Target Trapped

Goo Na Ya & Choi Kyu Jung


29 avril 2013 à 18h15.



Je m'en souviens comme si c'était hier. Ce jour où le patron d'une soi-disante grande entreprise, était venu porter plainte pour coups et blessures, doublé d'une tentative d'homicide. Amoché, il vociférait que le jeune homme qui lui avait fait ça devait payer, en omettant volontairement toutefois les raisons d'un tel passage à tabac. Toujours est-il que le garçon en question, Lee Hyun Joong, était présumé coupable puisqu'il avait frappé le premier.
Cependant, j'ai eu l'occasion de prendre en témoin le coupable présumé, qui a alors avoué tout ce qu'il savait. Dans sa version, il avait levé la main sur cette homme qui souhaitait faire travailler une de ses strip-teaseuses en la prostituant. Double-peine, la prostitution était formellement interdite par la loi, (sans énoncé le droit de propriété sur les boites de strip-tease) celui qui risquait le plus gros n'était certainement pas ce jeune homme. Il y avait donc possibilité, en transgressant discrètement quelques règles de la police, de dénoncer cet homme afin d'écarter ce garçon de la prison. Et c'est en rencontrant Goo Na Ya, la jeune fille en question, et en entendant sa version de l'histoire, que j'ai eu le déclic.

Elle était différente.

Comment dire ? Cette jeune avait la possibilité de contrôler le flot de ses émotions, même soumise à une grosse pression. De sourire quand la situation ne s'y prêtait pas. Et de ne pas céder à la colère lorsqu'elle aurait dû.
A savoir, les qualités nécessaires que bon nombres d'agents de la police se devaient de posséder. Et je ne parle pas des responsables de la circulation.
Et ça m'a rappelait à quel point nous manquions cruellement d'agents doubles.
Elle en avait l'étoffe, simplement parce qu’on premier lieu, elle avait le talent de la comédie. Ce qui, en soi, est très difficile, particulièrement en mission. Savoir gérer son stress est difficilement acquis, face à des criminels présumés, sans bon nombre d'années d'entrainement. Mais une poignée d'entre nous, ayant vécus toute sorte d'évènements par le passé, en était capable. Comme moi...Ou elle.

Je lui ai proposé un marché, ce jour-là. Je lui offrais un poste d'agent double pour le compte de la police, en lui expliquant la dangerosité que cela entrainerait, mais lui promettait en échange de mettre en oeuvre tous les moyens possibles ET impossibles pour coller son patron en prison, effaçant ainsi l'ardoise de Lee Hyun Joong. Ainsi que la disparition de la plainte, évidemment.

Elle a accepté.

Depuis lors, je suis son intermédiaire entre les grands patrons et elle. Et de temps en temps, c'est pour les affaires sur lesquelles j'enquête moi-même que je lui demande de l'aide. Na Ya est évidemment payé, c'est la moindre des choses, et je ne la laisse jamais seule sur une affaire. Par principe. Hors de question qu'elle soit blessée alors qu'elle est censée être sous ma protection. Ainsi, elle effectue environ deux à trois missions par an. Et nous nous connaissions depuis deux ans maintenant.
Heureusement, nous ne nous voyons pas uniquement pour les missions. Je lui rends de temps en temps visite au foyer dont elle s'occupe, les Amandiers. Et je l'aide, ces quelques fois, à s'occuper de ces adorables petits. C'est une fille bien, réellement.
Récemment, nous nous sommes mit à jouer du piano ensemble. Juste un peu. Je n'avais plus le temps d'en faire à cause des enquête, mais étant elle-même pianiste, elle m'a appris à prendre le temps d'apprécier la musique. Et ça m'a fait un bien fou.

Malheureusement, si je suis devant sa porte, aujourd'hui, ce n'est pas pour une visite de courtoisie. Je serais venu au foyer, sinon. Mais là, mieux valait éviter que les enfants entendent ce que j'ai à lui dire. Doucement, je presse la sonnerie de son appartement, et enfin, la porte s'ouvre que Na Ya. Ça fait presque deux mois que je ne l'ai pas vue, mais elle n'a pas vraiment changer. Toujours aussi belle.
Finalement, ce n'est pas plus mal que je sois gay. Ça m'évite les coups d'oeil indécents :

« Bonsoir. »

Je lui adresse une légère courbette polie, avant de me redresser en soufflant :

« J'ai une mission pour toi. »

Cette fois, après un regard entendu, elle me laisse entrer, sachant très bien que lorsque je fais appel à elle, c'est que je n'ai vraiment pas d'autres solutions. C'est très différent de la police. Les missions sont bien plus sérieuses, avec un danger plus réel, parfois un peu plus dangereuses, un peu moins surveillées puisque je suis seul, et surtout, il m'arrive d'utiliser des méthodes à la limite du légal. Le hack, l'intimidation, la manipulation, les fouilles sans mandat...Ce pourquoi j'évite d'embarquer d'autres personnes que moi dans mes enquêtes. C'est une enquête de ce genre qui m'avait plongé dans le coma il y a quelques années de cela. Et ça, elle le sait. Elle le sait parfaitement. Après tout, nous avons déjà travailler ensemble. Une fois installés, elle m'incite à commencer, ce pourquoi je pose un dossier sur la table basse qui nous sépare, devant elle :

« Je poursuis un pédophile multi-récidiviste, en ce moment. »

Je marque une pause en la regardant. On m'a déjà dit que je suis beaucoup trop concerné pour travailler sur ce genre d'affaires. Mais quand des parents en larmes viennent demander mon aide parce que la police ne peut rien pour eux, je défaille. Quand j'entends une mère me dire de penser à ce que doit ressentir son enfant entre les mains du pédophile, en ce moment-même, je comprends. Je comprends et je sais parfaitement ce qu'ils sont en train de vivre.
Et je ne peux pas refuser en abandonnant ces enfants. Hors de question.

« Trois enfants ont disparus depuis qu'il est ressorti de prison, le mois dernier. Deux filles de neuf ans, et un garçon de sept ans. Plusieurs éléments mènent vers lui, mais il a de très bons alibis, fournit par son supérieur. En hackant la banque de donner ce ce supérieur en question, j'ai découvert qu'en vérité, ils étaient frères. Les témoignages des membres de la famille et des conjoints ne sont pas valables et acquis en terme judiciaires, normalement. Le problème, c'est que je ne peux pas le prouver au tribunal. Je n'ai légalement pas le droit de fouiller dans son ordinateur, donc cette preuve est considérée comme nulle. »

Je croise mes doigts entre eux en soufflant à Na Ya :

« Je suis allé voir ce type pour le coincer. Je suis en général bon en manipulation, mais là, le suspect est un vrai roc. Il maitrise chacun de ses mots, et c'est difficile de le tourner comme je le souhaite. Il protègera son frère quoi qu'il advienne. Je n'ai pas non plus le droit de le menacer. La seule et unique chose que je veux, c'est qu'il lâche, par erreur, le fait qu'il ait un frère et que c'est ce pédophile. Si je pouvais au moins obtenir ça, ce serait un très grand pas, puisque le coupable n'aurait plus d'alibis valables pour les enlèvements. Cependant...J'ai appris récemment qu'il avait une faiblesse, comme beaucoup d'homme ; il fond devant les femmes fatales. Ce pourquoi je suis devant toi aujourd'hui. »

Je lui annonce sans détour :

« Je voudrais que tu ailles le voir et que tu le séduises. Si tu arrive à lui faire cracher ce qu'il sait, où ne serait-ce que son lien de parenté avec le pédophile, dont je te donnerais le nom au début de mission, alors c'est dans la poche. Quant à moi, je placerais un micro sur toi, pour suivre la conversation, et je serais à l'extérieur du bâtiment, à quelques mètres de la fenêtre pour pouvoir agir en cas de besoin. »

Elle est la seule à qui je peux demander ça, simplement parce que je ne connais pas d'autre agent double féminins qui joue mieux la comédie qu'elle, sans perdre son sang-froid, sans avoir peur. Faire du charme à un type armé, c’était beaucoup de pression pour une jeune femme, mais elle, elle en était capable. Et elle a déjà de l'expérience en tant qu'agent.

« Je veux que tu comprennes que si ça dérapes, je serais là pour te venir en aide. Malgré tout, ça reste dangereux, et il est à priori armé. Alors tu es toujours en droit de refuser. »

Kyu Jung n'avait pu retenir un faible sourire face à l'entrée en matière de Na Ya. Sa joie et son rire avait tendance à adoucir le monde autour d'elle, et il fallait avouer que lorsque l'on enquêtait sur une affaire aussi sordide, ça ne pouvait faire que du bien. Souriant à sa proposition, il hocha al tête en promettant de l'inviter prendre un café juste pour le plaisir de prendre un café, un jour.
Et après ses explications, il observa Na Ya, en l'attente d'une réaction et d'une réponse, qu'il devinait déjà positive. Parce qu'elle ne refusait jamais de  venir en aide à son prochain.
Surtout pas quand des enfants étaient en danger. Après un long soupir, la jolie jeune femme releva les yeux :

« La routine habituelle, en somme ! »

Il hocha la tête. Oui, malheureusement pour eux, c'était la routine habituelle. Trop de bandits. Trop de criminels. De meurtres, de viol.
Trop de saletés humaines à nettoyer.
Mais si eux ne faisait pas le boulot, qui le feraient à leurs places ? Il fallait bien s'y mettre, de temps en temps.

« Tu sais bien que je suis incapable de laisser des enfants entre les mains d’un taré de ce genre, Choi Kyu Jung. Tu peux compter sur moi. »

Kyu Jung esquissa un sourire devant le regard de Na Ya, brillant d'une détermination féroce. L'attitude de cette femme forçait le respect et l'admiration, réellement. Sans parler de son sourire. Si le jeune détective en avait été surpris les premières fois, à force, il commençait à comprendre à quel point elle était différente.
Récupérant son café, il la remercia et observa à nouveau son hôte alors qu'elle demandait :

« Bon, tu veux que je séduise le frère du gars que tu cherches… Donc tu enregistreras la conversation, c’est ça ? Ou alors il te faut une preuve de leur lien de parenté ? »
- J'enregistrerais toutes la conversation, histoire de conserver les preuves des boulettes qu'il fera pendant votre discussion. Avec ton physique, et ton jeu de séduction, il va forcément baisser sa garde et souffler des informations qu'il ne donnerait pas en temps normal. Et ça, c'est précieux. Qu'il te donne son lien de parenté ne serait-ce qu'à l'oral serait déjà parfait. »

Finalement, c'est comme si Na Ya tenait le rôle des femmes-ninjas de l'ancien Japon ; celles qui avaient pour rôle de séduire et coucher avec les grands dirigeants, devenir leurs maitresses en somme, pour récupérer le plus d'information possibles. Elles avaient été mal vues pendant très longtemps, sans que les gens sachent que beaucoup de guerre de pouvoir avaient été éviter grâce à elle, et finalement, grâce aux sacrifices de leurs corps et de leurs dignités.
Sauf qu'à la différence, il n'y avait pas de rapports sexuels ici, et Na Ya était très largement maitre du jeu dans ses missions de manipulation. Ce pourquoi Kyu jung était face à elle aujourd'hui.

« Je suppose que tu as du bien l’observer puisque tu penses qu’il pourrait craquer face à moi. Est-ce qu’il a des perversions ? J’ai peut-être une idée… Mais pour ça, il faudrait qu’il puisse accepter de se laisser un peu dominer sans opposer de résistance physique. »

Kyu Jung hocha lentement la tête. Ça pour sûr, il avait observé ce type. Il apprécia néanmoins la vivacité d'esprit de la jeune femme, prouvant encore une fois qu'elle ne faisait pas les choses à moitié, et répondit en détail :

« Oui, j'ai eu le temps pour ça. Je l'ai espionné, j'ai été voir son entourage, aussi. Il fréquente pas mal de clubs...Et une fois, dans sa voiture, je l'ai vu en compagnie d'une femme portait une combinaison de cuir, assise sur ses genoux. Sans avoir forcément des accessoires SM, il doit être branché dans ce domaine, en plus soft. Une femme qui joue avec lui sans complètement le mettre à quatre pattes ou le frapper à l'air de lui plaire pas mal. Celles qui savent ce qu'elles veulent et qui sont prêtes à jouer au chasseur et à la proie, en somme. »

Sans se douter que pour cet homme, cette fois-ci, les rôles seront inversés. Le chasseur, ce ne serait pas lui. Du moins, il faudrait être particulièrement vigilant aux mots que Na Ya emploierait avec lui. Si l'homme en question avait le moindre soupçon, on seulement l'enquête serait fini, mais en plus la jeune femme serait en danger.

« Tu me dis qu’il fond pour les femmes fatales. Je pourrais me faire passer pour un « cadeau » et jouer aux devinettes avec lui. Quelque chose du type : si tu veux profiter de ton cadeau, il faut que tu devines qui te l’envoie. Tu te doutes bien que je me ferai passer pour un cadeau venant du frère. Bizarrement les hommes ont une confiance quasi-aveugle en ces femmes dont ils paient les services. C’est un véritable mystère qui pourrait bien nous être utile. »

Kyu Jung releva les yeux vers la jeune femme. Étudiant chacun de ses mots, il se mit à envisager cette probabilité. Se faire passer pour un cadeau de la part du coupable ? C'était plutôt bien pensé. Et s'il jouait le jeu, ils découvriraient peut-être bien plus qu'un lien de parenté. L'enquêteur se permit un léger sourire, ravi de voir que comme toujours, Na Ya avait de la suite dans les idées :

« C'est une idée intéressante. S'il tu parviens à lui faire jouer le jeu, on apprendra bien plus qu'un simple lien fraternel. »

Inutile de lui demandait si elle s'en sentait capable : Kyu Jung connaissait déjà la réponse. Il se contenta de caler son dos contre le dossier du fauteuil derrière lui :

« Tu serais libre quand....? Personnellement, tous mes appareils d'écoutes sont déjà en place, et je connais son adresse. Si tu as besoin de vêtements ou d’accessoires en particulier, je peux m'en occuper pour toi, au besoin. Tu as déjà une idée précise de comment tu vas gérer cette entrevue ? »

Kyu Jung passa une main sur sa nuque douloureuse, poussant un soupir. Finalement, c'était une bonne chose que Na Ya interroge le suspect. Parce qu'en général, lorsqu'il enquêtait sur une pédophile, le jeune enquêteur perdait facilement ses moyens. La dernière fois qu'il en avait eut un en face de lui, il l'avait frappé une fois, puis deux, puis trois. Si le nombre de coup n'avait pas atteint le chiffre quatre, c'était uniquement parce que son meilleur ami journaliste, présent pendant l'enquête, l'avait arrêté.
La seule et unique raison.
Pourtant, il aurait voulu poursuivre. Cette enfoiré avait avoué être anciennement victime de viol pendant son enfance par son propre père. Comme Na Ya. Sauf que lui, ça l'avait excité. Il était devenu déviant sexuel, et enfermait les gamins dans un sous-sol, avec une trappe sous le tapis du salon pour y accédait.
Et violait les enfants là-dedans. En le découvrant, l'enquêteur avait oublié son professionnalisme. Et il l'avait frappé. Il avait vécu une agression de ce genre, Na Ya aussi, en pire. Mais aucun d'entre eux n'oserait un jour faire subir de telles horreurs à des enfants à leur tour.

C'était inconcevable.

Se reprenant, il vit la jeune femme boire une gorgée de café, avant de lui répondre :

« Ce soir, c’est impossible. Hyun Joong rentre tard et je ne peux pas faire garder Hye Sun. Donc on peut faire ça dès demain. Le plus tôt sera le mieux… Pour l’heure, je peux me libérer quand tu veux en fonction des disponibilités de notre homme. Hye Sun est avec la nounou toute la journée et son père rentrera tôt. Je n’aurais qu’à prétexter un rendez-vous extérieur ou une visite au foyer pour m’absenter. »

Il hocha la tête, posant sa propre tasse devant lui, sur la table :

« Ça me va pour demain. Mais ce sera en début de soirée, quand il rentrera du travail, vers 18h. De toute façon, ce genre de service est rarement utilisé en journée, donc autant éviter d'éveiller les soupçons au maximum.. »

Il releva les yeux, après l'énonciation d'une tenue adéquate pour le "rendez-vous", et vit Na Ya réfléchir :

« Ma tenue de moto fera largement l’affaire. A moins que tu ne préfères me voir en combinaison de cuir noir… »

Kyu Jung ne put s'empêcher de rire légèrement, au clin d'oeil charmeur de Na Ya. Elle était aussi amusante que séductrice, et il joua le eu un instant :

« J'admets que l'idée n'est pas déplaisante.. »

Elle reprit plus sérieusement, néanmoins :

« Plus sérieusement, j’ai un pantalon de cuir noir, le corset et la veste qui vont avec. Sans oublier les cuissardes, à talons aiguilles bien évidemment. »

Kyu Jung s'imagina un instant ce que ça pouvait donner. Effectivement, le mélange était parfait, et du moment qu'il y avait du cuir, il était persuadé que ça passerait.

« Je pourrais l’attendre directement chez lui, au prétexte que son frère m’aurait ouvert avant de filer. Pour le reste, tu sais qu’il m’est difficile d’anticiper ce genre de choses. Je m’adapte à l’individu face à moi. Je n’ai absolument aucune idée de la façon dont il réagira, donc je préfère ne pas trop anticiper. »

Le détective écouta attentivement sa partenaire de mission, enregistrant la moindre information. Encore une fois, elle avait bien raison de ne pas trop anticiper, parce que faire trop de plans était le meilleur moyen de tout gâcher. Il y a toujours un élément que l'on en peut prétendre deviner ou imaginer ; la réaction des personnes en face de soi. Il se contenta d'hocher la tête, assez d'accord avec les propos de la jeune femme.

« Tu sais bien que je suis la reine de l’improvisation. »

Le détective ne put retenir un léger rire, cette fois. Oui, elle l'avait prouvé, et pus d'une fois. Il appréciait ce talent chez elle, parce que lui-même passait son temps à improviser, en plein mission. Comme ce jour où en pleine course-poursuite, en tirant dans les pneus de la voiture d'un autre pédophile, le suspect avait fini dans la rivière, et n'était pas loin d'y rester, si Kyu Jung n'avait pas rapidement réparer ses bêtises. L'improvisation, c'était dangereuse, mais doublement efficace. Et Na Ya le savait aussi.

« J'ai une confiance totale en tes capacités. »

Oui, contrairement à la police, Kyu Jung avait une confiance aveugle en Na ya et ses capacités. Il ne serait pas ici, dans le cas contraire.

« De quelles autres informations as-tu besoin ? Je pense avoir une idée pour savoir où le frère se cache, mais il faudra voir si la cible est suffisamment à l’aise et confiante pour ça. Je pensais faire semblant d’avoir oublié à quelle adresse est le frère en ce moment alors que je devais me rendre chez lui par la suite. Ce sera à voir sur le moment… »

Kyu Jung se mit à réfléchir. L'idée de Na Ya n'était pas mauvaise, mais encore une fois ça dépendrait de l'attitude de leur suspect, en face. Lui, il n'avait qu'une facette, celle de l'homme d'affaire stoïque qui ne laissait rien passer. Même si so point faible était les belles femmes, qu'est-ce qui prouvait qu'il ne resterait pas d'autant plus hermétique à la conversation, uniquement intéressé par le corps féminin en face de lui ? Inspirant, l'enquêteur répondit :

« Tout ce que tu pourras obtenir sera bon à prendre. Je te donnerais des drogues que tu emmèneras avec toi chez lui. C'est un peu le genre d'homme à boire une bonne bouteille, même en plein ébat, alors s'il faut, tu glisseras une gélule dans le verre, histoire de l'assommer un bon coup. Ça évitera qu'il tente d'aller jusqu'au bout avec toi. »

Parce que même s'il elle parvenait à mener l'interrogatoire à terme, viendra un moment ou l'homme en question voudra passer aux choses sérieuses plus vite, et clore la discussion. Et même si Kyu Jung serait de surveillance non loin, mieux valait redoubler de vigilance, surtout pour ces missions-là. De ce fait, tout se jouerait sur sa capacité à jouer la comédie. Charmer un homme, endormir sa vigilance en lui faisant croire que ses propos sont futiles alors qu'il s'agirait d'informations cruciales. L'étape facile serait la présentation ; même si Na Ya sortait une excuse bancale face à l'individu, il suffirait qu'il pose les yeux sur elle en combinaison de cuir pour qu'il la laisse entrer, sans se poser plus de questions. Elle l'avait dit elle-même : les hommes ont tendance à avoir une confiance aveugle aux femmes qu'ils paient. Paradoxe. En plus que là, ce serait un service "gratuit" puisque venant officiellement de la part du frère. Irait-il jusqu'à nier avoir un frère, alors qu'on lui "offre" un morceau de choix sur un plateau d'argent ? Peu de chance. La difficulté viendrait ensuite du jeu de Na Ya. Qu'elle n'éveille pas les soupçons et parvienne à le faire parler...
Passant une main dans sa nuque, Kyu Jung souffla :

« Ce sera plus difficile que les anciennes missions. Il est vraiment prudent, et je ne sais pas explicitement comment il agit avec les femmes, alors...Fais attention. »

Au fond, il s'inquiétait. Elle avait une vie de famille, un époux, un enfant, un refuge...Et c'était une femme bien qui avait déjà trop souffert dans sa vie. Pas envie qu'il lui arrive encore quelque chose par sa faute. Il s'en voudrait jusqu'à la fin de ses jours.