Aujourd’hui était le grand jour, celui d’enfin passer à l’action, de pouvoir faire couler un peu de sang, pas assez à mon goût mais assez pour mettre fin à une vie. Ma cible du jour était évidemment un Twao mais aussi un avocat qui revendiquait les droits de ceux de son espèce. Et bien sûr, j’avais pris ce cas-là car j’étais certaine de réussir à l’avoir. De toute manière, avec les hommes ça fonctionne souvent de la même façon, avec un soupçon de séduction, de désir.
Mon plan avait nécessité beaucoup de préparation en amont. Déjà, je l’avais rencontré à plusieurs reprises avant aujourd’hui, me faisant passer pour une jeune femme éplorée venue demander de l’aide pour porter plainte contre un ancien petit-ami harceleur. Le stéréotype même de la femme faible et soumise auquel il ne pouvait absolument pas dire non. Je lui avais fait miroité une possible aventure lorsque je lui avais dit lors d’une entrevue que je n’avais pas énormément de moyens et que je trouverai un moyen de le payer autrement. Après cela, nous nous sommes rencontrés plusieurs fois, notamment pour parler de mon problème qui n’en était pas réellement un. Aujourd’hui nous n’avions pas rendez-vous mais grâce à quelques coups de fils et des allers retours de repérage, je connaissais son emploi du temps et savais qu’il serait ici à cette heure-ci.
L’un de mes seuls soucis était la fouille à l’entrée du palais de justice. De ce fait je ne pouvais pas avoir d’armes sur moi, je me ferai griller tout de suite. Alors j’avais prévu quelque chose de discret bien dissimulé sur moi pour passer les contrôles sans problèmes. Le vigile n’osa pas trop poser les mains sur moi lorsqu’il me vit dans ma petite robe noire à fine brettelles m’arrivant à mi-cuisses. Disons que je mettais toutes les chances de mon côté pour mener à bien ma mission. Il était hors de question d’échouer et de décevoir Do Jun. Je devais lui prouver qu’il n’avait pas à douter de mes compétences, que j’étais aussi déterminée que lui à tous les éliminer, j’avais juste fait une petite erreur mais j’allais la réparer rapidement.
Je m’avançai dans le bâtiment à la recherche de ma proie, qui si je ne me trompe devait tout juste revenir du tribunal. Gagné, je venais de le repérer à une dizaine de mètres. Il était temps de repasser en mode "femme frêle et fragile".
« Maître ! »
Lorsqu’il m’entendit, il s’arrêta net et se retourna. Je fis claquer mes talons aiguilles sur le carrelage pour le rejoindre et lui adressai un sourire éclatant une fois arrivée à son niveau. J’étais vraiment dans mon rôle car jamais je ne ferai ça en vrai, surtout avec un homme. Le seul capable de me faire sourire n’était autre que mon patron parce que j’avais une confiance aveugle en lui et que je savais pertinemment qu’il ne me fera jamais de mal.
« Je sais qu’on devait pas se voir mais je pensais pouvoir payer une partie de ce que je vous dois maintenant. »
Je répondis à son interrogation muette par mon bras passant autour du sien et un sourire légèrement enjôleur. Vas-y pense déjà que tu vas finir entre mes cuisses mais tu seras déjà froid avant d’avoir le temps de remonter ma robe. C’est sur ces pensées et actions bien différentes que j’entraînai ma future victime jusqu’aux toilettes situées un peu plus loin. Après avoir vérifié que nous étions bien seuls, il nous fit rentrer dans une cabine et je le laissai me plaquer contre la porte pour commencer à me toucher, d’abord les hanches puis plus haut. J’en avais des frissons de dégoût qu’il prenait pour du plaisir, tellement ses gestes me répugnaient. Il posa ses lèvres dans mon cou qui me valut un haut le cœur et je décidai de mettre un terme à tout ça. Lentement, et en essayant de me concentrer sur autre chose que ce que je sentais durcir contre ma cuisse, je me saisis du crayon caché dans mon soutien-gorge et l’ouvris délicatement pour en révéler la lame de scalpel. Dans son excitation, il ne faisait absolument pas attention à mes gestes et heureusement. Je fis comme si je voulais passer mes bras autour de son cou et entaillais sa carotide. Surpris, il s’écarta et j’en profitai pour le finir d’un coup au cœur. Je le dégageai de moi et le laissai tomber mollement au sol. C’est fait.
Je sortis de la cabine et pris soin de refermer la porte pour que personne ne découvre le corps avant que je sois loin d’ici. Avant de sortir, je me regardai dans le miroir et me rendis compte que j’avais du sang sur les bras et dans le cou. Et en plus de ça, il avait été incapable de mourir proprement. Je lavai tout ça, essuyai consciencieusement ma peau pour qu’il ne reste rien en me disant que c’était une chance que ma robe soit noire mais que je devrai sûrement la jeter en rentrant. Je pris mon portable dans mon petit sac à main et composai le compte rendu de la mission « Le chat a mangé la souris », un des nombreux codes qui n’explicitait pas les meurtres et notre lien avec l’organisation pour laquelle nous travaillions. Et voilà, je n’avais plus qu’à rentrer. Je sortis des toilettes avec un sourire, je voulais rentrer au club, voir Do Jun et lui raconter tous les détails. Il me pardonnera bien mon échec avec ça.
Dernière édition par Sang Ah Ra le Dim 9 Fév - 16:41, édité 1 fois
« Invité »Invité
Sujet: Re: Catch me if you can Dim 9 Fév - 16:01
La colère était un sentiment que Tae Sung Ki connaissait parfaitement.
La première fois qu’il l’avait ressenti, il n’était qu’un adolescent en crise. Perdre ses parents, c’est souvent synonyme de perdre ses repères. Dans le cas du garçon, il n’y avait plus rien qui importait. Il souhaitait simplement oublier, par tous les moyens. Effacer cette émotion trop intense qu’il parvenait tout juste à saisir. Ce tourbillon enflammé de peine, d’incompréhension, et d’injustice. Il n’était qu’un jeune adolescent de dix-sept ans, et tout ce qui faisait son monde, c’était écroulé en une demi-journée. L’enfer, il l’avait vécu bien trop tôt. Les souvenirs de ce brasier ne cessaient de le hanter, au même titre que les cris incessants de ses sœurs qui lui vrillent les oreilles dès que le silence tombait. Puis, il y avait cette phrase. Cette seule phrase qui avait suffi à le faire perdre le peu de raison qu’il semblait lui rester.
« Il se pourrait que la mort de vos parents ne soit pas accidentelle. » Il l’avait ressenti comme un incendie qui se propage le long de ses membres, sans laisser la moindre chance d’être rescapé. Cette impression de ne plus rien contrôler, que ce soit son corps ou ses pensées, alors que la seule chose qui l’obsédait était de faire passer sa rage. Ces gens, ces monstres qui lui avait ôté ce qu'il avait de plus précieux sur cette terre, il ne pensait plus qu'à eux. C'est ainsi que tout a commencé. De cette façon, à cause de cette colère, qu'il s'était lancé à la quête de cette organisation immonde qui prenait des vies sous prétexte qu'ils avaient une infime différence. Savoir que quelque part des hommes se pensaient supérieurs et se permettaient sans le moindre avis de décider des personnes qui avaient le droit de vivre. Ou non.
Telle était la raison de la colère impitoyable du procureur.
Encore aujourd'hui, il en reconnaissait les signes. Le sang qui boue, les mains qui tremblent, l’estomac noué. Ça le prenait par les tripes, et plus rien ne comptait. Si certains disent que l’amour rend aveugle, pour lui, la fureur était bien plus intense. Il n’y a plus aucune notion de bonté, ou de pitié. Seul ne compte que la vengeance qui rythmait sa vie depuis de nombreuses années. Il y était habitué. Peut-être un peu trop.
Oui. Sung Ki connaissait très bien les conséquences de la colère. Il les vivait chaque jour depuis plus de dix ans.
Et il la ressentait encore, alors qu'il traversait le couloir principal de son étage. Son pas était pressé, le talon de ses chaussures résonnant contre les dalles de pierre cirées. Les doigts serrés autour de sa cravate, il la remit rapidement en place alors que le regard insistant de son assistante semblait chercher à percer son dos. Levant les yeux au ciel, il se retint de justesse de ne pas lui faire une remarque plus désobligeante que ce à quoi elle avait eu le droit depuis le début de la journée. Après tout, elle était payée pour subir ses sautes d'humeur. Au moins quelque chose qu'elle savait faire. Or, les heures avaient été longues ce matin. Le procès auquel il avait été convoqué un peu à la dernière minute, n'avait pas eu grand intérêt. Tout au contraire. Une simple histoire de vol à l'étalage qui aurait mal fini. Le procureur avait dû user de toute sa volonté pour ne pas quitter la salle d'audience sur le champ.
Comme s'il n'avait pas perdu assez de temps la veille avec les frasques inutiles de sa cadette et de sa conquête.
Soudain agacé, il s'immobilisa, se tournant lentement vers sa secrétaire. Cette dernière sursauta, baissant aussitôt les yeux plutôt que de soutenir ceux de son patron. Un rictus moqueur apparu sur ses lèvres, conscient de l'intimidation dont il faisait preuve.
« Est-ce que vous comptez me suivre jusqu'aux toilettes? » demanda-t-il de la voix glaciale qui le caractérisait.
Elle secoua vivement la tête, reculant de quelques pas pour lui laisser assez d'espace. Pauvre idiote. Satisfait, le brun tourna les talons et se dirigea vers les toilettes pour hommes. Il eut à peine posé sa main sur la porte que celle-ci s'ouvirt. Il arqua un sourcil, à peine surpris de croiser le regard d'une jeune -et jolie- femme. Étonnement, c'étaient des choses plus courantes que ce à quoi on pouvait s'attendre dans un palais de justice. Probablement une cliente impatiente et sans autre moyen de paiement que celui qui se trouve entre ses jambes. Sans faire plus attention, il s'écarta pour lui laisser la place suffisante pour sortir. Après tout, ça ne le regardait pas. Soufflant quelque peu, il se laissa une seconde pour profiter de l'absence de regard sur sa personne. A force, il s'y habituait, certes. Mais ça ne voulait pas dire que ça restait agréable de sentir des yeux inquisiteurs vous suivre à longueur de temps. Puis il s'avança lentement vers les lavabos surplombés d'un immense miroir impeccable. Se nettoyant les mains sous l'eau chaude, il lança un regard vers son reflet. D'apparence, il n'y avait rien à redire. De ses cheveux en ordre, à son col blanc correctement placé, il savait garder le masque impassible qui avait fait sa réputation. Après avoir essuyé ses doigts à l'aide d'une serviette en papier, il les porta à son menton, penchant la tête afin d'observer sa joue gauche. La gifle de son adorable petite soeur n'avait apparemment pas laissé de trace. Encore heureux. Il ne manquerait plus que ça, que son visage ait une couleur bleuâtre alors qu'il doit se rendre au barreau. Occupé à détaillé sa peau pâle, il ne fit d'abord pas attention mais ses yeux finirent par glisser lentement vers la forme sombre qui se trouvait derrière lui. Dans une cabine entrouverte. Fronçant les sourcils, Sung Ki se recula doucement avant de se retourner.
Du bout des doigts, il repoussa le battant qui cachait encore la silhouette effondrée sur le sol. Un coup d'oeil suffit au procureur pour qu'il ne lâche un profond soupir. Bah voyons. Il fallait que ça tombe sur lui, évidemment. De toutes les personnes susceptibles de trouver un cadavre ensanglanté, il fallait que ce soit lui. Qu'est-ce qu'il avait fait au monde pour qu'il s'acharne de cette façon? Marmonnant entre ses dents, il se pencha afin d'examiner le corps de plus près. La carotide entaillée, il n'avait aucune chance.
«Mort. »
A l'aide de son index, il fit bouger la tête suffisamment pour pouvoir distinguer son visage malgré le sang qui venait le teindre. Il le reconnaissait. Il avait déjà eu l'occasion de lui parler. Un avocat réputé, de part son métier certes, mais aussi pour ses discours sur les twaos qu'il s'amusait à répandre autour de lui.
Un twao.
Il se redressa aussitôt, l'esprit en alerte. Qui d'autre qu'elle? Fermant les yeux un instant, il revit parfaitement les traits de la jeune femme qu'il avait croisé quelques minutes plus tôt. Réagissant au quart de tour, il abandonna le cadavre à son triste sort -non pas qu'il puisse s'en soucier après tout- et se précipita à l'extérieur de la salle d'eau. Ignorant l'appel timide de sa secrétaire qui l'attendait à la sortie, il balaya le couloir du regard.
Jusqu'à la trouver dans sa robe sombre, sur le point de grimper dans l'ascenseur qui lui tendait les bras.
En quelques enjambées, il la rejoignit. Bien sûr, il ne lui accorda pas la moindre attention avant que les lourdes portes de métal ne se soient refermées, les isolant tous deux.
« Avez-vous obtenu tout ce qu'il vous fallait? » murmura-t-il rompant le silence inconfortable. « Ou bien devrais-je m'en assurer? »
Il surpris le regard froid de la jeune femme dans la glace qui leur faisait face alors qu'il lui dédia un rictus narquois.
Qui es-tu?
« Invité »Invité
Sujet: Re: Catch me if you can Mar 18 Fév - 16:51
Ma mission terminée et une fois nettoyée du sang qui me couvrait il y a quelques instants, je sortis des toilettes, croisant un jeune homme souhaitant y entrer. Je ne m’attardai pas sur lui et continuai mon chemin. Je me fis la réflexion qu’à peine quelques secondes plus tôt et il m’aurait pris sur le fait, à cette pensée je sentis mon cœur battre plus vite. Heureusement que je l’avais éliminé rapidement. La porte passée, je fis quelques pas et m’arrêtai pour observer les lieux. J’étais venue plusieurs fois pour des repérages alors je savais exactement ce que je devais faire. Prendre l’ascenseur là-bas, monter deux étages et retrouver la sortie du palais de justice.
C’est d’un pas déterminé que je marchai dans la direction de l’ascenseur, pris dans mon sac mon stylo, l’arme qui m’avait servie à exécuter mon avocat et la jetai rapidement dans la première poubelle que je croisais avant de m’engouffrer dans la cage de fer qui venait de se vider de ses occupants. J’attendis patiemment que les portes se referment mais malheureusement un homme monta juste avant. Se retrouver enfermée dans un espace aussi restreint avec un homme était des plus désagréables, je n’avais qu’une hâte, arriver à destination et partir loin d’ici.
« Avez-vous obtenu tout ce qu'il vous fallait? Ou bien devrais-je m'en assurer? »
Je retins ma respiration alors que je compris ce qu’il se passait. L’homme des toilettes, c’était lui et s’il avait vu le cadavre, alors il savait que c’était mon œuvre… Pourquoi ça ne s’était pas passé comme prévu ? Pourquoi avait-il fallu qu’un gêneur fasse son apparition ? Maintenant, je devais jouer l’innocente et essayer de m’en tirer comme je pouvais, mais c’était encore plus désagréable de me retrouver enfermée avec lui. Je croisai son regard narquois dans la paroi métallique face à nous et détournai les yeux.
« Pardon ? »
Je tournai mon visage vers lui avec un regard surpris, rentrant dans le rôle de la femme innocente que je n’étais absolument pas. Maintenant, nous allions jouer à un petit jeu et j’allais tout faire pour le remporter. Ne pas me faire coincer et repartir d’ici tranquillement et débarrassée d’un Twao en moins sur Terre.
« On se connait peut-être ? Je n’ai pas une très grande mémoire des visages mais je pense que je me souviendrai du votre si je l’avais déjà vu. »
Commencer à lui faire du rentre dedans tout en affichant un air fragile pour qu’il pense à autre chose. De toute manière, s’il avait la moindre preuve ou le moindre soupçon de ma culpabilité, il aurait appelé la sécurité et m’aurait fait fouiller et arrêter. Alors que là, il ne pouvait rien faire et je m’assurerai personnellement qu’il ne puisse pas remonter jusqu’à Do Jun. Lentement, j’ouvris mon sac à main et en sortis miroir et rouge à lèvres pour me refaire une beauté tout en l’observant dans mon miroir avec un léger sourire.
« Et vous, il vous faut quelque chose ? Vous savez, c’est justement mon travail de satisfaire les désirs de mes clients ! »
Je pris le temps de recolorer mes lèvres de rouge et rangeai le tout. Intérieurement, je maudissais cet ascenseur qui mettait un temps fou à monter les étages. Je n’en pouvais plus d’être coincée ici, je voulais me retrouver loin de ce palais de justice et de cet homme étrange. Et j’étais même prête à le laisser avoir un peu de bon temps avec mon corps tant qu’il ne se montrait pas plus curieux. Il devait s’estimer heureux, je ne le proposais pas souvent.
« Invité »Invité
Sujet: Re: Catch me if you can Mar 15 Avr - 16:39
« Pardon ? »
La jeune femme détourna les yeux, avant de les relever lentement vers lui d'une façon faussement innocente qui eu le don d'arracher un rictus moqueur au procureur. Ni son regard surpris, ni la moue que beaucoup aurait pu juger adorable ne pourrait suffire à le convaincre. Son jeu était si limpide que pendant un instant, Sung Ki pensa s'être trompé. Si seulement ce fait était possible. Pourtant, il était bien connu que l'homme de loi ne se fourvoyait que très rarement. Alors, se trouvait-il face à une actrice si mauvaise que le doute s'installait, ou était-ce là justement le but de sa manipulation ?
« On se connait peut-être ? Je n’ai pas une très grande mémoire des visages mais je pense que je me souviendrai du votre si je l’avais déjà vu. »
Du rentre dedans à présent ? Si le faucheur avait été connu pour sa bonne humeur, peut-être se serait-il mit à rire. Néanmoins, si lui n'était pas dupe, il devait bien reconnaître que si elle était ce qu'il la soupçonnait d'être, elle avait du ressort. Jouer la fille fragile pour faire tomber les masques. Tout ce qu'il haïssait, n'était-ce pas magnifique ? Comme si son manège pouvait vraiment fonctionner. Ne pensait-elle pas qu'il avait vu le cadavre sanguinolent dans la cabine ? Cette jeune femme avait du sang sur les mains, elle avait beau les laver autant qu'elle le voulait, le traqueur pouvait encore le voir couler entre ses doigts.
« Oh que oui. Vous vous en souviendriez, en effet. » lâcha-t-il sans la quitter du regard.
Elle ne répliqua rien, laissant le silence reprendre ses droits dans le petit habitacle de fer. Qui pourrait croire qu'un voyage entre étage pouvait être aussi long ? Lentement, elle hissa son sac à main un peu plus en hauteur afin de pouvoir le fouiller plus aisément. Sung Ki se tendit légèrement, prêt à la voir en sortir une arme aiguisée. La même que celle qui avait laissé des traces sur le corps de l'avocat qui avait repeint les murs d'une jolie couleur écarlate. C'est d'ailleurs de cette couleur qu'était le rouge à lèvre qu'elle tenait désormais entre ses longs doigts fins. Le procureur détourne le regard, le plongeant vers le reflet dans le miroir. Il n'appréciait décidément pas le léger sourire, flottant entre l'arrogance et l'innocence, qui dessinait la bouche de l'inconnue.
« Et vous, il vous faut quelque chose ? Vous savez, c’est justement mon travail de satisfaire les désirs de mes clients ! - Et de quel travail s'agit-il, si je ne suis pas indiscret?» s'enquit-il de sa voix faussement aimable, trahie si facilement par son ton glacial. « Une jeune femme de votre allure ne devrait pas avoir à se salir les mains... »
Il avait beau avoir l'habitude de se trouver en présence de personne de -ce qu'il présumait être- son genre, celle-ci avait le don de le mettre incroyablement mal à l'aise. Il y avait une lueur dans son regard, qui ne demandait qu'à être interprétée d'une façon que Sung Ki ne souhaitait même pas effleurer. La souffrance, et le plaisir qui s'en découlait. Tout ce qu'il avait déjà plus ou moins pu retrouver chez les pairs de la jeune femme. Elle semblait elle-même porter des marques malsaines d'un passé, d'un présent peut-être, qui constellaient sa peau de manière presque trop visibles aux yeux du procureur. L'aura qui flottait autour d'elle, était la même qu'il avait ressenti ce jour-là, en arrivant devant les flammes qui consumaient sa demeure, ainsi que sa famille. Oh, il en était certain, rien qu'à l'admirer. Elle était de ceux qu'il cherchait avidement à tuer.
« Pourrais-je savoir votre nom? »
Mais, malgré tout ça, il ne devait certainement pas la laisser partir.
« Je vous propose de venir à mon bureau, nous y serions plus à l'aise pour faire connaissance. » murmura-t-il finalement, alors que l'ascenseur s'immobilisait à son étage.
Plus qu'une proposition, sa demande semblait être un ordre à peine dissimuler. Il ne lui laissait pas énormément de choix, or si elle souhaitait être discrète, faire un scandale aux côtés d'un homme aussi craint qu'influent que l'était Tae Sung Ki, était loin d'être l'idée du siècle. Peut-être l'avait-elle sentie, puisqu'elle ne riposta pas lorsqu'il posa le bout de ses doigts dans le creux de son dos afin de la conduire jusqu'au bureau au fond du couloir.
Direct ? Il l'était. Après tout, la réputation du procureur ne s'était pas faite sur sa patience. Perdre son temps, il détestait ça. Alors, il allait droit au but. Peu importe ce qu'il se passerait en présence de cette jeune femme, il ne pouvait la laisser filer avant d'être certain de ce qu'il pourrait en tirer.
« Après vous. » l'invita-t-il à entrer en poussant la porte devant son invitée.
Puis il referma la porte derrière lui, de la même façon dont on refermerait les portes d'une cage derrière un oisillon égaré. Egaré, certes. Mais loin d'être inoffensif.
« Invité »Invité
Sujet: Re: Catch me if you can Sam 3 Mai - 23:11
Je venais de ranger mes ustensiles pour me refaire une beauté dans mon sac. A vrai dire, je cherchais à passer le temps pour ne pas avoir à trop lui parler et pouvoir m’échapper d’ici le plus rapidement possible. J’ignorai pourquoi mais cet homme avait le don de me mettre mal à l’aise, je ne le connaissais pas mais son attitude me disait que je devais me méfier et être prudente.
« Et de quel travail s'agit-il, si je ne suis pas indiscret?»
Le ton de sa voix me donnait des frissons. Pourtant j’étais habituée aux personnes peu aimables et froides comme mon patron mais là, j’avais l’impression d’être aux tréfonds de la Sibérie.
« Une jeune femme de votre allure ne devrait pas avoir à se salir les mains... »
Une jeune femme de mon allure ? Quelle allure ? Cet homme ne connaissait absolument rien de moi, il n’avait pas le droit de me juger comme il le voulait. Ce que j’avais vécu, ce que j’étais, il ne savait rien, mais ce n’était pas comme si je pouvais tout dire à un inconnu, à un homme qui plus est. Je n’étais pas née de la dernière pluie, je savais que la plupart des hommes se préoccupaient seulement de leurs problèmes et surtout de leur plaisir. Alors, je fermai les yeux quelques secondes et me concentrai sur ma respiration. Allez Ah Ra reprends toi, ça ne sert à rien de craquer si facilement, sortons d’ici et oublions tout ça. Je rouvris les yeux et fixai la porte métallique face à nous.
« Mon travail consiste à divertir les hommes qui viennent dans notre club donc je vous remercie de vous inquiéter mais je suis habituée à me salir les mains. Et même plus… Si vous saviez, il s’en passe des choses dans ce genre d’endroit ! »
Le genre de choses que toute fille de bonne famille n’aurait envie de voir ou de faire. Mais lorsqu’on est plus bas que terre, on est prête à tout.
« Pourrais-je savoir votre nom? »
Je tournai mon regard vers lui, surprise. Il posait bien des questions pour un simple inconnu. J’avais un mauvais pressentiment qui me prenait lentement. Pourquoi tenait-il à en savoir autant sur moi ? Je veux dire, ce n’était pas difficile de deviner ce que j’étais alors je ne comprenais pas. La seule chose qu’il pouvait obtenir de moi était le plaisir de la chair mais pour cela, il n’y avait même pas besoin de faire autant la conversation.
« Dans le milieu, on m’appelle Sarang. Ca devrait vous suffire pour me retrouver si un jour vous avez une envie en particulier… »
Je laissai la fin de ma phrase en suspens, c’était assez équivoque pour qu’il comprenne tout seul. Et en même temps, j’espérai qu’il soit un homme avec un grand sens moral qui pourrait être dégoûté en apprenant le genre de femme soumise que je suis et me laisserait partir sans en demander plus. J’en demandais sûrement beaucoup mais là je voulais juste partir loin d’ici et dire à Do Jun que j’avais rempli ma mission. Et après cela, je ne reviendrai plus jamais dans un palais de justice vu les rencontres qu’on pouvait y faire.
« Je vous propose de venir à mon bureau, nous y serions plus à l'aise pour faire connaissance. »
Dans son bureau… Donc il travaille ici, dans le droit, dans la justice, et il est bloqué dans un ascenseur avec moi, une criminelle… J’eus une grosse envie de me frapper le front pour avoir été aussi bête, mais me retins pour ne pas aggraver mon cas.
Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent et je sentis ses doigts dans le bas de mon dos, me faisant frissonner violemment. Une sensation vraiment désagréable mais je devais faire comme si je ne sentais rien. Ne rien montrer de mes faiblesses pour qu’il ne pense pas pouvoir prendre l’avantage. En femme docile que je prétendais être, je le laissai me diriger jusqu’à une lourde porte en bois qu’il ouvrit.
« Après vous. »
J’entrai dans le bureau à petits pas, comme sur mes gardes, et observai ce qui m’entourait. Le bureau d’un homme de loi, plein de paperasse et de choses sûrement ennuyeuses et horribles. Au final, c’était pas si mal d’être escort.
« Donc ce grand bureau est à vous ? »
Je m’avançai vers l’imposant bureau face à moi et mon regard tomba sur la barre ornée du nom de son propriétaire. "Procureur Tae Sung Ki". Un procureur en plus. Mon dieu, faites que je m’en sorte en un seul morceau sans avoir recours à l’aide de Do Jun. Il a assez de problèmes sans avoir à s’occuper de ça en plus.
J’allai m’appuyer contre le bureau et affichai un sourire enjôleur.
« Monsieur le Procureur, rien que ça ? Avec ce genre de position, vous devez attirer les femmes comme des aimants. »
Je croisai les jambes de manière à faire légèrement remonter ma robe. En temps normal, je sais bien me vendre, mes clients peuvent en témoigner. Ici, ce qui me gênait, c’était le malaise que je ressentais à être dans la même pièce que lui, cette impression d’être prise au piège. Mais je faisais tout pour que ce soit indécelable sur mon visage qui n’exprimait que sourire et amusement.
« Alors, vous vouliez faire plus ample connaissance. Que puis-je faire pour vous ? »