Sujet: "Protect me from what I want" ~ Kang Ae Woon Dim 29 Sep - 13:54
"Protect me from what I want"
Kang Ae Woon & Kang Ae Ri 04/04/2013 à 16h30
Seize heures trente. Me voilà enfin au point de rendez-vous avec Ae Woon. J’ai pris un taxi pour venir. C’est le gentil serveur du café qui l’a appelé pour moi. C’est aussi lui qui est venu vérifier que ça allait après le départ du détective. Il a même proposé d’appeler la police s’il m’avait fait du mal. Je suis navrée du spectacle désolant que je lui ai offert. J’ai été totalement incapable de contrôler mes larmes et tout s’est aggravé avec la douleur. J’ai du affronter mes démons entourée d’inconnus. Ca n’a jamais été aussi violent. Jamais. Heureusement que ce serveur était adorable… Il m’a emmenée jusque dans un coin isolé du café et est resté avec moi le temps que je parvienne à retrouver mon calme. Et quand enfin c’est arrivé, il a refusé de me laisser partir tant que je n’aurais pas terminé un nouveau cappuccino et tant qu’un taxi ne serait pas venu me chercher. Tout n’est pas perdu, il reste encore des gens aimables…
Je ne crois pas m’être déjà sentie aussi seule. Et je sais que seuls Ae Woon et Min Hwan pourront atténuer cette sensation désagréable. Comme je n’ai pas envie de parler de ce qu’il s’est passé, c’est tout naturellement que mon choix s’est porté sur Woonie. Qui plus est, Min Hwan est en classe à l’heure qu’il est. Il aurait pu m’aider à faire le choix que je n’ai pas su faire en quittant le café, à savoir garder ou jeter la carte de visite de cet homme. Je ne peux pas prendre cette décision. Non, en fait, je ne veux pas prendre cette décision. Cet homme avait l’air sincère, pourtant j’ai du mal à croire qu’il ne fasse cela que pour la justice. Avec les fourberies de Seo Bin, je deviens méfiante. Un comble pour une personne d’ordinaire aussi confiante que moi.
ET me voilà à attendre, regardant désespérément l’heure sur mon portable, qu’Ae Woon arrive. Je sais que lorsqu’il apparaîtra devant moi, je cesserai de me sentir aussi vulnérable. Quand je sentirai enfin sa présence, je retrouverai un peu de courage et de contenance. Je me sentirai enfin en sécurité et les images cesseront de tourner dans ma tête. Son visage effacera ceux de mes agresseurs. Ces mains sur moi feront disparaître celles imaginaires qui brûlent mes poignets. Sa présence remplacera celle hostile de mes démons. Sa voix recouvrira toutes celles qui résonnent dans mon crâne et me donnent mal à la tête. Je sais que mes messages ont du l’inquiéter mais j’ai vraiment besoin de lui. Tant pis s’il ne peut m’accorder que cinq minutes de son temps. Cinq minutes iront très bien pour un câlin et quelques mots d’amour fraternels. J’ai simplement besoin de le sentir contre moi, de rester blottie au creux de ses bras comme quand nous étions enfants. Allez Oppa, dépêche-toi d’arriver que je puisse retrouver une raison de sourire.
Cinq minutes plus tard, je me lève difficilement pour attendre. Je sais mon frère suffisamment inquiet depuis qu’il m’a veillée à l’hôpital. Inutile d’en rajouter en lui montrant encore à quel point sa petite sœur fragile est mal en point. J’ai pensé à toutes les excuses pour le rassurer ne serait-ce qu’un peu. Pourquoi je ne suis pas à la maison en train de me reposer, pourquoi je suis seule alors que Maman devrait être avec moi, pourquoi j’ai aussi mal alors que j’ai un traitement lourd, pourquoi j’ai l’air d’avoir pleuré, pourquoi je suis aussi fatiguée… J’ai des réponses plausibles à toutes ces questions. En revanche, je ne sais pas comment expliquer ce besoin urgent de le voir alors qu’il travaille juste après… Je n’ai pas la force de lui mentir, mais je ne peux pas lui dire ce qui ne va pas… Ce serait tellement plus simple de tout lui raconter… Je suppose que l’excuse arrivera toute seule le moment venu.
Quand je l’aperçois enfin, je me place au milieu du chemin et lui adresse un signe de la main aussi grand que possible compte tenu de mon immobilité forcée. Un sourire rassuré se glisse immédiatement sur mes lèvres tandis que je m’avance à sa rencontre, prenant simplement garde à ne pas heurter d’étudiant pressé de sortir. Sans un mot, je me blottis contre mon grand-frère, passant mon bras droit dans son dos. Là, je me sens mieux et laisse mes épaules se détendre doucement.
Sujet: Re: "Protect me from what I want" ~ Kang Ae Woon Jeu 3 Oct - 20:13
Il est seize heures trente, et déjà je suis dehors, n’ayant même pas pris le temps de ranger mes affaires correctement. Ma petite sœur m’inquiète. Je m’inquiète souvent pour elle, mais que ce soit elle qui m’inquiète, c’est assez rare. C’est son environnement qui me cause du souci, pas elle-même… Elle demande rarement de me voir, n’étant pas quelqu’un qui s’impose, car elle est très discrète, ma Riri… On la pose dans un coin, tranquille, elle illumine la pièce de son sourire, mais ne cherchera jamais à importuner personne. C’est ce qui m’angoisse, d’ailleurs, c’est que jamais elle ne dira ce dont elle a besoin, elle et moi nous ressemblons assez pour ça. Trait de caractère que je me serais bien passé de lui léger ! Surtout que, depuis son accident, j’ai encore plus peur que jamais des hasards qui pourraient lui tomber dessus.
Je marche à pas rapides, traversant les couloirs en moins de deux, je me retrouve dehors, la sangle de mon sac en bandoulière sur l’épaule et le nez en l’air, tentant de me grandir pour voir ma sœur au-delà de la foule humaine qui m’entoure. La géniale difficulté d’être plus petit que la moyenne… Elle m’a dit près du banc, à l’entrée du campus, elle ne devrait plus être très loin… Le sourire qu’elle m’adresse ne cache pas son teint pâle et ses traits fatigués et je fronce des sourcils. Cette confirmation de mes doutes ne me plaît guère… Mais je me contente de répondre à son étreinte avec toute la douceur dont je suis capable, frôlant son front des lèvres dans un baiser attentionné.
« Salut princesse... »
Elle est loin d’un top-model ma petite sœur, avec son bras en écharpe, son allure de malade, son visage fatigué… Mais elle a ce quelque chose qui la rend jolie. Je la serre encore contre mon cœur autant que son bras blessé me le permet, tentant de ne pas la faire souffrir, nouant les miens autour de ses épaules, nous balançant doucement de droite à gauche. Je respire profondément le parfum de ses cheveux. Bizarrement, j’ai tendance à penser ces derniers temps que c’est toujours la dernière fois que je la vois. Pensée étrangement morbide qui m’effraie mais que mon instinct de grand frère ne peut empêcher.
« Qu’est-ce qu’un jeune lycéenne en convalescence fait sur un campus bourré de garçons pas très recommandables ? Hum ? Heureusement que je suis là hein… »
Je passe mon bras autour de son bras valide, fin sous ma poigne, me voulant sou soutien. Comme si j’avais peur qu’au moindre de ses pas le vide l’engouffre et ne me l’enlève. Je pince mes lèvres l’une contre l’autre, pensant soudainement que le trajet va se faire en métro, puisque la seule voiture que j’ai, c’est celle de Min Hwan et qu’il l’a prise aujourd’hui. Et que, même si je sais qu’elle n’est pas venue à pieds jusqu’ici et qu’elle a bien dû prendre un transport en commun, mais je n’aime pas ça. Mmh. Cette fois ça passera je serais avec elle. On peut croiser n’importe qui là-dedans, heureusement qu’elle ne porte pas de mini-jupe, et que personne n'aura idée de quand même ficher sa main où il ne faut pas malgré son jean... Mon bras se resserre autour du sien alors que je nous dirige vers la bouche de métro la plus proche, lentement pour ne pas lui faire de mal.
« Tu viens au boulot avec moi alors ? Mais tu sais que je bosse tard, hein ? »
Ma journée de soir, en attendant la relève de la nuit. Et oui, j’ai la chance de bosser pour un établissement qui ne ferme presque jamais ses portes… Et on était quel jour ? Elle n’avait pas cours demain ? Même si j’ai une pointe de jalousie dans le cœur lorsque l’idée me vient, je lui propose :
« Tu ne préférerais pas passer la soirée à la maison avec Min Hwan ? Tu attends un peu avec moi au café et Min vient te chercher… »
J’ajoute, ne voulant pas montrer mon inquiétude ni ma possessivité :
« Et puis, mes collègues sont bizarres pour certains, tu sais… ce n’est pas un environnement sain pour une jeune fille. »
Pour une jeune fille, j’exagère un peu. Pour Ae Ri, pas du tout.
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Sujet: Re: "Protect me from what I want" ~ Kang Ae Woon Mar 8 Oct - 19:31
« Salut princesse... »
Je le sens inquiet mais pour une fois, je n’ai pas envie de m’en soucier. Je chasse cette idée de mon esprit et me laisse glisser entre ses bras rassurants. Qu’est-ce que je peux l’aimer mon frère ! Je l’aime tellement que si je le perdais, j’en mourrais de chagrin. Je le laisse chasser mon égarement de sa présence rassurante. Quand on n’a pas la chance de le connaître comme moi, on ne peut pas comprendre cette sensation. Comme il serait bien inutile que je parle à Se Jong de toute la douceur dont Woon fait preuve avec moi. Je l’aime.
« Qu’est-ce qu’une jeune lycéenne en convalescence fait sur un campus bourré de garçons pas très recommandables ? Hum ? Heureusement que je suis là hein… » « Je n’avais pas trop le moral alors j’ai eu envie de venir te voir. Et si tu n’étais pas là, Oppa, je ne serais pas là non plus ! »
Mon sourire s’élargit alors que notre étreinte se termine. Ae Woon me prend par le bras et m’entraîne à ses côtés vers la sortie du campus. Il semble vraiment très inquiet mais je n’ai pas le courage de laisser cette pensée noircir encore mes idées. J’adore sentir que je suis importante pour lui. Il regarde de travers toutes celles et ceux qui osent poser le regard sur moi. Nul besoin de prendre garde à l’endroit où je pose mes pieds, il le fait pour moi. Je suis persuadée qu’en plus il ne s’en rend même pas compte. Si Seo Min ne me l’avait pas un jour fait remarquer, je ne l’aurais pas non plus remarqué.
« Tu viens au boulot avec moi alors ? Mais tu sais que je bosse tard, hein ? »
J’acquiesce alors même que je n’y avais même pas pensé. A vrai dire, je comptais simplement sur quelques minutes, mais s’il pense que je voulais venir, je ne vais pas le contredire. J’ai tellement besoin d’être avec lui… Maintenant que je l’ai à mes côtés, je me rends compte d’à quel point j’ai eu raison de foncer tête baissée jusqu’ici. Passer quelques heures à le regarder travailler, je ne vois pas ce qui pourrait mieux me changer les idées. Au pire, je pourrais toujours aller bavarder avec Ji Hyuk, s’il est là, ou avec quelqu’un d’autre d’ailleurs, si l’envie m’en prenait.
« Tu ne préférerais pas passer la soirée à la maison avec Min Hwan ? Tu attends un peu avec moi au café et Min vient te chercher… Et puis, mes collègues sont bizarres pour certains, tu sais… ce n’est pas un environnement sain pour une jeune fille.»
Je laisse mon sourire s’affadir légèrement. Il faut vraiment qu’il arrête d’essayer de me parachuter dans les bras de Min Hwan sans cesse… Il devrait pourtant savoir que si je dois aller voir Hwannie, je le fais sans même lui en parler.
« Ce n’est pas Min que j’avais besoin de voir. C’est toi. Et ne sois pas si dur avec tes collègues ! Oh Ji Hyuk est vraiment adorable ! »
Encore une fois, mes propos ont dépassé ma pensée. Je sens Ae Woon se tendre contre moi. J’aurais mieux fait de me taire… J’essaie d’immédiatement dédramatiser la situation en adoptant une bouille adorable.
« Mais tu sais, si tu en as déjà marre de moi et si tu ne veux pas me voir aujourd’hui, il suffit de me le dire… J’irais noyer mon chagrin au glacier du coin… »
Je fais mine de renifler tristement mais mes yeux fatigués sont remplis de cette malice taquine dont j’adore faire preuve. Tandis que nous continuons d’avancer, trop lentement par rapport au rythme habituel d’Ae Woon, je ne fais plus attention à rien. La douleur, la peine, les gens, l’idée seule de devoir prendre les transports en commun, plus rien ne m’importe si ce n’est Ae Woon. J’espère ne pas le mettre en retard… Pour la peine, j’accélère un peu le pas.
« Ne traîne pas ! Je ne veux pas que tu arrives en retard par ma faute ! »
J’essaie d’adopter un rythme de marche aussi proche que possible de celui que j’adopte d’ordinaire et, concentré sur la maîtrise de mon souffle pour ne pas trop tirer sur mes côtes, je finis par me faire bousculer. Le bras d’un passant a heurté le mien, causant une vive douleur au niveau de mes côtes qui me fait lâcher un petit cri mêlant surprise et douleur.
Sujet: Re: "Protect me from what I want" ~ Kang Ae Woon Dim 13 Oct - 13:53
«Ce n’est pas Min que j’avais besoin de voir. C’est toi. »
Ma poitrine n’a même pas le temps de gonfler de fierté qu’aussitôt elle ajoute :
« Et ne sois pas si dur avec tes collègues ! Oh Ji Hyuk est vraiment adorable ! »
Je laisse un regard blasé se poser sur elle, ne pouvant m’en empêcher. Ce garçon avait beau être « adorable », c’était un lent incapable de prendre le train en marche et de faire avancer la boutique ! Être « adorable » ne servait à rien si on était un incapable. Je gardais cependant mes observations pour moi, me contentant de marcher à ses côtés, tournant la tête sitôt qu’elle me fit m’adressa une mimique des plus mignonnes. Ca lui allait trop bien, et le pire c’est que ça me faisait craquer, fondre ma résignation de grand frère comme neige au soleil.
«Mais tu sais, si tu en as déjà marre de moi et si tu ne veux pas me voir aujourd’hui, il suffit de me le dire… J’irais noyer mon chagrin au glacier du coin… -Tu crois vraiment que je suis capable de te laisser toute seule auprès de ce pervers pédophile ? »
Je resserre mon emprise autour de ma jeune sœur, pour la rapprocher de moi. Depuis que j’avais vu un épisode d’une série policière où un pédophile récidiviste se servait de son boulot de vendeur de glaces pour appâter ses victimes, j’avais une méfiance effrayante pour tous les métiers qui se rapprochaient des bambins. Il va sans dire qu’avec son visage adorable, ma petite sœur pouvait très bien… Quoi j’exagère ? Mais non. Je suis sûr que non. Je la sens accélérer le rythme de notre marche et aussitôt la freine.
«Ne traîne pas ! Je ne veux pas que tu arrives en retard par ma faute ! - Ne t’inquiète pas de ça. »
J’avais bien le temps d’arriver à l’heure, et qui plus est, même en plus, le collègue avec qui je travaillais aujourd’hui me devait un service et serait conciliant si j’arrive quelques minutes en retard… Ca n’était pas comme si j’étais un mauvais employé ! Alors qu’elle se met à marcher aussi rapidement qu’elle le peut, un sourire vient barrer mon visage. Ma petite sœur est une personne adorable… J’ai un geste vers elle, pour lui dire d’arrêter de se forcer, mais j’ai à peine ouvert la bouche que j’entends une plainte sortir de la bouche de ma cadette. Ce n’est que quelques millisecondes plus tard que je me rends compte que la douleur d’Ae Ri est causée par cet homme, qui ne prend même pas la peine de s’arrêter et balance juste négligemment la tête. Et il reprend sa route tranquillement…
Une sourde rage monte en moi et fait battre le sang contre mes tempes et le geste part tout seul, avant même que j’ai le temps d’y réfléchir. J’attrape son bras à une vitesse fulgurante, ma poigne le force à se retourner et je le dévisage, ne le lâchant pas.
« Ca ne vous dérange pas de bousculer une jeune fille ? »
Je sais mon visage fermé, mes expressions glacées, je sais le fond de mes yeux plus noir qu’un puits sans fond. Mon apparence chétive n’est rien comparée à l’aura que je dégage, je le sais très bien. « Vous avez remarqué que la jeune fille en question est blessée ? Vous allez repartir comme ça, sans vous excusez ? Vous a-t-on appris la politesse, monsieur ? »
La petite scène attire l’attention de la foule et beaucoup de gens ralentissent ou s’arrêtent pour voir ce qu’il en est. Je m’en fiche totalement. Je veux que cet homme s’excuse maintenant devant ma petite sœur à qui il n’a même pas eu la décence d’accorder un regard. Ma main ne desserre pas son emprise, et l’homme, décontenancé, finit par se casser en deux tant bien que mal, bafouillant des excuses presque inaudibles à ma cadette. Dans un dernier regard courroucé, je lâche son bras, détourne mon regard de sa personne et rapproche Ae Ri de moi, reprenant notre marche comme si jamais nous n’avions été interrompus. Je me penche vesr elle pour lui chuchoter :
« Ca va ma princesse ? Tu veux qu’on s’arrête un peu ? »
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Sujet: Re: "Protect me from what I want" ~ Kang Ae Woon Lun 14 Oct - 18:40
« Tu crois vraiment que je suis capable de te laisser toute seule auprès de ce pervers pédophile ? » « Tu es incorrigible... arrête de voir le mal partout. En plus, il est super sympa ce commerçant ! »
Une moue boudeuse s’installe sur mon visage. J’aimerais tellement que m on grand-frère puisse voir le monde avec autant de naïveté que moi ! Il voit tout en noir, je vois tout aux couleurs de l’arc-en-ciel. Et je suppose que c’est pour ça que j’ai tenu le coup si longtemps. Lui est intransigeant et ne connaît que la présomption de culpabilité. J’ai l’habitude de sa surprotection, et j’avoue que depuis que Seo Min n’est plus là, je l’apprécie encore plus. Je ne me bats pas pour rien, je me bats pour lui avant tout, pour Min Hwan ensuite. Je profite de l’étreinte qu’il m’offre avant d’accélérer le pas malgré son refus de me presser. Jusqu'à ce que mon corps heurte celui d’un passant. Alors que je me plie en deux pour tenter de reprendre mon souffle et de chasser la douleur, j’entends la voix froide de mon frère invectiver le passant.
« Ca ne vous dérange pas de bousculer une jeune fille ? Vous avez remarqué que la jeune fille en question est blessée ? Vous allez repartir comme ça, sans vous excusez ? Vous a-t-on appris la politesse, monsieur ? »
J’essaie d’articuler un son mais rien ne sort. Pourtant, c’est un peu de ma faute. C’est toujours de ma faute. Si j’avais fait attention ça ne serait pas arrivé. Je me redresse, le souffle court, et observe la scène d’un œil quelque peu effrayé. Ae Woon n’est plus du tout celui qui m’a pris dans ses bras à la sortie du campus. Il n’a rien non plus du frère qui m’a tenue dans ses bras pour me rassurer à l’hôpital. Là, il a quelque chose de terriblement froid. Il me protège. Tout simplement. Mais il pourrait rapidement devenir violent si l’homme ne s’excuse pas rapidement pour m’avoir heurtée. Je le vois se décomposer de secondes en secondes alors que Woonie le fixe. Et finalement, il s’incline bas et marmonne quelque chose que je n’entends que lointainement. Je suppose que c’est la douleur qui m’empêche de comprendre ce qu’il a dit. J’incline poliment la tête, parce que ce n’est pas si grave tout compte fait. Si Woon l’a lâché, c’est qu’il a du ronchonner des excuses. Alors qu’il passe son chemin, mon frère revient vers moi et nous reprenons notre route en direction de la station de métro la plus proche. Je retiens mes larmes.
« Ca va ma princesse ? Tu veux qu’on s’arrête un peu ? »
Je hoche négativement la tête, affichant un sourire forcé. Je nous ai déjà fait perdre suffisamment de temps. J’ai survécu à la brutalité du radiologue cet après-midi, ce n’est pas pour m’effondrer devant mon frère.
« Merci mais… ça va… »
Je m’abstiens de le regarder comme j’ai du mal à lui mentir. Non, ça ne va pas, pas du tout même. J’ai l’impression qu’un poignard lacère ma cage thoracique de façon ininterrompue. Ca fait un mal de chien, mais je serre les dents. Je ne veux pas inquiéter Ae Woon. Il est déjà bien assez inquiet… inutile d’en rajouter.
« Je ne savais pas que tu étais capable… de te mettre en colère comme ça ! Tu sais que tu es drôlement im-pressionnant ? »
Je change de sujet, tentant de cacher mon manque de souffle. Je me trahis tout de même en étant obligée de me couper dans mes phrases, mais j’espère quand même bien donner le change alors que chaque pas est une torture.
« Je suis fière d’être ta sœur, Oppa… »
Je le regarde, quittant un bref instant ma route des yeux. Ça pour être fière, je suis fière. Il n’a pas un caractère facile, mais son cœur est grand. Et je l’aime. Un sourire un tantinet plus convaincant sur les lèvres, je ramène mon attention sur l’endroit où je pose mes pieds. Je laisse mon frère me conduire sans aucune appréhension alors même que nous approchons de la bouche de métro. S’il est là, il ne pourra rien m’arriver, pas vrai ?
Sujet: Re: "Protect me from what I want" ~ Kang Ae Woon Mer 16 Oct - 20:15
« Merci mais… ça va… »
Sait-elle que son regard fuit le mien lorsqu’elle me ment ? Sait-elle que peut importe le mal qu’elle se donne à me le cacher, je sais qu’elle souffre comme je sais qu’elle ne veut pas m’inquiéter ? Peine perdue. Je freine l’allure qu’elle nous donne, abandonnant son bras accroché au mien le temps de quelques secondes histoire de refaire un lacet parfaitement bien fait. Façon discrète de nous arrêter quelques instants et de lui permettre de reprendre son souffle. Parce que, dire de façon brutale et franche que je veux m’arrêter pour elle, elle ne l’acceptera jamais. Ae Ri n’accepte jamais qu’on fasse les choses pour elle, mais fait tout pour les autres… Son cœur un jour sera trop petit pour s’occuper de tout le monde, et j’ai une peur affreuse que ce jour ne se rapproche que davantage…
Finalement, je ne peux simuler bien longtemps un lacet défait, je me redresse, et reprends ma cadette contre moi, passant mon bras autour de ses épaules dans un geste que je sais trop possessif. Je ne peux m’empêcher cet élan qui me prend en sa présence… J’ai l’impression que si je ne protège pas cet oisillon, personne ne pourra le faire. Personne ne prend conscience autant que moi de sa fragilité…
« Je ne savais pas que tu étais capable… de te mettre en colère comme ça ! Tu sais que tu es drôlement im-pressionnant ? »
Plus que les mots, le sens de ses phrases, ce qui me choque est ce qu’elle ne veut pas que je sache. Malgré ses efforts, je sens bien qu’elle a du mal. J’essaie tant bien que mal d’adopter une allure qui se veut modérée mais elle est tenace ! S’il existe une tête plus dure encore que la mienne, c’est bien sous ses jolis cheveux qu’elle se cache.
« Ah… C’est parce que je ne m’énerve jamais devant toi, habituellement. Je ne suis pas totalement pareil, quand tu n’es pas là… »
Sans aucun doute, je suis plus froid, moins doux, moins attentionné… Moins souriant aussi. Ae Ri est la personne qui me tire le plus de sourires sans que ce ne soit forcé. Elle est un rayon de soleil qu’il me faut préserver. J’esquisse un sourire vers elle, échoue ma main dans ses cheveux pour les défaire un tout petit peu, doucement.
« Il n’y a qu’avec toi que je suis aussi gentil. Les autres me trouvent euh… méchant ? Sans cœur ? Enfin bon, je m’en fiche, des autres, alors… »
Je me fichais de ce qu’on pouvait penser de moi. L’important, c’est que les personnes qui comptent sachent réellement qui je suis, le commun des mortels, je n’en avais cure… C’est alors que je pense que je devrais faire quelques petits efforts, au cas où je rencontre mon âme sœur par hasard, que j’entends Ae Ri souffler :
« Je suis fière d’être ta sœur, Oppa… »
Le regard que je porte alors sur elle est légèrement étonné, mais surtout agréablement fier. Parce que oui, avoir quelqu’un qui nous dit qu’il est fier de nous, ça n’est pas rien. Mieux encore, pour moi c’est ma petite sœur, pour qui j’essaie depuis mon plus jeune âge d’être un bon exemple. De lui apprendre comme je peux les attitudes à avoir, de la protéger… Qu’elle me dise cela réchauffe mon cœur à la manière des grands chocolats chauds que je vends en quantité l’hiver, là où je travaille. Quelque chose qui réchauffe de l’intérieur et qui permet de résister à tout ce qui peut arriver de l’extérieur. Je crois que le sourire que je lui lance, une fois encore, est teinté d’une petite rougeur des pommettes. J’ai beau faire le fier, je reste quelqu’un qui, sous ses grands airs, reste sensible. Ces simples mots me rendent heureux…
« Merci sœurette… »
Pas besoin de davantage de mots. On peut faire passer plein de choses autrement que dans les mots. Par exemple, en serrant quelqu’un avec plus de tendresse, comme je le fais. Ou en souriant comme un bienheureux… Je suis content qu’elle soit avec moi à ce moment. Là, dans la rue, au milieu de plein d’inconnus, j’ai Ae Ri avec moi. Rien ne pourrait être mieux.
La bouche de métro nous mange tous les deux et nous nous engouffrons dans la première rame qui passe, qui a la chance de nous amener là où nous devons nous rendre. J’installe ma sœur sur un strapontin, restant debout devant elle en m’accrochant aux barres. Je dois avoir l’air d’un chien de garde, ainsi aux aguets… Mais je suis sûr qu’elle ne risque rien, et que personne n’ira lui planter ses coudes dans ses côtes fragiles à peine remises de son accident. Elle peut me le cacher, je sais bien qu’elle n’est pas totalement sur pieds. Je sais également qu’elle ne devrait pas être là, avec moi, mais à la maison, surveillée par notre mère. Mais, tant qu’elle est avec moi, rien ne peut lui arriver. C’est pour ça que je préfère la garder près de moi plutôt que de la renvoyer près de notre génitrice, en craignant qu’en chemin il lui arrive malheur.
Durant le trajet, je la regarde, pensif. Assise ainsi, avec son air sage de poupée, Ae Ri donne l’impression d’être une petite fille. J’ai beau penser ça la plupart du temps, je suis bien conscient qu’elle n’a plus dix ans et que bientôt, il me faudra arrêter de la couver d’un œil surprotecteur. J’ai un petit sourire, à la fois fier et triste, tandis que ses yeux céruléens s’ancrent dans les miens. Le regard que nous échangeons vaut toutes les conversations du monde. Elle et moi pouvons parler sans mots, et qu’importe le monde autour de nous, l’intimité que nous avons est sans pareille.
L’arrêt est annoncé, et j’avance aussitôt mon bras pour la soulever avec délicatesse et passer un bras autour de ses hanches. J’ignore le regard en biais que porte vers nous une dame d’un certain âge et j’aide Ae Ri à sortir sans trop se faire bousculer. Mon aura doit être assez efficace, puisqu’aucun problème ne survient ! De nouveau à l’air libre, je lui prends la main, et le plus naturellement du monde marche à ses côtés en direction de mon lieu de travail.
« Ne te presse surtout pas, princesse, on a le temps. Je commence dans un petit quart d’heure et le café est à deux pas. »
Je tends vers elle un sourire tendre et rassurant. J’essaie de lui dire de ne pas forcer, que je sais. Et que je suis bien avec elle, qu’importe le lieu où nous sommes.
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Sujet: Re: "Protect me from what I want" ~ Kang Ae Woon Sam 19 Oct - 11:09
Sans crier gare, Woonie lâche mon bras. Je m’interromps pour le voir relacer sa chaussure et saisis cette occasion inespérée pour essayer de faire taire la douleur. Quand il se redresse, ça va à peine mieux. Il passe son bras par-dessus mes épaules. J’adore quand il fait ce genre de chose. Il crie au monde que lui et moi sommes inséparables et que si nous sommes ensembles, rien ne peut nous arriver. J’aimerais tellement qu’il soit encore à la maison…
« Ah… C’est parce que je ne m’énerve jamais devant toi, habituellement. Je ne suis pas totalement pareil, quand tu n’es pas là… Il n’y a qu’avec toi que je suis aussi gentil. Les autres me trouvent euh… méchant ? Sans cœur ? Enfin bon, je m’en fiche, des autres, alors…»
J’accorde mon sourire avec le sien lorsqu’il emmêle doucement mes cheveux. Je me retiens de le réprimander sur son comportement avec les autres, et notamment avec Hwannie. Nous avons frôlé l’incident diplomatique tout à l’heure en parlant de Ji Hyuk. Puis je n’ai pas envie de le contrarier. Je ne suis pas assez en forme pour cela. Puis de toute manière, que je le lui dise ou pas ne changera rien. Ca peut donc attendre une fois prochaine. Sa réaction à ma déclaration me fait sourire de plus belle. Je fais pourtant mine de ne pas remarquer son regard ni son air fier. Torse bombé, regard étonné, sourire radieux et pommettes rosées. Je ne le vois pas souvent ainsi, mon grand-frère. Il a toujours cet air de fierté quand on balade ensemble, mais jamais il n’a eu l’air aussi… je ne trouve pas le mot. Ou alors, c’est moi qui vois la vie autrement depuis que j’ai failli y rester…
« Merci sœurette… »
Pour accompagner ses paroles, il me serre un peu plus fort contre lui et sourit de cet air qu’il n’arbore presque jamais. Dieu que je peux l’aimer ! A mon tour, je parviens à afficher un sourire radieux, oubliant les bleus et mes côtes encore brûlantes. Notre entrée dans la bouche de métro n’assombrit pas même un peu mon humeur. Être à l’origine de ce genre d’expression de béatitude sur le visage de mon seul et unique frère me remplit de joie. Chasser ce regard toujours inquiet quand il pose les yeux sur moi, c’est un exploit que je suis particulièrement fière d’avoir accompli. Je le laisse prendre soin de moi. Il m’installe sur un strapontin et reste debout devant moi. Je ne sais pas s’il se rend compte que son corps constitue une véritable barrière contre tout ce qui pourrait m’inquiéter, mais surtout contre cette peur tapie au creux de mon âme. J’aurais tout autant apprécié de m’assoir sur ses genoux. Nous sommes tous deux suffisamment légers pour que le siège nous supporte. Je me retiens de proposer cette idée. J’apprécie trop sa protection. J’aurais tout le temps de réclamer des câlins plus tard, en allant le voir chez lui par exemple, ou en réclamant une petite visite. Woonie me fixe, l’air perdu dans ses pensées. Au bout de quelques minutes, je finis par le regarder droit dans les yeux, exprimant tout mon amour pour lui et toute ma reconnaissance également. Il n’a aucune idée de ce qu’il s’est passé avant que je n’arrive devant son université, mais sa présence m’est plus que nécessaire. Il me protège de ces envies sombres et inavouables qui me perturbent tant. C’est l’annonce d’un arrêt qui met fin à notre conversation muette. Avec une douceur inégalable, il me relève et passe un bras autour de mes hanches. Un peu plus loin, une vieille dame nous regarde de travers. J’ai envie de lui tirer la langue, mais je suis trop polie pour cela. Qu’y a-t-il de mal à ce qu’un frère et une sœur soient aussi proches l’un de l’autre ? Si elle n’est pas contente, elle n’a qu’à regarder ailleurs. En attendant, je l’ignore. Le seul qui compte, c’est mon frère. Quand nous nous retrouvons de nouveau à l’air libre, je prends conscience que je m’étais légèrement tendue dans le métro et me détends immédiatement. Main dans la main, Woon et moi prenons la direction du café dans lequel il travaille à une allure réduite.
« Ne te presse surtout pas, princesse, on a le temps. Je commence dans un petit quart d’heure et le café est à deux pas. »
Même si son visage et son regard m’invitent à prendre mon temps, je ne peux m’y résoudre.
« Je te rappelle que je suis incapable de tenir en place sans rien faire ! J’ai tellement traîné depuis quelques jours qu’il faut que je me dépense un peu. Je me reposerai quand on sera arrivé. »
Je serre un peu plus fort sa main pour lui garantir que ça va. Le temps de repos dans le métro m’a légèrement requinquée. Je peux sans problèmes tenir à cette allure jusqu’au café.
« Tu t’inquiètes trop, Oppa ! Tu vas avoir des rides si tu continues… »
Taquine, je lui tire la langue. J’irais bien volontiers appuyer sur son front, mais ça impliquerait de lâcher sa main. Quand enfin nous parvenons à portée de vue de la devanture, je me sens soulagée. Mon souffle commençait à se raccourcir et je n’avais pas envie de m’arrêter en chemin.
« Ca fait un bon moment que je ne suis pas venue ici ! La dernière fois je crois que c’était en mars dernier… »
Je réfléchis un peu, fronçant mes sourcils et plissant les yeux.
« C’est ça oui ! Je voulais te faire une petite surprise mais tu n’étais pas là. Du coup je me suis fait un nouvel ami. Un gars bizarre mais sympa. »
Je souris de plus belle en pensant à cette rencontre insolite avec ce chinois tout aussi insolite. L’augmentation légère de la pression de la main de mon frère dans la mienne me fait comprendre que j’ai encore dit une bêtise. Je sais qu’il déteste ce don que j’ai pour aller bavarder avec tout le monde. Un changement de sujet s’impose.
« Dis ! Tu me feras un cappuccino, s’il-te-plaît ? Les tiens sont les meilleurs ! »
Ca, c’est un sujet parfait ! Et mes grands yeux bleus suppliants devraient bien détourner l’attention, non ?
Sujet: Re: "Protect me from what I want" ~ Kang Ae Woon Mer 6 Nov - 21:19
« Je te rappelle que je suis incapable de tenir en place sans rien faire ! J’ai tellement traîné depuis quelques jours qu’il faut que je me dépense un peu. Je me reposerai quand on sera arrivé. »
Je la sens me presser la main, pour me rassurer. Sale manie qu’elle a lorsqu’elle sent que je risque de m’inquiéter, et qui m’agace… Bon, d’accord, je ne suis pas discret lorsque je me fais du souci, mais je n’aime pas qu’on me le rappelle. Encore moins lorsque c’est elle.
« Tu t’inquiètes trop, Oppa ! Tu vas avoir des rides si tu continues… -Mmmh. »
Les rides, c’est foutu, j’en ai pour trois générations après moi. Je me demande d’ailleurs comment cet imbécile de Ryu Jeong a pu penser que j’étais adolescent alors que j’ai des rides d’expression déjà marquées. Je la vois du coin de l’œil me tirer la langue, et je peine à cacher le sourire qui naît sur mes lèvres. Elle est adorable, cette idiote. Je la sens soulagée lorsque nous atteignons enfin mon lieu de travail. Comme si elle pouvait me cacher qu’elle souffrait, moi qui était attentif au moindre de ses soupirs.
« Ca fait un bon moment que je ne suis pas venue ici ! La dernière fois je crois que c’était en mars dernier… »
Je la regarde alors qu’elle réfléchit. En mars… ? Mais je en l’ai pas vue… Mon air se fait suspicieux.
« C’est ça oui ! Je voulais te faire une petite surprise mais tu n’étais pas là. Du coup je me suis fait un nouvel ami. Un gars bizarre mais sympa. »
Mes yeux s’agrandissent. Quand est-ce qu’elle arrêtera de se lier d’amitié avec n’importe quel inconnu qui passe ? Un chinois maintenant, elle n’avait pas trouvé mieux ! Pas possible, ma sœur n’étais pas possible ! Je vais pour ouvrir la bouche et lui demander comment, pourquoi, qui, dans quelles conditions, mais elle me désarme d’un seul coup par un de ses sourires si simples, mais si brillants, me demandant en plantant ses pupilles céruléennes dans les miennes un cappuccino. Flattant mon égo par ailleurs en vantant ma technique. Je ferme la bouche aussi vite que je l’ai ouverte.
« Je t’en fais un tout de suite… Installe-toi. »
Une fois de plus, me voilà pris au piège des grands yeux de ma cadette. Je lui cherche une place près du comptoir, où je tire la chaise et la laisse s’asseoir. Une caresse sur ses cheveux, discrète, et je file m’habiller rapidement, ayant retrouvé depuis peu de temps ma chemise tâchée par le café de ce satané client. J’ai une soudaine envie de meurtre lorsque je pense encore à cet homme… Je balance la tête de gauche à droite, en essayant de rafraîchir mes idées, puis sors du vestiaires après pointage et prend le relai de mon collègue qui me tapote l’épaule en s’éclipsant.
Toujours là où je l’ai installée, ma cadette détonne au milieu du café. Je suis content de constater qu’elle n’a toujours pas attiré de personne autour d’elle. Ae Ri est capable de papoter avec un pédophile sans peur aucune. « Ne pas avoir de préjugés », dit-elle… Entre temps, elle se retrouve dans des situations cocasses. Oh bien sûr, elle ne me l’a jamais dit, mais je le sens bien, lorsqu’elle évite mon regard… Le sien se pose sur moi et j’anticipe son sourire, alors que mes lèvres s’étirent d’elles-mêmes. Avec des gestes précautionneux, je lui prépare son cappucino, comme je les fais d’habitude en un peu mieux, ajoutant de la crème, et tout ce qu’elle aime. Je me dis que j’ai le droit de la gâter, et que ce n’est pas un surplus de crème qui va me valoir un renvoi ! Servant la tasse à ma cadette, je jette un regard suspicieux à un jeune homme qui la regarde de trop près.
« Yah, Ae Ri, tu devrais faire attention quand même. »
Je n’aime pas qu’on se rapproche trop d’elle. Parce qu’elle est trop jolie, et trop fragile… Son bras en écharpe me fait penser à une aile d’oiseau cassée, et je pense brièvement qu’elle n’est pas en état de courir après les papillons. Je m’attarde peut-être trop sur cette blessure, avant de relever les yeux vers son visage. Fatigué, même si elle sourit, elle semble à bout de nerfs, lessivée. Elle essaie de me le cacher, je le sais bien, mais l’instinct me crie qu’il faut la pousser au lit pour qu’elle se repose. J’ai un soupir las.
« Jamais tu ne te ménages, pas vrai ? »
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Sujet: Re: "Protect me from what I want" ~ Kang Ae Woon Dim 10 Nov - 1:24
« Je t’en fais un tout de suite… Installe-toi. »
J’affiche un immense sourire en entendant cette réponse et en voyant que ses protestations latentes ne s’échappent pas. Heureusement que je suis douée pour le désarmer autrement nos conversations ressembleraient systématiquement à des leçons de morale ! Woonie me tire une chaise et je m’installe avant qu’il ne s’éloigne pour se changer, non sans avoir caressé furtivement mes cheveux. Aussitôt qu’il quitte mon champ de vision, je me sens de nouveau seule, vide, et fragile. Je m’applique à garder mon sourire pour ne pas risquer que le collègue de Woon ne fasse de remarques à mon frère. Il ne manquerait plus que ça ! Pour tromper mes pensées sombres, j’observe rapidement les alentours. Il n’y a pas grand-monde… Tant mieux, je pourrais un peu plus profiter de mon frère ! Un client rentre et s’installe à une table, non loin de moi. Je lui adresse un sourire chaleureux avant de ramener mon attention sur la porte des vestiaires. Woonie ne tarde pas à en ressortir, parfait dans son uniforme de travail. Je laisse son sourire embellir le mien en silence et faire pétiller mon regard de fierté. Normalement, les filles sont censées dire « mon papa c’est le plus beau », mais pour moi, le plus beau, c’est mon frère. Et Min Hwan, mais Min Hwan, ce n’est pas pareil. Ma tête posée sur ma main et mon coude appuyé sur le comptoir, j’observe attentivement Woonie qui prépare ma boisson préférée. Lorsqu’il me l’apporte, je ne peux m’empêcher de laisser un « Miam » d’une spontanéité déconcertante s’échapper. C’est que ça a vraiment l’air délicieux ! Je ne mentais pas lorsque je disais que les cappuccinos de Woonie étaient les meilleurs !
« Merci ! » « Yah, Ae Ri, tu devrais faire attention quand même. » « Attention à quoi ? »
Je suis son regard contrarié et tombe sur le client de toute à l’heure. En croisant mes yeux bleus, il sourit. Je lui rends la politesse et me retourne, amusé, vers le chevalier Woonie.
« Oppa, laisse ce pauvre client tranquille ! C’est moi qui lui ai souri en premier en plus. »
Je sens alors son regard qui me scrute, analysant mon état. Et je lis dans ses yeux ce qu’il pense de sa petite sœur. Il a toujours eu ce regard protecteur, mais depuis l’accident, ça va beaucoup plus loin. Je suis définitivement fragile à ses yeux. J’aimerais tellement qu’il n’ait jamais eu à me voir dans un tel état… Malgré tout, je m’efforce de continuer à sourire, fixant la crème recouverte de copeaux de chocolat avec appétit. Je fais mine d’ignorer ses prunelles qui me jaugent, c’est mieux ainsi. Je ne survis que grâce au regard que les autres posent sur moi, et je préfère ne pas voir l’inquiétude dans ses yeux.
« Jamais tu ne te ménages, pas vrai ? » « C’est ma première sortie depuis que je suis rentrée à la maison, j’ai bien le droit d’en profiter un peu ! Tu sais comment sont Maman et Papa, j’ai l’impression d’étouffer à la maison, surtout que Maman vient me voir toutes les deux secondes… »
Un air de chien battu sur le visage et mes iris bleus viennent à la rencontre de ses yeux pour le faire craquer.
« Ne t’inquiète pas, je sais quand m’arrêter. Et là, je vais bien, Woonie. Je te promets que je suis bien mieux ici, avec toi, que si j’étais rentrée directement à la maison. »
Si je peux affirmer cela avec autant d’aplomb, c’est parce que c’est vrai. Dans ma poche, je sens la carte de visite du détective, terriblement lourde et brûlante. C’est elle qui rend ces phrases vraies. J’ai beau aimer Min Woon de tout mon cœur, il ne remplacera jamais la présence des hommes que j’aime. Mon coude quitte le comptoir pour permettre à ma main d’aller saisir la tasse un rien trop brusquement pour la rapprocher de moi. C’est ce moment que choisit le client souriant de tout à l’heure pour quitter sa place et venir au comptoir passer sa commande.
« Excusez-moi, est-ce que je pourrais avoir un Americano s’il-vous-plaît ? »
En temps normal, j’aurais sans doute engagé la conversation. Mais je ne suis pas d’humeur aujourd’hui. Je n’ai besoin que d’une seule personne, mon frère. Cependant, je ne dois pas l’empêcher de faire son travail. Je lui fais un clin d’œil avant de soulever ma tasse pour la porter à mes lèvres tandis qu’il s’occupe du client. C’est trop bon ! Je n’ai bu qu’une seule gorgée avant de reposer la tasse sur le comptoir et d’essuyer du revers de la main le bout de mon nez. Je laisse ensuite ma main reposer à côté du verre, profitant de cette rare sensation de sécurité.
Sujet: Re: "Protect me from what I want" ~ Kang Ae Woon Dim 10 Nov - 19:55
Ma petite sœur se défend d’une petite voix, son visage armé d’un air auquel je ne sais pas résister :
« C’est ma première sortie depuis que je suis rentrée à la maison, j’ai bien le droit d’en profiter un peu ! Tu sais comment sont Maman et Papa, j’ai l’impression d’étouffer à la maison, surtout que Maman vient me voir toutes les deux secondes… »
Un soupir m’échappai. Je savais très bien ce qu’elle vivait pour l’avoir vécu aussi, il y a dix ans… Je me rappelais des gestes de ma mère, toujours attentionnés et doux, de ses yeux toujours inquiets, de la note toujours anxieuse qu’elle a gardé des mois après ma guérison, et qu’elle a toujours lorsque je parle des douleurs de mon bras droit lorsqu’il fait trop humide. Je crois que c’est d’elle que je tiens ce caractère inquiet en permanence. Quant à mon père, je savais qu’il pouvait être très permissif et très inquiet quand il s’agit d’Ae Ri. Sa petite fille, lui qui a toujours voulu en avoir une… Je peut voir comment il est avec elle. Mais c’est quelque chose à laquelle je n’ai jamais goûtée. Mon père, avec moi, est la plupart du temps indifférent, lorsqu’il n’est pas en colère. Une fois que j’étais sorti d’affaire, de ce fameux accident, lorsque j’exprimais ma douleur, il me disait que je n’avais pas qu’à faire l’idiot et que je méritais ma punition. Plus d’une fois j’ai serré les dents en vidant ma tête pour éviter d’enfourcher mon vélo une nouvelle fois, malgré ma jambe pas tout à fait remise. Pour ma mère qui posait sa main sur mon épaule et la serrait. Pour ma petite sœur qui me regardait avec ses grands yeux apeurés, qui me demandait sans cesse quand j’allais être débarrassé des plâtres entravant mon bras et ma jambe.
Petite sœur qui, en face de moi, me lance encore ce regard incroyablement adorable qui cesse de m’achever.
« Ne t’inquiète pas, je sais quand m’arrêter. Et là, je vais bien, Woonie. Je te promets que je suis bien mieux ici, avec toi, que si j’étais rentrée directement à la maison. »
J’ai un sourire pas très convaincu tout de même. J’ai beau adorer qu’elle soit là, il n’empêche que je n’aime pas les blessures qu’elle porte un peu partout sur son corps. Je culpabilise : j’aurais dû passer à la maison pour la voir, elle n’aurait pas eu à se déplacer…
« Je suis désolée ma princesse… »
Désolé de n’être qu’un grand frère incapable d’être à l’écoute de sa cadette…
« Excusez-moi, est-ce que je pourrais avoir un Americano s’il-vous-plaît ? »
La demande de ce client interrompt le fil de mes pensées, et me fais détourner les yeux d’Ae Ri. Je me retourne pour regarder, et j’ouvre de grands yeux lorsque je note que ce client n’est autre que celui qui a lancé un sourire plus que bizarre à ma cadette. J’esquisse un geste de mes lèvres qui est crispé, me lève et vais préparer sa boisson avec les mêmes gestes précis que d’ordinaire. Je le fusille des yeux en tendant sa boisson, et je vois que son air perd de son assurance. Largement. Tant mieux. Un collègue chargé du service m’amène une commande, un caramel latte macchiato caramel accompagné de petites pâtisseries que je retire de la vitrine, préparant la décoration en chantilly. Le collèguee en question se penche vers moi et me demande
« C’est qui la charmante jeune fille, juste là ? »
D’un coup de menton, il désigne ma cadette, buvant son cappuccino de manière adorable.
« Tu y penses encore une fois et je fais de ta vie un enfer. » lui dis-je en souriant de façon très sérieuse.
Et j’en étais capable. Plusieurs personnes qui travaillaient avec moi par le passé m’ont vexé, et ils l’ont senti passé… Je suis quelqu’un de très exigent et de très perfectionniste, petits détails de mon caractère qui ressortent plus encore sur mon lieu de travail.
Je fais un coucou à ma cadette dont le regard et attiré dans notre direction, et je siffle un « Compris ? » à mon collègue, gardant un sourire glacial. C’est sûr, je devais faire peur, mais c’était le but.
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Sujet: Re: "Protect me from what I want" ~ Kang Ae Woon Lun 11 Nov - 16:54
« Je suis désolée ma princesse… »
De quoi est-il désolé ? Il n’a absolument aucune raison de l’être. Rien n’est de sa faute. Je suis dans cet état parce que j’ai décidé moi-même de prendre le premier bus qui passait pour aller errer plutôt que d’appeler Min Hwan à l’aide. Maman et Papa m’étouffent de leur propre chef. Il n’a aucune raison de s’excuser. A moins qu’il ne fasse référence au fait que je sois seule avec eux… S’il était là, ce serait plus facile, évidemment. Mais j’ai pris l’habitude de son absence depuis le temps, alors il n’a pas à s’excuser. Qui plus est, il ne peut pas être tout le temps là pour moi. Je ne relève donc pas.
Quand Woonie s’éloigne pour servir le client, je ne le lâche pas une seconde du regard. Sa présence me rassure et me fait oublier le gros de mes tracas. Je manque éclater de rire en voyant le regard qu’il lance à ce client qui a eu le malheur de me sourire. Mais le plus amusant, c’est de le voir s’avachir légèrement, plié par le regard noir de mon aîné. Ce n’est pas gentil de ma part de jubiler à la vue d’un homme pliant sous l’intimidation d’un autre mais je ne peux pas m’empêcher d’apprécier cette protection. Malgré tout, dès que Woonie tourne le dos pour préparer une autre commande gourmande, j’articule à destination de l’americano un silencieux et fier « c’est mon frère ».
Reportant mes iris azurs sur Woon, je vois son collègue lui parler discrètement après m’avoir désignée d’une façon peu délicate. Aie… Si j’en crois l’attitude de Woonie, ou plutôt l’aura qu’il dégage soudainement, il a du lui faire une remarque flatteuse à mon égard. Ce qui revient à signer son arrêt de mort, ou au moins à avoir une immense et particulièrement tranchante épée de Damoclès au-dessus de la tête. Reposant ma tasse chaude, j’adresse un sourire radieux pour répondre au signe adorable que me lance mon frère, contrastant avec l’air glacial et effrayant qu’il a face à son collègue. Je fais mine de ne rien voir et reprends une gorgée de cappuccino. En fait, pour prendre du poids et compenser le peu que je mange, il faudrait tout simplement que je passe mes journées ici à me gaver de cappuccinos pleins de crème et de chocolat, sucrés à souhait. Mais je ne peux pas le dire à Woon, il s’inquièterait. Je pourrais peut-être lui demander des livraisons à domicile, quand il ne finit pas tard, mais je ne veux pas le fatiguer plus. Alors tant pis. Je me contenterai de celui-là. Lorsque mon frère revient vers moi, je lui lance un regard faussement désapprobateur avant de chuchoter.
« Oppa ! Arrête de tyranniser tes collègues ! Je suis assez grande pour les envoyer voir ailleurs toute seule. Comment tu feras si un jour j’ai un petit ami ? »
Je lève les yeux au ciel. En tout cas, j’abandonne l’idée d’accepter la proposition de Ji Hyuk. Woonie lui rendrait la vie trop difficile, ça ne vaut pas le coup. Mon portable vibre dans ma poche. Je le sors maladroitement pour lire un message de Maman : « Ma puce, prends ton antalgique, sinon tu va encore avoir mal. Je l’ai glissé dans ton porte-monnaie, au cas où. Appelle Papa quand tu voudras rentrer. Et surtout sois prudente. Maman. » Je pose mon téléphone sur le comptoir, tourné vers Woonie pour qu’il puisse lire, et sors de ma poche mon porte-monnaie blanc à grosses fleurs roses. J’y trouve comme prévu une toute petite pochette de plastique dans laquelle se trouve mon comprimé. Je soupire un peu trop fort, m’arrachant une grimace de douleur.
« Tu veux bien me servir un verre d’eau s’il-te-plaît ? »
J’affiche la mine contrite des enfants obligés de manger quelque chose qu’ils détestent avant d’essayer d’être un peu plus légère.
« Ce truc est tellement mauvais que ça gâcherait le goût du cappuccino ! »
Je plisse mon nez à la pensée du mélange immonde que ça donnerait.
« Sérieusement, pourquoi est-ce que les médicaments sont toujours absolument dégoûtants ? Ils ont peur qu’on les prenne comme des bonbons ou quoi ? »
Je retiens la remarque sur les effets désagréables de ces caches tels que les nausées, brûlures d’estomac et autres somnolences qui font que personne ne pourrait avoir envie de les prendre quoiqu’il arrive. Je ne tiens pas à lire plus d’inquiétude encore dans ses beaux yeux.
Sujet: Re: "Protect me from what I want" ~ Kang Ae Woon Mar 10 Déc - 14:41
J’entends presque la pomme d’Adam de mon collègue tressauter alors que le sourire glacial que je lui ai envoyé fait son effet, semblant être à l’origine de la sueur froide qui s’écoule lentement le long de son échine. Mon art à son apogée. Je reviens vers ma petite sœur, un sourire presque sadique aux lèvres, et elle m’accueille avec sa remarque qu’elle veut moraliste.
« Oppa ! Arrête de tyranniser tes collègues ! Je suis assez grande pour les envoyer voir ailleurs toute seule. Comment tu feras si un jour j’ai un petit ami ? »
Ses derniers mots me font tiquer, et j’affiche une légère grimace.
« D’une, je ne tyrannise personne ici. De deux, je doute que tu sois capable d’envoyer balader qui que ce soit tellement tu ne remarques pas les regards lubriques qui se posent sur toi. Et de trois… »
Je laissais un petit blanc avant de finir ma phrase. Ce que je ferais ? Je lui ferais passer un test pire qu’un interrogatoire du Mossad et je lui imposerais des règles de visite comme une vieille infirmière revêche. Mais de toute façon, elle est trop jeune pour ça, hein ?
« … je ne pense pas que ce soit une hypothèse sur laquelle je dois réfléchir. »
J’affiche une mine souriante, et pince le bout de son nez du bout des doigts. Ma princesse, avec quelqu’un ? Il faudrait que ce garçon soit parfait, simplement irréprochable. Hormis mon meilleur ami, je ne connaissais personne qui se rapproche autant de ce modèle. Or, mon meilleur ami était beaucoup trop vieux pour elle. Je la vois sortir son téléphone de sa poche et lire rapidement ce qui doit être un texto. Elle soupire, et me tend son téléphone, j’y lis un message de notre mère, teinté d’une inquiétude qu’elle ne cherche même pas à masquer. J’ai hérité de ce côté de sa personnalité, toujours à m’angoisser de petits détails et à chercher à protéger les autres même contre leur gré. J’ai un sourire amusé alors que ma cadette sort son cachet, la mine contrite.
« Tu veux bien me servir un verre d’eau s’il-te-plaît ? Ce truc est tellement mauvais que ça gâcherait le goût du cappuccino ! »
J’ai un léger rire, me lève pour aller lui chercher ce qu’elle me réclamait, et lui ramène, alors qu’elle reste encore devant son comprimé, comme si le regardait avec cet air de chien battu allait réduire sa taille.
« Sérieusement, pourquoi est-ce que les médicaments sont toujours absolument dégoûtants ? Ils ont peur qu’on les prenne comme des bonbons ou quoi ? -En tout cas même avec un bon goût, tu les prendrais jamais correctement ! »
Ae Ri et la médication, c'était toute une histoire... Petite, il fallait jouer des plus subtiles subterfuges pour qu'elle prenne ne serait-ce qu'une malheureuse aspirine. Je lui tends son verre, affichant un air qui veut lui dire « Bois tout de suite ! » et la regarde avaler le comprimé à grande vitesse. Ses traits ne se détendent pas pour autant…
« Allez, ma belle, tu finiras bien par guérir ! »
Je lui souris, essayant de lui donner confiance. Après tout, elle était ma petite sœur, elle devait avoir la même résistance que moi, à peu de choses près. Machinalement, ma main va serrer mon poignet droit, une douleur s’étant manifestée. Je n’y accorde que peu d’importance, au fil des années j’en avais pris l’habitude. Je me demandais comment elle vivait avec ces béquilles au quotidien, quand est-ce qu’elle allait retourner en cours, et toutes des choses futiles auxquelles un grand frère peut penser, tandis que je regardais les traits d’Ae Ri, le menton casé dans la paume ma main. Ses traits étaient fatigués, malgré le sourire qu’elle affichait sans cesse pour me rassurer.
« Princesse, tu n’es pas obligée de faire semblant avec moi. Si tu n’es pas bien, autant me le dire, tu sais… »
Qu’elle me le dise ou non, je finirais par m’inquiéter tout de même alors… Je fixe son joli minois en attrapant ses doigts étendus sur la table, les serrant dans les miens avec tendresse.
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Sujet: Re: "Protect me from what I want" ~ Kang Ae Woon Sam 21 Déc - 1:36
« D’une, je ne tyrannise personne ici. De deux, je doute que tu sois capable d’envoyer balader qui que ce soit tellement tu ne remarques pas les regards lubriques qui se posent sur toi. Et de trois… … je ne pense pas que ce soit une hypothèse sur laquelle je dois réfléchir »
Ok, je suis tellement naïve que je pourrais tout à fait me faire draguer d’une manière très agressive sans même m’en rendre compte. Mais quand même, si quelqu’un voulait quelque chose de moi, il faudrait que je donne mon accord, ce qui est tout simplement inenvisageable. Et de toute façon, on ne peut pas empêcher une personne d’en regarder une autre. Et il n’y a rien de mal à regarder, si ?
Ma réaction face au message de Maman semble l’amuser. Son sourire me réchauffe le cœur, tout comme le rire qui précède l’arrivée de mon grand verre d’eau.
« En tout cas même avec un bon goût, tu les prendrais jamais correctement ! »
Je lui tire la langue, laissant le son caractéristique des chipies qui tirent la langue se faire entendre. Face à son regard déterminé toutefois j’avale mon comprimé, laissant une grimace de dégoût crisper mon visage. Je ne me ferai jamais à cette amertume !
« Allez, ma belle, tu finiras bien par guérir ! »
Il accompagne son encouragement d’un doux sourire. Son sourire de grand-frère, ce sourire que j’ai cru perdre lorsque nous étions enfant et qu’il a failli mourir, ce sourire que je tuerai pour voir toujours sur ses lèvres. Je souris encore et toujours bien que je n’en aie pas vraiment envie.
« Princesse, tu n’es pas obligée de faire semblant avec moi. Si tu n’es pas bien, autant me le dire, tu sais… »
Tandis qu’il presse mes doigts entre les siens, je laisse mon sourire prendre une teinte plus triste. A-t-il compris que je cache quelque chose ? Entrevoit-il autre chose que de la douleur et de la fatigue physique ?
« Tant que j’aurais la force de sourire, tout ira bien ! »
Je lui souris de plus belle, esquivant tout de même son regard. Il ne peut pas deviner que mon trouble provient plus de la mauvaise rencontre faite en sortant de l’hôpital que de mon état physique. Je déteste lui mentir mais je déteste encore plus voir l’inquiétude dans ses yeux. Je ne parle jamais de la nuit où Seo Min est mort, surtout pas avec Ae Woon. C’est un sujet tabou. Alors je ne peux pas lui parler du détective. C’est impossible. Je ne suis même pas sûre d’être capable d’en parler à Hwannie malgré ma promesse. Alors inutile de penser aborder le sujet avec Woon. Il est d’un naturel inquiet, surtout en ce qui me concerne. Et depuis qu’il est venu prendre soin de moi à l’hôpital, j’ai l’impression que son inquiétude dépasse toutes les limites. Je n’aurais pas du le laisser me voir dans un état aussi pitoyable. Pourquoi a-t-il fallu que je sois aussi faible ? J’aurais du rester calme, accepter qu’il s’en aille plutôt que de paniquer comme une souris prise au piège entre les griffes d’un chat. Je ne peux que comprendre son angoisse pour l’avoir ressentie quand nous étions encore enfant. Ca me fait culpabiliser encore plus…
« Mais si savoir que mes côtes sont douloureuses te rassure, alors je te le dis : j’ai mal aux côtes. Mais c’est surtout de la faute du radiologue. Il a appuyé dessus plein de fois tout à l’heure ! J’ai même cru qu’il faisait exprès à un moment.
Je force une moue boudeuse suivie d’un petit rire, très vite coupé par mon flanc convalescent.
« Ca me fait du bien d’être avec toi… Tu n’imagines pas à quel point ta présence me soulage… »
J’entrelace nos doigts un instant avant de reprendre sur un ton plus anodin.
« Ah ! Tu penses que je pourrais bientôt passer chez vous ? Ca fait longtemps qu’on a pas passé une soirée ensemble… Et comme je ne peux pas aller en cours, je pourrais rester, comme ça on dormira ensemble. »
L’idée d’une soirée loin de la maison m’enchante plus que de raison, d’autant plus qu’exceptée ma nuit à l’hôpital, je n’ai pas quitté la maison depuis cette nuit avec Min Hwan.
« Tu crois qu’on peut tenir à trois sur le lit ? J’avais bien dormi la dernière fois.»
Mes pensées quittent le café pour penser à cette soirée au cours de laquelle j’ai partagé mes secrets avec celui que j’aime, partage qui s’est soldé par une excellente nuit, la meilleure depuis bien longtemps, entre ses bras. Ma main quitte celle de Woon et vient se réfugier dans la chaleur de la tasse presque vide pour la porter à mes lèvres. Quand je cesse mes divagations, mon regard croise celui perplexe de mon frère. J’ai l’impression que j’ai encore dit une ânerie…
Sujet: Re: "Protect me from what I want" ~ Kang Ae Woon Ven 3 Jan - 22:48
Ses traits de jeune fille laissent à peine transparaître la douleur, ou ne serait-ce qu’un sentiment qui pourrait attiser mon inquiétude. Une chose que ma sœur fait mieux que moi, c’est de porter ce masque, afin que personne ne se doute de ce qu’il y a derrière. Même moi, je me m’en aperçois que rarement… Je sais, je sens juste que son sourire, parfois, est plus forcé que d’ordinaire. Mais que faire pour qu’elle me réponde, que faire pour qu’elle me parle, je ne sais pas… Je ne saurais même pas comment lui répondre, pour tout dire, et ça n’apaise pas la sourde angoisse qui m’habite.
L’angoisse de ne pouvoir être à la hauteur d’être encore le grand frère qui la protège.
« Tant que j’aurais la force de sourire, tout ira bien ! »
Elle enfile son masque au sourire presque parfait, encore une fois, piquant mon cœur d’une petite aiguille de plus. Et si un jour, elle ne l’avait plus cette force ? Qu’arriverait-il à son cœur, à ses épaules fragiles ? Attentif, il fallait que je redouble d’attention pour être là au besoin, au moindre appel… Je pousse un léger soupir en passant les doigts dans ses cheveux, cherchant à attirer son regard. Elle me raconte son aventure avec le radiologue ayant des bizarres tics consistants à fourrer ses doigts dans les côtes de ses patients, le tout accompagné de mimiques de son cru et d’un petit rire cristallin. Je joins mon rire au sien, alors qu’elle vient elle-même chercher mes doigts pour les mêler aux siens. Nos yeux ses croisent et s’attachent pendant quelques longues secondes. Au fond de ses yeux bleus, je lis le bien-être simple d’un instant partagé. Mon inquiétude s’amenuise pour quasiment disparaître. Quasimment.
« Ca me fait du bien d’être avec toi… Tu n’imagines pas à quel point ta présence me soulage… »
Je médite ces quelques mots avant de lui répondre, tout bêtement :
« JMoi aussi je t’aime, princesse. - Ah ! Tu penses que je pourrais bientôt passer chez vous ? Ca fait longtemps qu’on a pas passé une soirée ensemble… Et comme je ne peux pas aller en cours, je pourrais rester, comme ça on dormira ensemble. »
Je réfléchis rapidement, pensant qu’il faudra appeler notre mère pour la prévenir, puisqu’elle n’arriverait pas à la convaincre seule et qu’il lui faudrait le renfort du grand frère pour permettre à la cadette de s’enfuir de sa prison dorée le temps d’une nuitée. Je n’étais pas le seul à m’inquiétais pour elle, et en tête du cortège, il y a notre génitrice.
« Tu crois qu’on peut tenir à trois sur le lit ? J’avais bien dormi la dernière fois. -JMmmh, on est pas gros donc je pense que…»
Attendez là. La dernière fois ? Ae Ri n’avait jamais dormi chez nous, et n’avait pénétré dans l’unique chambre, où il y réside l’unique lit, que très rarement. Alors la dernière fois pour moi était… vague. Une idée s’impose alors à moi. La dernière fois, je n’étais pas là. Passé la surprise, c’est la colère qui vient soudain prendre ma poitrine, qui se gonfle.
« Tu as dormi chez nous, quand ça ? Avec Min Hwan ? Et… »
Pourquoi ne pas me l’avoir dit ? Je m’enfonce dans mon siège, croise les bras, brise le contact visuel, avant d’être appelé pour retourner au comptoir. J’ai dans le cœur, soudainement, l’impression d’être isolé d’une chose à laquelle je ne dois pas me mêler. Comme si, encore une fois, Min Hwan avait eu le geste, le mot, l’attitude que je n’avais pas eu pour la soutenir comme il le fallait. Et je n’aimais vraiment pas ça.
J’ai peine à sourire au client qui me demande des renseignements sur les différentes tailles des boissons, ce qui doit se sentir, puisque le sien se fait tout de suite plus gauche. Le temps de servir cinq autres personnes, et je parviens à me composer un visage moins… dur. Parce qu’après tout, elle n’avait pas besoin de ça. Ae Ri était bien la seule personne pour laquelle je pouvais manger ma colère et mes mauvais sentiments pour les lui éviter. Je reviens vers elle, lui apportant un énorme cookie que je mettrais plus tard sur ma note, avant de chercher à nouveau son regard. Dans un geste rendu machinal par les années, ma main gauche va se serrer autour de mon poignet droit, chassant une douleur qui ne réside que dans ma tête.
Je cherche les bons mots pour pouvoir poser la question qui me taraude. Mais je ne les ai pas. Ou plutôt ils me fuient, comme toujours. Peut-être est-ce ça, l’avantage de Min Hwan. Lui a toujours les bons mots, au bon moment, prononcés de la bonne manière. Moi, toute cette diplomatie me dépasse. Je crois qu’il se passe plusieurs instants, immobiles, avant que je ne cède et avance, complètement au hasard :
« Je pense que ça ira pour le lit. »
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Sujet: Re: "Protect me from what I want" ~ Kang Ae Woon Sam 4 Jan - 18:25
« Moi aussi je t’aime, princesse. »
Il y a des mots qui ont le don de faire naître un feu de bonheur au milieu de n’importe quel océan de larmes. Ceux-là en font partie. Moi aussi je l’aime, mon frère. Plus que tout. Je ne supporterai pas de le perdre de quelque façon que ce soit. Je n’arrive même plus à le fuir comme je le faisais. C’est moi qui recherche sa présence.
Je le vois réfléchir à ma demande et si j’en crois son expression, il ne voit aucune objection à ce que je passe une nuit avec lui. Je déduis d’ailleurs de ses sourcils légèrement froncé qu’il réfléchit à un moyen de rendre ça possible. Pense-t-il à la façon de convaincre Maman ? C’est inutile, si je passe par Papa, j’aurais forcément ce que je veux. Woonie et lui ont beau être fâchés, il a parfaitement confiance en son aîné pour prendre soin de moi. Et il a également confiance en Hwannie, et ce depuis toujours. Après tout, c’était lui qui nous gardait lorsque nous étions petits.
Et soudain, tandis que je ramène mon regard sur lui après avoir rêvassé d’une nuit blottie entre les deux hommes de ma vie, il se passe quelque chose.
« Mmmh, on est pas gros donc je pense que…»
Ae Woon n’a pas pris le temps de terminer sa phrase et je lis dans son regard une certaine incompréhension qui me fait réaliser ce que je viens de dire. Je viens d’annoncer à mon frère que j’ai dormi chez lui pendant qu’il n’était pas là. Evidemment, ça ne peut pas lui plaire. Et l’air furieux qu’il prend très rapidement ne fait que confirmer cette idée.
« Tu as dormi chez nous, quand ça ? Avec Min Hwan ? Et… »
Je ne sais pas quoi répondre. Je ne peux que me mordre nerveusement la lèvre en le voyant se renfrogner plus encore. Il est en colère, je le sais. Je le vois à son regard. Il brûle d’envie de s’énerver vraiment et de laisser jaillir son énervement. Il fait toujours ça quand je ne lui dis pas les choses. Surtout quand ça concerne un autre que lui, et plus particulièrement avec Hwannie. J’ouvre la bouche pour tenter de lui répondre mais les clients ne m’en laissent pas le temps. J’ai brusquement envie de pleurer. Il faut que je rattrape ma bêtise pour deux raisons. Tout d’abord, je ne veux pas que Woon se sente blessé. C’est pour ça que je ne voulais pas parler de cette nuit avec Hwannie. Et ensuite, je ne veux pas qu’il fasse retomber sa mauvaise humeur sur Hwan.
« Idiote… »
Je murmure en regardant Woon et son air contrarié avant de baisser tristement la tête. Je déteste voir Woonie énervé, et il le sait. Je devais être une très mauvaise personne dans mes vies antérieures pour me retrouver dans des situations pareilles aujourd’hui. Quand Woonie revient, il me rapporte un cookie, comme un gage de paix. Je sais qu’il ne s’est pas réellement calmer. Pourtant, j’ose le regarder, me fabriquant un sourire timide, et le remercie d’un murmure. Il me fixe, ses joues légèrement gonflées d’air, la mine boudeuse, et mon sourire s’élargit. Il est vraiment mignon lorsqu’il fait cette tête…
« Je pense que ça ira pour le lit. »
Je croque un morceau de cookie avant de soupirer. Il fait toujours ça. Je sais pertinemment que ce n’était pas ce qu’il voulait dire. Ce que j’ignore en revanche, c’est le fond de sa pensée.
« Oppa… Arrête de faire ça, s’il-te-plaît. Ne sois pas si distant. Si tu as quelque chose à dire, dis-le. »
Je détourne le regard un instant pour trouver le courage de lui fournir une excuse pouvant lui paraître valable et surtout tenter d’apaiser la colère qu’il rumine, bien que je ne sache pas trop ce qui la cause.
« Au départ, j’étais juste venue dîner pour tenir compagnie à Hwannie. Et comme j’étais très fatiguée à cause du stage, je me suis endormie. Il n’a pas eu le cœur de me réveiller, du coup je suis restée pour la nuit. »
Voilà pour la partie nuit. En revanche, il va falloir que j’explique pourquoi j’ai parlé de dormir à trois dans un même lit. Vraiment, il faut que j’apprenne à me taire.
« Et tu sais, j’ai un sommeil assez agité, et quand je me réveille et que je suis seule, je n’arrive plus à me rendormir. Hwannie est juste resté le temps que je me rendorme, c’est tout. »
Mon cœur se brise face à ce mensonge. Je déteste ça, mentir. D’autant plus que je ne sais pas le faire. Pourtant, il faut que Woonie soit dupe. Si je lui dis que j’ai demandé à Hwan de dormir avec moi, il pensera immédiatement que je n’allais pas bien et que je lui cache quelque chose. Or, il faut absolument qu’il gobe mon mensonge. Au fond de moi, je sais qu’il jalouse mes rapports avec les garçons et plus encore ceux que j’entretiens avec son meilleur ami. Je ne peux pas le laisser penser que quelqu’un puisse prendre sa place dans mon cœur. Je plonge mes yeux clairs dans ses prunelles, lui sortant mon air désolé le plus adorable.
« Oppa, ne te fâche pas s’il-te-plaît. Je ne t’ai rien dit parce que je n’y ai plus pensé. C’est arrivé juste avant que j’aie mon lapin et juste avant l’accident. »
Je lui souris difficilement. Lui pensera que c’est parce que je repense à l’accident alors que je m’en veux juste horriblement de lui cacher les véritables raisons de ma nuit avec Min Hwan. Mais c’est un sacrifice nécessaire. Je ne peux pas lui dire que si Hwan m’a gardée près de lui c’était pour me protéger de moi-même et me redonner goût à la vie.
« Ah ! D’ailleurs je crois que je ne t’ai jamais montré de photos de Min Woon ! Regarde comme il est mignon ! »
Je sors de nouveau mon portable et fais défiler quelques photos sous les yeux de mon frère en guise de diversion. Je me sens de plus en plus fatiguée. Sortir seule était sans doute prématuré… D’ailleurs, si je n’avais pas fait de crise d’indépendance, rien de tout cela ne serait arrivé. Je lutte contre un bâillement. J’ai assez contrarié mon frère pour aujourd’hui, et je ne serais plus capable d’inventer la moindre excuse en cas de boulette.
Sujet: Re: "Protect me from what I want" ~ Kang Ae Woon Mar 7 Jan - 22:01
Je la vois commencer à grignoter le cookie, sans grand appétit, avant qu’elle ne me soupire :
« Oppa… Arrête de faire ça, s’il-te-plaît. Ne sois pas si distant. Si tu as quelque chose à dire, dis-le. »
Ma mâchoire se crispe, comme à chaque fois que je suis « contrarié » comme dit ma cadette. Je garde néanmoins le silence, pas décidé à lâcher prise, alors qu’elle m’explique les raisons de sa présence dans notre appartement pendant mon absence. C’est idiot, hein… Être aussi têtu et possessif pour que ma cadette doivent s’expliquer sur quelque chose qui, comme toute est innocent. Je n’ai pas mon mot à dire : il s’agit du lien entre ma sœur et mon meilleur ami, deux personnes raisonnables. Je fais mine d’ignorer mon instinct qui me dit que quelque chose se cache derrière ses mots. J’ai envie de la croire. Alors je la crois et ne cherche pas à creuser cette fichu intuition. Je me contente de laisser mon cœur craquer devant la bouille qu’elle me lance. Je suis vraiment un grand frère trop faible… Elle pourrait faire tout et n’importe quoi de moi je crois bien. Tellement que ça en serait dangereux si elle était moins… sage.
« Oppa, ne te fâche pas s’il-te-plaît. Je ne t’ai rien dit parce que je n’y ai plus pensé. C’est arrivé juste avant que j’aie mon lapin et juste avant l’accident. »
Je tique un peu. Ce fameux accident. Resté vif dans ma mémoire, comme si c’était moi qui avais atterri dans le lit blanc de l’hôpital. Un frisson, mélange de peur et de colère, parcourt encore mon échine à l’évocation de ce moment. Je déteste la savoir vulnérable, plus encore lorsque je suis trop loin pour la protéger.
Avant que j’ai le temps de lui demander de quel chapeau était sorti son lapin, elle dégaine son portable, et me présente son Min Woon, qu’elle qualifie de mignon. Elle s’extasie sur la petite boule de poils en défilant les photos sous mon nez. Après être resté plus ou moins impassible, je finis par me dire qu’après tout, il était bien sympathique, à faire le pitre… C’est vrai qu’il est mignon…
« Je trouve qu’il ressemble vachement à Min Hwan, non ? » je lui confie en rigolant.
Je lui prends son téléphone pour zoomer et observer la petite bête de plus près, en zoomant sur le cliché où elle essaie de sortir de sa cage trop grande pour elle.
« Aaaah tu vois, là, il me ressemble ! Il essaie coûte que coûte de faire ce qu’il veut ! C’est bien, Min Woon ! »
D’autres diront qu’être têtu est un défaut… C’est malheureusement l’une des qualités les plus caractéristiques chez nous, les Kang. Même un lapin l’avait compris et l’avait adoptée. Je continue à vanter les mérites de la bestiole aventurière en riant jusqu’à ce qu’Ae Ri n’ait plus de photo à me montrer. Je lui fais promettre de ramener le lapin la prochaine fois qu’elle viendrait à la maison, nous voir Min Hwan et moi. Rancunier, moi ? Oh bien sûr que non, pas avec elle en tout cas. Je souhaitais juste lui faire comprendre qu’à ma manière, j’étais là moi aussi, comme le symbolisait le nom de son lapin.
« Et d’ailleurs, pourquoi tu m’a mis en second, dans le nom de ton lapin ? Ae Hwan aurait été vachement plus classe, d’abord ! » dis-je en faisant semblant de bouder.
Mais ma tentative s’avère être un échec alors que ma sœurette affiche une moue plein d’espoir, sans doute restée bloquée sur le « quand tu viendras à la maison » précédemment énoncé. Je souris, recoiffe ses cheveux et lui confirme :
« Mais oui, on s’arrangera, quand tu seras guérie. Il faut que tu me jures de prendre tes médicaments, et de ne rien faire qui empire ton état, hein ? »
Je lui sors le visage fermé du grand frère, en tout cas j’essaie. Même si mon ton est léger, c’est quelque chose d’important pour moi qu’elle me fasse cette promesse. Qu’elle fasse attention à elle, cette idiote… Comment va-t-elle faire, si personne ne veille sur elle, hein ? Elle est capable de se mettre dans les pires ennuis sans même s’en rendre compte… Je soupire à cette pensée, pose un baiser sur son front et lui glisse :
« Tu devrais appeler Maman pour qu’elle vienne te chercher, princesse, pour aller de reposer, d’accord ? »
Ma main caresse sa joue et je lui adresse un regard tendre, de ces regards que je n’ai que pour elle. Ceux qui disent que je tiens à elle malgré mon caractère de cochon, et que quoiqu’elle me cache, elle sera toujours ma petite sœur.
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Sujet: Re: "Protect me from what I want" ~ Kang Ae Woon Mer 8 Jan - 17:32
Tout en faisant défiler mes photos, j’observe mon grand-frère discrètement. Il semblait en colère, puis il a paru nerveux et petit à petit, il se détend, il se déride. Qui pourrait résister à la bouille magnifiquement craquante de mon Min Woon ? Sa petite truffe noire et ses oreilles tout aussi sombres… Il est adorable. Un véritable amour. Et comme prévu, il m’aide. Savoir qu’il y a un petit être comme lui dans ma chambre me rassure un peu.
« Je trouve qu’il ressemble vachement à Min Hwan, non ? »
Surprise de cette réflexion et du rire qui la suit, je sens mes joues qui prennent des couleurs. Je choisis de ne rien dire, et retiens sans peine le « c’est pour ça que je l’ai choisi lui plutôt qu’un autre ». D’autant plus qu’il vient tout juste de réagir froidement à l’idée que j’aie passé du temps avec Hwannie. Mieux vaut ne pas en rajouter. Quoiqu’il en soit, je suis contente de ne pas être seule à voir en cette petite boule de poil quelque chose de Min Hwan.
Woonie prend alors mon téléphone pour regarder de plus près. Je me tortille un peu, à peine, pour pouvoir regarder sans que la douleur ne devienne insupportable. C’est la photo que j’ai prise lorsque cette tête de mule essayait de sortir seule de sa cage.
« Aaaah tu vois, là, il me ressemble ! Il essaie coûte que coûte de faire ce qu’il veut ! C’est bien, Min Woon ! » « Hé ! Ne l’encourage pas trop s’il-te-plaît ! Après, c’est moi qui dois crapahuter partout pour le récupérer ! »
Je feins une moue contrariée tandis que nous regardons les autres photos. Certes, j’ai beaucoup dormi ces derniers jours, mais lorsque j’étais réveillée, je passais beaucoup de temps à observer Min Woon et à le mitrailler de photos. J’admire la façon dont Woonie adopte mon lapin. Il rit, souvent, et paraît beaucoup plus détendu. Lorsqu’il me rend mon portable, c’est qu’il n’y a plus de photos à regarder. Et il me demande de lui promettre d’emmener Min Woon en allant les voir. Je m’arrête plus au fait que Woonie me demande lui-même de venir que sur le fait qu’il veuille connaître mon petit protégé.
« Et d’ailleurs, pourquoi tu m’a mis en second, dans le nom de ton lapin ? Ae Hwan aurait été vachement plus classe, d’abord ! »
Je souris largement en voyant son air boudeur, faussement vexé. Je lève les yeux au ciel. Kang Ae Woon, tu es désespérant. Ae Hwan ou Min Woon, aucune différence. Même si je dois bien avouer que mettre Min en premier me permet de le remercier pour ce cadeau absolument parfait. Comme lui. Mais pour le moment, la seule chose qui compte pour moi est la promesse faite que je pourrais bientôt venir chez les hommes de ma vie.
« Mais oui, on s’arrangera, quand tu seras guérie. Il faut que tu me jures de prendre tes médicaments, et de ne rien faire qui empire ton état, hein ? »
Mon sourire peine à persister et je camoufle difficilement la déception que je ressens brutalement. Quand je serais guérie ? Non. C’est trop loin, ça !
« C’est promis Woonie ! Je fais attention. Mais tu sais, j’en ai pour un bon mois avant de pouvoir enlever mon écharpe… Je sais que tu es très occupé, mais… si tu peux, si c’est possible… essaie de te libérer avant. Sinon Maman va réussir à me rendre complètement folle ! »
Surtout si elle continue à venir me voir toutes les heures même dans la nuit pour vérifier que je respire encore, tout ça parce qu’elle a vu dans un film que des côtes fracturées pouvaient transpercer des organes et tuer des gens. Il faut vraiment qu’elle arrête de regarder tous ces téléfilms. J’esquisse un bâillement discret juste avant que Woonie ne dépose un baiser sur mon front.
« Tu devrais appeler Maman pour qu’elle vienne te chercher, princesse, pour aller de reposer, d’accord ? » « Est-ce que j’ai le choix… »
Question purement rhétorique alors que la main de mon frère caresse ma joue et que son regard plein d’amour pour moi se fixe sur mon visage fatigué, et amoché. Un court instant, j’oublie la douleur, les gens, l’accident. Un court instant, il n’y a plus que lui, et moi. Un court instant, je ne suis plus convalescente, je suis simplement Ae Ri, son adorable petite sœur. Et cette adorable petite sœur doit rentrer à la maison, prendre soin d’elle. En signe de reddition, je lâche un simple soupir et envoie un message à Maman. Ae Woon a raison, je dois rentrer me reposer. Il commence à y avoir du monde et je sais que je ne vais pas tarder à m’endormir. Si ça arrive, Woon va s’inquiéter et devoir veiller sur moi tout en travaillant. Je me suis assez imposée comme ça. Il est l’heure pour la princesse de retourner dans son donjon, en espérant que ses peurs lui laisseront au moins une journée de répit.
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Sujet: Re: "Protect me from what I want" ~ Kang Ae Woon