L'espoir est un bon serviteur mais un mauvais maître
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Sujet: L'espoir est un bon serviteur mais un mauvais maître Sam 26 Avr - 23:40
L'espoir est un bon serviteur mais un mauvais maître
Chae Jae Sun & Won Ju Yeon
Ne prenant mon service qu'à 20h, j'ai décidé de passer mon après midi à faire un long footing dans le parc de Yeouido. C'est alors vêtu d'un short de basket m'arrivant après le genou et d'un marcel que j'arpente les allées du dit parc où je croisais nombre de lycéens qui venait sûrement du lycée un peu plus loin, les cours se terminant aujourd'hui. À y repenser j'ai l'impression de ne plus avoir été à l'école depuis des siècles alors que ça ne fait que 3 ans. C'est fou ce qui peut se passer en trois ans, à cette pensée, mon coeur se serre et je manque de rentrer dans une personne qui venait face à moi. Je m'excuse alors platement, mes joues se tintant d'un léger rose d'embarras avant de repartir non sans me traiter mentalement d'abruti et me rappeler de regarder où je vais.
Je m'arrête à l'une des nombreuses fontaine à eau du parc pour me rafraîchir, après une bonne vingtaine de minutes de course. Tout en buvant j'observe les alentours un instant puis en profite encore pour mouiller mes cheveux, la chaleur de cette journée d'été et celle due à mon exercice rendant cette pratique possible sans risquer un mauvais rhume. Je m'ébroue en faisant attention de n'asperger personne puis reprends ma course avec un peu plus d'entrain, n'ayant plus l'impression de bouillir.
Au détour d'un bosquet j'entends des voix appartenant de toute évidence à des lycéens s'élever, résonnant comme une dispute. Je décide alors de faire le tour pour voir ce qui s'y passe, non pas par curiosité maladive mais parce que je sais par expérience comment les adolescents peuvent être affreux entre eux et que quelqu'un pourrait avoir besoin d'aide. Une part de moi me dit que ma gentillesse me tuera mais je ne rebrousse pas chemin pour autant.
Une fois le tour fait, je vois une jeune fille sur un banc, avec un visage encore enfantin et deux de ses camarades en face d'elle, debout à la dévisager tout en la traitant de monstre. Ni une ni deux, je m'approche doucement, dans le dos des deux bourreaux en uniforme scolaire. Ne sachant pas trop comment couper court j'opte pour ce qui me semble une bonne manière de les aborder sans pour autant passer pour quelqu'un qui cherche à faire des choses pas nettes.
"Bonjour mes demoiselles, une de nous trois aurait l'heure s'il vous plaît ?", dis-je, avant de sentir trois paires de prunelles se tourner vers moi, dans une certaine stupéfaction. "Euh ... Il est cinq heures et demi...", me dit la première des deux tortionnaires. La jeunesse de son âge était inscrite sur son visage et si ce n'est le sac à main de grand marque qui doit sans doute contenir ses affaires de classe et son nez trop pointu pour être naturel, elle avait tout d'une lycéenne ordinaire. Sa compagnonne de méfait, lui lança un regard, comme pour lui demander pourquoi je ne partais pas. "Il y a une horloge au bout du chemin si vous ne nous croyez pas." Coupa cette dernière, dans une tentative de me faire déguerpir alors que la dernière fixait toujours ses pieds comme si c'était elle qui avait été prise en faute. C'est vers celle-ci que se dirigent alors mes yeux, cherchant à voir son visage un peu mieux. "Qu'avez-vous fait à cette malheureuse ?" demandais-je aux deux jeunes filles avant de reporter mon attention sur elles. "On a traîté ce monstre comme elle le mérite, c'est tout. Viens, Hyerin on s'en va"
Une seconde plus tard, les deux "charmantes" camarades étaient parties, me laissant seul face à cette jeune-fille. Je m'assieds alors à côté d'elle, sortant deux barres chocolatées de ma poche, lui en tendant une.
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Sujet: Re: L'espoir est un bon serviteur mais un mauvais maître Dim 27 Avr - 20:03
A
ujourd’hui fut encore une journée comme les autres, rythmée par les cours et les moqueries de tous ceux qui se disent être mes camarades de classe. Comme toujours, j’ai tenu bon en me figurant une soirée tranquille et reposante au sein de notre demeure familiale. Quand je rentrerai, mon père sera assis dans son fauteuil en train de lire le journal quotidien, tandis que ma mère préparera le repas de ce soir pour nous quatre. Quant à mon frère, il fera tout pour éviter qu’on nous voie rentrer ensemble, et aura peut-être une heure de retard. Il prétendra s’être rendu à un cours de soir, et je lui servirai de couverture une nouvelle fois. Il a beau me détester, je ne peux pas m’empêcher de prendre son parti, malgré tout ce qu’il me dit ou peut me faire subir. Il ne me rejette que lorsque j’essaie d’entamer une discussion avec lui. Sinon, il m’ignore tout simplement. Cette attitude est déjà assez pesante au lycée pour devoir en plus la supporter dans ma propre maison.
Mais cette année-ci, j’ai une raison supplémentaire de prendre sur moi : les vacances d’été approchent, puis les mois suivants défileront à grande vitesse, alors ce n'est plus qu'une question de temps avant de quitter définitivement ces énergumènes qui ne m’ont jamais considérée comme leur amie. Ayant sauté deux classes durant ma scolarité, je suis en dernière année de lycée, tandis que mon frère n’en est qu’à sa première année. Je devrai faire quelques choix pour mes futures études, et j'ai commencé à me documenter. Même si, entre nous, le plus dur sera de choisir et non d’être choisie. C’est donc pour ça que, après cette journée de cours, je me suis rendue au parc Yeouido pour me poser un peu et réfléchir. J’ai amené avec moi un peu de documentation à propos des écoles pour lesquelles j’ai postulé, et sur les différents métiers que je pourrais éventuellement exercer plus tard. Maman me dit que, vu mes capacités, je ferai mieux d’en tirer profit pour faire quelque chose de prestigieux, qui n’est pas donné à tout le monde. Médecin, ou ingénieur. Peut-être professeur de mathématiques, elle ne sait pas encore vraiment. Papa, lui, me verrait plutôt avocate, ou travaillant dans un laboratoire.
Ce n’est qu’une fois posée sur un banc près de la fontaine du parc, que j’ai commencé à jeter un œil plus attentif aux brochures. Celles qui ont retenues mon attention étaient celle de l’école vétérinaire, et celle de l’école dans le social. J’aimerais bien m’occuper d’animaux. Ou alors, devenir professeur ou assistante pour les élèves surdoués ou handicapés. Je ne sais pas encore exactement. Mais j’y travaille.
Mes réflexions ont été interrompues par une voix désagréable, que je ne connaissais que trop bien. Hye Rin et Ah Reum sont toutes les deux dans ma classe, et je pense que je suis leur victime préférée. Ce sont elles deux qui passent le plus clair de leur temps à me chambrer. Je les déteste, vraiment. J’essaie pourtant de faire comme si je n’avais pas remarqué leur présence, mais elles me le font clairement savoir en m’arrachant mes papiers des mains, pour les balancer au sol.
« Tu crois pouvoir devenir vétérinaire ? Me demande amèrement la première des deux. Les animaux auront peur de toi ! Tu ferais mieux d’aller éduquer les créatures de ton espèce, au moins vous vous comprendrez. »
Evidemment, elle ne parle pas des Twaos quand elle dit ça, puisqu’elle-même en est une. Je crois que j’ai quand même la chance de ne pas l’avoir comme âme sœur, ni comme partenaire de charge puisqu’elle est aussi une Receveuse. Il faut voir le bon côté des choses…
Bien sûr, je ne réponds rien à ce qu’elle vient de me lancer. Mais ça ne signifie pas que je ne ressens rien. J’ai mal à chacune de ses paroles, et elle le sait parfaitement.
« Tu n’es qu’un monstre, ajoute l’autre. Et tu sais que partout où tu iras, les gens te traiteront de la même façon. Dès qu’ils sauront qui tu es, quelle monstruosité tu es, ils te haïront aussi bien que nous. »
C’est faux… Il y aura au moins une personne dans ce monde qui m’acceptera telle que je suis. Et cette personne, c’est…
Une silhouette singulière attire mon attention, dans le dos des filles. Je vois un jeune homme s’approcher, il a l’air plus âgé que nous toutes. Je ne sais pas s’il a compris ce qui se passait, mais il interrompt Hye Rin et Ah Reum en demandant si l’une de nous trois n’aurait pas l’heure. Je ne réponds rien ; je crois que ce n’est pas mon rôle de répondre. A la place, je ne peux que baisser le regard et fixer stupidement le sol d’un air coupable. Même si elles lui ont indiqué l’heure qu’il était, l’inconnu ne bouge pas d’un pouce. Ce qui agace les deux autres, qui commencent à s’impatienter.
« Qu’avez-vous fait à cette malheureuse ? Finit-il par demander à mon sujet.
— On a traité ce monstre comme elle le mérite, c’est tout. Viens Hye Rin, on s’en va. »
Sur ces mots, elles ont déguerpi en me laissant seule avec mon sauveur. Je ne pensais pas que ce jour finirait par arriver, mais quelqu’un venait enfin de me porter secours. Peut-être que… Est-ce qu’il serait ce garçon que j’ai toujours attendu ? Est-ce qu’il serait… Mon âme sœur ?
Non, ce n’est pas la peine de s’emballer. Je ne sais même pas son nom. Si ça se trouve, il n’est pas Twao. Ou s’il l’est, peut-être qu’il est Receveur comme moi, et que l’hypothèse de l’âme sœur est donc impossible entre nous. Mon cœur commence à tambouriner sous mes fabulations, quand le jeune homme s’assoit à côté de moi sur le banc, et me tend une barre chocolatée. Son attention m’a étonnée sur le moment, mais j’ai fini par accepter en le remerciant timidement.
Malheureusement, je ne sais pas du tout comment engager la conversation. Mais que ça soit lui ou quelqu’un d’autre, le problème aurait été le même. Je n’ai jamais eu quelqu’un à qui parler, en dehors de ma famille. Je dois quand même tenter quelque chose, histoire de ne pas rester comme ça aussi bêtement.
« Alors, euh… Merci de m’avoir défendue. »
Je n’ai rien trouvé d’autre, mais j’espère au moins que c’est un bon début.
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