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 Love is composed of a single soul inhabiting two bodies.

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MessageSujet: Love is composed of a single soul inhabiting two bodies.   Love is composed of a single soul inhabiting two bodies. EmptyDim 20 Avr - 21:59

Love is composed of a single soul inhabiting two bodies.

Kyu & Ryu




- 22h30 -



Nous y voilà.

Ajustant mes gants en cuir, je lève les yeux vers la grande enseigne de l'hôtel, avant de m'avancer à l'intérieur. Observant le grand hall qui s'étend devant moi, je m'avance vers l'accueil, et sort une fausse carte d'identité que je dévoile devant l’hôtesse. Cette dernière la saisit, avant de lever les yeux d'un geste un peu nerveux :

« Nous attendions votre venue, monsieur Park. Elle vous attend au quatrième étage... »

J'hoche la tête en la remerciant, et m'éloigne sans un mot de plus. Il y a quelques regards qui se retournent à mon passage, mais ce ne sont pas des lueurs flatteuses qui me suivent. Au contraire. Si je suis suivis des yeux de cette manière, c'est simplement à cause du look que j'aborde, qui doit paraître étrange dans un tel hôtel. Un long manteau en cuir dansant à chacun de mes pas, que j'affectionne particulièrement pour les missions d'infiltrations, surtout. De même pour le pantalon de cuir qui serre agréablement mes jambes. Bon, ce n'est pas ce que j'ai de plus discret, mais je me sens à l'aise dedans. Et pour le reste, tout de noir vêtu, à l'exception de mes cheveux gris. De toute façon, c'est la couleur la plus passe-partout d'un détective privé, de base.
Une fois dans ascenseur, je règle les derniers détails avec moi-même. Cette femme que je dois voir, pense avoir des informations intéressantes à me vendre. J'ai travaillais avec Ryu, quand nous nous sommes retrouvés, il y a quelques semaines, à la capture d'un pédophile multi-récidiviste. Nous avons découvert au cours de cette enquête qu'en plus d'être un détraqué sexuel, il avait fait subir à ses victimes ce que lui-même avait vécu avec son père, trente ans auparavant. Sauf que ce que nous ignorions, c'est qu'il avait peut-être un lien étroit avec une organisation criminelle. Et si c'est le cas, c'est qu'il n'est pas seulement un violeur, mais aussi et peut-être un trafiquant d'enfant.
Et c'est pour tiré tout ça au clair que je suis là, ayant l'intention de rencontrer une femme qui disait "en savoir plus".

Arrivé au quatrième étage, je la vois déjà devant moi, appuyé sur le mur du couloir. Elle est grande sur ses talons, bien que toujours plus petite que moi, et maquillée de façon que je juge vulgaire. Sa longue robe rouge est ouverte sur en une fente sur la cuisse, alors que décolleté plongeant quelle aborde est plus qu’indécent, descendant jusqu'à son nombril. Et elle ne porte apparemment pas de soutien-gorge.
Je ne comprendrais jamais ce qu'il y a d'excitant là-dedans.
M'approchant d'elle en silence, je souffle :

« Vous êtes Kim Hye Ri ? »

Elle me lance un sourire sûr d'elle, ses lèvres rouges sang s’entrouvrant alors qu'elle fait deux pas vers moi :

« Affirmatif. Monsieur Park, je présume...? »

J’acquiesce en silence, faisant de mon possible pour ne pas montrer à quelle point elle m'insupporte déjà, et elle reprend :

« J'aimerais être payée de moitié maintenant, et recevoir le reste plus tard. Ça me parait plus honnête...
- Plus tard ?
- Quand j’aurais les informations que vous voulez connaître. »

Clignant des yeux, je la regarde sans comprendre. J'espère sincèrement...Qu'elle ne m'a pas fait venir pour rien. Je ne suis franchement pas en état de m'amuser à ça. Surtout pas en ce moment. J'inspire profondément, fermant les paupières une seconde pour ne pas perdre mon sang-froid. Pas déjà. Mais avant que je ne puisse poser la question, elle reprend :

« Ne vous énervez pas. C'est vous qui êtes arrivez trop tôt. J'ai un entretien privée avec un certain journaliste. On doit se faire un échange d'informations.
- ...Un échange d'informations ? »

Lentement, elle s'approche un peu plus de moi, caressant mon torse d'un air aguicheur, alors que je sens que ce n'est pas ce qu'elle cherche à obtenir de moi. Ce qu'elle veut, je le sens, c'est pouvoir me manipuler à sa guise. Sauf que ça ne prend pas. Ça ne l’empêche pas de poursuivre son petit numéro, et elle souffle doucement contre la peau de mon cou, me lâchant son odeur sucré en plein visage. Immobile, je la contemple en silence, gardant mes traits impassible. Bien que le dégoût me prend à la gorge, tant cette femme représente tout ce que je déteste.

« C'est exact. C'est à propos d'une ancienne affaire à laquelle il a assisté. Il aurait travaillé directement sur l'emprisonnement du pédophile qui vous intéresse et qui était, apparemment, en lien avec la mafia japonaise comme vous me l'avez dit au téléphone. Mais ça, ça ne s'est appris que dernièrement, les inspecteurs ne l'ont su qu'en fouillant dans son passé. Enfin, la vérité, c'est que je ne sais rien...Je veux plutôt entendre ce que le journaliste, a appris sur le terrain. Je me montrerais reconnaissante en enlevant ma robe...Surtout qu'il est totalement à mon goût. Enfin, je ne l'ai qu'aperçu mais je sais que la suite me plaira... »

Elle appuie ses mots par un petit clin d'oeil entendu, ne laissant planer aucun doute sur la soirée qu'elle a prévu de passer. Levant les yeux au ciel d'un air agacé, je serre doucement les poings, faisant crisser le cuir de mes gants. Je la pousse contre le premier mur qui croise ma route, la main sur mon épaule, avant de murmurer d'un ton qui se veut menaçant :

« Je n'ai franchement pas de temps à perdre. Vous allez devoir annuler tous vos projets. »

Cette fois, ce n'est plus un regard aguicheur qu'elle affiche, alors que je la surplombe sans difficulté. Je gronde faiblement, cherchant à lui faire comprendre que je ne suis ni d'humeur à jouer, ni à négocier. Et que si elle tient à revoir le soleil demain, elle a intérêt à coopérer au plus vite. A voix basse, je lui demande le numéro de la chambre, et la fait déguerpir en vitesse, avec sa promesse de ne plus remettre ses pieds dans cet hôtel. J'ai perdu ma soirée. A tous les coups, le journaliste en question n'en sait pas plus que moi. Personne n'en sait plus que moi et Ryu, d'ailleurs, étant les seuls à avoir contribué à la capture dudit pédophile...
Soudainement, mon coeur rate un bond. Et si par hasard...? Inspirant doucement, je secoue la tête pour moi-même. Non, c'est idiot. Il y a 99% de chance pour que Ryu Jeong ne soit pas le journaliste que cette fille avait prévu de rejoindre dans cet hôtel, précisément. Et c'est ce que je compte prouver. Il n'y a aucune raison pour qu'il soit là, n'est-ce pas ? Quoique. Il a été lié à cette affaire. Et il est journaliste. Ce serait plausible, au fond, mais je me refuse d'y croire. Rapidement, je traverse le couloir, jusqu'à m'arrêter devant le numéro de chambre qu'elle m'a désigné. Ma main gantée se pose sur la poignée, avant de l'abaisser, pour enfin m'engouffrer dans la chambre.

Et mon coeur s'arrête brutalement.

J'écarquille les yeux, alors que je tombe sur une silhouette que je connais par coeur. Et pour cause, je l'ai parcouru de mes yeux un nombre incalculable de fois, tandis que mes doigts les retraçaient doucement, alors que nous étions collés contre un mur il y a encore trois jours. Soixante douze heures à peine se sont écoulés depuis que j'ai quitté son appartement, le lendemain de notre jeu. Jeu qui a grandement dérapé, quand j'y repense, et que nous n'aurions jamais dû commencé, bien que j'en regrette pas une seconde. Pas une...
Trois jours seulement. Et pourtant, je le trouve encore plus beau qu'habituellement. Rien ne vient gâcher son allure droite et son charisme à tomber. Particulièrement lorsqu'il se tourne vers moi pour me regarder à son tour. Il ne fait rien d'autre que se tenir droit pourtant, mais tout dans son attitude me coupe le souffle. Comment fait-il pour être si beau ? A croire qu'il ne sera jamais comme le commun des mortels, son regard suffisant pour que mes jambes commencent à trembler -bien que je tente de le cacher au mieux-. Je déglutis légèrement, alors que nos regards s'accrochent encore. Notre dernière rencontre me revient en tête, ainsi que chacune des sensations que nous avons partagées. Et je me rappelle de chaque détail. Son souffle erratique et brûlant s'écrasant contre mon cou, alors que mes doigts redessinaient le creux de ses reins avec un désir non-dissimulé. Certaines barrières sont tombées, puissamment, ne faisant qu'agrandir un peu plus la convoitise que je ressens à l'égard de son coeur, de son corps, et de son être.
Et pour être totalement honnête, je ne me suis pas remis de notre dernière entrevue. Ni des actions, ni des vérités qui ont vues le jour cette nuit-là.

Alors, est-ce que le hasard se moque de moi, en le plaçant ainsi sur ma route au moment où je m'y attends le moins ?

Sur les 99% de chance...Il restait ce 1%. Qui se tient là, juste devant moi.

« ...Ryu ? »

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MessageSujet: Re: Love is composed of a single soul inhabiting two bodies.   Love is composed of a single soul inhabiting two bodies. EmptyLun 21 Avr - 16:42

22h20


« Bonsoir. Je dois avoir une chambre réservée au nom de Kim Hye Ri? »demande-je avec un léger sourire en me présentant à l'accueil.
Monsieur Ahn, c'est bien ça ? Elle a annoncé votre arrivée... Votre chambre est au quatrième étage. Bonne soirée... »

J'hoche doucement la tête, accompagné de mon éternel rictus bienveillant, alors que la jeune femme qui sert d'hôtesse d'accueil me tend la clé avec le numéro de la chambre. Au moment où je tends la main pour m'en emparer, je sens le lourd coup d'oeil qu'elle jette à mes doigts. À son air légèrement surpris, je crois deviner sans mal les pensées qui l'habitent. Justifiées, évidemment. Quel genre d'homme rejoindrait une jeune femme en ce début de nuit, dans une chambre d'hôtel qui a été réservée au nom de cette dernière, si ce n'est un de ces maris infidèles ? Nos regards se croisent l'espace d'un instant, et mon sourire se transforme instantanément, prenant une saveur bien plus amère. L'envie irrépressible de lui insuffler de ne pas juger sans connaître les personnes qui se trouvent face à elle me prend soudainement à la gorge, mais je n'en fais rien. Je me contente de prendre mon bien, puis sans lui accorder plus d'attention, je tourne les talons pour me rendre vers les ascenseurs au fond du grand hall.

Est-ce que je deviens plus sensible face au jugement qui pourrait bien crouler sur mon être ? Sûrement. Rien qu'en attendant que la cage de fer ne monte jusqu'à l'étage indiqué, je sens le regard pesant des jeunes étrangères se trouvant dans mon dos. Ils glissent péniblement le long de mon échine, s'accrochant à ma nuque avec un intérêt particulier. Avant, je n'y aurais pas prêté le moindre intérêt. En réalité, rares sont les fois où je remarque que l'on m'observe... Mais de plus en plus, j'ai cette impression qu'un poids m'écrase, me ramenant face au commun des mortels pour être jugé. Ces derniers jours du moins. Ces trois derniers jours, pour être totalement exact.

Je soupire doucement, m'inclinant pour saluer le duo féminin qui me dévore des yeux sans la moindre gêne et sors de l'ascenseur après que les portes ne se soient ouvertes. Je vérifie le numéro de la chambre avant de m'élancer dans l'immense couloir qui me tend les bras.

Ce que je fais là ? Je ne saurai pas le dire moi-même en fait. Il y a eu cet appel, plus tôt dans la journée, d'une femme qui ne s'est pas réellement présentée. Elle a simplement déclaré être intéressée par des informations que je pourrais lui apporter concernant une enquête à laquelle j'avais assisté. Si je me souviens de ce cas ? Bien sûr. La capture d'un pédophile qui sévissait depuis plusieurs semaines déjà, de telle sorte que la police et les journaux de la ville s'étaient allié pour prévenir des risques ainsi que de l'avancement de l'enquête. Non seulement elle m'a apporté les faveurs de mon rédacteur, mais il m'a aussi permis de retrouver la complicité qu'il me manquait. Puisqu'à peine avais-je été mis sur le coup que je m'étais empressé de prévenir le détective qui me sert de meilleur ami. Lui non plus, n'avait pas hésité une seconde. Finalement, on avait bien fait. C'est ce que je ne peux m'empêcher de penser en voyant les résultats de ce pour quoi nous avons travaillé. Des viols sur mineurs, par pur vengeance. Et maintenant... Un trafic d'enfant ? Je repense à l'expression torturée de Kyu Jung lorsque l'homme avait lâché ses méfaits, sans ciller, pensant être pardonné sous prétexte qu'il avait vécu la même chose. De nouveau, l'envie de m'emparer de lui et de le mettre en sécurité au creux de mes bras, m'enserre. Durant cette journée, beaucoup de choses se sont déroulées. Autant pour le cas, que pour nous.
Je secoue la tête, serrant mes doigts autour de la clé. Je ne dois pas y penser, pas maintenant alors que je dois rester concentré sur ce que je fais. Soit sur cette femme dont j'ignorais l'existence jusqu'à aujourd'hui. Je ne sais pas exactement ce qu'elle attend de moi, ni si je serais en mesure de l'aider sachant que je suis aussi porté par la règle du silence imposée aux journalistes.

La porte de la chambre s'ouvre alors que j'abaisse doucement la poignée. Il n'y a ni bruit, ni lumière lorsque je m'engouffre dans l'immense pièce vide. Interloqué, je m'y avance, détaillant l'endroit d'un regard. Ne devrait-elle pas être déjà là ? Nous avions rendez-vous à vingt-deux heures trente, après tout. Soufflant, je passe une main dans mes cheveux blonds obstinément ébouriffés sur le haut de mon crâne. C'est alors que mes yeux curieux tombent sur la parure de lit blanche, sur laquelle repose un bout de papier d'une couleur criarde. Arquant un sourcil, je m'en approche afin de lire ce qui s'y trouve écrit au crayon noir.

« Monsieur Ahn,

J'ai malheureusement un empêchement qui risque de me faire prendre un peu de retard sur notre rendez-vous, mais n'ayez crainte, je vous rejoins dès que possible.
Mettez-vous à l'aise en m'attendant...

K.H.R
 »

Est-ce que c'est vraiment une trace de rouge à lèvres qui se trouve au coin de la feuille ? Réprimant un frisson, je m'en écarte doucement comme si elle risquait de me sauter à la figure. Dans quoi tu t'es encore lancé Ahn Ryu Jeong? Toujours est-il que je suis obligé de l'attendre maintenant.

Balayant de nouveau la chambre du regard pour trouver de quoi occuper mon esprit, je finis par choisir la vue impressionnante de la grande baie vitrée qui se trouve dans un coin de mur. Les lumières de la ville s'élancent courageusement sous mes pupilles émerveillées, cherchant à voir qui sera capable de briller plus que les autres. Je souris doucement, posant mon front contre la vitre glacée. C'est calme, si calme que je pourrais presque oublier que je suis ici pour le travail et me laisser aller pour me reposer. Peut-être que de cette façon je parviendrais à effacer ne serait-ce qu'un peu le goût sucré qu'une multitude de baiser a laissé sur mes lèvres, que je ne regrette absolument pas. Au contraire, si ça ne tenait qu'à moi, je le retrouverais dans l'instant pour m'en délecter comme le dépendant que je suis. Mais la culpabilité qui m'entaille l'estomac lorsque je pense à la femme qui m'est promise et qui doit poser ses pieds sur le sol coréen dans quelques jours suffit à me rappeler que ce n'est pas bien, ce n'est pas normal. Encore une fois, l'impression d'être sur le point d'imploser me frappe de plein fouet. Je voudrais pouvoir fermer les yeux et respirer. Juste... Respirer.

Pourtant, lorsque la porte de la chambre s'ouvre, j'en ai littéralement le souffle coupé.

Mes yeux s'écarquillent sous le coup de la surprise. Je m'attendais à apercevoir une totale inconnue dans l'entrée, mais c'est tout le contraire qui s'annonce, tout aussi stoïque que je ne le suis. Je le vois dans le reflet que m'offre la vitre, et mon regard ne peut se retenir de glisser le long de sa silhouette floue. Est-ce vraiment lui ? Bien sûr. Après tout, j'ai arpenté son corps tant de fois de mes pupilles ambitieuses, comment pourrais-je douter ? Même sans cette couleur argentée pour décorer sa chevelure, il me serait si facile de le voir. Je serais capable de le reconnaître, simplement parce que je le connais sur le bout des doigts.
Lentement, je me retourne afin de lui faire face. Je ne dis rien, les mots s'étant aussitôt bloqués dans le fond de ma gorge. Clairement, je reste sans voix alors que je suis incapable de détacher mes yeux de l'homme qui se trouve juste à quelques pas de moi. S'il m'avait déjà étonné lors de notre sortie au parc du Lotte, je dois dire que cette tenue lui va tout aussi bien. Vêtu de cuir de la tête aux pieds, que ce soit de son long manteau qu'il a l'habitude de porter pour ses missions ou son pantalon qui m'a déjà fait rêver quelques semaines auparavant. Inévitablement mon regard s'égare le long de ses jambes interminables, retraçant leurs muscles dessinés à la perfection par la matière sombre. Tout ce noir contraste étonnement avec la couleur claire de ses cheveux, ou le teint pâle de sa peau qui me donne encore le désir de marquer de rouge, lui allant à merveille. Ce qui reste assez rare. D'ordinaire, l'effet aurait dû être étrange, mais sur Choi Kyu Jung, ça a seulement l'avantage de le rendre bien plus désirable. De nouveau, il m’apparait comme bien plus adulte et mature. Du moins, si l'on exclue la soudaine rougeur de son visage. Mais ça, c'est un détail qui n'appartient qu'à moi d'apercevoir et j'en serais éternellement fier. Il est beau. Encore que beau serait considéré comme un euphémisme vu les battements tempétueux qui martèlent mes côtes depuis son entrée.

« ...Ryu? » risque-t-il d'une voix portée par la surprise.

Je ne peux le retenir, ce brusque sourire qui s'empare de mes lèvres. Il est là. Alors, tout s'envole, le poids qui écrasait ma poitrine me semble aussitôt bien plus léger me laissant une chance de prendre une profonde inspiration soulagée, puis je penche la tête sur le côté, sans jamais me détacher de son regard. Apparemment, il ne s'attendait pas à me voir dans cette chambre d'hôtel. Eh bien, comme ça nous sommes quittes puisque je me demande aussi ce qu'il vient faire là, à la place de la femme que j'attendais.

« Choi Kyu Jung. » lâche-je en croisant les bras sur mon torse avec un air fâché qui est rapidement trahi par mon ton amusé. « Te serais-tu trompé de chambre ? A moins que tu ne cherchais à rejoindre la femme qui est censée être à ta place en ce moment même ? »

En vue de son expression ébahie, bien que légèrement contrariée, j'en déduis que j'ai vu juste. De plus, il me suffit d'un regard vers sa tenue pour comprendre ce qu'il vient faire en ce lieu à cette heure avancée. Il travaille. Mais ça ne veut pas dire que je ne peux pas m'amuser un peu de la situation, si ? Tout plutôt que garder cette soudaine ambiance lourde qui ne nous va absolument pas.

« Sérieusement ? Je te retrouve dans un hôtel en compagnie d'une inconnue alors que tu ne m'as même pas rappelé? » souffle-je avec un sourire en coin.

S'il te plait... Ne garde pas ce visage figé avec moi.
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avatar« Invité » Invité
MessageSujet: Re: Love is composed of a single soul inhabiting two bodies.   Love is composed of a single soul inhabiting two bodies. EmptyLun 21 Avr - 21:12

Mais qu'est-ce qu'il fiche ici ?

C'est la seule question qui tourne dans ma tête, alors que j'en connais parfaitement la réponse. Il est après tout, le seul journaliste qui s'est approché de près de notre pédophile récidiviste. Alors, j'aurais dû me douter que ce 1%, ne pouvait être que lui. Mon rythme cardiaque s’accélère, alors qu'un sourire adorable prend place sur les lèvres de Ryu. Lèvres dont je ne n’hésiterais pas pas m'emparer une nouvelle fois, s'il voulait bien cesser de me tenter. Tout comme j'ai du mal à ne pas le dévisager de haut en bas. Il est si beau. J'ai l'impression de le voir d'un nouvel angle. Pourtant, à partir du moment où il a eut dix-sept ans, je n'ai eu de cesse de le regarder comme un homme. Un homme désirable. Alors quand cessera-t-il de me couper le souffle à chacune de ses apparitions ?

« Choi Kyu Jung. »

Un frisson court le long de mon échine à l'entente de mon nom, et pendant un instant, j'ai l'impression de me retrouver des années en arrière. Son air faussement fâché qu'il me lance, alors que ses bras sont croisés sur son torse, me rappelle que cette attitude, il l'a eu de nombreuses fois au lycée, lorsque je faisais une bêtise et qu'il devait courir derrière mes frasques pour arranger les pots cassés. Et m'éviter le renvoi.
Sans savoir que tout ce que je faisais, était uniquement pour attirer un peu plus son attention, quand des flots de jeunes filles se bousculer pour se montrer sous ses yeux. Je crois qu'au fond, j'étais au même niveau qu'elles. Je n'avais simplement pas les mêmes méthodes. Pitoyable.

« Te serais-tu trompé de chambre ? A moins que tu ne cherchais à rejoindre la femme qui est censée être à ta place en ce moment même ? »

Je cligne des yeux, avant de l'observer d'un air surpris, tout en arquant un sourcil. De quoi ? Je suis certain de ne pas m'être trompé de chambre. Et comme il parle de femme, je n'ai plus de toute sur le fait qu'il est bien le journaliste ayant rendez-vous avec Kim Hye Ri. Son ton amusé me détend néanmoins, alors que je souffle :

« Tu parles de Kim Hye Ri ?
- Sérieusement ? Je te retrouve dans un hôtel en compagnie d'une inconnue alors que tu ne m'as même pas rappelé? »

Son sourire en coin ne manque pas de me faire fondre, bien que je tente vainement de ne pas le montrer. Pour autant, il n'y a qu'un sourire heureux qui illumine mon visage, en sa présence. Comme toujours. Comment pourrait-il en être autrement ? Cette soirée m'avait mit en colère. J'étais de mauvaise humeur toute la journée pour tout un tas de raisons plus sottes les unes que les autres. Et je n'espérais absolument pas que je verrais le sourire en coin de Ryu ce soir. Ce même sourire qui fait fondre toutes mes défenses aussi facilement que la neige au soleil.

Puisque c'est ce qu'il est, quelque part. L'unique soleil de mon existence.

« Quand cesseras-tu de dire des bêtises, Ahn Ryu Jeong ? Les femmes ne m'intéressent toujours pas et tu le sais. » Mon sourire s’affaisse un peu, alors que mon regard se perd sur son visage, la perfection de ses traits me frappant de plein fouet alors que j'ajoute en un souffle que j'espère inaudible. « ...Et pour tout dire, les hommes non plus... »

En effet. Avant, je pouvais dire ouvertement que j'aimais les hommes. Je pouvais le dire, tout en cachant plus ou moins habilement mon seul et unique intérêt pour l'un d'entre eux en particulier. Celui qui se trouve en face de moi en ce moment-même. Mais plus rien n'est comme avant. Depuis ce séjour au Lotte...Sans parler de ce qu'il s'est passé trois jours auparavant. Même les hommes ne m'intéressent plus. Je ne suis plus du regard les icônes viriles au charme discret et masculins qui passent sous mon nez lorsque je travaille. Je ne souris plus devant les scènes dénudées de quelques héros aux muscles saillants découvrant leur peaux dans les films et les séries télévisées. Je n'esquisse plus de sourire appréciateur quand un bel homme me propose un verre -encore que ça n'arrive que très rarement-. Non, plus rien de tout cela ne parvient à m'arracher un regard à la dérobée.
Parce qu'en ce moment, et comme depuis toujours en soi, ma seule orientation sexuelle a pour nom Ahn Ryu Jeong.

Ce pourquoi je ne résiste pas. Doucement, je franchis les quelques mètres qui nous séparent, comme je l'ai fais de nombreuses fois dans son appartement, ce soir-là. A la différence que là, il n'y a aucune intention malvenue de ma part. "Viens là, espèce d'idiot." est la seule phrase qui s'échappe de mes lèvres, alors que mes bras se referment autour de lui, une fois que je l'ai rejoins. Je ne fais que l'enlacer doucement, serrant le corps de mon meilleur ami contre le mien. Mes paupières se ferment, profitant au mieux de sa présence, alors que le doux parfum de ses cheveux flattent mes narines. Je suis tellement, tellement accro à son être...
Ce n'est pas une étreinte fraternelle, et je pense que nous le ressentons tous les deux. Simplement, je ne tiens pas à réfléchir. Il reste toujours, mon meilleur ami, quoi qu'il en coûte. Et je tiens à le remercier d'avoir su égayer ma soirée par sa présence. Ne pouvant retenir mon sourire, je caresse doucement ses cheveux, passant mes doigts à sa nuque. Simplement, mes yeux se perdent un instant sur la peau opaline de son cou, alors que le souvenir d'une marque que je lui ai faites trois jours auparavant peine à disparaître.
Mon rythme cardiaque s'accélérant légèrement, je me recule avec douceur pour mettre fin à l'étreinte, espérant être à une distance respectable. Mais je ne reste pas crispé longtemps. Voir son visage suffit à adoucir mes propres traits, et un nouveau sourire habille le coin de mes lèvres, alors que je penche la tête :

« Et toi ? »

Lentement, je monte mes doigts à mon visage, attrapant mon gant en cuir entre les dents pour le faire glisser. Ma main découverte, je tourne mon poignet pour jeter un oeil à ma montre, le gant toujours coincé avec les dents, le temps ensuite de retirer le second. Jetant ensuite la paire de gant sur le lit, je plonge mon regard dans celui de Ryu d'un air amusé :

« Je peux te le demander aussi. Pourquoi un journaliste traîne-t-il à cette heure-ci dans un hôtel pareil ? Tu sais, cette femme que tu attendais, crois-moi qu'elle ne t'aurais pas plu, elle était très vulgaire. » Mon regard se durcit sans même que je m'en rende compte. « Elle voulait juste coucher avec toi en échange de tes infos. »

Ma mâchoire se serre légèrement, alors qu'un désir emplit de possession me prend aux tripes. Comme toujours depuis que nous nous connaissons, n'est-ce pas ? N'est-ce pas le même sentiment qui m'a poussé à me disputer avec lui, l'année de mes dix ans, pour ensuite fuir dans une ruelle que je ne connaissais pas ? Ça en a résulter la pire soirée de ma vie. Mais je ne parviens pas à me défaire de ce défaut, qui ressort toujours en présence de mon aîné. Je suis terriblement jaloux quand il s'agit de Ryu Jeong, c'est un fait. Mais il ne faut pas que je le montre. Pas devant lui. Comment pourrais-je seulement avoir le droit de me sentir possessif envers un homme fiancé ? C'est tellement idiot. Il n'est pas à moi.

Il ne m'appartient pas et c'est bien là, le problème.

Un faible sentiment de culpabilité vient se nicher au creux de mon ventre lorsque je repense à ce que j'ai pu lui faire, alors qu'il a une fiancée qu'il attend. Ce genre de dérapage...Ne devrait plus avoir lieu, n'est-ce pas ? Malgré tout, j'ai beau tenté de me faire une raison, actuellement, j'ai bien du mal à me défaire de mon air agacé, en rependant à cette idiote et son décolleté plongeant. Heureusement que je l'ai fait quitté l'hôtel. Heureusement.
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avatar« Invité » Invité
MessageSujet: Re: Love is composed of a single soul inhabiting two bodies.   Love is composed of a single soul inhabiting two bodies. EmptyMar 22 Avr - 0:17

Le sourire sincère qui apparaît lentement sur son visage, chassant rapidement l'air maussade qu'il abordait en ouvrant la porte, manque de me faire traverser la chambre pour m'en saisir dans la seconde. Heureusement pour nous que je suis encore doté d'un sang froid hors du commun. Néanmoins, s'il continue d'aborder cet air adorable, je ne suis pas sûr de pouvoir m'y tenir très longtemps. Mon corps a cessé d'écouter ma faible raison pour ne se fier qu'aux battements irréguliers de mon cœur.

Finalement, peut-être que le jeu a laissé plus de séquelles que je voulais bien le croire.

« Quand cesseras-tu de dire des bêtises, Ahn Ryu Jeong ? Les femmes ne m'intéressent toujours pas et tu le sais. »

Bien sûr que je le sais, mais il y a quelques semaines encore, il me parlait de cette lycéenne qui avait réussi à bouleverser son être. Une pointe aiguë vient s'enfoncer lentement dans ma poitrine. Ne suis-je pas celui qui l'a accueilli un soir alors qu'il avait peiné à prononcer cette phrase qui l'effrayait, à l'époque ? Je l'avais deviné aux regards qu'il adressait à ses camarades masculins, sans me douter une seconde qu'il m'observait aussi lorsque je n'y faisais pas attention. Tout comme il me dévisage en ce moment-même, ses pupilles brillantes se perdant avec douceur sur mes traits. Je lui souris, conscient qu'à un moment, ses yeux finiront par glisser sur mes lèvres, alors que les siennes s'entre-ouvrent pour souffler, d'une voix que je peine à entendre :

« ...Et pour tout dire, les hommes non plus... »

Je cligne des yeux, incertain de ce que je viens d'entendre. Mais... S'il n'est intéressé ni par les femmes, ni par les hommes... ? Seulement, je n'ai pas le temps de me poser plus de questions car mon cadet s'empresse de franchir les quelques pauvres mètres qui nous tiennent éloignés l'un de l'autre. Je parviens tout juste à comprendre un « idiot » avant que ses bras ne se referment avec douceur autour de ma taille. Soufflant légèrement, je laisse fondre les barrières qui me retenaient encore face à lui, et l'enlace à mon tour, remontant mes mains le long de son dos avant de les accrocher près de ses omoplates.
Ces derniers temps, nous avons partagé bien des étreintes, pourtant, celle-là à quelque chose de différent. Il ne fait que me serrer contre lui, sans que je ne pense une seconde à l'en dissuader, c'est vrai. Mais il y a autre chose. Un peu comme si une part de mon être avait été manquante depuis son départ, il y a trois matins, et qu'elle était désormais de retour, au chaud dans le creux de ma poitrine, tambourinant fièrement. Il m'a manqué. Tellement manqué, je m'en rends compte à présent. A quel point j'ai pu nier ces dernières années, à quel point je suis dépendant de tout ce que mon meilleur ami peut m'apporter. Mon cœur ne fait que confirmer cette pensée alors que je sens ses doigts fins caresser mes cheveux, jusqu'à tomber délicatement dans ma nuque. Sans même y faire attention, je resserre mon emprise sur son échine pour le ramener vers moi. Je sens son sourire contre mon front, m'arrachant aussi un rictus de bien-être.
J'aurais voulu que cet instant dure éternellement, mais mon cadet semble en décider autrement puisqu'il s'écarte, laissant comme un vide béant entre nos deux corps.

Je relève les yeux, juste pour le voir pencher la tête avec un joli sourire au coin de ses lèvres roses.

« Et toi ?  »

Je pourrais bien répliquer, si je savais seulement de quoi il veut bien parler. Est-ce que j'aime encore les femmes ? C'est une très bonne question sur laquelle je suis incapable de débattre, soudainement trop grisé par la vue de mon meilleur ami en train d'ôter ses gants de cuir à l'aide de ses dents. Depuis quand exactement est-il capable de rendre un simple geste aussi attirant ? Je déglutis lentement, n'osant pas cligner des yeux de peur d'en louper une seconde. Du bout des doigts, il fait glisser le second, gardant l'autre coincé entre ses lèvres. Désirables lèvres. Ce n'est qu'une fois qu'il lance la paire sur le lit, près du morceau de papier abandonné, que je retrouve un tant soit peu de sens moral.

Si faible Ryu Jeong, si faible.

« Je peux te le demander aussi. Pourquoi un journaliste traîne-t-il à cette heure-ci dans un hôtel pareil ? Tu sais, cette femme que tu attendais, crois-moi qu'elle ne t'aurais pas plu, elle était très vulgaire. » Son regard ancré dans le mien devient plus sévère, développant de nombreux frissons le long de mes bras. «] Elle voulait juste coucher avec toi en échange de tes infos.
- Je la comprends. Autant lier l'utile à l'agréable, non? Et... Je suis agréable.» souffle-je.

Un rictus amusé emporte mes lèvres l'espace d'un instant alors que la mâchoire de mon vis-à-vis se crispe. Il ne faut pas plus d'indices pour comprendre le sentiment qui étreint son être, en ce moment. Kyu Jung a toujours été possessif, d'aussi loin que remonte notre amitié, sans jamais savoir qu'il n'avait aucune raison, puisque toute mon attention a toujours été tournée vers lui. En faisant ma priorité. Seulement, est-ce uniquement l'envie de garder son meilleur ami à ses côtés fait éclater l'orage dans ses pupilles ? Ou y'-a-t-il autre chose ? Cela expliquerait pourqoi il garde les lèvres pincées plutôt que de dire à voix haute ce qu'il pense réellement...

Ce qui se comprend. Après tout, ne suis-je pas censé être un homme engagé désormais ? Quelle blague... Depuis le début, il n'y a que lui qui a tous les droits.

« Je plaisante Kyun'ah. » m'empresse-je d'ajouter en remarquant son air tendu. «  C'est évident qu'elle n'aurait pas eu la moindre chance, tu devrais le savoir aussi bien que moi. J'ai un minimum d'amour propre tout de même.  »

Est-ce que tu crois qu'après avoir goûté tes lèvres, d'autres m'intéressent? Je ne veux que ton empreinte sur leur rougeur.

Je fronce légèrement les sourcils alors que, de nouveau, le poids lourd causé par la culpabilité vient s'écraser sur ma poitrine. Mes yeux ne parviennent pas à se détacher des lèvres rondes de mon meilleur ami, qui se trouvent à quelques pas seulement de ma bouche, alors que dans mon souvenir, les morceaux de chairs qui me sont destinés deviennent de plus en plus flous et lointains. Ce que nous avons fait, il y a trois jours comme au Lotte World, je sais pertinemment que je serais capable de le refaire mainte et mainte fois... Alors que ça ne devrait même pas m'effleurer l'esprit. Non, ça ne devrait pas.
Que ce soit l'envie irrépressible de faire gémir mon cadet sous une avalanche de caresse, ou l'idée même de trahir la confiance de celle a qui je suis fiancé, rien de tout ça ne devrait avoir lieu. En ce moment-même, je devrais être en train de préparer l'arrivée de cette dernière, afin de la couvrir de baiser. Ces mêmes baisers que je rêve de pouvoir disperser du la peau opaline qui se trouve juste sous mes yeux.
Si j'étais prêt à voir s'écouler mes jours auprès de cette jeune femme aux allures si parfaites, alors je ne devrais pas être prêt à me damner pour me réveiller entre les bras de mon ami. Si mon cœur battait uniquement pour croiser les yeux doux de ma compagne, il ne s'élancerait pas aussi vivement au simple effleurement des doigts de mon cadet. Si j'étais aussi amoureux de Sun Hee que j'ai déclaré l'être il y a quelques mois, au point de vouloir passer ma vie à ses côtés, alors jamais mes mains ne souhaiteraient aussi ardemment se poser sur le corps tant désiré de celui que je considère comme ma moitié.

Le seul capable de me rendre entier.

« Je ne devrais pas... Être avec elle. » chuchote-je, plus pour moi-même que pour les oreilles du détective.

Tout comme elle ne devrait pas être avec moi.

Pitoyable. Je suis pitoyable.

« Ce n'est pas elle, la personne qui m'est destinée... » dis-je si bas que je doute qu'il parvienne toujours à m'entendre.

Incapable de garder mon sourire plus longtemps, je baisse la tête afin d'éviter que Kyu ne croise la lueur craintive qui doit briller dans mon regard. Ce n'est pas devant lui que je devrais me laisser aller comme ça. Certainement pas alors qu'il est l'origine de mon trouble. Je me pose pourtant brutalement sur le coin du lit, gardant les yeux baissés vers mes doigts entrelacés. Je suis fatigué d'avoir à me répéter cette phrase des centaines de fois, pour la voir se rendre plus menaçante la fois suivante. Elle tourne en boucle dans ma tête, me poussant presque aux portes d'une folie dont je ne suis pas sûr de parvenir à sortir. Je l'entends, encore et encore, me donnant l'envie d'hurler juste pour parvenir à en atténuer le sens.
Mais elle reste bien là. Cette vérité qui me soulève l'estomac, me laissant un goût amer au travers de la gorge.

« J'ai fait une erreur. »

Je me souviens parfaitement du jour où j'ai murmuré la phrase censée être magique, censée être la première d'une série de promesses éternelles. Je n'ai pas réfléchis, je ne réfléchis jamais de toute façon. J'ai simplement croisé le regard pétillant de cette femme dont la beauté n'a eu de cesse de me couper le souffle, et les mots ont été plus rapides que ma pensée. J'ai d'ailleurs été étonné d'entendre qu'elle acceptait, sans l'ombre d'une hésitation. J'ai senti mon être s'enflammer alors qu'une joie particulière l'emplissait, c'est vrai. Je le reconnais, j'étais heureux de savoir que Choi Sun Hee allait passer le reste de sa vie à me chérir, tout comme j'espérais pouvoir la protéger de la maladie, de la pauvreté, comme du pire. Mais le pire, c'est moi.
C'est après que je l'ai su. Dès que je me suis retrouvé seul dans le noir, le soir qui a suivi. Il suffisait de sentir les coups aiguisés qui me lacéraient la poitrine sans relâche. Une erreur, j'ai fait une effroyable erreur. J'ai essayé de la dissimuler derrière le masque d'un couple parfait, mais à quoi bon ?

Un seul frôlement a fait voltiger tous mes mensonges, les rendant plus acides et dangereux avec le temps. C'est trop tard.

Je secoue doucement la tête, conscient du regard insistant de mon meilleur ami sur ma nuque. J'entends ses interrogations, mais je n'ai pas le courage d'y chercher des réponses. Abandonne Kyun'ah...S'il te plait.

« Hum. Puisqu'on est ici, autant profiter du room-service, qu'est-ce que tu en penses ? » lance-je d'un ton faussement joyeux avant d'attraper le téléphone sur la table de chevet.

Comme si c'était possible.
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MessageSujet: Re: Love is composed of a single soul inhabiting two bodies.   Love is composed of a single soul inhabiting two bodies. EmptyVen 25 Avr - 0:22

« Je la comprends. Autant lier l'utile à l'agréable, non? Et... Je suis agréable.»

Un long frisson se développe contre ma nuque, remontant dans les avant-bras. Agréable ? Oh ça je suis loin d'en douter, c'est sûr. Qui pourrait penser qu'Ahn Ryu Jeong n'est pas "agréable" ? Que ce soit la chaleur renversante de ses lèvres, ou les lueurs pétillantes de ses yeux. Qui n'aurait pas envie de s'emparer de chaque parcelle de peau à portée de main ? De glisser ses doigts dans sa chevelure d'or et, je le sais, d'une douceur incommensurable ? Oui, Ryu est plus qu'agréable. Mais la façon qu'il a de le dire, en parlant de cette femme, ne fait que me crisper un peu plus, plongeant mon être dans un océan de possessivité sans fond. Si son but était de me détendre, j'ai comme un doute sérieux sur sa méthode...

« Je plaisante Kyun'ah. C'est évident qu'elle n'aurait pas eu la moindre chance, tu devrais le savoir aussi bien que moi. J'ai un minimum d'amour propre tout de même. »

Je décrispe légèrement les épaules, appréciant les mots de mon ami. Ça, je le savais. Il a beaucoup plus de respect envers lui-même, ainsi que sa fiancée pour aller voir ailleurs. Du moins...C'est ce qu'il me semblait, avant ce jeu qui à décidément beaucoup trop dérapé. Encore une de tes merveilleuses idées, Kyu Jung. Rapidement, je cesse de réfléchir lorsque je remarque, dans un battement de coeur affolé, que Ryu observe mes lèvres avec insistance. Je ne suis pas quelqu'un de très observateur, de base. Enfin...Tout dépend, si je travaille ou pas. Mais avec Ryu Jeong, je ne l'ai jamais été. Et le voir me fixer de cette façon me trouble, il faut bien l'admettre.
Sans parler de son regard. Il est tellement tourmenté que je suis incapable d'y lire quoi que ce soit, sans doute parce qu'il s'est perdu lui-même dans son propre esprit. Qu'est-ce qui le met dans un tel état ? J'hésite à prendre la parole, mais il me devance de peu :

« Je ne devrais pas... Être avec elle. »
- Hein ? »

Je cligne des yeux, n'étant pas bien sûr d'avoir entendu. Le murmure de Ryu est si bas que je suis persuadé d'avoir mal compris. Et pourtant, je sens les battements furieux de mon coeur faisant acte de présence contre ma cage thoracique, entrant en résonance avec chacun de mes pores.

« Ce n'est pas elle, la personne qui m'est destinée... »

Mes paupières s'agrandissent peu à peu sous la surprise. La surprise ? Le choc, plutôt. Je ne m'attendais pas à entendre ça. Ni aujourd'hui, ni demain, ni dans plusieurs années. Ce n'est pas rien, ce qu'il sous-entend. Et surtout...Me le dire, à moi. Comment suis-je interprété ça ? Comme un signe ? Pourtant, je suis loin de m'en réjouir. Au contraire, le sentiment amer et diffus dans mes veines s'étendent peu à peu dans tout mon corps, ayant l'impression de pourrir de l'intérieur lorsque je vois Ryu avec une telle expression sur le visage. Une expression que je ne lui connaissais pas. Et que je ne prends d'ailleurs pas le temps de détailler puisqu'il baisse aussitôt la tète, refusant de me regarder dans les yeux.

Nous avons un sérieux problème.

Ahn Ryu Jeong, détourner le regard ? Qui plus est, devant son meilleur ami ? Je déglutis faiblement, incapable de bouger pendant de longue secondes. Ryu se laisse brusquement tomber sur le lit, assis et crispé. Ses jolis doigts s'entrelacent doucement, et je me surprends encore à vouloir être celui qui doit glisser ma main dans la sienne.
Main qui n'a pas d'alliance, d'ailleurs. Les yeux de mon meilleur ami, eux, semblent perdus quelque part entre songe et réalité.
Alors que je tente de faire un premier pas vers lui, sa voix s'élève une nouvelle fois, me laissant pantois :

« J'ai fait une erreur. »

Pardon ?

Est-ce qu'il réalise seulement ce qu'il vient de dire ? Hm. Évidemment. C'est Ryu, après tout...Il est parfois impulsif dans sa façon de parler, mais l'expression de son visage suffit pour comprendre à quel point le tourment tire ses traits. Je souffle, cherchant à reprendre un tant soit peu mes capacités à communiquer. Mais c'est un peu difficile...Ce n'est pas rien, ce qu'il vient de balancer. Une erreur..."Elle" ?

Il considère que ses fiançailles sont une erreur ?

« Qu'est-ce que...Tu viens de dire ? »

Je déglutis faiblement, les yeux toujours écarquillés vers lui. Pourtant, il refuse de me répondre, se détournant de moi en gardant le silence. Ne rendant que ses mots, d'autant plus réels. Et je me sens écrasé par une foule de questions sans réponses, plus froides et lourdes les unes que les autres.

Pourquoi est-ce qu'il m'annonce ça, maintenant ?

Depuis combien de temps est-ce qu'il y pense ?

Est-ce qu'il s'est passé quelque chose, pour qu'il en arrive à cette conclusion ?

Qu'est-ce que je peux faire, pour lui ?

Est-ce que j'en suis responsable ?


Un frisson accompagne cette dernière interrogation, trouvant peu à peu le chemin de mon cerveau, avant de redescendre en chute libre vers mon coeur, le malmenant sans aucune pitié. Est-ce de ma faute ? Jusqu'ici, il filait le parfait bonheur avec Sun Hee, même s'il lui manquait quelque chose. Son âme soeur... Mais ça ne l'empêchait pas de sourire sincèrement en énonçant le prénom de sa futur femme. Et aujourd'hui...Il me dit avoir fait un erreur ?
Alors oui, je suis en droit de me poser la question. Est-ce que c'est de ma faute ? Je me rappelle alors de ce souvenir impérissable qu'à laisser notre sortie au Lotte sur mes lèvres. Un goût de passion. D'audace. Et d'une dose d'imprévisibilité.

« Embrasse-moi. Comme si ton dernier souffle allait s'écraser sur mes lèvres. »

Je frissonne alors que les souvenirs me frappent de plein fouet. Il est fiancé. Il l'était à cet instant et nous avons dépassé des limites infranchissables. Est-ce pour ça qu'il doute, à présent ? Je ne vois même pas comment réagir. Me réjouir ? J'en suis incapable. Pas quand je vois l'état dans lequel se trouve l'être le plus cher à mon coeur. Pourtant, j'ai beau le nier, je sens ce petit crépitement au fond de moi. Cette étincelle qui me murmure "peut-être que..."

« Hum. Puisqu'on est ici, autant profiter du room-service, qu'est-ce que tu en penses ? »

Il s'approche du téléphone sur la table de chevet, après avoir annoncé qu'il fallait en profiter. Pourtant, quelque chose me dérange atrocement dans son attitude. Le ton de sa voix. Il est si faux, là, maintenant, que j'ai dû mal à pensé à autre chose. Mais en même temps, quoi de plus logique, vu ce qu'il vient de m'annoncer ? Les battements de mon coeur ayant du mal à reprendre un rythme normal, je tente de souffler faiblement, tout en observant le dos de mon meilleur ami, l'entendant commander divers plats pour nous. Qu'est-ce que je peux faire...?
Je reste immobile, laissant mon regard s'immobiliser sur un point lointain du dos de Ryu Jeong, tout en ayant du mal à retrouver une connexion à la réalité. Et pourtant, un sentiment étrange me renverse l'estomac, et mon cerveau cesse de réflexion, s'enclenchant sur le mode "rends-lui le sourire, par n'importe quel moyen".

Comporte toi comme le meilleur ami que tu es, pour une fois, Kyu Jung.

Aussitôt, lorsqu'il raccroche enfin, je pose mon portable sur le lit, après avoir lancé une musique aléatoire. Et sans un mot, je m'approche de Ryu, saisissant sa main avec douceur pour l'amener au centre de la pièce, là où il y a le plus d'espace. Je ne veux pas voir une telle expression sur son visage plus longtemps. Si ses traits doivent être tendus sous mes yeux, ce serait uniquement par les fous rires que je lui provoquerais. Si ses yeux doivent briller, c'est grâce aux éclats de joie pétillant sur ses iris. Je ne veux rien voir d'autre, que de l'insouciance dans son regard.
Continuant de serrer ses doigts, je lève les yeux vers lui, alors que la musique continue de tourner. Je vois bien la lueur de surprise qui habille ses yeux. C'est compréhensible. Après tout, je suis imprévisible moi aussi, et il devrait en avoir l'habitude, pas vrai ? Après avoir attrapé ses deux mains dans les miennes, je le force à bouger lentement, sans le quitter des yeux. En silence, il commence à comprendre que j'essaie de le faire danser. Je tire doucement sur son bras gauche, puis le droit, faisant mouvoir nos épaules en un rythme lent et régulier, alors qu'un léger sourire fleurit doucement sur mes lèvres. Je continue de le faire danser lentement, en suivant les sons de la mélodie qui nous sert de fond sonore. Nous dansons maladroitement, alors que je sens moi-même, le poids de mon coeur s'alléger un peu plus. Je fais doucement faire un tour à Ryu sur lui-même en tenant une de ses mains pour le guider, et lorsque son visage me fait à nouveau face, je me sens épris par une vague de fierté en voyant que j'obtiens enfin un sourire sincère de sa part, cette fois. Il commence à se détendre et par effet de ricochet, je me détends aussi. Je me fais ensuite faire un tour sur moi-même en tenant une seule de ses mains, à son tour, ce qui se révèle assez drôle puisque je dois me tordre dans tous les sens, étant plus grand que lui. L'avantage, c'est que le rire qu'il lâche en cet instant fait fondre instantanément mon coeur.
Une fois à nouveau face à face, je serre doucement ses doigts, avant de sourire :

« Allez, viens là. »

Je joins le geste à la parole en tirant un peu plus ses mains vers moi, le forçant à s'approcher. Doucement, j'oblige mon meilleur ami à grimper sur mes pieds, afin de pouvoir le guider. Il n'est pas bien lourd, de toute façon, bien que la présence de ses muscles finement dessiné lui donne un certain poids. Mais ça ne me dérange nullement en cet instant, plus concentré pour le tenir en équilibre contre moi. J'ai dû faire ça une fois ou deux avec mon père, étant enfant, et la sensation m'avait plu. Bien que la chaleur de son torse frôlant le mien me fait frissonner pendant un instant, étant vraiment très proches l'un de l'autre. Souriant en sentant ses pieds nus sur les miens, je tiens fermement ses mains, et lui décoche un grand sourire. Pour être honnête, j'oublie de penser. En cet instant plus rien n'existe, si ce n'est la lueur des yeux de Ryu, et son expression détendue.

Je veux simplement que tu sois heureux.

Je me déplace doucement, faisant des petits pas en avant, sur le côté, en arrière, tout en continuant de guider Ryu, toujours sur mes pieds. Il est si adorable, avec ses petits yeux rieurs, que je serais capable de tenir toute la nuit aussi pour son sourire. Ce même sourire qui fais éclater des petites étincelles de joie au fond de moi, à chaque fois que j'ai l'occasion de l'admirer.
Je pousse même le vice en allant jusqu'à chanter. Je ne chante pas mieux qu'un autre à la base, mais profite de ce moment pour prendre une voix nasillarde et ridicule au possible, les fausses notes s'enchaînant les unes après les autres. Je me récolte évidemment une remarque digne d'Ahn Ryu Jeong, et cesse de chanter pour défendre mon honneur :

« Yah ! Je gagnerais peut-être pas la nouvelle star mais je me retirerais du devant de la scène avec une classe sans pareille. »

Je termine mon discours en tirant la langue, avant de rire légèrement. Je préfère ça. Cette ambiance détendue. Comme si...Plus rien n'existait, tout autour de nous. Je n'ai conscience que de la musique, et du regard de Ryu dans le mien. Je continue de danser légèrement, en le guidant puisqu'il est toujours sur mes pieds, et pose mon front contre le sien. Ce geste, nus l'avons souvent eut dernièrement. Mais aujourd’hui, il me semble beaucoup plus doux. Je ferme les paupières pendant un court instant, savourant chacune des secondes qui s'écoulent.
Malheureusement, nous sommes interrompus par un toquement contre la porte. Le room-service, sans aucun doute. Doucement, je laisse Ryu descendre de mes pieds pour aller ouvrir, mettant ainsi fin à notre moment d'intimité. Qu'importe. Ryu semble aller mieux, et ça me suffit. Au bout de quelques minutes, le revoilà avec le chariot remplit de nourriture qui affolerait les plus grandes fortunes de Corée. J'ai rarement eu l'occasion de voir des plats si luxueux et surtout, si appétissant. Pour une fois, autant en profiter, n'est-ce pas ?

« Ça a l'air délicieux. » lance-je avec un sourire.
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MessageSujet: Re: Love is composed of a single soul inhabiting two bodies.   Love is composed of a single soul inhabiting two bodies. EmptyLun 2 Juin - 14:56

J'ai à peine le temps de raccrocher le téléphone, après avoir commandé tous les plats au nom tentant, qu'une chanson sortie de nulle part emplie l'air. Je cligne des yeux un instant, cherchant d'où la mélodie au rythme entraidant peut bien provenir. Seulement, c'est à mon meilleur ami de répondre à cette interrogation, tendant doucement la main vers moi alors que je me tourne en sa direction. Un regard vers le lit m'indique qu'effectivement, la musique vient bien de lui.

Sans un mot, je me laisse tirer vers le centre de la pièce. Je ne sais pas ce qu'il prévoie de faire, mais je ne vois pas pour quelle raison je m'en inquiéterais. Après tout, ce n'est que Kyu Jung.
Je ne cesse de l'observer, alors que lui peine à lever les yeux jusqu'à croiser les miens. Je sais qu'il est capable d'y lire la surprise, ainsi que l'impatience de voir ce qu'il a prévu. S'il a bel et bien prévu quelque chose : ce garçon étant aussi imprévisible que le ciel. C'est quand même avec un léger sourire en coin, que je vois mes mains être emprisonnée dans les siennes, et mon corps commencer à bouger en suivant les mouvements initiés par mon meilleur ami. J'hausse un sourcil sans le quitter des yeux, et suit fidèlement le moindre de ses gestes, comprenant sans mal qu'il essaie de me faire danser. Certes, les pas de danse sont loin d'être dignes des grands ballets, mais le fait de bouger ainsi près de lui, au son lent et mélodieux d'une chanson au hasard, je sens le poids qui pesait dans ma poitrine s'alléger doucement. Mon sourire vient même s'étirer alors que Kyu me fait tourner sur moi-même, m'aidant d'une de ses mains. Je sens une vague d'euphorie venir échouer sur mon cœur, y laissant une écume aussi douce que l'air qui baigne les traits de son visage. Rien, je n'avais besoin de rien d'autre que ça.

Comme toujours, il l'a su. Il a su deviner avant même que je n'ai à le penser.

A son tour, il tourne, du moins essaie. Je lève les yeux au ciel en le voyant se tordre pour parvenir à passer sa tête sous ma main.  Bien fait, il n'a qu'à pas être aussi grand. Ce qui ne m'empêche pas de lâcher un franc éclat de rire en le voyant se redresser péniblement. Il est presque aussi ridicule qu'il est adorable.
Et il doit s'en rendre compte puisqu'il m'adresse un petit sourire, avant de tirer sur mes mains pour me ramener contre lui.

« Allez, viens là. »

Sans comprendre ce qu'il m'arrive, je me retrouve soudainement à devoir grimper sur les pieds de mon cadet. Ouvrant la bouche pour protester, je m'en vois incapable lorsque je sens sa poigne se resserrer considérablement autour de ma taille. Pour m'empêcher de tomber, peut-être. Ca m'est égal... Je sens sa chaleur se répandre le long de mon corps, et ça me suffit à frémir doucement. Je ne dis rien, me perdant dans l'éclat fier de ses pupilles alors qu'il commence lentement à bouger. Plus rien, il n'y a plus rien autour de nous. Plus de bruit, plus de chambre, plus de peine.

Juste nous deux.

Tu me rends heureux.

Petits pas en avant, petits pas sur le côté... Il avance, et danse lentement, sans jamais quitter mes yeux du regard. Est-ce qu'il a conscience de l'âge que l'on a pour agir ainsi ? Au fond, qui s'en soucie. Ni lui, ni moi, clairement. Je finis même par aller enrouler sa nuque de mes bras afin de ne pas glisser. Mon sourire a définitivement retrouvé sa place sur la pulpe de mes lèvres, et comme toujours, c'est lui qui en est l'origine. A croire que je suis capable que de ça en sa présence. Sourire jusqu'en avoir mal dans chaque muscle de mon visage, sourire jusqu'à ce que celui-ci ne se meurt dans un fou rire.
Ce qui ne tarde pas à arriver puisque mon cadet semble décider à ameuter tout le quartier en se lançant dans la chanson. Sa voix, n'est certes pas la plus belle qu'un chanteur puisse rêver avoir, mais il est capable de bien mieux que ça. Je me moque de lui, arrêtant de tourner alors que ses fausses notes viennent frapper mes tympans :

« T'espère gagner une récompense en chantant comme ça, ou seulement me rendre sourd? »
Il s'arrête, m'envoyant un regard rieur qui vient voler de légers battements de cœur.

« Yah ! Je gagnerais peut-être pas la nouvelle star mais je me retirerais du devant de la scène avec une classe sans pareille. » marmonne-t-il avant de tirer la langue.

Je souris de plus belle, m'écartant légèrement de lui, sans pour autant descendre :

« Fais attention à ta langue, Choi.  »

Ce qui a le mérite de le faire rire, emportant ce qu'il restait de ma mélancolie. Je prends une grande inspiration, resserrant ma prise sur son cou, mon front allant doucement se poser sur le sien. Ce geste seul suffit à calmer tous les tourments qui peuvent se trouver dans le creux de mon cœur. Les secondes s'écoulent alors que nous continuons de danser lentement, l'un dans les bras de l'autre. J'en viens à souhaiter qu'elles ne cessent jamais, que le temps s'arrête et qu'à aucun moment nous ne soyons obligé de quitter cet hôtel.

Pourtant, comme toujours, le temps ne semble pas de cet avis. Un toc-toc discret nous sort lentement de la bulle dans laquelle nous nous étions enfermés, m'obligeant à quitter l'étreinte de mon meilleur ami afin de me diriger vers la porte.
Je salue le pauvre garçon a l'air fatigué, avant de m'emparer du chariot et de retourner vers le lit. Je sens d'ores et déjà le regard de Kyu brûler le dessus de chacun des plats présents face à nous, et dieu, que je le comprends. De nous deux, il a toujours été le plus gourmand, mais aujourd'hui, face à cet étalage de nourriture, je crois que je pourrais bien le battre.

« Ça a l'air délicieux. »

Je réponds à son sourire en l'imitant, puis lui tend une fourchette.

« Sers-toi alors. C'est offert! » lance-je avec une faible pensée pour la femme qui recevra la facture.

Sans la moindre once de culpabilité, après tout, elle avait bien prévu de payer le prix fort pour m'avoir dans son lit, non ? Chassant cette idée de ma tête, je la secoue lentement.
Puis, je ne tarde pas à parcourir les plats de ma fourchette curieuse, à mon tour. Durant quelques minutes, le silence semble régner entre nous. Mais bien loin d'être gênant. Il y a des silences que beaucoup tentent d'atténuer avec des conversations inutiles et futiles, sauf que Kyu Jung et moi n'avons jamais eu besoin de ça. Nos silences à nous sont porteurs de regards qui disent bien plus que des mots. Or, c'est ce qu'il se passe en ce moment. Nous échangeons de brefs regards, parfois plus long alors que nous dévorons les plats avec un appétit que je n'aurais pas soupçonné plus tôt dans la journée. Ça fait du bien, ça fait réellement du bien.

Je lève légèrement les yeux vers Kyu, qui mâche lentement le regard perdu dans le vide. Je me demande à quoi il pense... Ce n'est pas quelque chose que j'ai eu du mal à faire par le passé. Je n'ai habituellement aucun mal à deviner ce qu'il a dans la tête. Seulement, là... J'ignore totalement ce qu'il garde à l'esprit.

Je souffle, étirant doucement mes bras, sans le quitter des yeux. Puis je remarque la légère tâche de nourriture au coin de ses lèvres. Il fait exprès, pas vrai? Avec un sourire, j'attrape son menton et le tourne délicatement vers moi. Il semble d'abord surpris de me voir aussi près de lui, mais ne dit rien, se contentant de m'observer avec de grands yeux. Comme s'il attendait à son tour de voir ce que je vais faire.
Du bout du pouce, je caresse le coin de sa lèvre, l'essuyant doucement. Avant de faire glisser mon doigt sur le contour de son morceau de chair, laissant mes yeux retomber vers sa bouche. Cette bouche qui continue de me hanter jour après jour, alors que je me suis promis à une autre. Cette même bouche pour laquelle je n'aurais pas la moindre once d'hésitation, aujourd'hui plus qu'hier.
Sans m'en rendre compte, je me suis penché et je continue de le faire petit à petit. Comme toujours, je me perds en sa présence. Il m'envahit tout entier, faisant battre mon cœur d'une façon presque irréelle. Qui d'autre que lui serait capable de le tambouriner ainsi ? Ou capable de me faire croire que le temps s'est suspendu, et que rien au dehors de cette chambre, ne pourra m'atteindre.

Si j'en étais dans la capacité, alors je lui soufflerais des centaines de merci jusqu'à en couvrir ses lèvres. Merci, d'être là, d'être dans ma vie, d'être comme tu es...

« Est-ce que l'on va rester ici toute la nuit? » demande-je au bout d'un moment, rompant ce lien qui nous unissait dans le silence.

Il cligne des yeux, geste qu'il répète depuis l'enfance, et semble redescendre brusquement sur terre.  

« Parce que si c'est le cas... J'irai bien prendre une douche. » lance-je avec un sourire joueur.

♥♥♥:
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MessageSujet: Re: Love is composed of a single soul inhabiting two bodies.   Love is composed of a single soul inhabiting two bodies. EmptyVen 4 Juil - 0:05

« Sers-toi alors. C'est offert! »

Je ne comptais pas m'en priver. Pas quand une nourriture si délicieuse n'attends qu'à être dévoré sous mes yeux gourmands. Je n'attends pas pour commencer à manger, accompagner par mon meilleur ami. Le silence s'installe, sans qu'il ne nous dérange, ni l'un ni l'autre. Ça a souvent été ainsi, entre nous. Pas besoin de combler les blancs. Ils ne sont pas désagréables, quand nous ne sommes qu'à deux. De temps en temps, nos regards se croisent et parlent pour nous.

S'il savait...S'il savait ce à quoi je pense en ce moment. A lui, seulement à lui, et aux mots qu'il m'a confié à mi-voix.

« J'ai fait une erreur. »

Je secoue légèrement la tête, chassant ces mots de mon esprit. Du moins pour l'instant. Je veux simplement passer un bon moment avec l'être le plus cher à mon coeur. Et celui-ci décide de faire acte de présence, en faisant un geste assez inattendu. Je lève les yeux, surprit alors qu'il saisit délicatement mon menton entre ses doigts. Nous gardons tous les deux le silence, lui en esquissant ce sourire malicieux qui lui va si bien, et moi en attente de ce qu'il a en tête, pour me mettre dans une telle situation. Lentement son pouce essuie le coin de ma lèvre, la nettoyant de la sauce que je n'avais même pas vue. Son geste me parait presque sensuel, alors que ses jolis pupilles de velours glissent doucement vers mes lèvres, les détaillant du regard. Instantanément, mon pauvre coeur tressaute, peu habitué à un tel regard, si puissant. J'en oublie même de respirer, pendant ce court instant, perdu dans les vagues d'émotions que Ryu me procure sous les caresses de son regard brûlant.
Je rougis faiblement, en me rendant compte de sa soudaine proximité, qui me gênait pourtant beaucoup moins il y a trois jours. Du moins, jusqu'à ce qu'il rompe le silence :

« Est-ce que l'on va rester ici toute la nuit? »

Je cligne des yeux sans pouvoir m'en empêcher, en entendant la question de Ryu :

« Parce que si c'est le cas... J'irai bien prendre une douche. »

Je garde le silence, ouvrant la bouche un instant, avant de la refermer. Une douche ? Ici ? Pour passer la nuit...Là ? Mes yeux de déplacent, passant de la porte de la salle de bains au lit double sur lequel je suis assis. Oh. D'un seul coup, l'idée me semble particulièrement mauvaise. Dormir ici, avec Ryu et ses cheveux humides, blotti contre moi ?

Dangereux.

Mais terriblement tentant.

« Vas-y alors. Je t'attends. »

Je tente de l'encourager d'un faible sourire, mais je le devine déjà crispé par le désir qui me vrille les entrailles. Est-ce qu'il se rend compte de la façon dont il me provoque ?

Je suis certain que oui. Soufflant doucement, je reste assis sur le lit, roulant des épaules en prenant un air détaché, jetant un coup d'oeil à la vue extérieure, par la fenêtre. Je ne suis pas détendu. Mais qu'il me laisse au moins l'occasion de faire semblant de l'être, histoire de ne pas perdre totalement la face. Aussi, j'ignore tout de l'expression qu'il peut bien afficher, au moment où il disparait de mon champ de vision.
De longues secondes s'écoulent, durant lesquelles je n'esquisse pas un geste, perdu dans mes propres pensées, alors que mes yeux se posent sur la salle de bain en face.

J'hésite.

Je suis incapable de détacher mon regard de la vitre qui délimite les contours de la salle de bain. D'abord, qui est l'abruti qui a eut l'idée d'aménager les chambres ainsi ? C'est un appel à la débauche. La douche est beaucoup trop accessible, l'utilisateur se sent obligatoirement exhibitionniste...Ce qui ne change pas grand-chose pour mon meilleur ami, qui n'a jamais prit le temps de lire la définition du mot "pudique" dans le dictionnaire.
Je souffle, levant les yeux vers la salle de bain depuis que Ryu à disparu dedans. Le silence est tel, que je peux presque entendre le frottement de ses vêtements qui tombent au sol, les uns après les autres, jusqu'à ce que plus aucun d'entre eux ne soit capable de recouvrir sa peau nue. Cette même peau blanche et familière au toucher, que j'ai pu apercevoir chez lui, il y a trois jours de cela.
Et que j'ai pris beaucoup de plaisir à goûter.

Bon sang.

Assis sur le lit, je frotte mes paumes entre elles d'un geste nerveux, tentant de chasser cette image de mon esprit. Mon meilleur ami, il s'agit de mon meilleur ami. Je l'ai vu sans ses vêtements, des dizaines de fois. Ne serait-ce que ce jour où nous avons roulé dans ses draps pour la première et unique fois. Pourtant...De ce que j'ai vu cette semaine, il bien changé. Son corps s'est durci, affirmé et...

Calme. Choi Kyu Jung. Arrête tout de suite.

C'est de la torture psychologique. Psychologique, et physique. Et en une minute, et sans même m'en rendre compte je me retrouve les deux mains posées contre la porte de la salle de bain. Cette vitre pleine de buée, laissant un aperçue affolant de sa silhouette, joue avec mon rythme cardiaque. Je lutte contre moi-même pour ne pas ouvrir cette fichue porte, que je sais déverrouillée. Si j'y vais...Je sais parfaitement que je vais déraper. Il ne faut pas.
Mais les paroles dépassent ma pensée.

« Ryu ? »

Je souffle, et tente de me mordre la langue pour me taire. Pourtant, c'est plus fort que moi :

« ...Tu veux que je te frottes le dos ? »

J'ai l'infime espoir que mon meilleur ami refuse, qu'il ait déjà fini sa douche, ou n'importe quelle autre excuse qui m'empêcherait d'ouvrir cette porte vitrée. Dieu ce que je déteste ces fichues portes !
Pourtant, c'est une toute autre réponse qui me parvient. Il est d'accord.
Écarquillant les yeux, je tente de ne pas bégayer, et pose mes doigts tremblants sur la poignée. Comme je le pensais, il n'avait pas fermé. Il l'a fait exprès...?
Je déglutis, et hésite, avant de retirer ma main. Sans quitter des yeux la silhouette tentante qui semble m'appeler, je souffle, laissant tomber ma lourde veste sur le sol.
Lentement, ce sont mes propres vêtements qui quittent mon corps, un par un, alors que je m'efforce de respirer le plus lentement possible, cherchant à dissimuler mon trouble et ma nervosité.

Qu'est-ce que je fais ?

J'observe la silhouette floue du corps de Ryu, juste derrière la porte de verre. La buée est si épaisse, que je ne le vois pas distinctement. Un geste, il ne me suffit que d'un geste, pour le rejoindre. Inspirant profondément, je trouve le courage (ou là folie) d'ouvrir enfin la vitre qui nous séparent, et fait un pas pour le rejoindre dans cet espace brûlant et humide. La vapeur caresse ma peau nue, alors que mes yeux s'écarquillent sur la vision qui s'offre à moi. Le rouge me montent immédiatement aux joues lorsque mon regard tombe sur une vue plongeante du dos de Ryu et de sa chute de reins, alors que ses doigts glissent sur ses bras pour les frotter. Il est tellement désirable que j'en ai le souffle coupé.

Je déglutis faiblement, luttant contre mes propres pulsions. Il est là pourtant....L'homme de mes rêves. Mon grand amour, celui qui laisse une trace indélébile sur mon coeur à chacun de ses sourires. Il me suffirait d'un mouvement, un geste pour m'en saisir et lui faire hurler mon nom jusqu'à ce que sa voix se casse sous mes attentions. Du moins, jusqu'à ce que je me perde à mon tour dans le toucher de ses doigts experts, comme il me l'a déjà prouvé ce jour-là, il y a six ans.
Mais je n'en fais rien.
Sans un mot, je m'approche de lui et saisit le gel douche posé juste là, avant de m'en étaler sur les mains. Et puis, un frisson électriques se propage le long de mes doigts, lorsqu'ils entrent enfin en contact avec le corps de Ryu.

Restes calme.

Mes pouces massent lentement la naissance de sa colonne vertébrale, appuyant légèrement sur sa nuque pour le détendre. Mes doigts continuent de cajoler sa nuque, avant de caresser l'arrondi de ses épaules de mes paumes. Sa peau est douce. Incroyablement douce...Comment se fait-il que je parvienne à conserver autant de sang-froid, alors que mon bas-ventre est en proie à une chaleur parfaitement insoutenable ? Alors que nous sommes aussi nus l'un que l'autre ? Ryu est presque dans mes bras, trempé sous l'eau chaude, et l'espace qui séparent nos deux corps est si restreint qu'il en est d'autant plus brûlant.

Je lutte contre le tremblement de mes doigts, cherchant à conserver une attitude correcte, vis-à-vis de lui. Chose que je n'ai pas faite, depuis bien longtemps.
Pourtant, après avoir longés ses bras, comme envoûté, mes doigts descendent sur ses hanches, y étalant un peu plus de mousse. Lentement, mon front se colle contre l'arrière de son crâne, cherchant à calmer les battements impétueux de mon coeur. Si puissant, que je n'entends presque pas le murmure inaudible qui traverse la barrière de mes lèvres :

« ...Voilà, j'ai fini... »

A aucun moment pourtant, je ne parviens à reculer mon corps du sien, et comme attirés, mes doigts s'étirent légèrement pour effleurer la peau nue et humide de ses cuisses. Mon attitude n'est pas normale. Ça ne se fait pas. Pas entre deux meilleurs amis, non...?

Plus rien n'est normal entre nous.
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Love is composed of a single soul inhabiting two bodies.

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