Sujet: my life, my game, my problem. Lun 14 Oct - 21:30
My life, my game, my problem
Oh Yun Ji & Park Karel
Samedi 13 avril, aux alentours de 4 heures du matin
Si un imbécile (doublé d’un abruti) avait un jour décidé d’inventer une machine capable de vous donner votre taux de bonheur en un seul clic, Karel lui aurait certainement explosé le nez à la vue de son probable chiffre inférieur à zéro. Était-il l’Homme le plus malheureux du monde ? Objectivement, certainement pas. Par contre, à ses yeux, il n’était rien d’autre que celui sur lequel quelqu’un, là-haut, avait décidé de chier pour le reste de son existence. Des crottes divines, certes, mais des crottes quand même. Ne méritait-il pas mieux que ça ? Bon, d’accord, il n’avait peut-être pas arrangé son cas lui-même. Karel s’aimait - si on lui accordait un minimum d’amour-propre - comme il était mais avait conscience d’être un personnage difficile. Il se désintéressait de tout, y compris de lui-même. En somme, il mangeait, dormait, buvait sans se soucier davantage de son allure ou de sa propre image. C’était une de ces personnes qui ne fait rien pour prendre soin d’elle mais qui porte sur elle ce puissant charisme vous donnant envie de vous en approcher. Mais Karel piquait. Il rejetait ceux qui tentaient de faire ami-ami avec lui en leur lançant de petits cure-dents acérés dans tous les orifices possibles. C’était ce que Karel était en train de se dire lorsque le lourd poing d’un gars qui devait bien taper dans les quatre-vingt-dix kilos s’abattit sur son visage. Sa tête bascula violemment en arrière, il tituba et dû s’appuyer contre un mur pour ne pas s‘étaler dans une flaque d‘eau. Ils étaient dans une petite ruelle, coincés entre deux restaurants. Un peu plus tôt, Karel, qui traînait dans un bar assez mal famé tel l’ivrogne qu’il incarnait, avait cru judicieux d’emmerder trois types aux allures de jopoks en leur lançant des cacahuètes dessus. À ce moment-là, il était vraiment hilare. Il ne saurait jamais s’il s’agissait bien de jopoks, mais son corps allait se rappeler d’eux pour encore un certain temps. Stupidement, Karel s’était imaginé pouvoir les semer en prenant ses jambes à son cou, mais l’alcool qui lui montait à la cervelle n’aidant pas, les trois gaillards, taillés comme des frigos, l’avaient rattrapé et s’occupaient désormais de lui refiler une bonne correction. Taux de bonheur à cet instant précis ? -100. Titubant contre le mur sale qu’il avait prit pour s’appuyer, notre jeune néerlandais tentait de reprendre ses esprits. Mais alors que les étoiles avaient cessé de tourner autour de sa caboche, un autre des trois malabars se jeta sur lui, lui asséna un coup violent à l’estomac, puis un autre dans les genoux qui le firent plier : Karel se retrouva rapidement face contre terre, le visage en plein dans la fameuse flaque qu’il avait tenté d’éviter. Alors que ses agresseurs - tout ça pour quelques malheureuses cacahuètes ! - auraient pu s’arrêter là, on lui donna encore quelques coups de talon dans les côtes et sur le dos, puis ce fut le noir complet : notre victime perdit connaissance.
Quand Karel rouvrit les yeux, il crevait de froid. La joue reposant dans l’eau glacée - eh oui nous étions quand même au mois d’avril ! - il était parcouru d’une douleur insoutenable qui le faisait grogner tandis qu’il se redressait avec peine. Vaguement inquiet, il tâta ses flancs : sans doute avait-il une ou deux côtes cassées. La routine, quoi, ce n’était pas la première fois qu’il se faisait passer à tabac dans une ruelle sombre de la sorte. Une fois debout, il se mit à avancer, en boitant évidemment. Son corps n’était désormais que souffrance : merci bien, ça ne suffisait maintenant plus qu’il soit meurtri dans son âme, il fallait qu’il en soit de même pour chacun de ses membres. Taux de bonheur ? -250. Il s’engagea péniblement sur la rue principale. Karel ignorait parfaitement combien de temps il était resté inconscient et quelle heure il était. Il savait seulement qu’il avait dessaoulé, et donc qu’il avait dû rester dans les vapes un certain temps. D’un geste, il essuya le coin de sa bouche qui était enflé et duquel supputait un sang coagulé et épais. Ainsi marcha-t-il pendant une dizaine de minutes à la recherche d’une station de métro, essoufflé comme jamais, une jambe traînant derrière lui, presque défiguré. Finalement, il se résolu à faire une petite pause. Karel cracha une purée cramoisie ainsi qu’informe au sol… et y aperçu un petit éclat blanchâtre. Maladroitement, il se pencha pour y farfouiller - non sans une petite exclamation de dégoût. Il porta à la lumière du lampadaire le plus proche ce qu’il y avait trouvé tout en fourrant un doigt dans sa bouche.
« Putain les salauds, il m’ont pété une dent… » marmonna-t-il en sentant sous son index un creux anormal sur une de ses canine.
En effet, un morceau d’une de ses dent s’était brisé durant l’affrontement, et c’était ce petit diamant scintillant qu’il tenait serré dans ses mains boueuses. Il soupira profondément en se redressant. Mais Karel se figea. Là, à quelques pas de lui, se tenait quelqu’un qu’il n’avait pas vu depuis longtemps et devant lequel il ne tenait pas particulièrement à apparaître tel le plus sale de tous les clochards. Il avait oublié son nom. Karel oubliait toujours les noms de tout le monde. Un peu perturbé, le Karel. Quand il avait rencontré ce type, ils avaient les deux un peu bu, pas très surprenant de sa part, ce qui les avait poussés à se raconter brièvement leur triste vie. À vrai dire, Karel n’avait ni l’habitude ni de déblatérer sur sa terrible existence, ni d’écouter les autres le faire… et il ne tenait pas particulièrement à recroiser cette personne un jour. Surtout pas dans de pareilles conditions. Taux de bonheur ? -300.
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Sujet: Re: my life, my game, my problem. Mar 15 Oct - 11:06
Les lampadaires m’éblouissaient. Les pavés au sol me dérangeaient. Le bruit des gens un peu trop alcoolisés me gênaient. Ce soir, tout me dérangeait. Enfin, ce matin, il était quatre heures du matin et comme ça ne m’était pas arrivé depuis longtemps, j’ai eu une putain d’insomnie. Et au lieu de tourner en rond dans mon lit, puis chez moi, j’avais décidé de sortir, marcher. Pensant que le calme m’apaiserait. Mais non, tout me soulait, même la musique n’avait pas réussi à me calmer. Il y a des soirs comme ça où on a juste envie de ne plus être là, d’arrêter de penser et de se réveiller sous un meilleur jour, avec une nouvelle vie, et un passé heureux. La dernière fois que cette insomnie avait décidé de pourrir ma nuit, j’avais été boire, ce soir je ne le ferai pas, parce que j’ai pas envie de finir comme tout les autres jeunes bourrés à longueur de journée à se plaindre et ressasser mon passé. Non moi j’étais plutôt du genre à garder tout ça en moi. Sauf cette nuit là, j’ai rencontré un homme, qui lui avait plutôt l’air d’être un habitué du bar. Sous l’effet de l’alcool on avait vite discuté, et sympathisé. On avait même parlé twaos, il en était un, mais haïssait aussi profondément que moi ce gêne. C’était tellement agréable de se sentir compris, un minimum.
Je marchais, encore et toujours, sans épuisement. Rien ne me calmait, un simple bruit me donnait envie de rentrer chez moi, à tourner en rond encore et toujours seul. Complètement seul. Même le bruit d’un mec qui se faisait tabasser me soulait. Tuez quelqu’un ailleurs. Attends, je ne vais quand même pas laisser ce mec mourir. Mais je n’avais absolument pas envie non plus de m’attirer des ennuis, surtout que je n’étais absolument pas suffisamment en forme pour me battre. J’appellerai les flics si ça continue. Bon je vais finir la rue, si les mecs sont partis je sauverai peut être quelqu’un. Ce sera ma béat de la journée, au moins mon insomnie aura servit à quelque chose. La rue était longue d’ailleurs. Je repassais devant cette fameuse rue parallèle, et il n’y avait plus un bruit. Enfin si un mec, essayait de se relever et marcher, à moitié mort. C’est déjà bien je n’aurais pas de mort sur ma conscience, j’ai assez de problèmes comme ça. J’arrivais à sa hauteur. Oh, mais, lui je le connais … C’était le mec dont je parlais tout à l’heure. Je ne l’avais jamais recroisé pourtant, je pensais qu’il avait changé de ville ou quelque chose du genre. Comme je le disais il avait l’air d’être habitué des bars, et surtout des embrouilles. Bon après tout il m’avait l’air sympathique la dernière fois, du moins de ce que je me souviens. Et puis c’est rare que je rencontre quelqu’un aussi haineux envers les twaos. Je m’approchais donc, scrutant ses dégâts.
« Salut, tu te souviens de moi ? »
Question conne. Maintenant que j'étais proche de lui, je me demande comment il fait pour réussir à être debout.
« On s’est parlé une fois dans un bar … Bref, aller viens-là je vais t’aider. Tu t’es sérieusement amoché. »
Je m’empressais de passer son bras autour de mon cou, pour l’aider à marcher.
« Surtout reste conscient, on va tenter de trouver un taxi à cette heure-ci, si on ne trouve pas, on ira à pied chez moi, tant pis. Sérieux qu’est ce qui t’es arrivé ? »
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Sujet: Re: my life, my game, my problem. Ven 18 Oct - 12:14
Karel en était presque bouche bée, pour une fois. Il avait toujours un doigt dans la bouche, encore éberlué de s’être fait casser une malheureuse dent, tandis qu’il regardait Yun Ji s’avancer vers lui, peut-être un tantinet inquiet. Hein ? Quoi ? L’autre lui parlait. Il lui fallut plusieurs secondes pour parvenir à remettre tous les mots dans le bon ordre : il lui demandait s’il se souvenait de lui. L’espace de deux secondes, Karel fût tenté de répondre non, puis de feindre l’amnésie due à un choc post-traumatique causé par les coups. Ça aurait inquiété l’autre et lui, de son côté, se serait certainement bien marré. Mais contre toute attente, il se contenta d’hocher la tête de bas en haut en signe affirmatif. Il extirpa son index d’entre ses dents pour ne pas avoir l’air débile plus longtemps : déjà qu’il devait être laid à faire peur, avec le sang qui lui coulait du nez, de la bouche et sans doute d’un peu partout sur le visage, il ne tenait pas particulièrement à avoir l’air fou. Pas qu’il n’était pas fou, bien sûr : au contraire, il n’était absolument plus sain d’esprit mais il le savait parfaitement. C’était peut-être le plus inquiétant. Il avait beaucoup bu - plus que d’habitude, j’entends - lorsqu’il avait rencontré Yun Ji. Ils avaient bien papoté, l’alcool les aidant, et s’étaient découverts quelques points communs : non seulement ils étaient tout deux Twao, mais en plus, ils détestaient leur condition. Par ailleurs, ils étaient tout deux passionnés de musique et, dans le fond, semblaient être faits du même bois. Yun Ji était désormais assez près de Karel. Ce dernier se passa une manche sur le visage en espérant se donner meilleure allure. Car s’il n’était pas vraiment du genre à s’embarrasser pour de telles choses, il n’était pas forcément ravi d’apparaître sous un tel jour face à lui, qui avait réussi à piquer sa curiosité un minimum quand ils avaient parlé. Ça peut sembler dérisoire, mais même un minuscule intérêt de la part de Karel était précieux tant il se désintéressait de tout. Son interlocuteur l’ignorait de toute évidence, mais il avait beaucoup de chance. Ou de malchance : Karel était un peu le cadeau empoisonné par excellence.
Yun Ji lui proposa son aide. Karel eut un bref mouvement de recul en le voyant s’approcher davantage afin de le passer un de ses bras autour de ses épaules. Ce type qu’il connaissait à peine venait l’aider, comme ça, spontanément, alors qu’il n’avait rien demandé ni n’avait encore pipé mot. Il se prenait pour Jésus ou quoi ? Ils firent quelques pas. On lui dit qu’ils allaient chercher un taxi. On lui dit aussi qu’ils allaient chez lui - chez lui ? pour quoi faire ? il n’avait quand même pas l’intention de le couver toute la nuit ? - et on lui demanda comment c’était arrivé. Arrivé quoi ? Sa gueule toute défoncée ?
« Un ovni s’est écrasé sur ma face. » répondit Karel avec un sourire goguenard. « Les extra-terrestres ont essayé de me violer mais je me suis enfui. »
Tant de sérieux dans sa voix. Il ne croyait évidemment pas à son mensonge (il n’était pas encore mythomane) mais l’estimait bien trouvé. Il rit pour lui-même. Dans sa main, Karel tenait toujours son éclat de dent : il le glissa dans la poche de son jean en boitillant, appuyé sur Yun Ji le moins possible histoire de ne pas avoir l’air trop amoché. Pour en revenir à sa question, Karel ne les aimait pas, justement, les questions. Surtout, il détestait avoir à y répondre, avoir à rendre des comptes à quelqu’un. Il détestait parler de lui et dévoiler sa vie : ce n’était pas parce qu’ils avaient partagé leur déprime il y a de ça comme des décennies qu’il allait soudain se mettre à lui raconter sa vie ce soir. De toute façon, il n’y avait plus rien à dire de sa vie. Après quelques minutes de marche, plutôt que de le remercier platement comme n’importe qui l’aurait fait, Karel décida d’interpeller Yun Ji, mauvais qu’il était.
« Le malheur des uns fait le bonheur des autres. » lança-t-il en levant la tête vers les étoiles voilées par des nuages de pollution. « Dixit Voltaire dans Candide. Et toi, c’est quoi le truc ? Tu t’apitoies sur moi en espérant te sentir mieux après ? C’est bien gentil mais je ne suis pas une machine à autosatisfaction… »
Il faillit ajouter que tout ça, c’était de la masturbation mais se contint. Ça s’écartait quelque peu du sujet premier. Karel ne disait pas ça méchamment. Il était juste curieux de savoir qu’est-ce qui avait poussé un inconnu à l’aider, ce que lui-même n’aurait certainement pas même eu l’idée de faire.
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Sujet: Re: my life, my game, my problem. Sam 19 Oct - 11:50
Il était sérieusement amoché. Du sang coulait un peu partout sur son visage, et le fait de passer sa manche pour tenter d’essuyer quoi que ce soit ne l’avait absolument pas aidé. Heureusement que je n’étais plutôt insensible au sang et aux dégâts physiques, disons qu’une fois j’ai failli finir dans cet état. Des fois on ferait mieux de ne pas draguer une fille avec son copain pas loin. Peut être que c’est ce qui lui est arrivé finalement. Je remarquais que Karel avait perdu un bout de sa dent qui gisait entre ses mains, puis dans sa poche. Pas très sexy tout ça. Quant à sa proposition d’aide, Karel avait l’air d’avoir hésité, pour finir par répondre par un simple hochement de tête. Un merci n’aurait pas était de trop. Mais bon après tout du peu qu’il le connaissait ça l’étonnait à peine.
« Surtout reste conscient, on va tenter de trouver un taxi à cette heure-ci, si on ne trouve pas, on ira à pied chez moi, tant pis. Sérieux qu’est ce qui t’es arrivé ? »
« Un ovni s’est écrasé sur ma face. Les extra-terrestres ont essayé de me violer mais je me suis enfui. »
Je ne notai pas. Décidément, lui qui croyait tenter d’aider un mec dans un sale état gentiment, il aurait peut être mieux fait de le laisser dépérir. Ce n’est pas comme si il aidait tout les mecs défoncés à chaque coin de rue non plus. Enfin bon, mieux ne valait pas envenimer quoi que ce soit.
« Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Dixit Voltaire dans Candide. Et toi, c’est quoi le truc ? Tu t’apitoies sur moi en espérant te sentir mieux après ? C’est bien gentil mais je ne suis pas une machine à autosatisfaction… »
Il vient vraiment de me sortir du Voltaire là ? D’un côté c’est un bon point, il a l’air d’avoir bien dessaoulé. Maintenant s’il pouvait éviter de me prendre pour un mec qui utilise les gens pour se sentir sous un meilleur jour, ça serait cool.
« Parce que tu crois que j’ai que ça à foutre ? Que je passe mes journées à trouver des mecs dans ton état pour les aider, histoire que je me sente mieux ? Alors là tu te trompes. Et puis si tu as accepté mon aide c’est que tu sais que je ne suis pas comme ça non ? »
Je soupirais, désespéré. D’abord contente d’avoir utilisé mon insomnie à bon escient, finalement j’aurais mieux fait de rester dans mon lit.
« Et puis si je te fais si chier que ça, je peux te laisser dépérir là. Après tout les flics seront ravis de te retrouver ici à mon avis. »
Bon finalement, on va éviter tous taxis, aucun conducteur ne prendrait le risque de salir son beau siège avec Karel.
« Aller arrête de faire le gros dur et on va aller jusque chez moi, je ne pense pas que les taxis soient une bonne idée. » Je le regardais en coin avant d’ajouter : « T’inquiètes pas je ne vais pas te bouffer ou te violer, ou je ne vais pas appeler les extraterrestres pour qu’ils te retrouvent. »