Alors que le soleil s’était déjà caché il y a bien longtemps, Ji Hyuk sortait seulement du travail. Toujours le sourire aux lèvres. L’heure tardive n’était pas quelque chose qui le dérangeait. Au fond, qu’est-ce qui le dérangeait vraiment ? Il étira les bras jusqu’au ciel et prit le temps de se demander de quoi était fait son emploi du temps pour le rester de la soirée. De rien. Fabuleux. Il allait bien pouvoir faire ce qu’il voulait, sans encombre, sans entrave. Juste lui et ses envies. Mais ça c’était sans compter sur son instinct qui n’allait pas tarder à être réveillé. Les mains dans les poches. La démarche nonchalante. C’était son truc ça. Personne ne le regardait mais lui regardait les autres. Ca le rassurait en un sens, voir que les gens étaient eux aussi absorbé par un quotidien ennuyeux. Et puis sans prévenir son regard se posa sur elle. Et sans pouvoir rien y faire ses jambes s’arrêtèrent. Une fois déjà elle avait déboulé dans sa vie. Et une fois déjà elle avait tout chamboulé avant de le laisser. Seul, abandonné. Mais Ji Hyuk est un grand garçon. Il s’en est remis. Ne plus croiser le chemin de cette fille l’avait bien aidé. Toujours est-il que ses sentiments étaient passés. Mais même malgré ça, il ne pouvait pas la quitter des yeux. Il l’a voyait continuer son chemin, sans un regard. Et c’est à ce moment-là que son instinct se réveilla. Il fallait qu’il lui dise. Qu’il lui dise que c’était bon, qu’il était passé à autre chose maintenant. Enfin ça, c’est ce que son cœur voulait lui dire. Sa raison lui disait qu’il fallait qu’il continue sa route, à l’opposé. Qu’il continue sa vie comme ça avait été si bien le cas depuis. Mais non. Le cœur a été plus fort que la raison. Ses jambes se remirent en route. Son chemin suivait celui d’Eun Mee. C’était déraisonnable au possible. Mais au fond, pour lui, c’était justifié. Et maintenant qu’il avait commencé à la suivre, il n’allait pas s’arrêter. C’était ridicule. Il ne savait donc pas où il allait, il ne savait pas vraiment pourquoi il y allait … Et après quelques minutes il se demanda même si elle savait où elle les menait. A dire vrai, il se demandait surtout ce qu’elle faisait toute seule dans la rue si tard. Elle allait voir quelqu’un ? Son copain ? Un ami ? Une amie peut-être ? Il fronça les sourcils rapidement. Il n’était pas son père, il s’en fichait bien de savoir qui elle voyait et pourquoi elle y allait. Il s’en fichait … En théorie. Il avait cet élan qu’il ne pouvait pas stopper. Il devait savoir, il devait lui dire de faire attention, de ne pas rentrer trop tard ni trop amoché. Il … Il n’était plus son copain ! Merde. Les sentiments n’étaient plus là ! Il ressemblait plus à un vieux pervers qui suit sa proie avant d’aller faire son affaire dans une ruelle sombre. Un peu de tenue Ji Hyuk. D’un soupir las il prit finalement l’initiative de tourner les talons et faire marche arrière. Ils étaient mieux loin l’un de l’autre. Si non, ils seraient restés ensemble, pas vrai ? Ouais. C’était mieux. Non ? Non. Non. Parce qu’il y avait ce mec qui se dirigeait visiblement vers elle. Et que son instinct, tout aux aguets, ne pouvait pas laisser ça se produire. Comment il savait qu’il se dirigeait vers elle ? Mais il n’en avait absolument aucune idée. Il avait vu son sourire, et sa direction, et … Et puis zut, les femmes n’étaient pas les seules à avoir un sixième sens. Il le sentait. L’air de rien il laissa donc son pied traîné sur le parcours de cet inconnu malfaisant. C’est avec un plaisir dissimulé qu’il le regardait se vautrer sur le bitume. Une seconde d’hésitation et il allait accoster Eun Mee. Et c’est toujours avec cette d’innocent qu’il s’excusa rapidement avant de reporter son regard sur Eun Mee. Bien. Elle était toujours là. Enfin, « là-bas » disons plutôt. Il fit rapidement comprendre à l’autre idiot de ne pas tenter sa chance aujourd’hui et entreprit cette fois d’aller parler à Eun Mee. Il n’allait pas faire son voyeur pendant toute la nuit. Très peu pour lui. Mais alors qu’il s’était enfin décidé, elle pressa un peu le pas. En retard ? Sans s’en inquiéter plus que ça il fit de même. Mais il retint le bras de la jeune fille pour qu’elle ne s’aventure pas dans une rue qu’il connaissait pour être mal fréquenter. Maintenant face à face c’était l’heure de vérité. Ou pas. C’était l’heure en tout cas. Bien que gêné de se retrouver comme ça devant elle, après si longtemps, il arborait son plus beau sourire. « Je sais pas où tu vas, mais par là ça craint Eun Mee. Il pourrait t’arriver des bricoles. » Et personne ne voudrait ça. Encore moins lui … Ce côté protecteur il n’y pouvait vraiment rien. C’était au dessus de ses forces de le retenir. Il lâcha son bras et se frotta l’arrière du cou, ne sachant pas vraiment comment engager la conversation. Le ‘hey ça va ? Je te suis comme un vieux pervers depuis 20 minutes en fait et …’ ne le tentait pas vraiment. « Ca fait un bail hein ? … » Il ne put pas retenir un petit rire nerveux. C’était gênant. « Tu fais quoi si tard ? » Ji Hyuk, bordel, tu n’es pas son père, et tu n’es plus son copain. Honnêtement, elle n’avait aucune raison de lui répondre. Si jamais elle l’ignorait, chose qu’il n’avait pas encore considérée, sûrement l’accepterait-il. Ils n’avaient pas de compte à se rendre. Cette « course poursuite » c’est Ji Hyuk qui l’avait entreprise et peut-être Eun Mee n’avait pas la moindre envie de croiser son chemin aujourd’hui, ni aucun autre jour. Seul l’avenir le lui dira.
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Sujet: Re: when the past appears Mer 7 Aoû - 23:12
Je ne peux retenir un soupir alors que je lève les yeux au ciel, geste totalement inutile puisque le ciel est déjà sombre. Rien que la journée, mes yeux me jouent des tours et m’empêchent de voir correctement, alors la nuit… C’est juste un fait impossible. Je ne peux simplement pas voir plus loin que le bout de mes doigts tendus devant moi, ce qui en soit est un exploit. Evidemment, il a fallu que je traine à l’atelier de poterie jusqu’à la nuit tombée, perdue sur la contemplation de ce que mes mains façonnaient. A présent, je ne sais juste pas comment je vais bien pouvoir rentrer. Je pourrai appeler Ki Seol pour qu’il vienne m’aider comme il a l’habitude de le faire maintenant, mais vu l’heure il doit être accroché à je ne sais quel bras. Tant pis, je trouverai bien mon chemin toute seule.
Prenant mon courage à deux mains, je m’élance dans la rue, à la recherche d’un arrêt de bus qui pourrait me rapprocher du campus. Même si pour ça, il faudrait que je parvienne à lire les chiffres sur les panneaux. Renonçant à l’idée même de demander de l’aide, encore à cause de cette foutue fierté mal placée, je continue mon chemin, essayant de rester sous les lumières des lampadaires. Ça m’évitera au moins de foncer tête baissée dans un poteau. Je presse le pas, pas vraiment rassurée de rentrer seule dans les rues de la grande ville, alors que je ne sais pas où je vais. On ne sait jamais sur qui je pourrai tomber. Ce n’est pas comme si j’avais de quoi me défendre…
Je ne saurais dire depuis combien de temps je déambule le long des rues quand je sens un regard se poser sur moi. Un de ses regards insistants qui vous met mal à l’aise. Je tourne la tête, tentant de distinguer d’où il peut provenir, mais rien à faire. Je ne vois que des ombres mouvantes par-ci, par-là. Mon estomac se serre, et mon cœur commence à tambouriner violemment contre mes côtes. Ne pas paniquer, ce n’est peut-être rien. Pourtant, plus j’avance, plus j’ai l’étrange impression d’être suivie. Alors, par précaution, j’accélère de nouveau. Mes doigts se referment brusquement sur mon portable au fond de la poche de mon grand manteau, un geste rassurant. Comme si je m’accrochais à une bouée de sauvetage. Mais quand bien même j’aurai quelqu’un à appeler, qui sait ce qui pourrait m’arriver d’ici qu’il se déplace. D’ailleurs, où je suis ? Je ne réfléchis pas plus, et remarquant un tournant dans l’angle de la rue, je m’y aventure sans plus attendre.
Seulement, je n’ai pas le temps de faire deux pas de plus qu’une main retient mon bras et le tire doucement en arrière. Mon souffle se coupe alors que je réfrène de justesse un cri de surprise. Je m’apprête même à hurler à l’aide, quand une voix résonne près de mon oreille.
« Je sais pas où tu vas, mais par là ça craint Eun Mee. Il pourrait t’arriver des bricoles. »
Cette voix, je la connais. Je la connais même très bien. Je l’ai entendu rire à gorge déployée, murmurer des mots doux et remplis de tendresse, m’assurer que tout irait bien… Oui. Je la connais cette voix calme, tranquille, et pourtant un peu nerveuse ce soir. Et honnêtement, je m’attendais à tout, à n’importe qui, mais pas à lui. Je n’ai pas besoin de voir son visage pour le savoir. Je le reconnais au sentiment qu’il dégage lorsque je me trouve près de lui. Cette impression d’être protégée, quoiqu’il arrive. Une impression bien différente de celle que j’avais il y a quelques minutes.
« Ji… Ji Hyuk ? C’est toi ? » souffle-je, essayant de me remettre de ma peur.
Je le sens relâcher mon bras avec douceur, le silence retombant entre nous durant de longues secondes. Il cherche probablement quoi dire, et moi… Je suis bien trop choquée de l’avoir devant moi pour prononcer quoique ce soit de potable.
« Ca fait un bail hein ? »
Un bail ? J’hoche la tête. Plutôt oui. Nous avons rompu il y a… Trois moi ? Quatre peut-être ? Je pensais qu’il ne voudrait plus me voir, ni me parler. Lui qui disait si bien que je l’avais « trahi »… Il a l’air gêné en laissant échapper un petit rire, ce qui me rend d’autant plus nerveuse. Comment est-ce que je dois réagir ? Est-ce qu’il me suivait ? Est-ce que c’est la première fois qu’il le fait ? Pourquoi d’ailleurs ?
« Tu fais quoi si tard ? - J’essaie de rentrer chez moi. Je crois que je me suis perdue…» avoue-je dans un murmure.
Pathétique Eun Mee. Même devant lui, je n’ai jamais réussi à me montrer faible. La seule et unique fois où se fut le cas, c’était malheureusement la dernière où nous nous sommes vus. Jusqu’à aujourd’hui.
« Et… Et… Toi ? Qu’est-ce que tu fais là ? Non pas que je ne sois pas contente de te voir, hein! » me rattrape-je vivement en secouant les mains.
J’ai envie de les poser sur ses joues. Savoir quelle expression décore son visage, si ses traits sont tirés, ou détendus en un beau sourire. Mais j’ai peur qu’il ne recule, comme il l’avait fait la dernière fois. Ce n’est pas une chose facile, de toucher son ex-petit ami quand on est consciente du mal qu’on lui a fait. Seulement, c’est la seule façon pour moi de le « voir » parce qu’à cet instant, je ne peux qu’imaginer la forme de son visage. Alors, je me contente de laisser mes bras pendre le long de mon corps, avant de lui faire face complètement.
« Tu… Vas bien ? » demande-je timidement.
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Sujet: Re: when the past appears Jeu 8 Aoû - 17:54
Ji Hyuk ne le pensait pas, il en était certain. Elle s’était perdue. Pour aller s’aventurer dans des rues comme celle-ci il fallait même être bien perdu. Il percuta alors. Bien sûr, il lui manquait ses lunettes sur le bout du nez. Pas étonnant qu’elle en soit arrivée là. Ji Hyuk se souvenait bien qu’elle était pire qu’une taupe sans ses lunettes. Quelle idée de sortir sans aussi ? En pleine nuit ? il secoua sa tête doucement, amusé. Même si la suivre n’avait pas été très correct, finalement il lui avait peut-être fait éviter le pire. Alors il se félicita intérieurement, fier de son sauvetage. Par la même occasion il se remercia aussi d’avoir joué les curieux. Il allait pouvoir la raccompagner chez … Non. Ce genre de pulsions c’est le genre qu’il faut absolument retenir, et Ji Hyuk le savait. C’est bien pour quoi il ne lui a pas proposé de l’escorter. Il ne voulait pas passer pour ce qu’il n’était pas : un mec complètement accro. Il avait arrêté cette came depuis plusieurs mois déjà, il n’était pas temps de replonger. Finalement son esprit changea complètement de direction à sa question à elle. Dieu … Qu’allait-il lui répondre ? Ce qu’il faisait là ? A l’opposé de son appartement ? Quelle excuse serait assez potable pour répondre à ça ? … Mais son rire prit le dessus sur son malaise. La maladresse d’Eun Mee était adorable. Vraiment. Il n’avait pas pensé à ça dans ce sens-là du tout, mais alors, il en était à des lieux. « Pas de panique ! Détends-toi, je vais pas te bouffer. » Quoique. « Je viens de terminer ma journée, je rentrais aussi tu vois. » Le « tu vois » était en trop. De un : parce qu’elle ne pouvait visiblement rien voir qui était à plus de 3 centimètres d’elle. Et de deux parce qu’il était tout sauf en direction de chez lui. Mais ça, Eun Mee ne devait pas l’avoir remarqué, n’est-ce pas ? Disons ça. Mais revenons sur terre un peu. Ji Hyuk l’avait suivi pour lui dire quelque chose, non ? Finalement ça ne semblait plus trop à l’ordre du jour. Et puis bien réfléchit ça serait bizarre. Lui dire qu’il n’éprouvait plus rien pour elle de but en blanc c’était comme se jeter dans la gueule du lion et faire croire qu’au contraire, il y pensait encore tous les jours. « Oh bah ça va oui. La vie tout ça tout ça … Et toi ? » Il détestait ça. Ce genre de discussion. Pas avec elle. Pas entre eux. Ils se connaissaient trop pour faire comme si tout était normal. Bien sûr c’était de la politesse, ni plus ni moins il en avait conscience. Mais ça ne lui plaisait seulement pas. La prochaine question qu’elle allait lui poser avait toute les chances d’être quelque chose comme « quoi de neuf ? ». Horreur et désolation. Tout sauf ça. Par pitié. C’était bien des questions hypocrites ça. M’enfin passons. Il posa sa main, rassurante, dans le dos de la jeune fille pour qu’ils s’écartent un peu du flot de passant. C’était des réflexes. Il ne pouvait pas ne pas être tactile avec elle. Il ne pouvait pas ne pas être gentil. Il ne pouvait pas se soucier d’elle. Ça avait tout des symptômes de l’amour. Et il devait être le seul à être convaincu du contraire. « Où est-ce que tu as laissé tes lunettes cette fois ? » Il ria à nouveau. « Je suis sûr que tu vois même pas à quoi je ressemble. » Peu de chance qu’il se trompe là-dessus. Il sortit ses propres lunettes et les essuya rapidement avant de les lui mettre sur le nez. Lui n’était pas un vrai bigleux, juste qu’il appréciait un peu de correction suivant son état de fatigue. Ca ne serait sûrement pas suffisant pour Eun Mee, peut-être même que ça serait inutile en fait. Mais il ne perdait rien à essayer. Il retira ses mains délicatement en restant la regarder, impatient de connaître le résultat. « C’est pas un peu mieux là ? » Il laissa passer quelques secondes avant de se concentrer sur le problème principal. « Tu devrais appeler quelqu’un pour venir te chercher … Vraiment, Eun Mee. Tu vas faire pire que te perdre si tu continues ton chemin toute seule. » Il pouvait bien attendre jusqu’à ce que ce quelqu’un arrive pour finir la route avec elle. Aucune chance qu’il lui laisse l’opportunité de rentrer seule. Pas de nuit. Pas sans lunettes. Pas sans compagnie. Voilà. Ce n’était pas concevable autrement.
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Sujet: Re: when the past appears Ven 9 Aoû - 16:55
« Oh bah ça va oui. La vie tout ça tout ça … Et toi ? »
Comment je vais ? Est-ce qu’il veut vraiment le savoir ? Si je ne me trompe pas, c’est lui qui est parti sans dire un mot. Non pas qu’il n’avait pas toutes les raisons du monde de le faire, bien au contraire. Mais ça me laisse quand même assez perplexe, de le trouver là, devant moi tout sourire, à me parler comme si l’on s’était quitté hier. Pourtant je sens bien qu’il y a quelque chose de différent. Nous n’avons jamais eu à tenir ce genre de discussion futile et inintéressante. S’il l’un d’entre nous n’allait pas bien, alors l’autre le savait immédiatement. Il n’y avait pas besoin de mot. Et ce fait là, me manque… Je soupire doucement avant de répondre :
« Je vais bien. Si on oublie le fait que je ne sais pas du tout où je suis. »
Je sens des frissons parcourir mon dos alors que sa main s’y pose pour nous écarter. Inconsciemment, je rentre les épaules. Je me souviens encore de la chaleur de sa paume lorsqu’elle se posait sur moi. Ca avait quelque chose de rassurant, quelque chose d’agréable… Ca ne fait que me rappeler à quel point j’étais bien avec lui. Et ça aussi, ça me manque.
« Où est-ce que tu as laissé tes lunettes cette fois ? » rit-il, me faisant relever brusquement la tête. « Je suis sûr que tu vois même pas à quoi je ressemble. »
Etonnée, je garde mes yeux rivés sur sa maigre silhouette. Il fait bien une tête, voire deux, de plus que moi. C’est la première chose que j’ai noté à notre rencontre… A quel point il était grand. Il dépassait bien toutes les personnes alentours, alors oui, je l’avais remarqué. Les traits de son visage, je les ai deviné après, quand nous sommes devenus proches, et depuis je ne les ai pas oublié. Je n’ai qu’à fermer les yeux un tout petit instant, pour les revoir avec précision. Est-ce qu’il aura changé au point que je ne puisse pas le reconnaitre ? Je souris faiblement en haussant les épaules.
« Je suis sûre que tu es toujours le même Ji Hyuk. » Du moins, je l’espère.
L’instant suivant, je sens qu’il pose sur mon nez de fines lunettes. Les siennes, je suppose. De nouveau, la chaleur de ses doigts glisse sur moi. Je cligne des yeux pour essayer de me faire à la pauvre correction que les verres apportent à ma vue. Je ne crois pas avoir dit à Ji Hyuk qu’un jour, trop proche à mon goût, je ne verrai plus que du noir. Il sait que j’ai une vue terrible, plus floue que si un voile épais était posé sur mon regard. Mais est-ce qu’il sait que je suis malade ?
« C’est pas un peu mieux là ? - Merci ! »
J’arrive au moins un peu à discerner son visage, c’est déjà ça. Et évidemment, il sourit. Il a un beau sourire, Ji Hyuk, alors pourquoi s’en cacherait-il. Il a bien raison…
« Tu devrais appeler quelqu’un pour venir te chercher … Vraiment, Eun Mee. Tu vas faire pire que te perdre si tu continues ton chemin toute seule. »
Je me mords la lèvre. Ca, je veux bien le croire. Je risque même de ne jamais rentrer si je continue seule, à errer jusqu’à ce qu’un miracle apparaisse devant moi. Un peu comme Ji Hyuk vient de le faire… Seulement, je n’ai personne à appeler. Sun Hee ne viendra sûrement pas. Elle a peur de sortir seule la nuit, elle n’aura pas le courage de venir, et je me vois mal lui demander. Tae Hyun et Ae Cha ont bien d’autres choses à faire que venir s’occuper de leur pauvre amie perdue. Et Hyun Soo… Je tourne la tête vers Ji Hyuk qui visiblement attend une réponse. Gardant un sourire convaincu aux lèvres, je finis par secouer la tête.
« Ca ira ! Je peux me débrouiller toute seule ! Il suffit que je trouve la bonne route, ou le bon bus et… » Je termine dans un murmure. « Ne t’inquiète pas pour moi. »
J’ai déjà été plus convaincante que ça, je le reconnais. Mais je suis bien trop bornée pour demander de l’aide à qui que ce soit, et encore moins à Hyun Soo. Surtout quand ce sont les yeux de Ji Hyuk qui me dévisagent longuement, comme s’il essayait de deviner ce que je ne dis pas. Il sait pourtant que je suis têtue au point de parcourir les rues en long et en large jusqu’à trouver le campus.
« Mais toi, tu devrais rentrer chez toi. Je suis grande ! » affirme-je avec une voix sûre.
Alors qu’au fond de moi, je n’ai simplement pas envie qu’il s’en aille. Etre avec lui, c’est toujours aussi rassurant. Et dans cette nuit où je ne vois rien, il est mon seul repère, la seule marque que je suis capable de reconnaitre. En plus, c’est comme si tout ce que j’avais retenu pendant quatre mois ressurgissait brusquement. J’ai envie de savoir comment il vit depuis que nous avons rompu, s’il est heureux, s’il a un travail… Ou une copine… Est-ce qu’il est retombé amoureux ? Ce genre de chose…
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Sujet: Re: when the past appears Ven 9 Aoû - 18:38
Sa réplique le transperça. Un camion lui aurait roulé dessus que le ressenti aurait été le même. Pas de sang, pas de blessures visibles, mais la douleur était là. « Je suis sûre que tu es toujours le même ». Ca sonne. Encore et encore dans sa tête. Comme un écho qui n’en finira jamais. Son cœur se serre. Non il n’avait pas changé. Il ne changera sûrement jamais. Et cette idée ne lui déplaisait pas. Non, ce n’était pas tant ça qui lui avait fait un choc. Mais cette phrase, aussi petite et insignifiante pouvait-elle être, ramenait avec elle nombreux souvenirs. De bons souvenirs. De beaux sentiments. Des sentiments qu’on lui avait arrachés. Qu’on avait piétiné. Par cette phrase elle lui rappelait à quel point ils se connaissaient, à quel point elle pouvait lire en lui … C’était des choses qui elles non plus ne changeraient jamais. Et malgré ces sentiments contradictoires, il ne pouvait pas se résoudre à lui en vouloir. Elle avait choisi son bonheur par-dessous tout. Il comprenait. Oui … Ji Hyuk est quelqu’un de compréhensif, d’arrangeant. Elle manqua de peu de souffler d’un seul coup le sourire de son ex. « Ex » oui. Ce n’est plus que ce qu’il est. Un pauvre gars avec qui on ne renoue jamais le contact. Un gars qui fait partit du passé …Mais avant de se démoraliser, il lui met ses lunettes sur le nez. Adorable. Son sourire revient alors en force. Et dans la foulée il lui conseille de se faire escorter pour retourner jusqu’à chez elle. C’est ce qu’il y avait de mieux à faire si elle voulait rentrer avant le lendemain matin. Mais elle lui assura que ça irait pour elle, qu’elle rentrerait seule. Toujours aussi bornée. Elle aussi était toujours la même finalement. Il serait impossible de la raisonner … N’est-ce pas ?
« Désolé … Mais ça c’est trop tard à mon avis ».
Ne pas s’inquiéter. Et puis quoi encore ? Il ne connaissait que trop bien son mauvais sens de l’orientation. Ainsi que sa mauvaise vue. Et … S’il la laissait partir comme ça, il ne reverrait sûrement jamais ses chères lunettes. Il les aimait bien. Elles lui donnaient un style. Un petit truc cool. Ok. C’était une excuse bidon, il se l’avouait. Plus sérieusement, quel homme laisserait une fille comme elle repartir seule à une heure pareille ? Personne de sensé. Ji Hyuk était sensé. Le calcul était vite fait. Mais malgré ça elle continua sur sa lancée, et la direction que prenait la discussion l’amusait. Parce dire qu’elle est « grande » en face de lui il n’y avait rien de plus ironique. Ironie qui le fit rire doucement.
« Tu es surtout complètement aveugle. » Se rendait-il seulement compte de l’impact que ça pouvait avoir ? « Je sais que t’es une tête de mule, mais je compte pas te laisser partir toute seule. Merci mais ma conscience se passera bien d’avoir ton viol sur le dos. »
Oui, il exagérait. Complètement. Exagération maximale même. Mais de nos jours n’est-on jamais sûr de rien. Mieux fallait prévenir que guérir, c’est ça qu’on dit non ? Si Eun Mee était têtue, elle savait bien que Ji Hyuk n’était pas mal dans le genre non plus. Et puis il ne l’avait pas suivi pour s’en aller au bout de cinq minutes, après s’être informé de sa situation désespérée … Et désespérante. Il pensait être quelqu’un d’un peu plus réglo que ça.
« T’as déjà mangé ? ... Non, hein ? »
Sans vraiment attendre de consentement de sa part il agrippa son bras et l’emmena avec lui, s’engouffrant dans le flot incessant de passants. Prendre son bras avait été un réflex. Une vieille habitude qu’encore une fois il ne pouvait pas réfréner. Il la tenait donc assez fermement pour être sûr de ne pas la voir partir, mais pas trop pour pas lui couper la circulation ou lui faire mal. Son pas, d’abord pressé, se calma. Il se mit à sa hauteur – façon de parler – et baissa la tête, le regard posé sur ses propres pieds. Il se perdit quelques secondes dans ses pensées. Peut-être que l’emmener comme ça avec lui c’était trop ? … Pourtant ça ne partait pas d’une mauvaise intention. Juste se poser, manger quelque chose en attendant que quelqu’un vienne la chercher … Ou en attendant qu’il se décide à la raccompagner.
« Si personne ne vient te chercher je te ramènerai … Mais je meurs de faim. » Il ria de bon cœur et se frotta la tête avec sa main libre. « Je crois que mon cerveau peut pas très bien fonctionner quand mon estomac crie famine. »
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Sujet: Re: when the past appears Ven 9 Aoû - 20:41
Il rit, m’arrêtant dans ma démonstration de « je suis grande, je peux rentrer toute seule ». De nouveau, je lève les yeux vers lui, contente de pouvoir discerner – au moins un minimum- son visage grâce à ses lunettes. J’ai toujours admiré la façon dont ses pupilles se mettent à briller lorsqu’il rit. Je faisais exprès de raconter tout et n’importe quoi, juste pour avoir la chance d’apercevoir des petites étoiles se mettre à illuminer son regard. Je plaçais mes deux mains sur ses joues pâles, puis je posais mon front sur le sien afin d’être assez proches pour ne pas en louper une seule. Quand est-ce que j’ai décidé que ça n’avait plus de sens ? J’étais bien, et lui aussi… Je crois.
« Tu es surtout complètement aveugle. »
Mon sourire se fade légèrement au mot maudit, mais je tente de ne rien montrer. Ce n’est pas comme s’il avait fait exprès d’utiliser ce terme que tout le monde tente d’éviter en ma présence. Il ne peut pas vraiment savoir. Et puis, je n’ai pas le temps de jouer à la boudeuse car il me fait rire la seconde d’après en me suppliant de ne pas lui laisser mon viol sur la conscience. Je pourrais tout aussi bien répliquer que je suis assez forte pour me défendre, et que la personne qui osera poser ses mains sur moi s’en retrouvera démuni aussitôt. Mais il se moquera en me lançant un de ces regards suspicieux. On se connait que trop bien, c’est un fait. J’ai bien compris qu’il ne cédera pas, qu’il ne me laissera pas partir seule de mon côté pendant qu’il rentre tranquillement chez lui. Même s’il ne devrait pas agir comme ça, après ce que je lui ai fait, je sens quand même une sorte de chaleur envahir ma poitrine. Je suis rassurée.
« T’as déjà mangé ? ... Non, hein ? »
J’ai à peine le temps de murmurer un simple « euh… » qu’il a déjà passé ses longs doigts autour de mon bras, m’entrainant à sa suite. Je baisse les yeux sur la prise qu’il a sur moi, et je sens mes joues rougir. Eh bien, pourquoi je me mets à réagir comme ça maintenant ? C’est un geste qu’il avait l’habitude de faire lorsque nous marchions côte à côte dans la rue, et qui avait toujours le même résultat. Encore aujourd’hui.
« Si personne ne vient te chercher je te ramènerai … Mais je meurs de faim. Je crois que mon cerveau peut pas très bien fonctionner quand mon estomac crie famine » rit-il d’un air joyeux.
C’est contagieux, puisque je ne peux pas retenir le sourire qui monte automatiquement sur mes lèvres. Est-ce que j’ai toujours été comme ça avec lui ? Légère et souriante ? Ce n’est peut-être plus important maintenant… Mais des dizaines d’images ne cessent d’envahir mon esprit à chaque fois qu’il dit ou fait quelque chose.
« Allons manger alors, » lance-je vivement, comme par peur qu’il ne change d’avis et décide qu’il ne veut pas rester en ma présence plus longtemps. « mais vraiment, ne te sens pas obligé de me raccompagner… »
Inconsciemment, je resserre davantage la prise qu’il a sur mon bras en me rapprochant de lui. Il n’a pas l’air plus gêné que ça, comme si à lui aussi, ça lui semblait naturel. Finalement il n’y a pas énormément de différence entre ce soir, et il y a quelque mois. Ce qui me parait assez étrange, pour ma part.
« Où on va comme ça ? » demande-je soudainement.
Je ne sais pas vraiment où je suis, alors pour savoir vers où il a décidé d’aller, c’est un peu difficile. Je ne fais que le suivre « aveuglément ». Je lui fais confiance, je sais bien qu’il ne m’emmènera jamais dans un endroit qui ne me plaira pas. Alors, je me laisse juste guider, sans rien ajouter. Il a l’air sûr de lui, ce qui me réconforte assez. Comment est-ce que j’ai pu passer à côté de ça ? J’écoute le bruit de nos pas qui se mêle à parfois à sa voix, jusqu’à ce qui, à première vue, parait être un petit restaurant chaleureux. Encore une fois, je le laisse me pousser jusqu’à une table de libre, afin que nous nous installions, dans le silence. Ce n'est que lorsque le serveur vient prendre commande que je me décide à le briser, passant une main nerveuse dans mes cheveux.
« Hum… Ca ne te fait pas… Bizarre à toi ? Je veux dire, dans le bon sens du terme hein ! » me rattrape-je en notant l’expression de son visage malgré ma vue baissante.
Tu m’as manqués… Je serre les lèvres pour ne pas laisser échapper cette phrase qui me brûle.
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Sujet: Re: when the past appears Sam 10 Aoû - 23:23
Alors qu’elle venait de lui dire de ne pas se forcer à la raccompagner il la sent se rapprocher de lui. Comme avant. Etait-ce sain de faire de leur retrouvaille quelque chose de ce genre ? Etait-ce bon pour lui de l’emmener manger ? Après tout, elle ne le repoussait pas non plus. C’est sûrement ce point-là qui était le plus bizarre aux yeux de Ji Hyuk. Elle l’avait quitté. Sans préavis. Sans remords. Comme un chien qu’on laisse au bord de la route. Et ce chien avait réclamé son maître pendant longtemps sans avoir aucunes nouvelles – quoique situation normale -. Mais ces interrogations ne l’empêchèrent pas de continuer sa route en souriant de ce rapprochement soudain. Il se disait qu’il avait finalement bien fait de faire son voyeur et de la suivre. Son instinct un peu trop réactif et sa gentillesse avaient eu raison de tout le reste. Mais la voix d’Eun Mee le sortit de ses pensées. Il resta la regarder quelques secondes et lui offrit un sourire qui se voulait rassurant. Ils allaient dans un petit restaurant où Ji Hyuk aimait se rendre, quand il en avait le temps. C’était l’occasion rêvé. Il répondit à la jeune femme un simple « tu verras » tout en continuant leur route. Il avait le cœur léger, autant qu’il pouvait l’être en tout cas. L’échange entre eux n’était pas si difficile et délicat qu’il aurait pu le croire. Est-ce que ça devait le réjouir ? Il ne savait pas, mais le résultat était là : il était heureux. Un Ji Hyuk heureux est un Ji Hyuk souriant. C’est donc toujours avec ce sourire qu’il rentra dans le restaurant avec Eun Mee. Avec ce même sourire qu’il leur trouva une place. Et toujours avec ce sourire qu’il commanda. Mais il faut croire qu’un sourire n’est pas fait pour durer. De même que le bonheur. Un peu plus tôt déjà elle avait fait remonter la douleur de leur rupture, tout aussi blessante que soudaine. Et revenir sur le sujet ne l’enchantait guère. Autant le dire : il ne voulait pas en parler. Il ne voulait pas se rappeler sans cesse de tout ça. Peut-être avait-il peur. Peur que les sentiments de l’époque ne refassent finalement surface ? Il s’en croyait débarrassé, et sûrement l’était-il … Mais n’était-on jamais vraiment à l’abri de ce genre de chose ?
« Mh. Je sais pas. »
Son sourire se fana doucement et son cœur se referma sur lui-même. Le sujet qui fâche comme un dit. Pensait-elle sincèrement que ça passerait si bien de reparler de ça ? Il baissa la tête et joua nerveusement avec le verre vide en face de lui. Le silence qui jusque-là semblait normal était devenu pesant. Etouffant même. Mais Ji Hyuk ne trouvait pas de porte de sortie. Rien. Aucune idée de comment se sortir lui-même de ce ressenti désagréable. Eun Mee allait sûrement s’excuser pour ça. Et il ne voulait pas de ça non plus. On ne règle rien avec des excuses. Il aurait dû penser à tout ça plus tôt. Il aurait dû anticiper sur ce genre de sujet. Il n’y avait aucune chance de passer outre de toute évidence … Un soupire las passa ses lèvres. Alors qu’il avait cru que tout serait si simple … Il releva finalement sa tête, le regard fuyant. Il devait lui dire quoi maintenant ? Evidemment que c’était bizarre. Et ce sentiment avait fait tourner l’ambiance en quelque chose de pesant. Et il détestait ça. Il se détestait d’avoir fait ça. Mais tant qu’à y être, n’était-il pas plus judicieux de continuer et de clore le sujet une bonne fois pour toute ?
« Tu as quelqu’un ? … »
Il avait mis du temps à poser cette question. Il l’avait retourné mainte et mainte fois dans sa tête. « Comment tu vis sans moi ? » « Tu as trouvé quelqu’un de mieux ? » « Tu es heureuse maintenant ? ». Rien ne semblait convenir. Chaque question trahissant la façon dont il voyait les événements passés. Mais comme il se le répétait encore et encore : il ne lui en voulait pas. Il n’avait pas le droit de l’accabler pour ça. Pas encore. Pas maintenant. Pas dans ces circonstances-là. C’était du passé. Que le passé reste où il est, tout le monde n’en serait que plus heureux. Eun Mee en particulier. N’est-ce pas ? Il lui adressa alors un sourire désolé et afficha un énième sourire. Forcé, certes, mais un sourire tout de même.
« Je voulais que tu saches que … »
Le serveur leur apporta leur commande. Il n’avait pas le souvenir d’un service aussi rapide, mais il prenait ça comme un signe du destin. Il ne devait pas lui dire. Il ne devait pas lui dire qu’il n’avait plus de sentiment pour elle. Que le passé était bel et bien … Passé. Il devait garder ça pour lui. Avec un enthousiasme fabriqué il lui souhaita bon appétit et s’attaqua à son repas. A peine eut-il la tête baissée vers son assiette qu’il s’enferma dans un mutisme incontrôlable. Il ne savait plus quoi lui dire maintenant. « Ce … C’est bon ? »
D’un léger mouvement de tête il désigna le plat en face de la jeune femme. Il n’avait rien trouvé de mieux. Rien de plus original. Tout ça le mettait finalement mal à l’aise.
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Sujet: Re: when the past appears Dim 11 Aoû - 23:20
Le ton détaché, pourtant froid qu’il a employé me donne la chair de poule. Je frissonne, comprenant très bien qu’il ne vaut mieux pas insister. Ce n’est pas comme si j’avais forcément envie de gâcher les choses –plus qu’elles ne le sont du moins- en parlant d’un sujet aussi… Tendu. Epineux. Par le fait, le silence retombe lourdement, venant même enserrer mon cœur. Je soupire, cherchant les mots qui restent bloqués dans le fond de ma gorge. Qu’est-ce qu’il attend que je dise exactement ? Que je lui demande pardon ? Je l’ai déjà fait. Des dizaines de fois, avant qu’il ne m’oblige presque à le laisser derrière moi. A sortir de sa vie. Ai-je vraiment besoin de le faire, encore ?
Je me tais. Je suis parfaitement consciente que c’est la seule chose à faire pour ne pas nous empêtrer dans je ne sais quelle situation embarrassante. Les secondes passent, interminables, alors que je garde les yeux fixés sur lui. Je ne distingue que sa silhouette, recroquevillée, la tête basse et la mine dépitée. Il ne veut pas me regarder. Je ne sens pas la marque chaude qu’il me laisse à chaque fois qu’il pose les yeux sur moi. Est-ce qu’il me déteste ? Si c’est le cas, pourquoi est-il là ? Il ne peut pas être assez gentil pour s’occuper de quelqu’un qu’il ne peut pas supporter, peu importe sa situation. Du moins, il ne devrait pas, parce que je sais qu’il en est capable malgré tout.
« Tu as quelqu’un ?»
Je me fige. Je m’attendais à tout venant de lui, à n’importe quelle question, mais certainement pas à celle-là. Pourtant, c’est la plus pertinente. Ne l’ai-je pas quitté parce que je suis censée être amoureuse d’un autre ? Tu parles. Une belle perte de temps qui ne fait que m’enfoncer ce perpétuel couteau en pleine poitrine, comme s’il y avait encore quelque chose à en retirer. Au final, je suis bien avancée. J’ai juste l’impression constante d’avoir la tête en ébullition, et le cœur en perdition. Evidemment qu’il veut savoir si j’ai quelqu’un. Pourtant, à cet instant, ça sonne plus comme « est-ce que tu as trouvé quelqu’un pour me remplacer alors ? » Est-ce que j’ai trouvé quelqu’un pour le remplacer ? Sans pouvoir le retenir, un rictus amer prend place sur mes lèvres.
« Non. »
Ma voix me parait plus sèche que ce que j’avais prévu. Je me mords la lèvre, regrettant la façon dont je lui ai répondu. Il n’y est pour rien, comme d’habitude, la seule personne à blâmer ce n’est que moi. Et lui, ne devrait même pas être face à moi à se forcer dans un sourire hypocrite. Il croit que sous prétexte que je vois mal, je ne le devine pas ? Je le connais que trop bien, Ji Hyuk. Je le connais même, par cœur… Comme lui, je suppose. Je crois bien qu’il est un des seuls à m’avoir percée à jour. Il sait quand je mens, il sent quand je fais semblant, il voit quand je suis en colère alors que je m’efforce de ne rien montrer… Par cœur.
« Arrête de faire cette tête… » souffle-je en esquissant un geste pour poser ma main sur sa joue.
Avant de m’arrêter, et de finalement refermer mes doigts dans le vide. Lentement, je laisse mon bras retomber sur la table tout en tournant la tête. L’habitude, une bonne vieille habitude qui semble se muer en une très mauvaise habitude. J’ai toujours été tactile, pas seulement envers Ji Hyuk bien sûr puisque c’est mon moyen de « voir ». Et jusqu’à maintenant, ça ne l’avait gêné. Au contraire même. Il faut juste que je me fasse à l’idée, que je me rentre dans le crâne que cette fois, rien n’est pareil. Il y’a des choses que je ne peux plus dire, ou faire.
« Je voulais que tu saches que … »
Il ne finit pas sa phrase, étant interrompu par le serveur qui pose les plats devant nous. Et même après son départ, il ne semble pas décidé à terminer ce qu’il s’apprêtait à dire, se penchant sur son assiette. Je l’entends s’exclamer avec un « bon appétit » aussi faux que tout le reste, et honnêtement, ça m’irrite. Je ne fais pas un geste, les battements de mon cœur s’étant brutalement arrêtés. Il ne va vraiment pas parler ? Soufflant, je reprends un faible sourire avant de demander d’une petite voix :
« Que je sache quoi Ji Hyuk ? »
Borné. Il n’ouvre pas la bouche pour autre chose que pour prendre des bouchées de son plat. Je reste interdite face à son attitude. J’entends de nouveau sa voix, uniquement pour me demander si « c’est bon ». J’hausse un sourcil, baissant la tête vers mon plat qui reste intouché. Puis avec un sourire tout aussi crispé que j’imagine le sien, j’acquiesce, lui assurant que c’est délicieux. Alors, on en est réduit à ça ? A manger en silence, pour ne pas avoir à supporter une discussion banale et sans le moindre intérêt. Une simple conversation de politesse, celle que l’on déteste lui et moi, plus que n’importe quoi. Finalement, je renonce, et je pose mes baguettes sur le bois de la table.
« Et toi ? » ose-je enfin, après avoir retourné la question une dizaine de fois dans ma tête. « Tu es avec quelqu’un en ce moment ? »
Après tout... Il est beau. Il est plutôt intelligent et doué. Il a ce petit détail qui fait craquer... A croire que personne ne serait assez bien pour lui.
« Tu n’es pas obligé de répondre ! » lance-je vivement en secouant la main.
Je souris, m’efforçant de me montrer détendue, comme si je n’entendais pas des battements frénétiques contre mes tympans. Le degré de malaise entre nous a augmenté, et je m’en sens coupable. J’ai envie de savoir, oui, je veux savoir s’il a quelqu’un. Mais est-ce que j’en ai le droit ? Je ne serais probablement même pas capable de le féliciter si c’était le cas. J'ai même peur d'être rassurée si ça ne l'est pas. De plus… Il n’a surement pas envie de parler de ça avec moi, tout comme je n’ai pas envie d’évoquer Hyun Soo en sa présence. C’est inutile, de toute façon. Il y a certaines erreurs qui ne sont pas réparables.
Peut-être que je devrais partir ? Lui faire croire que quelqu’un vient me chercher – n’importe qui- et juste, partir. Ca vaudrait mieux pour lui, non ? J’ai plus l’impression de lui faire du mal qu’autre chose. Tant pis, j’aurais qu’à prendre un taxi et faire les yeux doux au chauffeur pour qu’il accepte d’attendre le temps que je fouille dans mes pauvres économies. Je souffle. Qu’est-ce que je fais là ? J’ai juste envie de disparaitre en emportant tout le mal que je lui ai fait avec moi. Mais je reste assise, juste devant lui.
« Pourquoi tu fais ça ? » murmure-je sans même m’en rendre compte, avant d’hausser les épaules avec un petit sourire. « Pourquoi tu n’as pas continué ton chemin, sans m’accorder plus d’un regard ? Je pensais que tu ne voulais plus me voir... »
Je lève les yeux vers lui, comme si ça pouvait changer quelque chose.
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Sujet: Re: when the past appears Lun 12 Aoû - 22:32
Ji Hyuk s’arrêta net. Ses doigts autour de ses baguettes ne bougeaient plus. Pas plus que ses yeux. Non ? Juste … Non ? Il avait voulu lever la tête vers elle, voir qu’elle expression elle arborait à ce moment. Voir si son visage correspondait au ton qu’elle avait employé. Alors quoi, ça l’embêtait de parler de ça ? N’était-ce pas elle-même qui avait lancé le sujet ? Elle savait que ça retomberait comme ça. Elle devait le savoir. Tout ça l’agaçait. Et ne pas savoir ce qui l’agaçait le plus empirait les choses. La curiosité lui brûlait les lèvres. Il voulait savoir. Savoir pourquoi ce « non » était sorti de cette bouche. Elle l’avait quitté pour un autre. L’âme sœur qu’elle avait dit. Où était-elle son âme sœur maintenant ? Qui des deux avait lâché prise ? Elle ? Ou bien lui ? … Il faisait de son mieux pour ne rien laisser paraître, en vain. Comment lui cacher ce qu’il ressentait au fond ? Il n’avait pas besoin de dire quoi que ce soit pour qu’elle comprenne son malaise. Elle n’avait jamais eu besoin de mots de sa part pour comprendre qu’il allait mal. Pas plus qu’elle n’avait besoin de mots pour savoir quand il allait bien, vraiment bien. C’était comme ça. Entre eux il n’y avait pas de secret. Il n’en avait jamais eu … Ou presque. Il leva doucement les yeux en sentant la main d’Eun Mee se rapprocher de son visage. Mais elle se stoppa en cours de route, laissant son bras retomber sur la table. Il se contenta de regarder la scène. Tristement. Voilà à quoi ils en étaient réduits. Il commençait à se dire qu’il n’aurait pas dû la suivre. Il n’aurait jamais dû laissé ses pas le guider vers elle. Mais s’il l’avait fait c’était pour une bonne raison. C’était pour ces mots qu’il voulait qu’elle sache … Il avait trouvé le courage, il avait commencé sa phrase, il y était presque … Mais le serveur arriva. Trop rapidement. Coupant court à sa déclaration qui n’en était pas une. Et Ji Hyuk n’ouvrit plus la bouche. Il allait se ridiculiser sinon. Et il ne voulait pas. Il avait déjà été humilié il y a quelques mois, cette leçon lui avait finalement suffit. Mais elle insistait. D’une petite voix. Adorable. Douce. Il ne craquera pas. Il continuait de manger, parce qu’honnêtement, il mourrait de faim. Ce qui n’était visiblement pas le cas de tout le monde. Au son des baguettes d’Eun Mee sur la table il releva la tête vers elle. Et le retour de question fut brutal. Il resta interdit quelques secondes. Longues secondes. Il pouvait lui mentir. Il en avait la possibilité. Lui dire qu’il avait trouvé une belle fille. Qui l’aimait. Qu’il aimait. Qu’il était heureux maintenant, qu’il avait découvert le vrai amour. Il aurait bien pu lui dire ça, toutes ces conneries sur les vrais sentiments. Purs, sincères, et en profité pour prendre sa revanche. Une idée complètement malsaine. Une idée qui ne lui ressemblait pas. Une idée qu’il n’avait absolument pas envie de mettre en pratique. La seconde option était de lui dire la vérité … Mais dans ce cas-là il passerait pour l’amoureux transit qui n’a pas pu se remettre de leur rupture, ce qui était faux. Dans un léger sourire il rebaissa la tête vers son repas.
« Pas dans l’absolu, non … »
Et le silence, pesant, se réinstalle. Trônant fièrement entre eux deux. Que pouvait-il lui dire de plus ? Il n’y avait rien à ajouter. En tout cas lui n’avait rien à ajouter. Il voulait simplement qu’elle mange. Mais elle n’en avait pas envie visiblement. Elle n’en avait pas terminé avec ses questions. Encore une fois Ji Hyuk releva la tête vers elle. Il la laissa parler. Terminer ce qu’elle avait à dire. Finalement il se remit à sourire. Pour lui la raison était évidente. Sans prendre la peine de répondre il attrapa les baguettes de la jeune fille, attrapa de la nourriture avec et lui mit le tout dans la bouche. Il pouffa un peu en voyant la tête qu’elle faisait et lui rajusta les lunettes. Tu parles d’un rendez-vous. « Mange au lieu de raconter n’importe quoi, huh ? »
Il lui fit un signe de la tête pour qu’elle mange, sans quoi il ne parlerait plus. Déjà qu’il avait eu des jours plus bavards alors s’il devenait muet, elle ne risquait pas de grandement apprécier leurs retrouvailles. Ji Hyuk, lui, inspira un grand coup. Elle le connaissait par sa sincérité. Il ne fallait pas que ça change.
« Les vieilles habitudes. » Il se rendit vite compte que comme ça, de but en blanc, ça n’avait pas trop de sens. « C’est pour ça, à cause des vieilles habitudes. On a partagé trop de choses, on se connait trop bien … Je ne peux pas juste te voir dans la rue et te laisser partir. Ça ne peut pas fonctionner comme ça. »
Elle devait sûrement comprendre ça. Si non, elle ne l’aurait pas docilement suivit jusqu’ici. Elle ne serait pas agrippée à son bras comme elle l’avait fait. Il y a trop de choses qui trahissent leur relation passée. Et même avec tous les efforts du monde, le passé on ne s’en débarrasse pas si facilement. Les yeux de Ji Hyuk qui étaient jusque-là posé sur le visage délicat de la jeune femme descendirent jusqu’à sa main qui avait plus tôt voulu toucher son visage.
« Je ne voulais juste plus me souvenir, et te voir c’était se souvenir. Mais maintenant ça va. J’ai tourné la page tu sais … »
Lui qui en était tellement sûr en début de soirée, hier encore, il y a un mois. Il en était persuadé et pourtant ça sonnait tellement faux. Pourquoi ? Son cœur ne rebondissait pourtant plus de la même façon quand il la voyait, l’entendait. Il n’avait plus aucun mal de rester séparer de ses lèvres le temps d’une heure. Peut-être parce qu’il avait réapprit à vivre comme ça ? Pourtant il s’y était fait. Il s’en sortait bien. Pas de replonge imminente et pourtant oui … Pourtant ça sonnait aussi faux que quand il lui avait dit que ce n’était pas grave, lors de leur rupture.
« J’ai passé trop de temps à me soucier de toi, c’est ancré en moi je crois. »
Il rigola. Sincèrement. Parce qu’il se trouvait ridicule. Il trouvait ses mots pathétiques. Ils n’avaient aucun sens. Rien. Comme un drama mal joué. Mais il croit se souvenir que dans les dramas les filles trouvent ça adorable. Elles craquent. La réalité ce n’est pas vraiment le même topo. Il senti alors ses joues se rosirent. Rien de bien étonnant à ça. Il conclut par un « oublie ça si tu veux » et préféra continuer son repas pour ne plus dire d’énormités pareilles. Il avait honte. Tellement honte. Il se repassait ses pauvres phrases en boucle dans sa tête. « J’ai tourné la page tu sais » « ça ne peut pas fonctionner comme ça ».Et il se demanda : est-ce que rassurait Eun Mee de savoir ça ? Est-ce que ça lui enlevait un fardeau de savoir que ce n’était qu’un réflexe. Elle croirait peut-être que sa gentillesse n’est pas véritable. Oh lala … Ca commençait à lui prendre la tête. Sérieusement.
« Mais ne crois pas que ce n’est pas sincère ! Tout ça … Enfin … Tu sais … Hein ? Tu me connais après tout … »
Il priait pour qu’elle comprenne vraiment. L’amour c’était vraiment un piège à con. Ji hyuk était le con prit au piège.
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Sujet: Re: when the past appears Mar 13 Aoû - 12:00
Il n’a donc personne en ce moment. Comment suis-je censé réagir ? Je devrais probablement compatir, ou lui souhaité de trouver quelqu’un de bien, qui le rendra heureux et qui réussira là où moi j’ai lamentablement échoué. C’est ce que je devrais faire, parce que nous deux, nous ne sommes plus… Un couple. Nous faisons partie du passé, j’en suis bien consciente. Alors pourquoi me sens-je plus rassurée que gênée ? C’est à peine si je dois retenir un sourire ravi. « Dans l’absolu ». Ca ne veut pourtant rien dire. Est-ce qu’il a quand même des sentiments pour quelqu’un ? Est-ce qu’il m’a vraiment remplacé ? Je secoue la tête. Je n’ai pas le droit de penser à ça. Pourtant, quand je le sens s’emparer de mes baguettes pour porter la nourriture à ma bouche, je me dis que rien n’a changé. Idiote. Bien sûr que tout a changé. Alors pourquoi je me mets à rougir quand ses pouces frôlent mes joues afin de remettre les lunettes en place, hein ? Si quiconque nous regarde de loin, nous ressemblons sûrement au joli couple que nous étions il y a quelque mois, au milieu d’un rendez-vous amoureux. Et étrangement, ça me fait mal au cœur de penser que tout n’est qu’une mascarade.
Il a raison, je raconte n’importe quoi. Je pense n’importe quoi aussi. J’ai vraiment très envie de m’assommer contre le bois de la table, juste pour avoir une excuse suffisante pour m’échapper d’ici. J’ai bien trop peur de voir à quel point ça a changé entre nous, de me rendre compte qu’il m’a plus manqué que ce que je croyais.
Les habitudes. Tout n’est qu’une question d’habitude avec Ji Hyuk. Nous avons été tellement proches, tellement complices, qu’aujourd’hui alors qu’il est devant moi, c’est difficile de s’en débarrasser. Je suis même la première à utiliser l’excuse de « l’habitude ». Juste parce que je ne résiste pas à l’envie de le toucher. Mais ça, ça n’explique pas pourquoi il est venu vers moi, lui qui m’avait fait comprendre, sans le dire, que plus je me tenais loin, mieux ce serait…
« Je ne voulais juste plus me souvenir, et te voir c’était se souvenir. Mais maintenant ça va. J’ai tourné la page tu sais … »
Il est bien passé à autre chose alors. Ma main se referme brusquement sur ma cuisse, trahissant le sentiment piquant qui s’est emparé de moi à l’instant même où il a prononcé ces mots. Qu’est-ce qui ne va pas avec moi ? Je devrais être soulagée de l’apprendre, non ? Je devrais l’encourager, comme une amie le ferait. Comme je l’ai fait à notre rupture, en lui souhaitant le meilleur. Sincèrement. Je devrais le dire que moi aussi, je vais bien. Après tout, si nous ne sommes plus ensemble aujourd’hui c’est quand même de ma faute. Mais mes lèvres refusent de bouger. Elles restent pincées alors que je baisse le regard vers la table. De toute façon, ça sonnerait probablement bien trop faux. Les mots resteraient bloqués dans ma gorge, s’obstinément à demeurer muets. Qu’est-ce qui a changé ?
Peut-être qu’à lui aussi, tout ça lui semble faux… Sans réussir à trouver quoi exactement.
« J’ai passé trop de temps à me soucier de toi, c’est ancré en moi je crois. »
Je fronce les sourcils alors qu’il se met à rire. Evidemment, il n’a pas échappé à la règle. Se soucier de sa petite amie, ça n’a rien d’anormal. Ce qui l’est plus, c’est de continuer de s’en soucier après qu’elle vous a brisé le cœur. Il ne devrait pas dire ça. De nouveau, je sens mes joues se rosirent. C’est énervant. Presque autant que c’est frustrant.
« - Oublie ça si tu veux - Tu voudrais que ce ne le soit plus, c’est ça ? » murmure-je bien plus doucement que ce que j’avais espéré. Je souris. « Ne plus avoir à te soucier de moi. »
Ce n’est qu’une habitude, une vieille routine dont on a du mal à se débarrasser, malgré toute la bonne volonté du monde.
« Mais ne crois pas que ce n’est pas sincère ! Tout ça … Enfin … Tu sais … Hein ? Tu me connais après tout … »
C’est vrai... Je le connais. Je sais qu’il ne ferait pas semblant, qu’il ne se forcerait pas. Il aurait très bien pu faire demi-tour, faire comme s’il ne m’avait pas vu dans cette rue. Ca n’aurait rien changé pour moi, de toute façon. Je serais surement égarée dans une ruelle sombre, mais lui, il ne serait pas en train de se torturer l’esprit en face de moi. Je n’aurais surement pas l’impression d’être rentrée dans une spirale infernale. Je relève la tête, sans tourner les yeux vers lui pour autant. Qu’est-ce que ça changerait ? Je ne le verrais pas de toute façon. Comme j’aurais aimé ne pas avoir ce stupide handicap. J’aurais été capable de rentrer seule chez moi, sans avoir besoin de son aide.
« Tout… Va bien alors. » dis-je simplement en reprenant mes baguettes.
S’il lit vraiment en moi comme dans un livre ouvert, mon petit mensonge ne sera pas passé inaperçu. Tout va bien. Et le petit rictus convaincu qui l’accompagne.
J’ai cette désagréable impression de déjà-vu. Je me sens presque aussi mal que lors de notre rupture. J’ai envie de fuir, loin très loin, tout en me réfugiant dans l’étreinte rassurante qu’offrent ses bras. Je me sentais tellement bien quand il me serrait contre lui. Je me disais que rien ne pouvait plus m’atteindre, que j’étais en sécurité tant que je ne quittais pas sa chaleur. J’enfouissais ma tête contre son torse, et je pouvais y rester des heures, juste comme ça, à l’écouter rire. Je ne pensais plus à rien, tous mes problèmes avaient disparus. Envolés, comme par magie. Puisque j’avais l’impression d’être à ma place, rien d’autre n’avait d’importance. Alors pourquoi. Pourquoi il a fallu que cette histoire prennent plus d’ampleur, plus de force, à tel point que je me suis retrouvée obligée de lui en parler. De lui dire que depuis toujours, il y avait quelqu’un d’autre dans mon cœur. Mais j’aimais, j’aimais vraiment Ji Hyuk. Assez pour qu’aujourd’hui, le temps passé que j’emploie me donne envie de pleurer.
« Je suis contente… S’il n’y a pas de problèmes entre nous… »
Ca au moins, je le pense. Même si concrètement, j’ai un doute sur le fait qu’il n’y ait aucun problème… Du moins, de mon côté.
« C’est bien non ?... On peut… Repartir sur de nouvelles bases… »
Je sais ce que je veux. Toujours. Les hésitations, je ne les connais pas. Alors, pourquoi, là, je n’arrive pas à définir ce que je souhaite vraiment.
« Invité »Invité
Sujet: Re: when the past appears Mar 13 Aoû - 20:28
Il se forçait tant bien que mal de garder son sourire malgré la tournure que prenaient les événements. Il savait que s’il abandonnait ce semblant de bonne humeur il serait fichu. Fichu car il se laisserait emporter au jeu que son cœur voulait lui faire jouer. Mais lui ne voulait plus jouer. Ils avaient assez joué tous les deux, l’heure n’était plus à ça. Il ne voulait pas laisser paraître le sérieux qui lui infligeait cette conversation. Eun Mee était déjà tombée dedans, il fallait qu’au moins un des deux reste plus léger. Voilà le rôle qu’il s’était assigné. Un rôle qui était dur à tenir. Vraiment dur. La jeune fille n’aidait en rien. Elle pouvait bien murmurer tout ce qu’elle voulait, chacun de ses mots atteignaient sans grandes difficultés les oreilles de Ji Hyuk. Il ria à nouveau. Un rire plus amer cette fois. L’espace d’un court instant il se demanda même si elle se moquait ouvertement de lui.
« C’est facile hein ? … Je crois que tu oublies juste un truc : j’ai été forcé de ne plus me soucier de toi. Chassez le naturel et il revient au galop, c’est ce qu’on dit non ? »
Il se gifla mentalement. Un pauvre abruti, voilà ce qu’il était. Il n’avait pas voulu que des mots aussi secs que tranchants sortent de sa bouche. Il n’avait pas voulu le dire avec une intonation aussi mauvaise. Certes ses mots n’avaient rien de faux. Il le pensait. Il pensait vraiment qu’on l’avait forcé à lâcher prise, qu’ELLE l’avait obligé. Même si ses mots étaient justifiés il n’avait pas besoin de les lui dire de la sorte. Parce qu’il savait qu’elle s’en voulait assez de lui avoir fait ça. Elle s’était excusée. Pas une fois, non, des dizaines. Et vraiment il lui avait pardonné. Depuis longtemps il ne lui en voulait plus. Son comportement devenait incompréhensible. Il se perdait lui-même dans les dédales de son cœur. S’exaspérant lui-même, tout seul, il souffla un « désolé » plus sincère que jamais. Pas sûr qu’elle l’ai entendu … Quelques minutes plus tard il l’entendit enchaîner sur un « tout va bien ». A qui voulait-elle faire avaler ce mensonge si gros ? Pas à lui, pitié. Il n’avait même pas eu besoin de relever les yeux vers elle pour deviner la supercherie. Mais il ne dit rien, la laissant continuer jusqu’au bout. Il ne pouvait décemment pas la rendre coupable de quoique ce soit après ce qu’il venait lui-même de lui dire. Il posa alors sa main près de celle de la jeune femme, celle non occupée par les baguettes. Il hésita, énormément, quant à poser sa main sur la sienne. Mais finalement non. Il tapotait nerveusement avec son index sur la table, ne manquant pas d’effleurer timidement la douce main d’Eun Mee au passage. Alors qu’elle terminait sa phrase sur son idée de recommencer sur de nouvelles bases, Ji Hyuk hochait positivement la tête. Un peu inconsciemment sûrement parce qu’il savait bien que ça ne serait pas possible. Elle lui demandait d’oublier tout ce qu’ils avaient vécu ? Impossible, vraiment. Surtout que s’ils faisaient comme ça alors le risque de tomber amoureux encore une fois et de se faire jeter encore une fois était énorme. Un risque oui. Parce qu’Eun Mee recherchait son âme sœur désespérément. Parce que Ji Hyuk n’était pas cette personne. C’était voué à l’échec. Et il ne fallait pas repartir de cette façon. Il était catégorique. Son cœur l’était. Mais sa tête ne faisait que comme bon lui semblait, adhérant à sa proposition.
« Je ne t’en veux pas Eun Mee … Je comprends. »
Il s’accouda à la table pour mieux se surélever et remonter les lunettes sur le crâne de la jeune fille. Une manière de cacher sa gêne. Gêne qu’elle sentirait dans sa voix de toute façon, mais au moins la rougeur de ses joues restera un secret. Il éclaircit rapidement sa voix avant de reprendre d’une façon pas du tout assurée.
« C’est bizarre de dire ça mais … Tu as bien fait de me quitter. Je préfère que ça soit comme ça si tu penses être plus heureuse ailleurs, dans les bras de quelqu’un d’autre. » Un rire nerveux passa ses lèvres et il gratta tout aussi nerveusement son cou. « Je crois que ma fierté viens de partir en courant, haha. »
Elle était même partie bien loin. Pour que Ji Hyuk ose dire haut et fort qu’il accepte qu’un autre homme prenne sa place il fallait vraiment qu’il y mette du sien. Tout ce qu’il voulait c’était qu’Eun Mee soit heureuse. Une fille comme elle le méritait. On ne pouvait pas lui souhaiter tout le malheur du monde. Il suffisait de se retrouver devant son visage attendrissant. Devant ses mimiques adorables. Il suffisait que son visage se retrouver entouré par ses mains pour tomber sous le charme. Peut-être était-ce aussi pour cela qu’il n’avait pas insisté lorsqu’elle avait renoncé à ce contact plus tôt. Il n’était pas si masochiste que ça le Ji Hyuk. Mais tout de même … Il avait cette question qui lui trottait dans la tête. Qui allait le poursuivre tant qu’il n’aurait pas eu de réponse.
« Pourquoi il t’as laissé ? »
L’autre. Celui qui avait pris sa place. Mais elle devait bien se douter de qui il venait de parler. Peut-être était-ce trop … indiscret ? Peu lui importait. Il n’était plus à ça près. Il venait de lui dire ce qu’il avait vraiment sur le cœur. Tout, ou presque. Il garda bien de lui avouer qu’il lui restait au fond une petite étincelle qui ne demandait qu’à se renflammer.
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Sujet: Re: when the past appears Mer 14 Aoû - 11:27
Sa réponse me glace le sang. Je ne crois pas l’avoir déjà entendu parler de ce ton froid et amer, à qui que ce soit. J’ose à peine bouger, de peur de l’avoir énerver. Je ne comprends pas moi-même. D’habitude, je n’ai pas la langue dans ma poche, si j’ai quelque chose à dire, il me faut moins de temps que ça pour le sortir. Seulement là, devant Ji Hyuk, je me sens réellement minuscule. Insignifiante. Il suffit que je sente son regard sur moi, et me voilà complètement indécise. En fait, je suis juste faible. Et le sursaut qui prend mon cœur quand je sens les doigts de Ji Hyuk frôler les miens sur la table, ne fait que confirmer ce fait. Faible. Durant de longues secondes, je reste seulement focalisée sur ce détail. A chaque fois que son doigt caresse intentionnellement le mien, je manque tout juste de ne pas m’en saisir. Son impressionnante main qui emprisonnait la mienne avec douceur, il y a encore quelques mois.
Je peine à lui demander si repartir sur de bonnes bases serait une bonne idée, une sorte de seconde chance, n’ayant l’esprit qu’occupé par l’attouchement timide de nos doigts. Je perçois à peine le mouvement de son hochement de tête, restant obstinément focalisée sur nos mains.
« Je ne t’en veux pas Eun Mee … Je comprends. »
Il ne m’en veut pas. C’est mot pour mot ce qu’il m’a dit ce jour-là. Pourtant, si je me souviens bien l’expression de son visage me laissait bien penser le contraire. Aujourd’hui, à sa voix, je devine combien il est gêné. Il peut essayer de le cacher en s’amusant avec les lunettes posées sur le bout de mon nez, je le sens quand même. Je donnerai tout pour pouvoir avoir une idée de ce qui se lit sur ses traits à cet instant. Est-ce qu’il porte un masque pour montrer que tout va bien ? Ou est-ce qu’il se laisse aller en sachant que je ne le vois pas ? Et dieu, que j’ai envie de le voir. Mais l’avantage de devenir aveugle… On fait plus attention aux petits détails. Comme la façon dont il se racle la gorge, par exemple.
« C’est bizarre de dire ça mais … Tu as bien fait de me quitter. Je préfère que ça soit comme ça si tu penses être plus heureuse ailleurs, dans les bras de quelqu’un d’autre. - J’étais vraiment heureuse avec toi.»
Ça m’a échappé. Je l’ai juste balancé du bout des lèvres sans réellement m’en rendre compte, et maintenant, je me les mords. Ce n’est pas comme si j’avais le droit de dire des choses dans ce genre, si ? Mais c’est monté si spontanément. Je ne veux pas qu’il pense le contraire. J’étais tellement bien avec lui. Plus qu’il ne le pensera jamais. Je pensais juste que l’honnêteté valait mieux, pour nous deux.
« Je crois que ma fierté viens de partir en courant, haha. »
Je souris. La mienne doit être sur le point de faire la même chose. L’atmosphère entre nous est un peu moins lourde qu’au départ, pourtant, j’ai toujours cet instinct qui me cri de prendre la fuite tant qu’il est encore temps. Comme si quelque chose allait réellement changer, sans que je parvienne à mettre le doigt dessus.
« Pourquoi il t’a laissé ? »
Prise au dépourvue, j’écarquille les yeux. Il doit parler de Hyun Soo, je m’en doute. Pourtant, c’est bien le dernier sujet que je tiens à évoquer avec lui. Surtout pas avec lui, quand on sait tous les deux que c’est à cause de mes sentiments que tout ça est arrivé. De plus, c'est un sujet difficile à aborder, puisque moi-même je ne parviens pas à mettre les termes exactes dessus. Ce n'est pas faute d'avoir essayé. Ca revient juste au même point, à chaque fois. Des sentiments contradictoires, qui se battent les uns contre les autres. Mais quelque part, je me dis que je lui dois bien ça. S’il veut savoir, il n’y a aucune raison de lui refuser…
« Il ne m’a pas laissé… » soupire-je. « C’est un peu plus compliqué que ça. Disons que c’est une de ces histoires pour laquelle on s’accroche, alors qu’on sait parfaitement qu’il n’y a aucune chance pour qu’elle débute vraiment. »
Voilà. Hyun Soo ne m’aime pas, du moins comme je pense l’aimer. Il ne me voit que comme cette amie qu’il a toujours eue à ses côtés, la petite sœur amusante et fragile qu’il se doit de protéger, pas une amante potentielle. Si j’en suis amoureuse ? A quoi cela pourrait bien servir de le dire. Ce ne serait que mettre des mots sur des sentiments que j’essaie tant bien que mal de rejeter. Quand bien même il l’apprendrait, nous savons parfaitement qu’il n’y a aucune chance. Pas vrai ? C’est un twao, un twao qui finira par trouver l’âme sœur à laquelle il est rattaché. Tout en sachant ça, pourquoi est-ce que je ne suis pas restée avec Ji Hyuk ? Peut-être que je voulais être sûre de ce que je ressentais. Ou peut-être que j’espérais m’apercevoir que j’avais tort. Au fond, en lui avouant ça, je ne m’attendais probablement pas à une rupture… Je voulais juste… Etre honnête, lui dire qu'il y avait quelqu'un d'autre qui avait de l'importance pour moi. Et qui en aurait toujours, peu importe la nature de notre relation. Idiote, idiote.
« On est juste amis. Et c’est sûrement mieux comme ça. » conclus-je avec un sourire résigné.
Je ne sais pas comment il réagit. Je n’arrive pas à me faire une idée de l’impact qu’ont mes mots sur lui, puisqu’il est trop éloigné pour que j’arrive à discerner les lueurs qui illuminent ses yeux. J’inspire profondément, avant de forcer ma main libre à se lever. Je dois le voir, maintenant. Je me penche par-dessus la table afin de me rapprocher un peu. Lentement, avec des hésitations à peine perceptibles, mes doigts atteignent son visage. Je m’arrête une seconde, guettant une possible réaction de rejet, avant de poser ma paume sur sa joue. Elle est chaude. Est-ce qu’il rougit ? C’est assez rare de voir Ji Hyuk rougir. Concentrée, je laisse courir mes doigts le long de son visage, captant des micro-expressions que même les yeux ne parviendraient pas à cerner. Mon cœur loupe un battement. Je baisse la tête, sans détacher ma prise de sa figure.
« Je suis vraiment désolée, tu sais... Si je pouvais refaire les choses, les faire mieux que ça... Je le ferai. »
C’est futile. Mais je crois que c’est ce que j’ai dit de plus sincère ce soir.
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Sujet: Re: when the past appears Dim 18 Aoû - 0:52
Alors qu’il venait de prendre sur lui pour lui dire ça. Pour lui annoncer qu’il l’avait laissé partir pour son bonheur à elle. Que c’était mieux si elle trouvait un bonheur plus grand ailleurs. Alors qu’il avait dit ça elle osait sincèrement lui dire une chose pareille ? Il fit de son mieux pour ne pas réagir à cette nouvelle, il l’avait bien vu, qui était sortie avant qu’Eun Mee ne puisse faire quoique ce soit. Ca lui avait réellement échappé. Tout de même, son manque de réaction cachait bien une réflexion importante. Pourquoi s’était-elle sentie obligé de le quitter alors qu’elle était heureuse ? Il aurait pu y mettre du sien, encore plus. Il aurait pu faire d’elle la femme la plus heureuse du monde, de la galaxie. Il aurait simplement fallu qu’elle lui dise. Il aurait fait des efforts. Il l’aurait encore plus choyée. Il aurait été un homme irréprochable. L’homme que tout le monde rêverait d’avoir chez soi. Il aurait vraiment pu le faire … Est-ce que tout ça avait vraiment un sens ? Au point où ils en étaient, Ji Hyuk se risqua tout de même à poser la question. La suite logique de leur discussion. Il voulait savoir ce qu’il s’était passé entre elle et l’homme qui avait pris sa place. C’était une question qu’il jugeait essentielle mais surtout légitime. C’était aussi une question qui surprit Eun Mee. Il ne cacha pas son sourire en voyant les yeux de la jeune fille s’agrandir. Et finalement les rôles s’échangèrent. Alors qu’elle donnait sa réponse, Ji Hyuk tombait des nues. Leur relation avait été réduite en cendre pour une histoire qui n’en était pas une ? Il s’était fait voler sa place par un homme qui n’avait aucun sentiment pour la jeune fille ? Sérieusement ? « On est juste amis » ? Wah. Ca c’était fort. Peut-être un peu trop. Alors que ça ne devrait plus être le cas, son cœur se serre à la nouvelle. Il se sent soudainement abattu. Abattu et pourtant au fond de lui ça bouillait. Il ne savait pas bien s’il voulait tout mettre sur le dos d’Eun Mee ou bien s’il voulait aller trouver ce gars pour lui faire bien comprendre qu’on ne faisait pas de mal à quelqu’un d’aussi adorable et aimante que la jeune fille.
« Mieux comme ça ? … Alors c’est tout ? Tu viens de me dire que le sacrifice de notre couple n’a amené rien d’autre qu’une … »
A rien de plus qu’une pauvre amitié. Sa phrase il la termina bel et bien dans sa tête. Ses lèvres avaient arrêté de bouger lorsqu’il vit son ex se pencher vers lui. Son regard se perdit dans le sien alors que la main douce de la plus jeune se posa délicatement, timidement sur sa joue. Un geste qu’il pensait perdu. Elle l’avait tenté plus tôt mais ne l’avait pas fait. Il ne pensait certainement pas qu’elle réessayerait une nouvelle fois. Bizarrement, il s’avança lui aussi vers la table, lui permettant de parcourir son visage plus facilement. Le contact de ses doigts sur ses joues lui avait manqué. Il ne pouvait pas mentir là-dessus. Il avait tenté de lui cacher sa déception par contre. Sa déception, sa tristesse, sa surprise … Il avait essayé de tout cacher, en vain. Il abandonna l’idée après quelques petites secondes. Alors qu’elle continue de l’analyser grâce à ce contact perdu depuis trop longtemps, lui faisait de même. Il ne la quittait pas des yeux. Il la vit baisser la tête. Il la vit sincèrement désolée. Il ne répondit pas, pas tout de suite. Doucement il monta sa main rassurante à son visage et la posa sur celle d’Eun Mee. Il la guida à travers ses expressions. Il lui fit redécouvrir son sourire. Léger, certes, mais véritable. Ils restèrent comme ça quelques minutes. Quelques longues minutes. Et finalement Ji Hyuk retira leur main de son visage et les reposa sur la table. Il lâcha cette main maintes fois tenue.
« J’ai vraiment fait de mon mieux avec toi … Je suis désolé si je n’ai pas pu te donner autant que tu l’aurais voulu. » Même si au fond il avait bien conscience que ce n’était pas ça le problème. « Si seulement j’avais eu le pouvoir d’accaparer ton cœur tout entier … Je t’aurai rendu la femme la plus heureuse au monde. Je suis désolé que ça se soit fini avant d’avoir pu le faire … »
Il récupéra ses lunettes sur la tête d’Eun Mee, sentant son mal de tête arrivé. Faute à l’heure, ses yeux étaient fatigués. Il les vissa sur son nez et rebaissa la tête vers son repas qu’il termina enfin. A dire vrai, il se demandait surtout pourquoi son cœur battait si fort dans sa poitrine. Il se demandait pourquoi ses joues avaient brusquement viré au rouge lorsque la main de son ex se posa dessus. Pourquoi il avait cette envie de la protéger comme avant. Pourquoi il voulait la faire rire comme au bon vieux temps. Etait-ce réellement normal ? Le passé avait-il réussi à le rattraper au final ? « Sinon … Ca va tes études ? »
Retombons dans le basique. Il n’y avait rien de plus sûr. Rien de plus rassurant dans des moments pareils. Et pourtant, rares étaient ces instants pour Ji Hyuk. Il était du genre à passer outre tout ça. Si quelque chose le perturbait il en faisait abstraction. Mais il semblait impossible de faire abstraction d’Eun Mee. Elle était trop spéciale à ses yeux.
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Sujet: Re: when the past appears Sam 7 Sep - 19:26
« Mieux comme ça ? … Alors c’est tout ? Tu viens de me dire que le sacrifice de notre couple n’a amené rien d’autre qu’une … »
Je ferme les yeux, crispée. Sa voix, ses mots, le ton qu’il emploie me font presque peur. Je sens la colère qu’il s’efforce de maintenir, et au fond de moi, je sais très bien que je ne peux pas lui en vouloir. C’est bien ce qui m’inquiète d’ailleurs. Il pourrait bien se lever, tout envoyer valser et partir sans un mot, je ne lui en tiendrais pas rigueur. C’est presque du dégoût que je sens dans sa voix, et mon malaise ne s’inscrit qu’un peu plus sur ma peau.
Il me laisse parcourir son visage, conscient que sous mes doigts il ne peut plus rien me cacher. Je peux sentir sa tristesse, son léger désespoir qui vient frapper mon cœur de plein fouet. Je regrette, je regrette tellement… Si ça ne tenait qu’à moi, je lui expliquerai. Je lui avouerai qu’avec ma révélation, j’espérai qu’il me comprenne, pas qu’il s’en aille. Je lui dirai les raisons pour lesquelles il vaut mieux que Hyun Soo et moi soyons simplement amis. Que c’est un twao, un de ceux qui sont voué pour quelqu’un d’autre et que mon cœur ne sera que brisé autant que le sien après mon passage. Est-ce qu’il trouverait le moyen de me pardonner s’il savait ? Sûrement pas. Je ne lui demanderais même pas.
C’est quand lui, pose sa main sur la mienne que je manque de céder à mon irrépressible envie de pleurer. Il est si doux, je me demande bien pourquoi… Il devrait hurler, me détester. Pas sourire, aussi léger soit son rictus. Je ne bouge pas, laissant mes doigts découvrir ce qu’il veut me montrer. Est-ce qu’il tente de me montrer que malgré tout, ça va ? Je n’ai pas le temps de l’interroger, que déjà il enlève ma main et glisse la sienne sur ma peau une dernière fois. Avant de me relâcher…
« J’ai vraiment fait de mon mieux avec toi … Je suis désolé si je n’ai pas pu te donner autant que tu l’aurais voulu. Si seulement j’avais eu le pouvoir d’accaparer ton cœur tout entier … Je t’aurai rendu la femme la plus heureuse au monde. Je suis désolé que ça se soit fini avant d’avoir pu le faire … »
Je reste sans voix face à sa déclaration. Il le pense vraiment ? Il ne peut pas réellement penser qu’il ne m’a pas rendu heureuse, ou qu’il ne m’a pas donné ce que j’attendais. Il ne peut pas être aussi naïf. Je fronce les sourcils, sans bouger. Les mots se bousculent dans ma tête, mais peinent à trouver un chemin jusqu’à ma bouche, ouverte sous le choc.
« Ji Hyuk… » finis-je par souffler du bout des lèvres pour attirer son attention. « Ne pense pas que je n’étais pas bien avec toi, ou que… Je ne t’aimais pas... »
C’est difficile. Tellement difficile. Je suis certaine que mes joues sont en feux, et j’aimerai pouvoir me rassurer en me disant qu’il ne les voie pas virer au rouge. Pourtant, c’est impossible à ignorer, ça j’en suis sûre. Même un aveugle pourrait noter leur couleur écrevisse. Mais je ne dois pas me démonter. J’ai le sentiment que si les choses ne sont pas dites ce soir, elles ne le seront jamais.
« Tu sais, mon cœur tu l’as toujours fait battre… » Je soupire. Qu’est-ce que je peux bien dire… « Je voulais pas… Je pensais que… Je… » Comment lui dire ? Je ne veux pas aggraver la situation. Je ne veux pas qu’il me regarde avec ses yeux tristes, je veux les savoir remplis d’étoiles. Il est bien plus beau quand il sourit.
Je baisse la tête, sentant qu’il vient récupérer ses lunettes. Je le laisse faire, me sentant soudainement timide. Sa douceur me fait trembler, si bien que je ne fais pas attention à ma vision devenue d’autant plus floue. Je soupire, ouvrant de nouveau la bouche pour tenter de m’expliquer. Je n’ai pourtant jamais de mal à dire ce que je pense. Ca sort naturellement, n’ayant pas un caractère fait pour me faire taire. Seulement là, je me retrouve dépourvue de tout moyen…
« Sinon … Ca va tes études ? »
Je reste immobile un petit instant, le temps d’assimiler sa question. Rien de plus basique. Est-ce que ça devrait me rassurer ? Ou est-ce que ça veut simplement dire que le sujet est clos, qu’il ne veut pas y revenir, et que quoi que j’en dise, la situation restera toujours la même ? Je me mords la lèvre nerveusement. Non. Je ne veux pas que la situation soit toujours aussi tendue et froide, pas entre nous. Je veux retrouver son rire clair et joyeux, retrouver la chaleur de ses bras.
« Bah… Je viens de commencer, donc c’est difficile de dire si ça va. » rigole-je doucement. Détendre l’atmosphère Eun Mee, détendre… « Mais ça me plait vraiment beaucoup. Et toi ? »
Je l’écoute parler, un sourire en coin perché sur mes lèvres. J’ai toujours aimé écouter les gens dans leur monologue, mais lui, c’est différent. Il pourrait bien parler pendant des heures, sans rien avoir à dire de précis, je serais toujours là pendue à chacun de ses mots. Alors, quand le silence retombe presque brusquement, je me sens un peu perdue. Je ne le vois déjà pas, si c’est pour ne plus l’entendre… Alors je fronce les sourcils, me creusant les méninges pour trouver de quoi faire de nouveau résonner sa voix. Rassurante et chaleureuse.
« Tu veux faire quoi après tes études alors ? »
Tout et n’importe quoi. Même le plus basique, après tout. Tant qu’il parle. Je pose mon menton sur ma paume, essayant de mieux discerner sa silhouette. Il s’agite légèrement quand il parle, ce qui me laisse deviner un de ses sourires étirés jusqu’aux oreilles. Je voudrais tellement m’assurer qu’il est réel. Et non pas, forcé comme ceux qu’il s’efforce de garder depuis le début.
« Tu penses qu’on pourrait… Se revoir ? » lâche-je soudainement, sans même y réfléchir.
Ma phrase flotte dans l'air, alors que je peine à me rendre compte de ce que je viens de prononcer. Bien sûr que je veux le revoir. Il m'a manqué, je ne peux pas le nier. Et l'avoir devant moi, ne me donne pas envie de le laisser repartir encore une fois. Mais comment voit-il les choses lui? Je n'aurai pas dû demander... Je ne suis pas prête à l'entendre me repousser, bien que ce soit amplement mérité... Je souffle doucement, baissant de nouveau la tête.
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Sujet: Re: when the past appears Dim 8 Sep - 20:45
Quoi qu’elle dise, ou quoi qu’elle fasse, il y avait en Ji hyuk ce sentiment qui s’accrochait à son cœur. Un sentiment fort, tellement fort qu’il prenait le dessus sur tout le reste. Quelque chose qu’il n’arrivait pas à définir exactement mais qui faisait fortement penser à un mélange de déception et de tristesse. Un sentiment qui ne cessait d’augmenter au fil des minutes. Ces mots … Il préfèrerait de loin entendre qu’elle n’était plus bien avec lui. Qu’elle ne l’aimait plus. Il aimerait entendre ce genre de choses blessantes plutôt que de se nourrir de faux espoirs comme ceux-là. Qu’avait-elle a gagner à lui dire qu’elle était heureuse ? A lui dire qu’elle l’aimait. Il ne pouvait pas se résoudre à croire qu’Eun Mee prenait un malin plaisir à lui faire ressentir ce genre de sentiment. Il ne pouvait pas croire qu’elle soit aussi sadique, aussi malsaine. Mais pourquoi … Pourquoi s’obstinait-elle à lui dire ça ? Contre son gré Ji Hyuk s’accrochait au moindre petit espoir. Il ne pouvait pas faire autrement. Son cœur était indéniablement rattaché à la jeune fille, de quelque façon que ce soit. Il était lié à elle comme elle à lui. Il y aurait toujours ce petit quelque chose à cause de leur relation passée. Il avait du mal à y voir clair. Elle avait mis fin à leur relation, du jour au lendemain, sans préavis. Elle n’avait pas à se justifier, pas maintenant. S’il avait voulu des explications il aurait couru après il a quelques mois de ça, mais plus maintenant. Pas maintenant qu’il avait tourné la page, ou qu’il croyait l’avoir tourné. Pas maintenant que son cœur c’était remis. Un gars trop sensible ce Ji Hyuk. Bien trop sensible. Il reste sans voix face aux révélations de la jeune fille. Son cœur se serre davantage, sa gorge se noue. Il sent les mots, les questions se coincer. Il devait arrêter son masochisme avant d’en être trop blessé, trop torturé. Alors il écoute, il lui laisse quand même la chance de finir mais il semblerait que même elle ne le veuille pas. Le changement de sujet reste alors la meilleure issue. Il espère que ses paroles ne font pas transparaître sa faiblesse. Il remercie le ciel d’avoir rendu Eun Mee si mal voyante, pouvant lui cacher facilement ses yeux larmoyants. Remuer et ressasser le passé n’est pas toujours une bonne chose … Il avait retenu des « Que veux-tu que je pense ? », « Qu’attendais-tu de moi après m’avoir annoncé qu’un autre faisait réellement battre ton cœur ? », « Arrête avec tes mots en l’air ». Grâce à la tristesse ces mots étaient restés coincés au fond de sa gorge. Et finalement il se laisse entraîner dans l’autre sujet. Il se surprend à sourire en entendant le rire d’Eun Mee en face de lui. La situation lui semble irréelle et pourtant …
« Ensuite ? … J’en ai aucune idée. Je m’y suis pas encore penché. »
Point final. Il se replonge aussitôt dans ses pensées. Il se laisse plonger tristement dans des souvenirs. Il se laisse faiblement submerger par les sourires, les contacts … Tous perdus. Il se pensait plus fort que ça. Il se pensait capable de tout affronter. De l’affronter elle. C’est aussi pour cela qu’il l’avait suivis : parce qu’il se sentait prêt. N’est-on jamais assez prêt pour ce genre de retrouvailles. Mais alors qu’il pensait avoir fait face à la pire des situations, une autre faisait son entrée. Plus dévastatrice que les autres. Se revoir. Il ne fallait pas lui demander ça. Il en mourait d’envie. Evidemment ! Comment … Comment pouvait-elle imaginer le contraire ? Il gardait les yeux baissé, fixé sur la table. S’il la regardait il allait être faible. Bien trop faible. Mais … Mais …
« Tu en as envie ? … Tu me dois un repas après tout. »
Il releva malgré tout la tête te vit la sienne baissée. Réflexe, humain, il passa tendrement sa main sur la joue d’Eun Mee pour redresser sa tête. Il lui sourit, sourire qu’elle distinguera forcément et lâcha son visage rapidement. C’était un luxe qu’il ne pouvait plus se permettre. Il fallait aussi qu’il se mette à l’abri. Un peu d’égoïsme dans ce genre de situation ne faisait pas de mal.
« Rien ne nous empêche de passer du temps ensemble Eun Mee-ah. » Mensonge. « Et puis on sait à quoi s’en tenir … N’est-ce pas ? »
Cet air amusé, joueur qu’il essaye tant bien que mal d’afficher n’est en rien sincère. Il espère simplement que son jeu d’acteur soit assez bon pour la leurrer. Juste cette fois. Il ne veut pas lui avouer qu’il a un espoir que ça recommence. Il ne veut pas lui avouer que ça serait difficile de ne pas avoir les marques d’affections qu’il avait à son égard avant. Surtout : il ne pouvait pas se l’avouer à lui-même. Il se leva alors, ébourriffa les longs cheveux de son ex d’un geste protecteur et s’excusa pour partir aux toilettes. Pour dire vrai : il s’enfuit. A toutes jambes. Il avait besoin de reprendre ses esprits. Il se passa de l’eau sur le visage à plusieurs reprises, tapa du pied, … Il fallait à tout prix qu’il se reprenne. Il fallait qu’il mette une distance entre eux. Sans cette distance il était fichu, fini, … C’était pour son bien. Pour le bien de son cœur. Pour ne pas retomber dans la tristesse de l’échec. Elle le comprendrait, non ? Il la rejoignit rapidement, et fit signe au serveur pour payer.
« Je vais te raccompagner chez toi … Il est tard maintenant, je ne peux vraiment pas te laisser seule dans les rues. Ok ? »
Comme s’il fallait l’accord de la plus jeune. Qu’elle approuve ou non elle n’aurait pas le choix. Wait. N’avait-il pas dit qu’il devait arrêter ces marques de gentillesse ? Aish. Oh Ji Hyuk, quand reprendras-tu tes esprit ? Quand comprendras-tu que cette fille te mènera à ta perte ? Franchement. Mais il ne s’arrêta pas là, bien sûr. Une fois qu’il eut payé il passa sa veste autour des épaules d’Eun Mee. Une excuse pour un geste pareille ? Non. Il n’en avait aucune. Il se souciait d’elle, un point c’est tout.
Spoiler:
Je pensais faire quelque chose de mieux, vraiment désolée. Mon rhume me prend la tête tout ça ;o; Pardon. Pardon mille fois. Je me rattraperai ! C'est vraiment trop brouillon, j'aime pas du tout.
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Sujet: Re: when the past appears Ven 27 Sep - 23:35
Parfois, j’ai presque l’impression que tout ça n’était qu’un cauchemar. Là, alors qu’il est devant moi et qu’il semble réfléchir à ma question, je me dis que peut-être que tout ceci n’a pas vraiment existé. Ça n’a pas pu se passer de cette façon, ça n’a pas pu finir ainsi. Pas entre nous. Pourtant, quand je croise son regard, j’y lis toute la peine et la douleur que notre histoire lui inflige. Je me mords la lèvre, m’attendant au refus catégorique qu’il aurait toutes les raisons de me donner. Pourquoi lui en voudrais-je ? Nous ne sommes pas dans un conte de fée, la princesse ne combat pas forcément la sorcière et ne se marie pas avec son prince. C’est comme ça que ça doit être.
Je sens sa main sur ma joue alors que ses mots font lentement leur chemin jusqu’à moi. Est-ce qu’il se force ? Une sorte de politesse à peine dissimulée ? Je le laisse me relever la tête, me retenant de lui hurler toutes les fois où j’ai voulu l’appeler pour le retrouver. Mon envie silencieuse me reste dans la gorge avec un goût amer. Je crois le voir sourire, brièvement, comme pour me rassurer, avant que sa main ne quitte mon visage. Encore une fois, le froid laissé par son geste me glace. Pourquoi continue-t-il de creuser le fossé qui nous sépare ?
« Rien ne nous empêche de passer du temps ensemble Eun Mee-ah. »
Mon cœur se met soudainement à battre avec force contre mes côtes. Est-ce qu’il le pense ?
« Et puis on sait à quoi s’en tenir … N’est-ce pas ? »
Je reste immobile, assommée. A quoi s’en tenir, hein. Evidemment… Je le sais parfaitement. Il ne l’a qu’assez dit non ? Nous ne pouvons pas être amants, pourquoi ne pas être amis ? Mais lui aussi, il doit bien savoir que ce n’est pas une chose si facile. Pas quand l’un d’entre nous sent encore son cœur s’indigner de la distance qui nous sépare.
« Je suppose… »
Je n’ai pas vraiment besoin de le voir pour savoir qu’il garde sur le visage cette expression aussi fausse qu’énervante. Pourquoi joue-t-il ainsi ? Alors que moi-même, j’ai du mal à retenir les larmes qui menacent de s’écouler d’un instant à l’autre. De la comédie. Je le connais que trop bien pour reconnaitre les instants où il est sincère, de ceux où il mériterait un oscar. Peut-être est-ce pour cette raison qu’il se lève soudainement, sans prévenir. Je sursaute. Il s’en va ? Il s’enfuit ? Pourtant, quand il passe sa main dans mes cheveux, les ébouriffants un peu alors que je me recroqueville sur ma chaise, il m’explique juste qu’il a besoin de passer aux toilettes. Je ne sais même pas si je me sens rassurée, ou non. Il cherche juste une porte de sortie en réalité, c’est ça ?
Je pose mon front sur la table, inspirant longuement pour tenter de calmer les battements douloureux de mon cœur. Les poings serrés sur ma poitrine, je me demande sincèrement comment j’ai pu en arriver là. Je dois être maudite au fond. Maudite par ce sentiment éphémère qu’est l’amour. J’étais certaine de n’aimer qu’une personne, de n’avoir que lui ancré dans ma chair, de ne vivre que pour le voir sourire. Et finalement, finalement j’ai envie de tout envoyé valser pour le regard bienveillant de celui que j’ai anéanti. A cause d’un choix que je regrette amèrement. Comme j’aimerai lui expliquer aujourd’hui. On ne s’est pas compris Ji Hyuk… Je n’ai jamais, jamais voulu ça…
« Je vais te raccompagner chez toi … Il est tard maintenant, je ne peux vraiment pas te laisser seule dans les rues. Ok ? »
Sa voix surgit de nulle part. Je me redresse, me rendant compte qu’il est revenu sans que j’y fasse attention. D’une main tremblante, j’essuie mes joues et tente de sourire. Stupide et naïve. C’est comme ça qu’il doit me voir, maintenant. Je lui ferais croire que tout va bien, que ce qu’il veut je le veux aussi. Je lui dois bien ça après tout. S’il est heureux, alors je m’incline. Je peux le faire! Pour Ji Hyuk, je peux le faire. Je ne suis pas aussi égoïste. Je remballe mes sentiments noués, et je me tais… J’hoche la tête, m’appuyant sur la table pour me lever.
« Mais ça ne va pas te faire trop loin après ? Je veux dire… Ca va aller ? »
A peine ai-je parlé que je le regrette aussitôt. La dernière chose que je souhaite est de le voir changer d’avis. Qu’il m’abandonne dans un coin de rue, me laissant seule dans ce noir qui me terrifie, sans d’autre moyen pour rentrer que d’attendre que le soleil se lève au-delà des buildings. Et puis… J’ai envie de rester encore un peu avec lui. Comme si ces mois passés sans nous voir me revenaient soudainement en pleine poitrine, approfondissement davantage le creux laissé par son manque. Je veux fermer les yeux un instant, et me dire que ça ira. Que demain, il sera toujours là quoiqu’il arrive.
Alors je finis par acquiescer, timidement.
« Merci Ji Hyuk-ah… »
J’écarquille les yeux alors que sa veste entoure mes épaules, m’arrachant un battement bancal. Je retiens de justesse le ‘pourquoi’ qui voulait s’échapper de la barrière de mes lèvres, et me contente de lui sourire, resserrant le tissu sur mon corps. Je le sens me guider patiemment jusqu’à la sortie. Très vite, la lumière tamisée du restaurant – grâce à laquelle je voyais plus ou moins – disparue et laissa sa place aux ténèbres de la nuit. Les quelques éclairages de la rue ne suffirent pas à m’aider pour distinguer les formes et les mouvements qui m’entourent. Aussi, je me ratatine légèrement, rentrant les épaules.
Je n’aime pas ça. Le noir, le sombre. C’est effrayant, c’est triste. Ça ne fait que me rappeler que bientôt, ce sera tout ce que je serais capable de voir autour de moi. Je suis loin d’être à l’aise, et je donnerai tout pour avoir un bras auquel me raccrocher pour avancer dans ce monde froid et noir. Seulement, je me vois mal me rapprocher de Ji Hyuk. Pas après ce qu’il a dit, pas après cette soirée désastreuse où j’ai bien compris qu’il valait mieux que je sorte de sa vie. Alors je n’en montre rien, m’avançant prudemment tout en gardant un sourire sûr aux lèvres.
« Je vais encore réveiller ma colocataire en rentrant. C’est presque inévitable, je me prends chaque coin de meuble quand j’essaie d’être discrète… »
Je ne sais pas pourquoi je raconte ça. Je veux juste tenter de détendre un tant soit peu l’atmosphère, pour ne pas repartir sur un note aussi mauvaise. Ou au moins lui arracher un sourire que je sentirais plus honnête que ceux échanger au cours de la soirée. Je soupire, passant une main nerveuse dans mes cheveux.
« Tu sais… Je n’ai pas changé de numéro, si jamais tu veux… Enfin, tu l’as surement supprimé depuis longtemps, et t’aurais eu raison de la faire, bien sûr… Mais voilà. Si jamais… » Je m’enfonce. Je suis tellement idiote. « Je te dois un repas après tout. »
Pourquoi. Pourquoi est-ce que je m’obstine ? Il veut me voir disparaitre non ? Il est bien mieux sans moi. Mais moi, stupidement, je ne veux plus le voir repartir. Revoir son dos qui s’éloigne, comme dans la dernière image que j’ai de lui. C’est insupportable.