soo Jin était probablement la dernière chose que Sung Ki désirait. Il l’aimait autant qu’il aimait He Ran, et cela même s’ils n’étaient pas liés par le sang. La policière se doutait bien du dilemme qui devait torturer Sung Ki depuis la découverte de l’identité de son âme sœur. Si jusqu’à maintenant, elle n’avait pu plaindre que Soo Jin, elle réalisait que son frère devait en souffrir tout autant.
Lui mentir n’allait cependant pas l’aider. Elle répondit donc :
- Ca va… Du moins, c’est ce qu’elle essaie de me faire croire. Mais je vois bien que ce n’est pas le cas…
Elle n’ajouta rien de plus. Développer supposait avouer à demi-mot qu’elle était déjà au courant de toute l’histoire. Or, elle voulait l’entendre directement de la bouche de Sung Ki. Elle voulait sa version des faits. Dieu qu’il était difficile d’être ainsi partagé entre le bonheur de sa sœur et celui de son frère… Ne pouvaient-ils pas l’être tous les deux ?
Une question restait cependant en suspens. He Ran connaissait assez son aîné pour savoir que cette situation ne devait pas lui plaire plus que ça. Etait-il vraiment heureux, finalement ? Soo Jin ne lui avait jamais décrit précisément cette scène dans la cuisine, quand Sung Ki les avait surpris dans une situation compromettante avec Jin Hei. Mais les petits morceaux d’informations qu’elle avait réussies à dégotter par ci par là lui laissaient sous-entendre que son frère n’appréciait pas le mécanicien plus que ça… Pas du tout même.
« Patience… » Se sermonna He Ran, alors que ses doigts tapotaient le rebord de l’accoudoir. Chaque chose en son temps. Sung Ki allait finir par se mettre à table.
- Je... Hum.
He Ran pencha légèrement la tête sur le côté, son regard sombre toujours fixé sur Sung Ki.
- Je me suis toujours dit que le destin devait bien se moquer de moi, à me mettre aussi souvent à l'épreuve.
Le visage d’He Ran se ferma, et ses yeux se voilèrent légèrement. Ces simples mots voulaient tellement dire, surtout lorsqu’ils venaient de Sung Ki. La vie ne les avait jamais épargnés. Jamais, et cela depuis leur plus tendre enfance. L’abandon par leur parents, les quelques années à l’orphelinat. Ce bonheur auprès des Tae, qui leur avait été repris si rapidement et de façon totalement cruelle. Pourquoi fallait-il que le sort s’acharne ainsi sur eux ? Qu’avaient-ils fait pour mériter un tel traitement ? Leur nature Twao était-elle la raison de tout ce malheur, ou étaient-ils juste maudits d’une façon ou d’une autre ?
- J'ai trouvé mon âme sœur, He Ran.
He Ran le savait. Elle le savait déjà. Pourtant, l’entendre de la bouche de Sung Ki donnait un tout autre sens à cette information. Sa gorge se serra. Elle cligna même plusieurs fois des yeux avant de plaquer un sourire sur ses lèvres. Ce sourire n’était pas factice, mais elle ne savait même pas s’il exprimait de la joie, ou quelque chose de plus compliqué. La policière était émue, touchée par la façon dont Sung Ki avait lâché ses quelques mots. Elle se pencha par-dessus la table, et osa poser sa main sur celle de son frère pour lui témoigner de son soutien. Elle dut cependant se racler la gorge avant de pouvoir retrouver sa voix.
- Oppa…c’est génial. C’est une bonne chose que tu l’ais enfin trouvée.
Elle marqua une pause avant d’ajouter :
- N’est-ce pas ? Tu n’as même pas eu à la chercher, elle est venue d’elle-même à toi... J’aimerai pouvoir dire la même chose…
Elle avait prononcé la dernière phrase d’un ton un peu plus guilleret, plein d’autodérision, comme pour tenter de dédramatiser la situation. Malheureusement, même si l’annonce de Sung Ki sonnait comme une bonne nouvelle, ceux qui en connaissaient le fin mot de l’histoire savaient pertinemment que la suite n’allait pas être aussi agréable à entendre. He Ran ne savait pas si elle devait l’interroger plus. Elle ne voulait pas mentir en faisant croire qu’elle n’était pas au courant. Elle craignait cependant qu’en avouant tout, Sung Ki ne se dévoile pas autant qu’elle ne le voudrait.
Les images de cette fameuse nuit lui revinrent en mémoire. Soo Jin en pleurs, venant la trouver dans son lit. Bien qu’un peu à l’ouest à cause de son réveil brutal, He Ran se souvenait parfaitement de leur discussion. De la douleur de sa grande sœur. De cette rage et cette tristesse lorsque la policière avait découvert la vérité. Oui. Sung Ki avait raison : Le destin avait décidé de se jouer de la fratrie Tae.
Sa main reposait toujours sur celle de Sung Ki. Elle ressentait le besoin de rester ainsi, mais savait que ce ne serait pas du gout de son frère. Elle resserra donc brièvement son étreinte du bout des doigts, puis récupéra son bras pour le ramener le long de son corps. Son visage était presque neutre lorsqu’elle osa enfin demander :
- Alors ? Comment ça s’annonce ?...
Une question assez large pour lui laisser un choix varié de réponses.
« Invité »Invité
Sujet: Re: So...you want to talk to me ? [Sung Ki] Dim 7 Sep - 22:27
A peine avait-il lâché ces mots, du bout des lèvres, que Sung Ki sentit le poids qui écrasait sa poitrine depuis la réponse de sa cadette à propos de la sœur commune, s'alléger. Certes, ce n'était qu'une légère impression, mais cela l'aida momentanément à respirer afin de reprendre sa contenance habituelle. Étrangement, il s'en sentait soulagé. Si son visage n'en trahissait pas la moindre émotion, Sung Ki lui, sentait ses mains trembler sous l'effet que cette simple phrase avait pu lui procurer. Il n'était plus aussi perdu qu'il avait pu l'être ces derniers temps, bien au contraire. L'avoir prononcé, avait-il permis au célèbre procureur à accepter ce fait ? Peut-être. Il serait bien le dernier à en chercher la cause, de toute façon. Il était simplement satisfait.
Il l'avait dit.
Et il se mit à s'interroger sur la réaction de sa sœur. Ca n'avait jamais effleuré son esprit auparavant, qu'elle puisse mal réagir. Il connaissait parfaitement son avis sur le sujet, tous deux ayant déjà eu de longues conversations jusque tard pour déterminer lequel avec plus raison que l'autre. Seulement, le soudain silence de sa cadette eut don de l'inquiéter momentanément. Il releva lentement les yeux vers elle, surpris d'y retrouver un sourire éclatant. De quel éclat était-il le reflet ? Il n'aurait pu le dire avec exactitude. L'idée même de l'interroger à ce sujet fut souffler, dès l'instant où sa petite sœur posa ses doigts fins sur sa main nerveuse. Etait-elle émue ? Comment pouvait-elle l'être alors que lui-même ne savait comment réagir ?
« Oppa…c’est génial. C’est une bonne chose que tu l’ais enfin trouvée. »
Sung Ki dû difficilement se retenir de rouler des yeux. Une bonne chose? Il ne l'avait vu comme tel, il fallait le dire.
« Au moins l'un de nous est ravi... - N’est-ce pas ? Tu n’as même pas eu à la chercher, elle est venue d’elle-même à toi... J’aimerai pouvoir dire la même chose… »
L'aîné de la famille fut étonné du ton soudainement plus heureux de la jeune femme. Il fronça les sourcils, notant le léger pincement au coin des lèvres d'He Ran. Pour la première fois depuis le début de leur rendez-vous, il se demanda si sa sœur n'était plus au courant de l'histoire qu'elle ne voulait bien le montrer. Il ne pouvait pas lui reprocher. Il était le seul à blâmer, quant à son caractère trop extrême qui le laissait souvent se braquer à la moindre approche de la part de sa famille. Combien de fois avait-il brutalement mit fin à une discussion car le sujet tournait autour de ce qu'il tentait tant bien que mal de dissimuler à ses sœurs ? Sa peine, sa rage, sa peur... Et désormais, son âme sœur. Puis il s'attarda sur les termes qu'elle avait employé. Venue d'elle-même ? L'image de sa voiture après un fameux accident lui revint en mémoire, lui arrachant un rictus moqueur. Effectivement, Bang Jin Hei avait surgit dans sa vie sans prévenir. Tel un choc sourd, qui lui aurait laissé une résonance particulière dans l'esprit et qui refusait de le quitter depuis.
La douce pression des doigts de sa cadette sur sa paume le ramena vers elle. Il lui sourit affectueusement alors que celle-ci s'écartait afin de laisser la place au serveur d'amener les plats commander. Une fois leurs assiettes respectives glissées devant eux, Sung Ki repris la parole d'une voix calme :
« Crois-moi, elle pourrait bien se cacher plus près de toi que tu ne le penses. Ton âme sœur. »
He Ran ne sembla pas relever sa basse remarque. Le procureur la dévisagea un instant, essayant vainement de lire dans les pensées de sa précieuse petite sœur. Cela fait bien des années qu'il n'est pas parvenu à deviner le fil de ce qui se trouve dans sa tête, et quelque part, cela lui manquait. Finalement, conquis par son visage inexpressif, Sung Ki n'ajouta rien, la laissant revenir avec une question d'apparence si simple :
« Alors ? Comment ça s’annonce ?... »
Et pourtant si complexe.
« Comment ça s'annonce? » Il soupira.
Comment dire ? Comment expliquer qu'ils n'en avaient jusqu'alors jamais réellement parlé ? Du moins, jusqu'à la veille. Mais là encore, pouvait-on décrire cette entrevue comme une discussion ? Il ne savait pas quoi en tirer. Il s souvenait que trop bien de la détermination qui brillait dans les yeux du mécanicien alors qu'il l'avait coincé, pour l'effrayer. Pourtant, il aurait dû se douter qu'il en fallait plus, pour faire reculer celui qui était fait pour le rendre entier.
« Renoncer à toi serait comme refuser de respirer. »
Qu'était-ce censé signifier ? Il aurait tant voulu avoir le courage de demander l'avis d'une tierce personne, mais pour cela... Il fallait être capable de formuler une question. Et Tae Sung Ki, pour la première fois de son existence, était incapable de s'exprimer. Pourtant lui-même se doutait que cette déclaration n'avait pas été lancée au hasard. N'était-ce pas un souffle d'air qui avait frôlé ses lèvres lors de leur rencontre avec la bouche de Bang ?
S'il pouvait, le jeune homme céderait à son envie de se frapper la tête contre le bois de la table. Peut-être que cela aiderait ses idées à se remettre en place ? Rares étaient les fois où le procureur perdait le contrôle. Mais depuis sa rencontre avec son alter-égo, il devait reconnaître que ça arrivait de plus en plus souvent.
« Je ne sais pas. » avoua-t-il à mi-voix alors qu'il jouait avec ses baguettes, les faisant rouler entre ses doigts.
Il pencha la tête, le regard perdu sur le contenu de son plat. Qu'allait penser sa cadette de son égoïsme ? Il voulait continuer, sans se l'avouer, à explorer le lien qui le ramenait à Bang Jin Hei. Il avait tant espérer lors de son adolescence, à propos de cette âme sœur qui saurait lui apporter ce que personne n'était en mesure de lui donner. Mais le regard implorant de Soo Jin lui revenait sans cesse en mémoire, le heurtant bien plus puissamment que les frissons qui l'étreignaient lorsqu'il pensait à cette âme qui lui était destinée. Il l'avait promis : Il devait prendre soin de ses sœurs, plus que de n'importe qui. Non pas faire couler les larmes sur les joues déjà creusées par les flots que la vie ne leur avait épargné.
« J'ai l'impression que chercher à obtenir quelque chose de cet homme ne mènerait à rien de bon. Et ce, sur tous les plans... »
C'est en pensant à Soo Jin qu'il se souvint des propos tenues par sa sœur, quelques minutes plus tôt et aussitôt son instinct, se mit à hurler. Comment n'avait-il pas pu s'en douter plus tôt ? Ses cadettes avaient toujours été proches, et ce qui arrivait à l'une, arrivait aux oreilles de l'autre. Inévitablement. C'est pour cette raison que Sung Ki se permettait de s'absenter si souvent. Il savait qu'elles ne seraient jamais seule, veillant inlassablement l'une sur l'autre. Il redresse lentement la tête, l'observant d'un regard qui avait su faire sa réputation. Ses pupilles d'ébènes suivirent le moindre mouvement sur les traits de sa cadette, avant qu'il ne finisse par murmurer :
« Elle est au courant, n'est-ce pas? » Il eut un pauvre sourire, l'espace d'une seconde. « Et évidemment, tu l'étais aussi... »
Ce n'était pas un reproche. Au contraire, dans la voix de Tae Sung Ki résonnait un infime soulagement...
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Sujet: Re: So...you want to talk to me ? [Sung Ki]