Le jeu du Chat et de la Souris

Oh Yun Ji & Choi Kyu Jung


« Plus noir qu'un nuit sans lune, plus brûlant que l'enfer lui-même...Ça c'est du café. »

Le serveur me lança un regard surpris. Il fallait avouer que voir un homme seul en train de discuter...Seul, ça avait de quoi être surprenant. A moins d'être complètement éméché, mais on admettra que ce n'était pas un expresso qui risquait de me faire frôler le coma éthylique.

Vêtu d'une chemise noire et d'un slim sombre, je poussais un profond soupir, et lançai un regard à ma montre. Il était 21h. Il ne devrait plus tarder à arriver. Du haut de mes vingt-deux ans, et en six ans de profession, mon instinct ne m'avait jamais trompé. A une...Ou deux, ou trois exceptions près. Mais on n'en était pas là.
Oh Yun Ji...Autrement dit, ma cible. Je savais parfaitement qu'il allait venir ici, dans ce café précis, pour venir se commander un petit verre avant de s'installer sur le côté. J'avais travailler mon sujet et mon scénario en vue de ce jour.
Un mois auparavant, un homme m'avait contacté. Répondant du doux nom de...Hm, non, ça c'est secret professionnel. Cet homme, grand manager d'un artiste qui aurait du être en pleine expansion, est venu me trouver dans mon bureau pour me confier une requête. Si son artiste favori n'était pas en montée ascendante, en train de surfer sur la vague de la célébrité, la raison était toute simple : Elle s'appelait Oh Yun Ji. Ce musicien célèbre et adulé ne serait en fait qu'un vil voleur de texte. Ses compositions seraient du vent. Oui, l'avantage du métier de détective, c'est qu'on en tient, des scoops. Mais pourquoi vendre aux médias des informations si précieuses ? Elles étaient une arme pour moi, et j'avais bien l'intention de m'en servir.

Et bien entendu, en premier lieu, il fallait vérifier si tout était vrai. Si j'étais assez abruti pour croire tout ce que me disait mes clients, je ne serais déjà plus de ce monde. Et comme toujours, dans mes investigations, il y a l'étape filature, puis l'étape prise de contact. Et le contact, j'allais l'avoir, ce soir. Suivre quelqu'un de loin ne suffit pas pour le connaître, et j'avais besoin de le connaître. Pour mon client. Pour mon enquête. Pour remplir mon frigo à chaque fin de mois, aussi.

J'inspirai doucement. J'avais toujours cette pointe d'appréhension à chaque fois que j'en arrivais à cette phase là. Je n'étais pas timide, oh ça non, c'était même plutôt l'inverse. L'appréhension, c'était de ne pas savoir sur quel genre de personne précisément j'allais tomber. Il ne fallait pas faire le moindre faux pas.

Aussi, comme un rituel, je me récitais pour moi-même des algorithmes, comme si la concentration et la réflexion était le seul moyen pour moi de me détendre, et de me rappeler que j'avais mon intelligence pour moi.

"Le Langage de Chomsky, défini par le quadruplet G = (§, VN, S,P) est un contexte libre d'une suite fini de données, la règle de G étant la forme de  Ω->Aµ..."

Oui, là, mon esprit se calmait peu à peu. La concentration était ce qu'il y avait de mieux pour le stress. Et ça tombait bien, parce que j'entendais la porte d'entrée s'ouvrir, quelques mètres derrière moi.
Je m'en sortirais.

Aujourd’hui on était le lundi 2 avril et il était environ 21h. Détail inutile ? Non absolument pas. Comme chaque lundi j’aimais me rendre au Starbucks Coffee et toujours aux environs de 21h, pourquoi je ne sais pas vraiment, mais il faut dire que j’aime bien avoir mes petites habitudes, il paraît que ça rend l’esprit stable et non tourmenté. Ouais, il paraît mais bon il suffirait que quelqu’un me suive pour me piéger à n’importe quel moment avec toutes mes manies. Bref dans tout les cas il était 21h et j’avais bien l’intention de me détendre en buvant un bon Café Mocha, avec beaucoup de chantilly dessus, évidemment.

Enfilant mon jean, mon tee-shirt, ma veste, mes converses et surtout un bonnet et des lunettes au cas où on me reconnaisse trop facilement je m’empresse de sortir de chez moi, descendant quatre à quatre les marches des mon immeuble, en manquant de louper une marche, comme d’habitude. J’avais de la chance, ce merveilleux café avait élu domicile non loin de chez moi.

J’entre et comme d’habitude cette atmosphère me rassure et surtout cette odeur me ravie. Le serveur  me donne son plus grand sourire et me dirige à la même table qu’à l’accoutumé. Il n’a même pas besoin de me demander ma commande, il la sait, comme d’habitude.

En attendant ma commande qui allait arriver d’une minute à l’autre, je regardais un peu autour de moi, histoire de revoir les autres habitués ou tout simplement de passer le temps. Entre l’alcoolique qui s’est trompé d’endroit, le couple qui se fait les yeux doux et qui se promet une belle nuit, la bande d’amis qui parle et plus fort qu’ils ne devraient, jusqu’ici tout va bien. Si seulement cet homme n’était pas là. Qui est-il je ne le sais pas vraiment. Le seul truc que je sais c’est que j’ai la fâcheuse tendance à le voir partout. Je ne crois pas être paranoïaque pourtant, mais bon ses cheveux roses sont immanquables. Ce mec, et bien je crois vraiment qu’il me piste, je ne sais pas pourquoi mais il faut que j’éclaircisse cette histoire. Nos regards se croisent et se fixent jusqu’à ce que le serveur me donne mon café tant attendu. Je relève la tête, il ne me regarde plus. Bon Yun Ji arrête,  tu te fais des idées, après tout tu n’as rien fait de mal, personne ne pourrait te suivre c’est ridicule. En plus ça m’étonnerait que ce mec soit dans la police, non parce que j’en vois pas beaucoup des policiers avec les cheveux roses.

Je détourne mon regard et boit tranquillement mon café en tentant de garder mon fou rire sur les blagues salaces de la bande d’amis. J’aimerai bien, un jour pouvoir en faire autant. Avoir des amis, sortir dans un café, puis dans un bar, enfin bon comme toute personne normale. Il faut croire que ma tentative d’ouverture au monde et aux gens n’a pas encore porté ses fruits …

Il me fixe, encore. Peut être qu’il faudrait que j’aille jouer carte sur table ce soir, histoire de savoir si je me fais des idées ou non. Si ça se trouve je lui plais ? Non, non ça m’étonnerait, tout le monde sait que je suis coureur de jupons pas de caleçons. Enfin tout le monde, peut être pas. Bon, je verrai la semaine prochaine, s’il est là et qu’il a encore passé la semaine à me suivre, je l’aborde. Je n’espère pas que c’est un meurtrier au moins.

Pas le temps de penser à la semaine prochaine, que j’entends une chaise se pousser. La sienne. Bon il se dirige vers moi. Moi qui pensais me faire des idées, il faut croire que non. Il faut également croire que « Les habitudes, ces choses tiennent lieu de vérités pour les solitaires »*. Je ne veux pas que l’on connaisse mes vérités, chacun à son petit jardin secret, alors il va falloir que je change mes habitudes ou je ne sois plus solitaire. Bref voyons voir ce qu’il a à me dire …

*citation de Bertrand Bergeron

Au départ, je n'avais pas bougé d'un cil. Immobile, j'avais écouté le son de ses pas, alors qu'il se rendait comme prévu à sa place habituelle. Alors que je tourne la tête pour établir un contact visuel, je constate qu'il me regarde. Ce qui ne m'arrange qu'à moitié. De là, je pouvais facilement passer à l'étape suivante, mais j'espérais qu'il ne commençait pas à avoir trop de doute sur moi.
Il est vrai que je n'avais jamais été très discret en filature, mais en général, on me prenait plus pour un détraqué mental qu'un détective. Aucune raison que Yun Ji fasse exception.

Et en pensant à ça, et à son travail, une idée me traversa l'esprit. Sourire aux lèvres, je me redressais pour m'approcher de sa table, et me stoppait à un mètre de cette dernière, ne voulant pas empiéter dans son espace vitale, dans un premier temps. J'avais cru comprendre, au cours de mes recherches, qu'il était le genre d'homme qu'il fallait prendre avec des pincettes :

« Bonsoir. »

Je me donnais un air légèrement intimidé, pour mieux entrer dans mon rôle :

« Excuse moi si je te dérange...Tu es bien Oh Yun Ji ? J'aime beaucoup...Tes chansons. »

Pour une fois, c'était la vérité : J'avais écouté les créations de ce jeune musicien, et j'étais forcé d'admettre qu'il avait vraiment beaucoup de talent. Il y en avait certaines qui m'avaient marquées, tant elles étaient puissantes dans l'interprétation. Maintenant, si mon client avait dit vrai et que Yun Ji volait ses textes, c'était un peu décevant...Mais j'étais bien là pour le découvrir.
Afin de rendre mon rôle plus crédible, je n'hésitais pas à ajouter :

« Désolé, ça fait un moment que je te vois sans oser t'adresser la parole...J'espère que je ne t'ai pas effrayé. »

Je continuais de sourire timidement, sans le lâcher des yeux, mais sans trop m'avancer non plus pour autant. Le travail était délicat, et il fallait vraiment que je fasse attention. Je pense qu'il avait dû comprendre que j'étais du genre "fan homosexuel secrètement attiré par son idole favorite" l'image était dégoulinante de mièvrerie mais j'avais depuis longtemps abandonné toute fierté durant mes enquêtes. Depuis le jour où j'ai dû me travestir en femme en fait, et ça m'allait pas si mal d'ailleurs.
En tout cas, du moment que Yun Ji y croyait, peut importait le reste. Je le savais hétéro, donc il risquait fortement de m'envoyer paître pour me faire comprendre au fan éperdu d'amour que je suis que je ferais mieux d'arrêter de rêver. Et ça ne m'arrangeait pas, il fallait que je la joue plus fine. Mais pour l'heure, je préférais attendre de voir ses réactions, avant d'en ajouter une couche.

J'attendais en silence, quelques secondes, le temps que Yun Ji décide de mon sort. Et enfin sa voix s'éleva.

« Bonsoir. Oui je suis bien Oh Yun Ji, enchanté. Tu peux t’asseoir, je pensais être tranquille ici comme d’habitude, mais bon il faut bien changer ses habitudes un jour. »

Je ne pus s'empêcher d'arquer un sourcil à ses propos. Rien que ça ? Au moins, ça avait le mérite d'être franc, il ne mâchait pas ses mots. Ça changeait un peu des hypocrite mielleux :

« Merci. »

Sitôt dit sitôt fait, je m'installais en face de lui, l'observant en silence. Mais bien vite Yun Ji m'attaqua, littéralement. Il me testait et ça se sentait, et il avait l'air fort à ce jeu.

« Un moment que tu me vois et que tu n’oses m’adresser la parole tu dis ? J’ai plutôt l’impression que ça fait une éternité que tu me poursuis partout. Tu es sûr que tu es un simple fan ? »

Je me l'étais prise en pleine face, celle-là. Il avait raison en tout point, c'était ça le pire, mais comme rien n'était certain, je pouvais encore changer la donne, et je n'hésitai pas à murmurer :

« Aucun fan n'est simple, tu sais. Nous avons tous une vie, un vécu et un ressenti différent face à la personne qui nous hante par son talent. Je répondrais donc...Par la négative à cette question. »

Je le laissais assimiler mes mots pendant une seconde, avant de recevoir la seconde attaque :

« Laquelle de mes chansons préfères-tu ? »

Eh merde.
J'avais écouté ses chansons, certes, mais pas suffisamment pour connaître les titres. C'était pas le truc qui avait le plus retenu mon attention durant l'enquête, mais si j'avais su, je les aurais apprises ! Ça m'apprendra à ne pas préparer mes plans à l'avance.

« Ma préférée ? Eh bien...»

Je ne me souvenais pas du titre, mais malgré tout, il y en avait bien une qui était restée grave dans ma mémoire. Je ne savais pas vraiment si c'était une ballade ou pas, n'ayant pas le moindre talent musical, mais tentait de rassembler me souvenirs...
...Avant de chanter.
Enfin, chanter était un bien grand mot. Je chantonnais tout bas la mélodie qui avait empli mon esprit la première fois que je l'avais entendu. Je ne me souvenais pas de ce putain de titre, mais le reste était profondément gravée dans ma mémoire, alors je la chantonnais, même les partie instrumentales. Ma voix était faible, je n'avais aucune puissance et je n'étais pas bon chanteur. J'étais plus du genre à danser qu'à chanter, mais je tentais tant bien que mal d'en faire quelque chose de correct.
L'avantage d'une petite voix, c'est qu'on entendait pas trop les fautes. Ça éviterait au moins le suicide collectif des tympans du coin.
Terminant ma chanson, je gardais le silence à la fin, avant de masser doucement ma nuque en passant ma paume dessus, sourire niais plaquer sur les lèvres :

« Pardon...Je n'arrive vraiment pas à me souvenir du titre. Je dois faire un fan bien pitoyable...»

Résultat du test n°1 :
« Aucun fan n'est simple, tu sais. Nous avons tous une vie, un vécu et un ressenti différent face à la personne qui nous hante par son talent. Je répondrais donc...Par la négative à cette question. »

Bonne réponse, enfin si on enlève « hante par son talent », je n’ai pas vraiment envie de hanter qui que ce soit bon à part peut être une jolie femme mais en aucun cas lui. Donc ce n’est pas « un simple fan » mais c’est un fan, on va dire ça.

Résultat du test n°2 :
« Ma préférée ? Eh bien...»

Après quelques instants, il finit par commencer à chantonner. Je dirais même murmurer quelques sons. Ce n’était pas glorieux mais au moins il avait le mérite d’essayer. A la fin de sa « magnifique » prestation il se massa doucement les tempes et ajouta avec en prime un sourire niais :

« Pardon...Je n'arrive vraiment pas à me souvenir du titre. Je dois faire un fan bien pitoyable...»

Mouais. Là c’est définitif il n’est pas très clair. Le sourire niais ça ne marche pas chez moi. Tout fan aurait au moins eu le mérite de sortir un titre, pitoyable ou non. Je dirais donc test n°1 mitigé et test n°2 vive échec. Maintenant la balle était dans mon camp et je compte bien savoir ce qu’il me veut réellement, quitte à rentrer dans son jeu. Enfin pas trop non plus, je n’aimerai pas non plus qu’il me croit trop naïf.

Je laissais planer un long silence en le fixant, sans baisser les yeux et le laissait, je l’espère, en suspense et angoisser un minimum.

« Primero que tu sois un vrai fan ou non, j’aimerai bien de pas te hanter, avec mon talent ou non. Secondo tu es un médiocre chanteur et tu as une mémoire de poisson rouge, enfin rose pour ton cas. Le titre était « Be the light » mais bon au moins tu auras le mérite d’avoir essayer. Pourquoi cette chanson ? »

En constatant tristement que je venais de finir mon café plus vite que prévu, je m’apprêtais à commander un Caramel Machiato histoire bien finir ma soirée mais en voyant les serveurs réunit pour aider l’alcoolique de tout à l’heure de sortir, je me ravisai. Un bon Machiato, en y pensant il ne faut pas que je reste trop longtemps ici, non seulement je re goûte pour la énième fois tout leurs cafés mais surtout je ne dormirai pas cette nuit avec ce trop plein de caféine. Ah et puis si je reste trop longtemps ça signifierait que cet homme (dont je ne connais toujours pas l’identité d’ailleurs) ne me lâcherait pas.

« Quand ils auront finit, tu comptes commander à boire ou rester les bras croisés ? Bon dans tout les cas, dis-moi ce que tu me veux, je t’écoute. »

Je gardais mon sourire un peu niais, pendant quelques secondes. Ces quelques secondes, Yun Ji les mises à profit pour m'observer en silence, comme s'il tentait de lire dans ma tête, et comprendre mes agissements, voir de me mettre mal à l'aise. Peine perdue. J'avais passé 4h enfermé avec un parrain de la mafia japonaise, et la torture psychologique avait été bien plus difficile à supporter que la torture physique, qui m'avait tout de même conduis à l'hôpital pendant trois semaines. Ça m'apprendrait à être trop fouineur.

« Primero que tu sois un vrai fan ou non, j’aimerai bien de pas te hanter, avec mon talent ou non. Secondo tu es un médiocre chanteur et tu as une mémoire de poisson rouge, enfin rose pour ton cas. Le titre était « Be the light » mais bon au moins tu auras le mérite d’avoir essayer. Pourquoi cette chanson ? »

Je ne pus m'empêcher de rire légèrement en entendant ses mots. Il était d'un tel sérieux, c'était un peu surprenant. Ses mots, bien que durs, ne m'atteignirent pas une seconde, simplement parce qu'il avait entièrement raison. Il fallait savoir reconnaître ses faiblesses, et j'étais mauvais chanteur. Au pire, je me rattrapais en danse, mais ce n'était pas important.
Et la mémoire de poisson..."rose", je trouvais ça plus mignon qu'insultant. Même si là encore, quand ça ne concernait pas mes enquêtes, ma mémoire était effectivement déficiente. Mais je le décidais à répondre :

« Si ça peut te rassurer, tu ne me "hantes" pas. Ce n'était qu'un exemple mal choisi. Pourquoi cette chanson ? »

Je gardais le silence pendant une seconde, et répondit honnêtement, en le regardant :

« J'ai été touché en l'écoutant. Celle-là en particulier, plus que les autres. Ne me demande pas pourquoi, je ne me l'expliques pas à moi-même. »

En effet, quand je travaillais, presque rien n'y personne arrivait à me déconcentrer. Et pourtant, ce jour-là, lorsque j'épluchais les dossiers de l'enquête, toute en passant en revue les chansons "volées" d'après mon client, celle-ci m'avait suffisamment marquée pour m'empêcher de faire mon taf correctement, c'était quelque chose.

« Quand ils auront finit, tu comptes commander à boire ou rester les bras croisés ? Bon dans tout les cas, dis-moi ce que tu me veux, je t’écoute. »

Je gardais le silence pendant une seconde, avant de répondre :

« J'ai déjà bu deux cafés avant que tu n'arrives. Il ne faut pas abuser des bonnes choses, sauf dans certains cas en particulier. »

J'ajoutais avec un sourire :

« Tu es vraiment méfiant. Je sais que je n'aurais pas dû te suivre, mais je veux juste te connaître. »

Enfin, la vérité, ce n'était pas que je voulais, mais que je devais apprendre à le connaître. Absolument.

« Si ça peut te rassurer, tu ne me "hantes" pas. Ce n'était qu'un exemple mal choisi. Pourquoi cette chanson ? »

Bon c’est déjà un bon point … en même temps il ne va pas me dire le contraire.

Quelques secondes après, il enchaîne en disant :

« J'ai été touché en l'écoutant. Celle-là en particulier, plus que les autres. Ne me demande pas pourquoi, je ne me l'expliques pas à moi-même. »

Il aurait au moins pu inventer le fait qu’il avait été touché par les paroles ou un truc du genre. Mais bon j’accepte le fait qu’il ne sache pas expliquer ça. C’est vrai que la musique peut provoquer des émotions ou sentiments diverses, sans que personne sache expliquer ça et c’est exactement pour ceci que je fais ce métier : faire vivre quelque chose de différent aux gens.

Quant à ma dernière question il finit par y répondre :

« J'ai déjà bu deux cafés avant que tu n'arrives. Il ne faut pas abuser des bonnes choses, sauf dans certains cas en particulier. »

« Et bien pour une fois, je suis parfaitement d’accord avec toi. Il y a certaines bonnes choses où on se sent même obligés d’en abuser. » ajoutais-je avec un sourire malicieux.

C’est vrai quoi, le café il ne faut pas trop en abuser, mais les femmes tant qu’elles sont là autant les avoir à nos côtés. Enfin bref, je m’égare.

« Tu es vraiment méfiant. Je sais que je n'aurais pas dû te suivre, mais je veux juste te connaître. »

« Qui ne serait pas méfiant avec un type que l’on ne connait pas et qui nous suit partout ? »

Je laissais le temps couler et je réfléchissais à ce que j’allais faire. Juste le temps au serveur de prendre et m’apporter ma nouvelle commande.

« Et comme j’aime bien être méfiant. Contentons-nous de poursuivre une conversation normale autour d’un café. Je verrai bien après si je suis toujours aussi méfiant. »

Sauf que je serai toujours aussi méfiant, mais comme ma curiosité a besoin d’être satisfaite, je vais à son petit jeu. Reste à savoir qui gagnera … après tout je ne suis pas obligé de répondre que des vérités à ses questions.

« Alors je t’écoute, qu’est ce qu’un fan voudrait savoir de plus sur moi ? »

« Ah et comme j’aimerai bien savoir qui tu es, présentes-toi aussi parce que tu me connais déjà un minimum mais moi je n’ai pas la moindre idée de ton identité. »

J’étais curieux de savoir ce qu’il voulait savoir de moi. Après tout si c’est réellement un fan, ça me donnera un aperçu de ce que les fans pensent de moi et ce qu’ils se demandent sur moi. Mais bon bien entendu je devais aussi me méfier, je viens de penser qu’il pouvait tout aussi bien être un journaliste ce qui expliquerait le fait qu’il m’ait déjà suivit. Une interview, chose que je refuse la plupart du temps, après tout si je suis compositeur et non pas Idol ce n’était pas pour rien, je préfère être à l’ombre pour ne pas avoir à supporter toute une folie médiatique et fanatique.

« Tout ce qu'un fan voudrait savoir sur son idole. On ne peut pas toujours se fier à ce qu'on trouve sur internet. Tu as une copine ? »

« Tout ce qu’un fan voudrait savoir sur son idole » c’est très large comme réponse. Je n’avais pas non plus l’intention de lui déballer toute ma vie.

« Que j’ai une copine ou pas ne changera pas le fait que je sois apparemment talentueux aux yeux de mes fans. Alors je pense donc qu’aux yeux d’un simple fan, ma réponse ne te concernera pas. Par contre si un jour me venait l’idée de me marier et de fonder une famille, vous le saurez quand j’aurais décidé de faire une petite pause dans mes activités j’imagine. »

Ouais, enfin ce jour n’est pas encore venu bien évidemment.

Quant à son identité, il me la déclina rapidement, de manière automatique.

« Je m'appelle Tae Hyen, j'ai 22 ans et je suis graphiste-infographiste en free-lance. »

Bien évidemment, je devais toujours autant me méfier, si c’est un journaliste ou quelconque fou, il n’a pas dit sa vraie identité. J’essayerai de le suivre un de ces quatre quand j’aurais rien à faire, histoire de savoir au moins si c’est son vrai prénom.

« Graphiste-infographiste ? C’est cool, moi je n’ai aucun talent pour ce genre de choses. Par contre je ne sais pas si tu gères ce genre de truc, mais il faudra un de ces jours que je renouvelle ma foutue carte de visite. »

« Autre chose ? »

« Et bien je te retournerai tes futurs questions si tu veux bien. Dis-moi tu veux savoir quoi d’autre ? »

« Ah et par rapport à ce que tu as dit toute à l’heure, il est vrai qu’il faut toujours se méfier de ce que les gens disent sur soi-même et de ce que les gens peuvent dire sur nous, après tout je suis peut être l’opposé de ce que tu penses. D’ailleurs tu sais quoi à mon propos ? »

« Comment tu composes tes chansons ? D'où te vient ton inspiration ? »

Hum ça c’est toujours une question typique d’un journaliste en début d’interview … Mais bon rien de grave si je dis la vérité ici.

« Tout dépend des jours. Je m’inspire de toi, de nous, des gens, de moi, de tout ce qui a autour de moi. Tu n’imagines même pas à quel point chaque petite chose peut être merveilleuse ou peu mériter une chanson. Je m’inspire aussi de mon état d’esprit du moment ou bien de l’instrument auquel je touche. Des fois, tout simplement une mélodie se glisse entre mes doigts. Qui sait peut être que notre rencontre et notre conversation finiront en une jolie mélodie, ou pas. »

En parlant d’une rencontre entre deux hommes, ça me fait penser que je n’ai jamais prôné l’homosexualité dans mes chansons. En même temps c’est un sujet tellement tabou, qu’il est difficile d’en parler librement. Sauf dans certains pays qui me semblent déjà plus avancé à ce sujet qu’en Corée du Sud. A l’occasion j’y penserai, après tout je ne suis pas forcé de faire lire mes chansons à tout le monde, il y en a tellement qui sont faites juste pour me rappeler des bons comme des mauvais souvenirs. Et puis chaque être a le droit d’être amoureux, de n’importe qui. Même si dans mon cas évidemment les femmes restent la meilleure solution. Bref je divague.

« Ce qui ressort souvent sur toi, c'est que tu es un playboy et que tu as un goût prononcé pour les belles femmes et les aventures d'un soir. C'est la vérité ? »

Arf, en voilà une belle question. Je ne pensais pas que n’importe qui pouvait le deviner … Que répondre, jouer franc jeu ? Je ne suis pas sûr, c’est mal vu d’être un playboy. Et puis j’essaye de me soigner … un peu.

« Et bien comme la question d’une copine ou non, celle-ci ne te regarde pas. Mais comme tout le monde j’aime les belles femmes. »

Voilà, rester dans le flou, c’est peut être la meilleure des solutions.

« Tu n'as jamais touché à un homme ? C'est courant, dans le milieu, et certains séducteurs jouent avec les filles...Pour cacher cette facette. »

Sa question laissa échapper un rire de ma part. Touché à un homme, moi ? Ahaha. Non pas que j’ai quelque chose contre ces personnes comme je le disais toute à l’heure, mais ahahaha ce jeune homme est drôle ! Enfin … revenons sérieusement, je pense que c’est vraiment un fouineur … Si ça se trouve il a regardé ma « relation » avec Min Woon. Enfin, je veux dire il ne se passera jamais rien entre lui et moi mais, je n’arrive pas à la qualifier, c’est tellement bizarre ce que je ressens quand je suis avec lui. Bref, non il n’a pas pu voir ça.

« Qu’on soit d’accord, je n’ai absolument rien contre les homosexuels, mais non je n’ai jamais touché à un homme et je ne cherche absolument pas à cacher une quelconque facette de moi. »

Enfin celle du séducteur si je pouvais la cacher un peu ça serait bien quand même.

« Et sinon toi, très cher Tae Hyen c’est bien ça ? Des passions autres que le graphisme ? Une copine ? Un copain peut être ? Tu joues de la musique ? Tu m’as découvert comment ? Tu vois moi aussi je sais poser des questions.  »

« Tout dépend des jours. Je m’inspire de toi, de nous, des gens, de moi, de tout ce qui a autour de moi. Tu n’imagines même pas à quel point chaque petite chose peut être merveilleuse ou peu mériter une chanson. Je m’inspire aussi de mon état d’esprit du moment ou bien de l’instrument auquel je touche. Des fois, tout simplement une mélodie se glisse entre mes doigts. Qui sait peut être que notre rencontre et notre conversation finiront en une jolie mélodie, ou pas. »

Je ne m'attendais franchement pas à une telle réponse. Pendant une seconde, je m'étais mis à boire ses paroles comme un vrai fan, parce qu'il était réellement convaincant, dans ses mots. Sa façon de parler et de choisir ses mots était appréciable aussi. Ce n'était pas un compositeur pour rien, réellement. Si Yun Ji n'était pas un de mes suspects, j'aurai pris plaisir à discuter plus longuement de ses chansons avec lui..Mais je manquais suffisamment de temps pour en rajouter.
Je le vois hésiter une seconde quant à ma question sur le côté playboy. Tiens, je m'attendais à ce qu'il l'assume et l'exhibe même fièrement...Et en fait non.

« Et bien comme la question d’une copine ou non, celle-ci ne te regarde pas. Mais comme tout le monde j’aime les belles femmes. »

Comment ça comme tout le monde ? Je proteste, ce n'est pas mon cas. Pourtant, s'il savait les jolies femmes que j'avais dans mon entourage...Une de mes amies était un superbe mannequin. Mais pas question qu'il y touche. Et en attendant, qu'il ne parle pas de "tout le monde", il y avait beaucoup plus de gays sur cette planète que ce que l'on croyait.

« Qu’on soit d’accord, je n’ai absolument rien contre les homosexuels, mais non je n’ai jamais touché à un homme et je ne cherche absolument pas à cacher une quelconque facette de moi. »

Bon, au moins, il était ouvert d'esprit, c'était mieux que rien, et je n'allais pas m'en plaindre. Pour le reste, c'est son droit, ce n'était pas mon job, ni mon truc, de juger.

« Et sinon toi, très cher Tae Hyen c’est bien ça ? Des passions autres que le graphisme ? Une copine ? Un copain peut être ? Tu joues de la musique ? Tu m’as découvert comment ? Tu vois moi aussi je sais poser des questions. »

Je ne retins pas un léger rire. Il voulait vraiment me faire comprendre que je l'emmerdais, où était-il juste très méfiant et voulait en savoir plus ? Je me reculais et posais son dos contre le dossier du fauteuil derrière moi :

« Ça me parait ridicule de répondre à une personne qui n'est pas réellement intéressée par la réponse...Mais soit. »

Répondre à moitié la vérité, ça paraitrait plus crédible j'imagine. Inspirant, je répondais doucement :

« J'ai une copine, mais j'ai tendance à préférer les hommes. »

J'étais célibataire et gay, mais il n'avait pas à le savoir. Après tout, la dernière fois que j'ai enquêté sous le nom de Tae Hyen, Ha Neul s'était fait passer pour ma copine tout du long, autant garder l'idée jusqu'au bout. C'était de sa faute, d'ailleurs, si je commençais à remettre mon homosexualité en question, alors prôner une éventuelle bisexualité devant Yun Ji n'était pas tout à fait un mensonge, en fin de compte.

« Je ne joues pas de musique, mais je suis pas mauvais en danse. »

C'était la vérité, cette fois.

« Comment je t'ai découvert ? C'est un ami qui m'a fait écouter tes compositions. »

Archi-faux, mais ça aurait pu.

« D'autres passions ? J'aime stalker des compositeurs dans leurs cafés préférées pour discuter de longues heures avec eux. »

Si je lui répondais le tir et le taekwondo, il serait capable de retrouver mes clubs, ainsi que mon nom, ma plaque, mon travail. Parce que des types aux cheveux roses dans le club de tir, ou au dojo, y'en avait pas deux. Je préférais être prudent. Et tant qu'à faire, autant le déstabiliser un peu. Aussi, je sortais un petit canif de ma poche, et passais mon index le long de la lame
en suivant le reflet métallique des yeux :

«...J'aime bien aussi traquer les vilains criminels pour le mettre derrière les barreaux, sans qu'il s'y attendent...Personne ne se méfie d'un type aux cheveux roses, après tout. Personne ne penserait qu'un type aussi bizarre serait en fait très intelligent, possédant un diplôme en criminologie renforcée et profilage. C'est vrai, qui se douterait qu'un ex-inspecteur quitte la police pour se teindre les cheveux et se reconvertir en détective aux activités illicites afin de manipuler son monde pour mettre ses suspects un par un en prison ? Peut-être bien que c'est la seule chose que j'attends de toi...Que tu baisses ta garde pour te trainer devant un tribunal. Sauf si tu es innocent...Tu n'as rien à te reprocher, Oh Yun Ji ? »

Je refermais la lame du canif et le posait sur la table, en face de moi, tout en relevant les yeux vers le compositeur. Je venais de lui dire toute la vérité, en faisant en sorte qu'il ne le comprenne pas. Ceci dit, pour me croire, il fallait pas être très net.
Mais ça aussi, c'était une façon de le pousser dans ses derniers retranchements. Il y avait de fortes chances pour qu'il me prenne pour un psychopathe et appelle la police, en fait, ce serait, je crois, la réaction la plus normale qu'on puisse avoir, face à mon petit numéro. Et si ça arrivait, je risquais -encore une fois- ma plaque mon travail et mon arme, et mon abruti de collaborateur qui viendrait me récupérer au commissariat me passerait -encore- un savon.
Ce que je ne souhaitais pas. Mais la prise de risque, c'est ce que je préférais, et c'était la méthode qui avait les résultats les plus efficaces. Même si, pour être honnête, je ne savais pas vraiment ce que je voulais qu'il fasse, en cet instant. Simplement qu'il me prouve qu'il était coupable...Ou innocent. Mais moi-même, je ne savais pas comment. L'idéal serait que j'aille chez lui. Que je sois chez lui, et que je vois ses textes, que je les analyses. ça ne me prendrais qu'une nuit pour relever les empreintes, et là, je saurais ce qu'il en est. S'il n'y avait que les siennes, il serait innocenté.
Mais aller chez lui ? C'était la le souci. Il n'aimait pas les hommes et je n'étais pas une jolie fille susceptible de lui plaire. Je ne pouvais pas non plus envoyer un appât, c'était trop dangereux.
Il me restait le cambriolage.
C'était la pire idée du siècle, mais ce ne serait pas la première fois que j'en arriverais là, après tout...Mais pour l'heure, je voulais voir sa réaction. Analyser son comportement. Et improviser ensuite.
Quitte ou double, donc.

« Ça me parait ridicule de répondre à une personne qui n'est pas réellement intéressée par la réponse...Mais soit. »

« Je suis intéressé par ta réponse, tu te trompes. Je suis curieux, tu ne l’as pas entendu parmi tes sources ? »

Curieux, ça dépend, mais bon.

« Comment je t'ai découvert ? C'est un ami qui m'a fait écouter tes compositions. »

Réponse facile.

« D'autres passions ? J'aime stalker des compositeurs dans leurs cafés préférées pour discuter de longues heures avec eux. »

C’est qu’il a de l’humour quand il veut.

« Je vois ça. Les longues heures ne sont pas encore écoulées d’ailleurs. »

Manquerait plus qu’il me suive chez moi après la fermeture …

Il poursuivit en sortant un petit canif de sa poche. C’est donc un psychopathe, heureusement qu’on est dans un lieu public… enfin bon si ça en est vraiment un lieu public ou pas il ne va pas tarder à me charcuter. Il passa son index sur la lame. Je pense que c’est un peu sur joué, un psychopathe me tuerai sur le champ au lieu de me regarder comme ça. Et croyez moi j’en ai croisé des fous.

« J'aime bien aussi traquer les vilains criminels pour le mettre derrière les barreaux, sans qu'il s'y attendent...Personne ne se méfie d'un type aux cheveux roses, après tout. Personne ne penserait qu'un type aussi bizarre serait en fait très intelligent, possédant un diplôme en criminologie renforcée et profilage. C'est vrai, qui se douterait qu'un ex-inspecteur quitte la police pour se teindre les cheveux et se reconvertir en détective aux activités illicites afin de manipuler son monde pour mettre ses suspects un par un en prison ? Peut-être bien que c'est la seule chose que j'attends de toi...Que tu baisses ta garde pour te trainer devant un tribunal. Sauf si tu es innocent...Tu n'as rien à te reprocher, Oh Yun Ji ? »

Ok. Alors … deux minutes de réflexion sont obligatoires. Vrai ou faux. Il veut me déstabiliser ou pas. Bon déjà faire genre qu’il me déstabilise pas. Non parce que me lever et aller au toilette c’est louche. Hum … réfléchis vite Yun Ji ça serait cool. Bon je vais finir de boire ma boisson et le fixer, ne rien laisser transparaitre. Enfin bon en même temps je ne suis pas paniqué ni déstabilisé non plus. Il me faut juste un temps de réflexion et j’ai été surpris. Donc … En fait je crois ce qu’il vient de me dire, personne ne dirait ça en temps normal, surtout pour faire croire ou pour déstabiliser quelqu’un. Reste à savoir si je joue le jeu ou si j’abandonne, pas que ça à foutre. Mais bon si j’abandonne, lui n’abandonnera pas. Oh et puis merde, j’aime bien les risques.

« Je ne baisse jamais ma garde. Maintenant, cher monsieur détective, je trouve ça mal joué de me prendre pour un con et d’espérer que je ne te crois pas ou d’espérer me déstabiliser. Alors dis-moi tout, puisque je crois que je n’ai rien fait. Qu’est ce qu’on me reproche ? Non parce que pour aller en prison, j’ai dû faire quelque chose de grave ! »

Je finissais ma phrase en faisant l'air choqué, avec en prime les gros yeux, histoire de bien exagérer sur sa connerie de supposition de me foutre en prison, il paraît que j’ai un bon jeu d’acteur quand je veux.

Il soupirait. Rira bien qui rira le dernier. Moi aussi je sais jouer. Il ne me quittait pas des yeux et pianota ses doigts contre la table. Il réfléchissait … et improvisait.

« On baisse tous notre garde. Je ne te prends pas pour un con...Je te taquine juste. »

Ouais, mais en tout cas je baisserai jamais ma garde face à lui, ça c’est clair. Et « juste » me taquiner, je n’en suis pas sûr. Il me teste. Et il capte que je suis si con que prévu.

« Je n'ai pas dis que tu irais en prison, j'ai juste mentionné le tribunal, dans ton cas. J'ai entendu dire au commissariat que Mr. Oh Yun Ji volait ses textes ? Vilain garçon.... Mais tu as de la chance, j'ai tendance à ne pas croire les paroles du premier venu. Maintenant, si tu veux prouver ton innocence, il suffit de me donner les textes, et je te les rendais demain à l'aube, après les analyses.»

Je m’avançais et posa mes coudes sur la table, histoire de bien le regarder dans les yeux.

« Boarf, le tribunal, la prison, pour moi ça finit toujours pareil. Au commissariat ? Dans tout les cas c’est quelqu’un qui t’a balancé ça. Tu devrais me dire qui, ça serait marrant. Mais bon, à part ça non je ne vole pas des textes. Je pense que ça ne sert strictement à rien de voler des textes. Soit tu arrives à en écrire, soit tu admires les autres et tu sais admettre qu’il y a d’autres personnes qui savent écrire des textes. Et ça c’est mon cas, je ne suis pas le meilleur compositeur du monde, non loin de là, je sais admettre qu’il y en a des meilleurs et voler ne sert strictement à rien. Et puis à quoi bon se faire sois disant féliciter pour un travail que l’on n’a pas fait ? Autant ne rien faire du tout. Mais bon mes bonnes paroles ne te prouveront rien. Mais en fait je n’ai rien à te prouver. Je ne te filerai jamais mes textes, comme tu t’en doutes. Je n’ai absolument rien à me reprocher. »

Voleur de textes, même le jour où je serai au plus bas je ne ferai pas une chose pareille.

« Tu n’as pas pensé à l’idée que justement ça serait quelqu’un qui ne m’aime absolument pas qui t’aurait envoyé au combat avec moi ? Non, enfin je dis ça comme ça hein. »

C’est vrai que j’en ai eu des personnes qui ne m’aimaient pas. Mais de là à envoyer un détective, policier ou je ne sais quoi pour venir me faire chier. Si je savais qui c’était, il ne ferait pas long feu …

« Ah et j'oubliais c'est un peu con de la part d'un détective, ex-policier, policier, ce que tu veux d'avoir les cheveux roses. Je suis sûr qu'on a pleins de connaissances en commun qui se feront une joie de me dire ce que tu leurs a balancé ! »

« Je veux bien te croire. Mais même si tu es sincère, comme tu l'as dit, des paroles ne suffisent pas pour convaincre. »

Évidemment. Quant à ma supposition sur la raison de cette enquête par mon ennemi, il soupira avant de me chuchoter :

« Tu ne m'écoutes pas, hein ? Je sais très bien tout ça. Je t'ai dis que j'étais pas assez stupide pour croire le premier venu qui me raconte ses imbécilités. Mais je ne peux pas partir du fait que la personne est totalement en tort non plus. C'est du 50/50. »

« D’accord. »

Coupons court à ça. J’espère bien qu’il ne me harcèlera pas pour son enquête ou je ne sais quoi.

« Ah et j'oubliais c'est un peu con de la part d'un détective, ex-policier, policier, ce que tu veux d'avoir les cheveux roses. Je suis sûr qu'on a pleins de connaissances en commun qui se feront une joie de me dire ce que tu leurs a balancé ! »

Ma phrase lui provoqua un large sourire. Ne souris pas trop vite toi. Je suis curieux et j’ai hâte de faire mon petit sondage autour de moi.

« Je te l'ai dis tout à l'heure, personne ne se méfies d'un type aux cheveux roses. Et tes menaces n'impressionnent personne, tu sais. »

« Personne ne se méfie, mais tout le monde te remarque. Et je ne cherche pas à t’impressionner et ce n’était pas vraiment des menaces, c’était une idée qui me traversait l’esprit. Une très bonne idée d’ailleurs. »

« Et toi...Tu parles comme si tu étais véritablement persuadé d'avoir un détective en face de toi. Tu es crédule à ce point ? »

Cette fois c’est à son tour de me provoquer un large sourire, avec quelques rires.

« Tu es très mal placé pour dire si je suis crédule ou pas. J’évalue toutes les possibilités tout simplement et je vois lesquelles sont les plus plausibles, là je vais tenter de trouver des preuves à mes suppositions, c’est comme ton boulot n’est ce pas ? J’ai peut être l’âme d’un détective, ancien flic, flic ou journaliste qui sait. »

Il soupira, de fatigue ou de désespoir je ne sais pas. Toujours est-il qu’il n’avait pas eu ce qu’il voulait de ma part à mon avis. Il m’aura juste testé.

« Je crois que notre conversation ne mène pas à grand-chose, alors je vais partir. Tu m'excuses si je te demandes pas d'autographe, hm ?»

« Et bon courage pour la fin de ton enquête ! » criais-je suffisamment pour que les autres personnes l’entendent.

Bon débarra, je vais pouvoir tranquillement rentrer chez moi. J’espère qu’il finira par comprendre que je suis innocent. En tout cas j’ai passé une agréable soirée riche en rebondissent, finalement ce n’est pas si mal de s’évader du quotidien.

23h00 ? Déjà ?? Mais il ne devait pas fermer à 22h ce café déjà ? Ah, en fait ils ont finis de tout ranger et nettoyer, ils ont juste mis une heure à faire tout ça et surtout à virer les gens trop occupés à faire autre chose pour regarder l’heure. Bref, je payais ma note et m’en alla un sourire aux lèvres. Je reviendrais lundi prochain de toute manière … Sans Tae Hyun j’espère.