«Follow me, follow me. Nareul Ttara Follow me»

Ma main s’abattit avec force contre la nuisance qui venait de perturber mon sommeil. Cette nuisance en question, était mon radio réveil qui m’alertait, en passant par le biais des T-ara et de leur célèbre « Bo Peep », qu’il était l’heure pour moi de me réveiller.  J’ouvris avec peine les yeux et eus encore plus de difficultés à m’extirper de mes draps.
Il était encore tôt et je n’avais pas assez dormi. Cela m’apprendra à faire la fête avec Soo Jong alors que lendemain je devais me rendre au bureau. Désormais je ne me réserverai que pour le week-end et ne laisserai plus jamais Soo Jong m’emmener écumer les boîtes en semaine. Non mais quelle idée sérieusement ?

Tel un vieil ajeosshi pris de rhumatismes, je me rendis, le pas traînant, le dos quelque peu courbé, jusqu’à ma salle de bain tandis que le moindre pas me provoquait de légères douleurs à cause des horribles courbatures qui torturaient mon pauvre corps endolori.
Malheureusement pour moi, je ne pus échapper à la vue de mon reflet dans le miroir. D’ailleurs je peux vous assurez que ce que j’y aperçus n’était vraiment pas joli et brisait tout le mythe du sex symbol.
Toutefois, aujourd’hui ce n’était pas Halloween et pourtant, vu ma tête de déterré, j’aurai fait un tabac et cela sans porter de déguisement.
J’ouvris le robinet de la douche et attendis que l’eau soit tiède pour me glisser dessous. Tandis que mes muscles commençaient à se décontracter sous l’effet de l’eau, je songeai à ce qui m’attendait aujourd’hui. Il était prévu que nous concevions de nouveaux plans pour notre constructeur… Génial…
Voilà une journée « passionnante » qui s’annonçait et moi je n’étais même pas en condition pour l’endurer ! Fini l’alcool, les fêtes et les femmes en semaine, Soo Jong allait vraiment finir par m’entendre… Il avait toujours le chic pour m’entraîner dans ses plans foireux. Non, je ne faiblirai plus à l’avenir, je lui résisterai… Idée de cinq minutes…

Après dix bonnes minutes, je sortis de la douche et me préparai afin d’entamer cette longue journée qui m’attendait.
Je me sentais un peu plus réveillé et étais même parvenu à réduire les horribles cernes qui encerclaient fortement mes yeux après avoir passé plusieurs quantités d’eau froide dessus.
Une fois habillé et coiffé, je sortis de la salle de bain et me rendis dans la cuisine où je me préparai le remède miracle à un lendemain de fête, un bon café chaud et surtout bien corsé. Le liquide bien chaud et fort me fit grand bien. Je me sentais d’un coup plus présent et surtout plus frais. Je regardai ma montre, il était temps de partir. Je posai ma tasse dans le lave-vaisselle, pris un gâteau pour la route puis me rendis jusqu’au bureau.

Une fois arrivé, je saluai les vigiles ainsi que la secrétaire Hong qui me rendit mon sourire. Puis pris la direction de l’ascenseur que je contemplais d’un œil sombre. Après plusieurs minutes d’hésitation (comme toutes les fois où je devais passer par ce biais), j’entrai dedans et sélectionnai l’étage 14. Malgré la rapidité de la machine, les quelques secondes me paraissaient toujours êtres des heures. Je n’aimais pas les ascenseurs et en avais même la phobie. Je n’avais pas envie de m’attarder en cet instant, sur la cause de cette phobie mais peut-être qu’une autre fois je l’aborderai.
Je me triturai nerveusement les doigts tandis que mon regard demeurait braqué sur le cadran où défilaient les étages. Je soufflais fort afin d’obtenir plus d’air car je sentais ce dernier se faire plus limité à cause de mon stress qui ne cessait d’augmenter et qui par conséquent, comprimait mes poumons. Le cadran indiqua enfin l’étage 14, soulagé, j’en sortis à toute vitesse et remerciai encore et toujours le ciel que l’appareil n’ait pas subi un dommage alors que j’étais à l’intérieur.

Comme à mon habitude, j’étais là une demi-heure avant l’heure normalement prévue. J’aimais arriver en avance afin de pouvoir faire une mise au point sur les évènements prévus pour la journée avec mon collègue Tae Hyun qui était autant un bourreau de travail que je l’étais. Nous travaillions fréquemment ensemble et voyions toujours le moindre détail ensemble. Concernant le travail, nous étions très complices et fonctionnions de la même manière. Tae Hyun était pour moi, le collègue idéal. D’ailleurs, ce n’était pas pour rien que tous deux faisions équipe et avions même des projets à plus grande échelle. Néanmoins, cela était encore en cours de réflexion.
Après avoir été informé des évènements de la journée, je me rendis à mon bureau et consultai les documents posés sur mon bureau. Du travail m’attendait, d’ailleurs je m’y mis immédiatement afin de ne pas perdre de temps.

Je ne sais pas exactement combien de minutes ou d’heures s’étaient écoulées tellement j’étais absorbé par mon travail, lorsqu’une voix fluette me sortit de ma bulle. Je dirigeai la tête en direction de cette petite voix que j’avais immédiatement reconnue. Mon stagiaire Hee Son venait m’avertir de son arrivée. Je lui rendis le sourire qu’il m’adressa et le laissai filer tandis que je me remis immédiatement au travail.
Hee Soon était un jeune homme travailleur, aimable et qui surtout savait écouter et assimiler les conseils donnés. Il était également doué dans la profession et semblait très prometteur malgré son clair manque d’assurance. J’espérais vraiment pouvoir lui apprendre des choses ici et surtout l’aider à s’améliorer. En tant que tuteur, je me serai senti honteux si Hee Soon devait signaler dans son rapport de stage qu’il n’avait rien appris de son tuteur. Je l’aurai même très mal vécu car peu importe la tâche que l’on me confiait, j’avais toujours le but de la mener à bien et de la réussir.
Alors que je venais d’achever la première partie de mon travail, la voix fluette d’Hee Soon me sortit de nouveau de ma bulle. Je me rendis jusqu’à lui sans hésiter la moindre seconde, vue l’expression de son visage, il devait avoir un problème. Je me plaçai derrière lui, posai un bras sur le bureau et regardai par-dessus l’épaule de mon stagiaire. Mon corps ne me portait pas suffisamment pour rester bien raide, j’étais trop fatigué pour ça. Hee Soon leva la tête pour m’expliquer son souci, malgré ces bégaiements et sa nervosité apparente, je compris qu’il y avait un problème par rapport au plan. Tout au moins c’est ce que ses gestes m’avaient fait comprendre.

-Je vois… En effet il y a bien un problème. Tu as vu juste, je te laisse donc corriger cela toi-même. Bon boulot Hee Soon.

Je me redressai avec du mal, lui tapotai amicalement l’épaule puis partis en lui souriant. J’étais satisfait car Hee Soon semblait de plus en plus prendre des initiatives. Auparavant, il n’aurait pas osé m’interpeller pour me signaler une erreur car il n’aurait pas été sûr d’avoir vu juste. Cependant, aujourd’hui il avait sauté le pas et j’en étais ravi.
Néanmoins, un détail demeurant me chiffonnait… Le jeune homme était toujours nerveux à mon adresse… Etais-je effrayant ? Ou lui avais-je trop mis de pression ? Ce fut sur ses questionnements que je me remis à mon travail.
Je trouverai un jour le moyen qu’Hee Soon se détende davantage à mes côtés.

***

***

Ma matinée fut assez chargée. Arrivage de nouveaux plans, signatures, choses à voir avec les collègues et les clients, je n’avais pas pu me consacrer quelques minutes de répit et avais même sauté la pause que j’aurai pourtant dû prendre.
Néanmoins, perfectionniste dans l’âme, je voulais à tout prix finir mon travail afin de n’accumuler aucun retard et faire en sorte que tout soit réglé en temps et en heure.

Cependant, je regrettai de n’avoir pu me consacrer davantage à mon stagiaire. Etant son tuteur, je me devais de le prendre davantage sous mon aile et être à ses côtés le plus souvent possible. Or, la surcharge de travail m’en empêchait et ce n’est pas Tae Hyun qui m’aurait rendu le coup de main de s’occuper d’Hee Soon quand je ne le pouvais pas, il semblait détester le pauvre étudiant en tous points, ce que je ne comprenais aucunement…  Je devais bien admettre que cela n’était pas mon problème, tant que ça n’affectait aucunement le travail, je n’étais concerné en rien mais ma curiosité naturelle me poussait tout de même à m’interroger à ce sujet.

Tandis que j’étais aux prises avec les nouveaux plans, je vis mon cher stagiaire courir dans tous les sens, il semblait à la recherche de quelqu’un. Si j’avais eu moins de travail, je lui aurais proposé mon aide car il me faisait de la peine à courir partout, complètement à bout de souffle. Cependant, je ne pouvais pas me permettre de laisser mon travail pour aider un jeune homme à tracker l’un de nos signataires.
J’avais laissé la correction du plan à la charge d’Hee Soon et afin de la valider, il devait récolter les signatures nécessaires. Pauvre de lui, l’un de ces signataires était un homme de mouvement qui avait beaucoup de mal à rester assis bien tranquillement dans son bureau. De plus, il venait juste de sortir de mon bureau lorsqu’Hee Soon vint à sa rencontre, il l’avait vraiment raté de très peu. Je me sentais désolé pour lui.

Midi approchait, en avance sur mon travail, j’estimai que je pouvais au moins prendre cette pause. De plus, je mourrai de faim et il était connu que lorsque j’étais affamé, je n’étais plus capable de rien. Je décidai donc de me rendre à la cafeteria afin de prendre un bon déjeuner, j’en avais bien besoin.
Heureusement pour moi, il n’y avait pas encore grand monde, c’était le point positif de s’accorder une petite pause de dix minutes en avance. De la sorte, j’évitais la longue file d’attente habituelle et pouvais prendre le temps de consulter les différents plats disponibles. Je salivais devant les nombreux plats disponibles, tous me faisaient languir.

J’étais un gourmand, manger était pour moi un passe-temps. Je n’étais pas très difficile hormis lorsqu’il s’agissait de légumes. Néanmoins, je trouvais toujours de quoi me mettre sous la dent, je n’étais pas une fine bouche et n’importe quels types de cuisine me convenaient. D’ailleurs, un jour alors que ma sœur et moi passions la journée ensemble, nous nous étions arrêtés dans un fastfood. Ma sœur n’était pas vraiment friande de ce genre de nourriture tandis que moi je m’étais régalé et avais même fini son repas. Depuis ce jour-là, elle m’avait donné le charmant surnom de «broyeur à déchets » car j’avais le chic pour engloutir tous les aliments que je pouvais trouver (à l’exception des légumes) ou encore finir les restes des autres. Heureusement pour moi que je ne prenais pas facilement du poids et qu’en plus,  je pratiquais fréquemment la boxe.

Après avoir pioché dans tous les plats, si bien que mon assiette était surchargée, j’allai m’asseoir à une table qui était encore vide. Je ne me fis pas prier pour commencer à prendre mon repas tandis que je me délectais de chaque bouchée.
En à peine cinq minutes, la file d’attente qui était encore inexistante lorsque j’étais arrivé, était dorénavant immense. C’était le grand rush de midi et encore une fois, j’estimai avoir pris la bonne décision de m’être accordé dix minutes d’avance par rapport à l’horaire du midi. Après tout, je n’avais pas pris de pauses et j’étais en avance sur mon travail.
Alors que ma table commençait à se remplir autant que les autres tables aux alentours, mon regard se posa vers une silhouette familière, une silhouette qui semblait perdue, tout au moins le temps de trouver une table. Il s’agissait d’Hee Soon.
Tout à coup son regard se posa sur moi. Cependant,  il n’osa pas avancer jusqu’à ma table, comme si quelque chose le retenait… C’était encore à cause de cette même gêne habituelle qu’il manifestait en ma compagnie.
Voulant briser les barrières et surtout l’aider à trouver une table, j’agitai ma main dans sa direction tandis que je criai :

« Hee Soon-ah ! Viens donc t’asseoir avec moi. »

J’avais tâché de paraître le plus décontracté et cool possible. Je ne voulais pas l’intimider plus que je ne le semblais déjà lorsque nous étions au travail. C’était le moment de lui montrer qu’il pouvait se détendre en ma présence, que j’étais une personne aussi ordinaire que lui et qu’il n’avait aucune raison de se sentir nerveux.
Il sembla content que je l’invite à me rejoindre car il me sourit et ne tarda pas à arriver. Il posa son plateau et s’assit à la place située en face de moi.

« Tu verras par toi-même le bulgogi est excellent et de très bon réconfort. Surtout après une dure matinée. »

Je me devais bien d’admettre que ce n’était pas la réplique du siècle mais je n’avais rien trouvé de mieux pour lancer la conversation…
Lorsqu’il était question de travail, j’avais toujours quelque chose à dire et n’avais jamais recours à des propos banals ou insignifiants. Mais en dehors du job, c’était autre chose… Pas pour rien que la plupart de mes amis étaient plus extravertis que moi !
Cependant, il fallait bien un début à tout. Peut-être que mon apprenti délierait sa langue maintenant que j’avais ouvert le « dialogue ».

Malgré ma petite réplique, ce n’est pas pour autant que le dialogue s’installa. Je ne cessais de me sentir mal à l’aise, peut-être que mon apprenti ne m’appréciait pas et préférait que je le laisse tranquille. Voilà, ça ne pouvait qu’être cela ! Il me supportait déjà lors du travail avec bien du mal et ne voulait pas devoir se coltiner ma personne lors de nos heures de pause. Quel triste constat, j’avais de plus en plus cette impression d’être un mauvais maître de stage. Je crois même que mon visage devait montrer une expression déprimée, j’avais réussi à me démoraliser moi-même.
Alors que je broyais du noir et essayais de trouver d’où pouvait bien venir le hic entre mon stagiaire et moi, ce dernier mit fin au silence qui s’était installé entre nous. Alléluia, peut-être m’étais-je fait des idées !! Ou alors il s’était senti obligé de me répondre car je ne l’avais pas lâché du regard tandis que je n’avais cessé de passer d’une émotion à l’autre durant.

« C’est très bon… Et effectivement ça fait du bien après cette matinée. J’ai l’impression d’avoir couru pendant des heures… »

Je ne pouvais pas le contredire, j’avais vu ses nombreuses courses effrénées pour trouver le signataire. Il était donc normal qu’il apprécie cette pause, il avait fait déjà tant d’efforts. Cependant, je crains bien qu’il regretta ses paroles car il se tut juste après. Peut-être avait-il cru que je trouverai cela déplacé ? Le pauvre avait tout de même le droit d’exprimer son avis et ses ressentis, je n’allais pas le lyncher pour cela, surtout que je comprenais parfaitement son impression qui était on ne peut plus fondée, il m’avait même fait de la peine à courir dans tous les sens. Je le regardai d’ailleurs d’un œil compréhensif, cela n’était pas évident d’être stagiaire, il était toujours question de leur donner le sale boulot. En tant que maître de stage, j’étais prêt à abolir cette tendance, peut-être que je pourrais même lui donner quelques projets ? Cela l’aiderait énormément dans son apprentissage. Alors que je m’apprêtais à lui proposer mon idée, ce dernier prit la parole de nouveau.

« Hum… je voulais savoir… est-ce qu’une fois les plans vérifiés, je pourrai travailler sur mes propres plans ? Je veux dire… est-ce que vous me confierez l’élaboration d’un projet… même de petite taille ? »

A croire que nous étions sur la même longueur d’ondes ! Je songeais à lui donner plus de responsabilités et lui venait m’en demander. J’appréciais énormément la démarche, j’aimais les personnes volontaires et cela me donner davantage l’envie de l’aider et lui confier des tâches plus sérieuses et moins ingrates, il le méritait bien.

« J’apprécie ta démarche personnelle. D’ailleurs, tu fais bien de me le suggérer, j’avais pensé à cette éventualité. Tu as fait assez de travaux ingrats, il serait peut-être temps de lever d’un cran, non ? Idée que tu apprennes tout de même quelque chose de ton stage hormis courir après les signataires. »

J’esquissai un petit sourire tandis que j’espérais qu’il ne prendrait pas mal ma petite plaisanterie sur sa course après le signataire. J’essayais de briser petit à petit le mur de glace qui persistait encore entre nous.

Je ne sais pas ce qu’il se passa exactement dans la tête d’Hee Soon à ce moment-là mais ce dernier changea d’un coup de sujet. Peut-être avait-il cru que cela m’ennuyait de discuter de boulot ? Belle erreur, je pouvais parler de travail sans cesse. Cependant, parce que je savais que la plupart de mes connaissances n’avaient pas envie de m’entendre parler de mon boulot, j’avais développé cette habitude de faire abstraction de mon emploi et abordé d’autres sujets. Visiblement, Hee Soon semblait être aussi bourreau de travail que je l’étais, j’en étais ravi. Maintenant je saurai que lorsque l’on manquera de dialogues, je pourrais peut-être lui parler de boulot.
D’un coup, les yeux de mon apprenti s’agrandirent, curieux je le regardai et quittai le monde de mes pensées :

« Vous avez mangé tout ça ?!! »

Ma bouche et mes yeux s’ouvrirent grand sous l’effet de choc tandis que la gêne commençait à me gagner. Jamais on ne m’avait fait remarquer mon gros appétit sur mon lieu de travail. Cependant, je me dis que si Hee Soon avait pu penser cela, alors il ne devrait pas être le seul. Peut-être que mes autres collègues étaient tout autant choqués de mon immense appétit et le critiquaient. Merci Hee Soon, tu avais réussi à semer la pagaille dans mon esprit avec une remarque pourtant très simple. Je commençais à m’affoler en tous sens et jetais des regards à tout le monde. Je n’étais pas égocentrique mais très soucieux de la vie des gens, j’avais tellement été sali dans le passé que la moindre opinion m’importait désormais.

« Je… je dois y aller… »

Je pris mon plateau puis tournai les talons. Je n’étais pas vexé de la remarque d’Hee Soon bien au contraire, je me souciais plus de savoir si d’autres que lui pensaient ainsi. Peut-être vaudrait-il mieux que je limite mes quantités de nourriture à partir de maintenant ? Je ne tenais pas à ce qu’on surnomme le goinfre. A moins que c’était déjà fait ?!
Je revins à mon travail mais l’esprit assez contrarié, je n’arrivais pas à me concentrer correctement. La remarque pouvait paraître insignifiante mais moi, ça m’importait. Tout commençait à partir de petites remarques. Je ne voulais pas voir mes efforts gâchés pour si peu.
Le temps passa bien vite, tellement vite que lorsque je vis affiché 17h au cadran de l’horloge, je m’empressai de ranger mes affaires et partis.
C’était la première fois que je décidais de ne pas faire d’heures supplémentaires, je n’en avais pas l’envie, ni le cœur. J’étais contrarié et je n’arrivais à rien de bien de la sorte.

Je me dirigeai en direction de l’ascenseur et l’appelai en pressant le bouton. J’y entrai et me collai contre la paroi de ce dernier. Alors que les portes allaient se fermer, quelqu’un y entra à temps. Ce quelqu’un, Hee Soon. Génial, j’étais assez contrarié suite à sa remarque et le voilà qui arrivait…

Sa petite voix fluette qui appelait mon nom avait essayé de me retenir mais j’avais préféré tourner les talons. Je savais que ma réaction était complètement exagérée mais cela avait été plus fort que moi, je me souciais trop de l’avis général même si j’avais toujours tâché de prendre sur moi. De plus, j’étais convaincu qu’Hee Soon ne m’appréciait pas des masses, alors qu’il n’avait pas fait cette remarque méchamment mais entre nous deux, c’était très compliqué, Hee Soon restait toujours sur sa réserve avec moi et malgré mes nombreux efforts, jamais il n’en sortait. Parler du travail était le seul sujet où nous parvenions à avoir une bonne conversation. Sinon, nous demeurions mal à l’aise et assez silencieux en général, comme si seul le travail nous unissait alors qu’en réalité on aurait pu très bien s’entendre et délirer un peu plus, on avait le même âge. Pourtant, j’avais toujours l’impression qu’il y avait un énorme fossé entre nous et je ne comprenais pas pourquoi… Je devais vraiment être un mauvais maître de stage et une personne qu’Hee Soon se devait juste d’être obligé de supporter malgré lui…

D’ailleurs, ce jour-là, moi qui étais toujours d’aplomb question travail, n’avais rien fait de bien. Je n’avais cessé de ressasser tous les instants passés avec Hee Soon et avait cherché ce qui aurait pu déclencher ce malaise entre nous. Je ne lui avais jamais fait de remarque déplacée, ne l’avais jamais traité comme mon inférieur, m’étais toujours adressé à lui avec politesse et avais tâché de me montrer amical. Quel était le problème alors ?
Jamais je n’avais eu autant de difficulté avec un collègue. Pas que le garçon était quelqu’un d’antipathique, bien au contraire. C’est juste qu’en tant que maître et stage et élève, j’aurais espéré développer une relation plus proche. Or, là nous agissions comme de simples collègues qui tachaient de se supporter le temps du boulot. J’aurais bien voulu être un soutient, un vrai tuteur même si en réalité Hee Soon n’avait pas grandement besoin de mon aide étant donné son immense talent. J’aurais aimé aller pouvoir boire un verre après le travail avec mon jeune stagiaire et décompresser en parlant de tout et de rien mais cette perspective ne semblait pas envisageable et je trouvais cela bien dommage, j’aurais voulu connaître Hee Soon en dehors du travail, le voir sous un autre angle. Je ne voulais pas demeurer le simple supérieur de ce dernier.

Lorsque l’horloge avait affiché 17h, je n’avais pas tardé à partir. N’étant pas productif, cela ne servait à rien de faire des heures supplémentaires. De plus, pour la première fois de ma vie, je ne fis même pas attention au regard de mes collègues qui me regardaient abasourdis de me voir partir à l’heure, ce n’était jamais arrivé jusque-là. A vrai dire, j’étais beaucoup trop occupé à chercher ce qui pouvait bien clocher entre mon stagiaire et moi, ça me travaillait énormément depuis tout à l’heure et même si c’était agaçant de rester focalisé sur cela, je ne pouvais pas s’en empêcher. Je détestais me savoir en froid avec ce dernier et voulais trouver une solution à tout cela. Toutefois, ce n’était pas mon départ subit lors du déjeuner qui avait dû améliorer la situation. Hee Soon avait tâché de me retenir mais je n’avais rien voulu savoir, en réalité, j’avais surtout besoin de réfléchir dans mon coin et faire le point sur la situation. Cependant, Hee Soon avait sûrement du mal le prendre et ça se comprenait parfaitement.

Alors que je m’étais engouffré dans la cage de fer, les traits assez renfrognés à cause de mon appréhension, Hee Soon s’y infiltra à la dernière minute, comme s’il avait voulu me rattraper. J’imagine qu’il voulait discuter, sûrement s’excuser de sa remarque. Toutefois, je ne parvenais pas à aligner un seul mot même si j’aurais aimé parler de cette situation avec lui. J’étais plus que crispé, comme à chaque que je prenais l’ascenseur, j’étais même très contrarié tandis que mon souffle s’accélérait, je détestais prendre ce moyen et pourtant, je n’avais pas le choix, nous étions au dernier étage, à bien tomber… Alors que je luttais pour demeurer calme et ne rien laisser paraître, Hee Soon s’adressa à moi, dommage, il avait très mal choisi son moment. Il valait mieux ne pas essayer de me faire parler dans un ascenseur, tout simplement car j’étais incapable de me détendre malgré mes efforts.

« Je suis désolé pour tout à l’heure. Je ne voulais pas vous blesser ou vous vexer. Je m’étonnais juste de votre appétit et je ne –»

Il s’excusa, comme je l’avais prédit. J’aurais aimé lui dire que ce n’était pas grave, ce que j’aurais fait immédiatement habituellement mais en ce moment même, ça m’étais tout juste impossible, je ne parvenais pas à faire abstraction de mon stress.
Alors que nous arrivions bientôt au rez-de-chaussée, l’appareil eut une secousse. Je regardai le cadran avec de grands yeux ronds agrandis par la peur. Tandis qu’Hee Soon avait basculé vers moi. Malgré ma peur, j’avais tâché de le retenir de mes mains tremblantes afin de lui éviter la chute, ce dernier eut ce même réflexe en s’accrochant à moi, si bien que je fus entraîné contre la paroi de l’ascenseur. Moi qui voulais plus de proximité avec lui, j’étais servi là, c’était même assez gênant. D’ailleurs, Hee Soon ne tarda pas à s’excuse, il semblait être le plus gêné de nous deux.
Toutefois, je ne parvenais pas à lui répondre, j’étais beaucoup trop concentré sur l’appareil qui s’était emballé, j’étais terrifié. J’espérais qu’il ne s’arrête pas mais mes souhaits ne furent gère entendus car, soudainement l’appareil s’arrêta alors que nous arrivions pourtant bientôt au niveau du rez-de-chaussée.

Ca ne pouvait pas arriver ! Non, on ne pouvait pas m’infliger un tel supplice !! Hee Soon avait essayé d’appuyer sur tous les boutons dans l’espoir que l’appareil bougerait mais rien n’y fit, l’appareil demeura à la même position. Mon stress devenait de plus en plus palpable, je commençai à suffoquer, mon cœur s’emballa, des gouttes de sueur naquirent au niveau de mon front tandis que je me fis livide. Mon pire cauchemar était en train de se réaliser il n’y avait rien à faire pour cela. Je me sentais si comprimé, j’avais du mal à respirer et je ne me sentais pas stable, j’avais l’impression de pouvoir faire un malaise d’un moment à l’autre.
Je me tenais difficilement d’une main contre la paroi de l’ascenseur tandis que ma cage thoracique se soulevait à un rythme beaucoup trop rapide et irrégulier. D’ailleurs, Hee Soon remarqua mon affolement, je ne parvenais plus à me contenir en ce moment-même. Je devais sûrement l’inquiéter vu mon état et même si j’aurais voulu lui donner l’impression que ça allait bien, en ce moment même, je n’y parvenais pas car j’étais beaucoup trop mal pour jouer sur les apparences.

« Est-ce que tout va bien ? »

Je tournai mon visage vers lui, mon souffle continuait de se faire plus rapide, tandis que des gouttes de sueur continuaient de se développer au niveau de mon visage. J’étais également parcouru de frissons, jamais je ne m’étais senti aussi mal de ma vie. Les minutes me semblaient même être devenues des heures et le pire dans l’histoire, je n’étais même pas capable d’aligner un mot alors que mon stagiaire attendait une réponse de moi. Je le regardais juste d’un air très faible tandis que je sentais mes forces me quitter. Pouvait-on mourir de peur ? J’avais la crainte que c’est bien ce qui allait m’arriver, mon cœur s’emballait beaucoup trop et rien ne me calmait. Triste fin, j’avais encore énormément de choses à accomplir…
Ne supportant plus la situation, mes jambes fléchirent et je tombai assis sur le sol, j’étais complètement hagard. Encore quelques minutes ici et j’allais mourir pour de bon. Pourvu que quelqu’un nous sauve à temps.  

Quelle torture et aucun signe des secours. Les minutes me semblaient être devenues de longues heures, le temps défilait si doucement, la situation était plus que pesante. Il s’agissait d’une situation vraiment difficile à le supporter, il fallait bien le reconnaître, ma claustrophobie m’avait toujours pourri la vie et en ce moment même elle me la détruisait totalement si bien que je ne donnais plus cher de ma peau si les secours n’arrivaient pas dans les minutes à venir.
Egalement victime de cette mauvaise mésaventure, le pauvre Hee Soon tentait par tous les moyens de me venir en aide. J’avais de la peine pour lui, le pauvre devait supporter mon horrible état et malgré tout, il donnait le meilleur de lui-même pour me venir en aide. Il semblait même vraiment préoccupé par mon état. D’ailleurs j’étais persuadé que le pauvre garçon devait être dans un horrible état de stress, après tout qui ne l’aurait pas été ? Je n’avais jamais rencontré de personnes formées pour gérer les claustrophobes et Hee Soon n’était pas non plus magicien ! Toutefois, il n’avait pas baissé les bras et ne m’avait pas laissé tomber alors qu’il aurait pu m’abandonner en me classant parmi les causes perdues.
Non, il avait essayé de m’aider comme il le pouvait et cela me conduisit à éprouver un énorme respect et une sincère appréciation envers mon jeune stagiaire. D’ailleurs je me promis que si je sortais vivant d’ici, je lui paierais un verre et essaierais de développer une amitié avec lui !

Mes jambes ne me supportèrent plus longtemps, le souffle me manquait, mes membres tremblaient dus aux nombreux frissons dont j’étais pris tandis que je continuais d’étouffer. Je voyais déjà ma fin et pourtant, un ange m’apparut soudainement.
Il s’agissait en fait d’Hee Soon qui n’était pas décidé à me laisser de la sorte. J’aurais voulu lui esquisser un sourire, léger soit-il, pour le remercier de tous ses efforts mais je n’y parvins même pas.
Le jeune homme ne réfléchit pas bien longtemps et me ramena contre lui. Son cœur battait si vite, sûrement du au stress que je lui avais provoqué, je me sentais tellement désolé mais malheureusement, je ne pouvais pas y faire grande chose, j’aurais même tellement voulu pouvoir vaincre cette phobie très contraignante.

« Ca va aller, Jae-Hyun-ssi. Je suis là… Respirez calmement…. Profondément… C’est ça… Inspirez. Expirez…»

Je suivais ses consignes tandis qu’Hee Soon plaqua ma tête contre son épaule, ce qui me surpris au premier abord car, je ne voyais pas où il voulait en venir surtout que je ne voyais plus rien à cause de l’opacité de son haut qui me masquait la vue. Il passa doucement ses doigts fins dans mes cheveux tandis qu’instinctivement je m’accrochais à sa chemise, plus vulnérable que jamais.
A l’instant même, je me sentis comme un enfant qui tentait de se réfugier dans les bras de son père, ce qui me rappela ma première expérience des ascenseurs et notamment celle qui m’avait conduit à ce traumatisme. A cette époque-là, j’avais 6 ans et depuis cette période, les espaces confinés étaient devenus ma pire crainte.

J’étais parti faire les courses avec mon père, nous étions seuls dans l’ascenseur lorsque celui-ci s’était bloqué de la même manière qu’en ce moment-même. Sauf que l’ascenseur de mon expérience passée basculait beaucoup trop violemment, l’un des câbles avait été rompu tandis que celui-ci restait tout de même stable, heureusement.
J’avais pris peur, j’étais terrifié que mon père et moi ne puissions jamais sortir, j’étais inconsolable, je pleurais, je criais, je faisais une crise de panique. Toutefois, mon père qui était un homme calme et réfléchi m’avait immédiatement pris dans ses bras, m’avait calé la tête contre son épaule de sorte à ce que je ne vois plus rien et m’avait caressé les cheveux pour me calmer et me rassurer. Ce que faisait Hee Soon en ce moment même, me rappela exactement ce moment-là et grâce à cette impression, je commençais à me calmer même si ma peur résidait. Je parvenais enfin à retrouver mon souffle, ce qui était déjà une très bonne avancée, c’était déjà un peu plus supportable pour moi même si j’étais toujours parcouru de frissons et que je continuais de transpirer. Après tout, je savais très bien que nous étions bloqués dans cet ascenseur et même si ne plus voir les quatre murs se resserraient sur moi était parvenu à me calmer, la peur résidait encore, ce n’était pas qu’une simple crainte.

Constatant ma moiteur, Hee Soon eut le réflexe d’écarter l’une des mèches de mon visage trempé. Je le regardais le temps de quelques secondes, d’un air un peu hébété, jamais je n’avais eu ce genre de contact avec un garçon, ça me paraissait même assez bizarre mais cela aurait été déplacé de ma part de le faire remarquer. Hee Soon avait tenté par tous les moyens de m’aider et n’avait jamais baissé les bras, c’était la seule manière qu’il avait trouvé pour me rassurer et j’imagine qu’il était le plus gêné de nous deux, après tout il était tout de même timide.

« Ça va mieux ? »

Sa voix n’était pas comme d’habitude, elle me paraissait plus rauque. Avait-il attrapé froid ou alors la nervosité qui lui nouait la gorge ? C’était bien l’effet de la gêne et je le comprenais. J’étais accroché à lui et si on nous avait retrouvés dans cette posture, nous aurions été victimes de gros malentendus. A la pensée de cette réflexion, mon côté virile se trouva touché de plein fouet et j’imagine que ça devait être de même pour mon stagiaire, il n’avait rien d’efféminé et tout portait à croire qu’il avait ce même côté virile que moi.
Toutefois, ce n’est pas pour autant que je m’étais éloigné de lui. Je savais que si j’avais le malheur de reposer les yeux sur ses quatre murs, je serai de nouveau pris de vertiges, ce que je préférais éviter, quitte à rester accroché comme une sangsue au pauvre Hee Soon qui devait supporter cela malgré lui.

« Maintenant j’arrive à respirer mais… pas la grande forme… » Je parvins tout de même à répondre. Il valait mieux que je l’informe de la réussite de ses essais, il s’était tellement donné de mal et maintenant que j’avais retrouvé mon souffle, je pouvais enfin décrocher quelques paroles.

Tout d’un coup, il me sembla entendre des bruits et il sembla qu’il en était de même pour mon compagnon de mésaventure qui essaya comme il put d’écouter alors que je restais accroché à lui sans vraiment réaliser pour être honnête car j’étais tout autant curieux de savoir ce qu’il se passait en dehors des quatre murs nous emprisonnant au sein de la cage de fer.

« Il y a quelqu’un !!! On est coincés ici ! »

Hee Soon avait eu la bonne idée de signaler notre présence en criant de toutes ses forces. Ne m’y attendant pas, je n’avais pas pu protéger mes pauvres tympans qui avaient été victimes de la nuisance et de son écho résonnant dans l’habitacle. Néanmoins, on ne pourrait pas nous rater de la sorte. A moins d’être sourd…
Heureusement, il sembla qu’on fut entendus car des voix résonnèrent à leur tour même si pour ma part, je n’avais rien compris de ce qui avait été dit. En même temps, l’appareil venait de grincer et avait quelque peu basculé. Etait-ce à cause de manipulations extérieures pour essayer de nous sauver ou alors… l’appareil pourrait se fracasser contre le sol ?

« A l'aide ! »

Cet appel au secours ne parvint pas à apaiser ce nouveau stress qui me gagnait. Je devins de nouveau blême et me sentit d’un coup nauséeux, j’étais parvenu à me mettre en état de panique de nouveau rien qu’à cause de cette simple pensée. Ma respiration s’accéléra de nouveau tandis que j’essayais de rester calme malgré tout et fermais les yeux pour essayer de visionner un lieu bien aéré.

« Désolée... Faute d'avoir un téléphone, je joue les mégaphones... »

Je le regardais avec de grands yeux apeurés, à cet instant même, je n’en avais plus rien à faire qu’il me criait dans les oreilles. Mon mal-être me rattrapait, j’étais même sur le point de vomir à cause des basculements de l’appareil. J’allais mourir, cet ascenseur allait avoir raison de moi, j’en étais persuadé. Un tel basculement ne pouvait pas être la cause de manipulations externes, si ? Non, on va se fracasser et on va mourir… Je n’ai même pas pu accomplir tout ce que je voulais faire et le pauvre Hee Soon ne mérite pas de connaître une telle fin. Je jetais sans m’en rendre compte un regard désespéré à mon stagiaire :

« Au secours… »

Tout à coup, tout devint noir, je n’avais pu supporter plus longtemps cette pression, mon corps et mon cœur en avait assez. Je l’avais dit que cet ascenseur aurait raison de moi… Pourvu qu’Hee Soon puisse sortir sauf lui au moins.

Tout n’était qu’obscurité, il me semblait pourtant entendre des voix mais ces dernières paraissaient être tellement lointaines que je n’arrivais même pas à déterminer si elles existaient bien ou étaient alors juste l’effet de mon imagination débordante.
J’essayai de bouger, ouvrir les yeux mais il me semblait n’être qu’une âme dépourvue d’enveloppe humaine, quelle étrange sensation. Qui plus est, l’obscurité demeurait tandis que les voix continuaient de résonner et se faire un peu plus forte.
Bon, au moins il ne s’agissait pas de l’effet de mon imagination, il y avait bien d’autres personnes tout près mais où était-elle ? Et pourquoi une telle obscurité ? Que se passait-il ?

Soudainement, un frisson me parcourut, je venais de réaliser une pensée qui était parvenue à me glacer le sang en une seule seconde. Etais-je mort ? Non, ça ne pouvait pas être ça ! Pas maintenant ! Je le refusais, je ne pouvais pas, il y avait encore tellement de choses à faire ! Qui plus est, je méritais mieux comme cause de décès qu’une crise cardiaque dans un ascenseur à cause de ma fichue claustrophobie. De plus, comment aller le supporter ma famille et mes amis ? Je ne pouvais pas les laisser ainsi. Et puis, le pauvre Hee Soon ne pouvait pas être témoin de ça, j’étais persuadé que ça le fragiliserait et qu’il ne le supportait pas. Non, ça ne pouvait pas se passer ainsi !

Tout à coup, il me sembla sentir des pressions quelque peu intense au niveau de ma poitrine mais je ne pouvais toujours faire aucun mouvement, comme si j’étais privé de mon enveloppe charnelle ou alors prisonnier de cette dernière. Les mouvements continuèrent, ils me paraissaient plus brusques et également un peu plus douloureux. Mais ce qu’il s’en suivit n’avait rien de douloureux, au contraire, c’était doux et chaleureux, beaucoup plus agréable que les mouvements d’auparavant. Cependant, cette sensation plutôt agréable disparut bien vite pour être remplacé de nouveau par les pressions brusques exécutées contre ma poitrine. Il sembla qu’il s’agissait d’une sorte de rythme, car après chaque mouvement brusque, l’agréable sensation revenait puis était remplacée par les pressions sur ma poitrine qui encore une fois après étaient remplacées par l’agréable sensation.
Et plus, le temps passait, plus j’avais l’impression de ressentir davantage l’effet de ces mouvements, j’avais même l’impression de sentir de nouveau mon corps lorsque tout d’un coup, la lumière me réapparut et qu’une vive douleur se fit ressentir entre mes côtes. Je ne pus m’empêcher de me tortiller sous l’effet de la douleur. Victime du quinte de toux, j’essayais doucement de reprendre mon souffle qui semblait m’avoir quitté. Qu’avait-il bien pu se passer ? Avais-je vraiment faillis mourir ?

Mon regard se tourna ensuite vers mon jeune stagiaire qui avaient les yeux brillants, sûrement à bout de nerfs à cause de la situation. S’il n’avait pas était là, j’y serai sûrement resté. C’était à lui que je devais tout ça, une reconnaissance éternelle mais comment faire ? Pour l’instant la seule chose à laquelle je pensais c’était le prendre dans mes bras afin de lui montrer ma reconnaissance, c’était tout ce que je pouvais faire en ce moment même. Mais il sembla bien, qu’on voulut m’empêcher de le faire car Hee Soon fut très vite hissé or de l’habitacle et ensuite moi-même.

J’étais enfin en dehors de la cage de fer et cela me rassurait énormément. Mon souffle commençait même à reprendre un rythme régulier. D’ici quelques minutes, je retrouverai mes forces et pourrai rentrer chez moi. Enfin, c’est ce que je croyais… Mais je m’étais trompé.
Les secours, ne cherchèrent pas à comprendre et me mirent sur un brancart, ils comptaient m’emmener à l’hôpital. J’essayai de leur dire, que ça allait, que j’étais juste tombé dans les pommes mais l’un des brancardiers me fit prendre conscience de ce qu’il m’était arrivé :

-Vous avez fait une crise cardiaque et auriez pu en mourir si la personne qui n’était pas avec vous, ne s’était pas tâchée de vous donner les premiers soins.

A ce moment-là, mes yeux s’étaient ouverts grands et ronds, j’étais tellement choqué. J’avais donc vraiment faillis mourir ? Cette obscurité sombre et froide, représentaient donc vraiment la mort ? Je fus pris de tremblements tandis que je m’efforçais de garder les lèvres et les dents serrées pour retenir les larmes qui menaçaient. J’aurais pu décéder pour de bon si Hee Soon ne m’avait pas apporté son aide, je lui devais la vie. Mon regard s’orienta de nouveau sur sa personne, je tenais tellement à le remercier en guise de commencement car je savais bien qu’un simple merci ne pourrait pas suffire. Tout au moins, pour moi, cela ne me suffisait pas. Ce qu’avait fait Hee Soon valait énormément mais comment le remercier en conséquence ?

« Comment va-t-il ? … Vous allez l’amener à l’hôpital ? »

Hee Soon nous accompagna jusqu’à l’ambulance tandis que ces derniers lui avaient signalé qu’ils m’emmenaient à l’hôpital afin de me faire un contrôle étant donné que j’avais tout de même fait une crise cardiaque. Profitant de sa proximité, je me pressai de le remercier :

-Hee Soona… Merci infiniment…

Je ne le pensais pas mais au final, mes forces avaient tout de même du mal à revenir. Je n’avais même pas pu aligner correctement quelques mots. D’ailleurs, je me sentais somnolant mais je ne voulais pas m’endormir, je voulais voir et entendre ce qu’il se passerait ensuite.

-Il va falloir contacter sa famille. Auriez-vous leur numéro par hasard ? Demanda l’un des ambulanciers à Hee Soon.

Ah oui, j’avais oublié ce détail… Mes parents allaient être prévenus… Moi qui voulais éviter de les embêter en général voilà qu’aujourd’hui ils allaient avoir la frayeur de leur vie. J’en soupirais de frustration, quel idiot d’être aussi terrifié des espaces confinés. En plus de m’apporter des problèmes, j’en apportais aux autres.

***

***

Je ne pouvais que le remercier, je lui devais la vie mais pour l’instant, étant donné mon état, je ne pouvais rien faire d’autre que le remercier de vive voix. Une fois que je serai de nouveau sur pieds, il faudra que je trouve de quoi lui retourner ma reconnaissance. Mais comment ?

Alors que je songeais déjà à la manière de remercie mon sauveur, je vis sur le visage de ce dernier, des larmes couler. J’étais le responsable de ses larmes, j’étais celui qui lui avait donné tout ce tracas. Il n’aurait pas dû se retrouver dans une telle situation et pourtant, je me demande si quelqu’un d’autre à la place d’Hee Soon, aurait pu me sauver.
Je voulais lui essuyer ses larmes mais ma main ne répondait pas à mes tentatives, même pour une chose pourtant insignifiante, mon corps n’avait pas suffisamment de forces.

« Ca va aller, Jae Hyun-ssi. Vous allez vous en sortir… »

« Grâce à toi Hee Soona… » Je soufflai alors que j’aurai voulu lui parler sur un ton normal.

Hee Soon sembla retrouver un peu de son moral et alors qu’il allait me répondre, l’ambulancier vint le trouver. Il voulait connaître le numéro de mes parents. J’aurai pu épargner des recherches à Hee Soon en le disant mais je ne parvins pas à rester plus longtemps et mes yeux finirent par se fermer tous seuls malgré ma lutte acharnée contre ce sommeil qui voulait s’imposait de force.

Je ne sais pas ce qu’il se passa ensuite mais lorsque j’ouvris de nouveau les yeux, je me trouvais dans un lit d’hôpital, ma main serrée dans celle d’une femme d’un certain âge. Je dirigeai mon regard vers le visage de cette dernière et constatai qu’il ne s’agissait nul autre de ma mère. Elle semblait s’être endormie. Avait-elle dormi sur cette chaise ? Mon cœur se serra à cette pensée, elle et mon père avaient dû être tellement inquiets.

Puis très vite, mes pensées se dirigèrent à nouveau sur mon jeune stagiaire, Hee Soon. Que lui était-il arrivé lorsque je m’étais endormi ? Qu’avait-il fait ? Et surtout comment endossait-il cette journée éprouvante ? Dès ma sortie, il faudra que j’aille le voir, déjà avec un énorme panier garni mais aussi pour prendre part de son état. J’étais certes celui qui avait été blessé physiquement mais en ce qu’il s’agissait du moral, ce que j’avais subi n’était rien contrairement au pauvre Hee Soon qui avait du s’occuper de moi et gérer le stress et la panique du moment. Décidément, je ne pouvais m’empêcher de penser que ce jeune homme était remarquable. J’allais lui filer un coup de pouce à l’avenir et ce pour quoi je pouvais le mieux l’aider, n’était nul autre qu’au boulot. Peut-être pourrais-je le faire embaucher ? Après tout, il était un très bon stagiaire et semblait avoir des bases solides. Qui plus est, son comportement d’hier m’avait clairement prouvé qu’il était on ne peut plus responsable et savait faire face aux situations délicates.
En parlant de boulot, je me demandais comment ça aller se passer pour Hee Soon. J’espérais même qu’il soit accueilli comme un véritable héros, après tout il m’avait sauvé mais malheureusement, je ne pense pas que les collègues lui feraient tel honneur, pour eux, il n’était qu’un simple stagiaire… Je soupirai d’agacement à cette pensée, je n’aimais pas ces personnes qui n’avaient aucune honte de prendre les autres de haut.

Tout d’un coup, je sentis la main qui n’avait pas lâché une seconde la mienne, remuer. Je dirigeai mon regard de nouveau vers le visage de ma mère et constatai qu’elle avait à présent les yeux ouverts, son regard chaleureux et aimant posé sur ma personne. Je tachai de lui sourire mais je ne pus m’empêcher de le faire d’une manière désolée, me sentant toujours gêné de leur avoir donné tant d’inquiétudes.

« Tu nous a fait une belle frayeur mon chéri »

« Je sais » Je répondis en baissant la tête.

« Mais heureusement, ce jeune homme était là pour te venir en aide. Je lui suis infiniment reconnaissante. D’ailleurs comment s’appelle-t-il et qui est-il ? »

Je me mis donc à lui parler de mon jeune stagiaire Hee Soon, je lui racontai tous les détails que je connaissais de lui et lui racontai de nouveau ce qu’il s’était passé la veille dans l’ascenseur. Ma mère passa d’une émotion à l’autre, effrayée, admiratrice, choquée, reconnaissante… Je lui racontai tout en détails, y compris ce qu’il s’était passé après la sortie de l’ascenseur et sa réaction finale fut de me signaler qu’il fallait remercier Hee Soon en conséquence, ce que je savais déjà. Mais avant cela, il fallait que je puisse sortir et ce n’était pas d’ici demain que je le pourrai… Je soupirai d’un air las à l’idée de rester ici quelques jours mais il fallait bien que je prenne mon mal en patience.