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 [TERMINE] "Oui, je suis fou..." - Eun Mee

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MessageSujet: [TERMINE] "Oui, je suis fou..." - Eun Mee   [TERMINE] "Oui, je suis fou..." - Eun Mee EmptyLun 8 Juil - 1:16

"Oui, je suis fou..."


Eun Mee & Min Hyeon


***


Tous les mois, je me demande ce que je fiche ici. J’ai l’air tellement ridicule, allongé sur ce divan, à devoir raconter ma vie à un homme que je ne connais même pas. Enfin, depuis le temps que je passe chez lui, c’est comme si lui et moi on était devenus confidents ou quelque chose dans le genre. A la différence qu’il sait tout de moi et que moi, je ne sais rien de lui. Mais absolument rien. Sauf peut-être son nom, et encore : il veut que je l’appelle « docteur ». Franchement, je trouve que tout ce cirque ne rime à rien, mais c’est mon père qui insiste pour que j’assiste à ces séances. Je suis bien obligé de l’accepter : c’est l’une des rares attentions que j’obtiens encore de mon paternel... Je devrais le remercier, ou...?

Je soupire pour la énième fois depuis le début de notre entretien. Depuis quinze minutes, en fait. Je le sais parce que l’horloge est juste en face de moi, et je n’arrête pas de la fixer en espérant que les aiguilles avancent plus vite, par la simple volonté de mon esprit. Voilà déjà que je fais l’idiot en tentant des choses qui ne se produiront jamais. Mais c’est normal : je suis fou. C’est bien pour ça que je suis là, non ?

Mon psychiatre veut que je lui raconte mon cauchemar de cette nuit. Eh oui : je n’ai pas encore pu passer une nuit tranquille, à dormir sur mes deux oreilles. C’est vraiment fatiguant. Heureusement qu’on s’est fixé un rendez-vous matinal quotidien, avec Adam, comme ça je reprends des forces pour la journée. Ca me débecte de devoir embrasser un type comme lui (Un mec, non mais franchement !), mais pour le moment je n’ai pas vraiment le choix. Y a peut-être ma voisine, Ae Ri, mais je ne l’ai pas croisée ce matin. Enfin, j’avais prévu avec Adam donc je n’allais pas décommander à la dernière minute. Je suis sans-gêne mais pas impoli.

Je lui raconte. Cette fois, j’étais comme un fantôme qui assistait de l’extérieur à cette scène qui tourne en boucle dans ma tête, depuis sept ans. De mes propres yeux, je me voyais enfant, assis du côté passager de cette voiture qui finirait en pièces détachées. A côté de celle qui m’a quittée à jamais. La voiture était arrêtée au feu rouge, juste au carrefour où l’accident à eu lieu. J’essayais de taper à la vitre pour les avertir, mais mon corps immatériel passait à travers. Ma voix n’atteignait pas leurs oreilles. Et bien sûr, ils ne me voyaient pas. Je voulus tenter d’entrer dans mon corps d’enfant, mais je n’y arrivais pas. Puis, le feu est passé au vert, et ma mère a redémarré. Et le choc fut inévitable. A ce moment-là, j’ai fermé les yeux puis je me suis réveillé en sueur, haletant, comme presque tous les matins depuis ce jour funeste.

Même si je m’obstine à fixer l’horloge, je sens mon psy me sonder en réfléchissant. Je sais ce qu’il se dit. Je suis un cas désespéré. Rien ne fonctionne pour faire disparaître ces terreurs nocturnes, et encore pire : je n’ai toujours pas réussi à monter dans un véhicule motorisé en dépit des petits exercices qu’il me donne pour surmonter ma peur. Je suis mort de trouille, qu’est-ce que j’y peux ?

« Il y a une chose qui m’intrigue, c’est que vous dites être épuisé au réveil mais, quand je vous vois, vous êtes en pleine forme. »

Il est humain, il ne peut pas comprendre. Et bien sûr, je n’allais pas lui révéler tout ce qu’il y a à savoir sur les Twaos ! Quand on sait comment certains réagissent, il vaut mieux éviter. Surtout qu’en plus, certains des nôtres renient complètement leur identité. Ils détestent ça, et certains d’entre eux sont violents avec ceux qui acceptent leur conditions. On n’est en sécurité nulle part.

Au moment où j’allais sortir une excuse bidon, des petits coups sont frappés à la porte. Machinalement, je tourne la tête dans la direction de leur provenance, et l’homme se lève pour aller ouvrir. Il salue quelqu’un à coup de « Ah, c’est toi ! Entre donc. », mais son dos m’empêche d’identifier cette personne. Mais une chose est sûre : je reconnaîtrai cette voix entre mille. Et pourtant, je prie pour me tromper.

« Monsieur Kwon, cela vous dérange si l’une de mes stagiaires assiste à notre séance ? »

Je déglutis. C’aurait pu être n’importe quelle autre stagiaire, mais pas elle. Et si mon cerveau a déclenché l’alerte maximale et me crie de refuser, je ne trouve pas d’autre solution que de secouer la tête en assurant que ça ne m’embête pas. Erreur fatale.


Dernière édition par Kwon Min Hyeon le Ven 12 Juil - 18:57, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [TERMINE] "Oui, je suis fou..." - Eun Mee   [TERMINE] "Oui, je suis fou..." - Eun Mee EmptyLun 8 Juil - 14:09

J’entends avec soulagement le professeur indiquer la fin du cours. Enfin ! Une longue conférence qui dure depuis huit heures ce matin. Ce qui veut dire que l’homme à la voix rocailleuse et quelque peu soporifique, et ce peu importe combien le sujet est passionnant, nous tenait à peine éveillé depuis un peu plus de trois heures. Ce n’est même pas étonnant d’entendre des soupirs libérateurs provenir d’un peu partout dans l’amphithéâtre, puis le bruit des sièges qui se redressent lorsque leurs propriétaires se lèvent en chœur.

« A demain Eun Mee ! »

Je salut de la main une de mes camarades, en priant silencieusement pour que ce soit la bonne direction.

J’attends quelques secondes de plus, histoire que la foule s’estompe, puis je commence à ranger mes affaires. En attrapant mon portable, je jette un coup d’œil sur l’horloge lumineuse. Puis je pince les lèvres. Donc, j’ai exactement cinq minutes pour me rendre au rendez-vous que j’ai peiné à avoir avec le meilleur psychiatre de la ville. Eh mince. Hâtant le mouvement, je me relève en hissant mon sac sur mon épaule. M’aidant de mes mains, je me dirige vers la sortie, suivant avec attention le mouvement du garçon devant moi afin d’éviter de dégringoler les marches. C’est dans ces moments-là, où je suis censé me dépêcher, que je regrette le plus d’être en train de perdre la vue. C’est vrai, des yeux ça peut toujours être utiles. A ce qu’il parait. Et évidemment, je suis toujours bien trop bornée pour demander de l’aide. Un simple « est-ce que tu peux me montrer le chemin ? » c’est difficile à prononcer. Ca me brûle la gorge, et m’arrache presque la bouche.

J’avance presque par automatisme jusqu’à l’arrêt de bus. C’est probablement ce que je déteste le plus, avoir à plisser les yeux sur la pointe des pieds afin de discerner les chiffres inscrits sur le devant du bus, en espérant que ce soit le bon et que je ne me trompe pas. Ce qui arrive environ deux fois sur trois.

Je souffle en regardant pour la énième fois l’heure qui s’affiche sur l’écran de mon portable. J’ai déjà dix minutes de retard, et le temps que je me dirige dans cet immense hôpital, j’en aurai probablement cinq de plus. Je déteste être en retard, on met toujours ça sur ma maladie et ça m’énerve simplement. Surtout que j’ai attendu de voir mon premier cas concret depuis des semaines ! Le médecin a dit que l’on commencerait doucement, avec un jeune homme de mon âge qui présente des troubles du sommeil et des crises de paniques. Simple. Et j’en suis bien contente ! C’est presque en sautillant que je me précipite vers le bureau du psychiatre. Tout en essayant de ne pas me prendre un mur, ou un coin de table dans la salle d’attente.  

Respire Eun Mee, respire. Je lève la main et frappe quelques coups légers après avoir vérifié près de quatre fois le nom inscrit sur la plaquette dorée.

« Je suis vraiment désolée pour mon retard Docteur… » lance-je alors qu’il m’invite à entrer.

Je jette un regard perdu autour de moi, essayant de reconnaitre les formes qui constituent la pièce. Un bureau, deux grands fauteuils de ce qui me semble être du cuir, une bibliothèque que je devine bondée de livres, et un canapé où une silhouette est installée. Une silhouette que je pense avoir déjà croisé auparavant…

« Monsieur Kwon, cela vous dérange si l’une de mes stagiaires assiste à notre séance ? »

Je crois que le patient a acquiescé car le psychiatre me guide jusqu’à l’un des fauteuils en attrapant doucement mon bras. Je le remercie d’un sourire, et m’installe, en sortant mon ordinateur pour prendre des notes.

« Où en étions-nous Monsieur Kwon ? Dîtes-moi où trouvez-vous toute cette énergie malgré les nuits que vous passez ? »

Ah oui ! Il fait des cauchemars à répétition, ce qui lui cause des crises de panique assez souvent. Je me souviens. J’hoche la tête, dirigeant mon regard vers le garçon à ma droite. Je crois voir son visage tourné vers l’opposé, comme s’il essayait de ne pas me regarder directement. J’attends la réponse, qui peine à venir. Mais quand sa voix s’élance dans la pièce, je frissonne. Je la connais. Je connais cette voix, parce que je l’ai entendu murmurer des mots doux, crier de colère, et même sangloter en tentant d’être silencieux…

Donc…

Kwon. Comme… Kwon Min Hyeon ?
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MessageSujet: Re: [TERMINE] "Oui, je suis fou..." - Eun Mee   [TERMINE] "Oui, je suis fou..." - Eun Mee EmptyLun 8 Juil - 21:26

Elle est entrée. Pour le moment, elle n’a pas remarqué ma présence ni fait de lien avec mon nom de famille. En même temps, des Kwon en Corée, il y en a à la pelle. Mais sur l’instant, c’est comme si j’étais le seul sur Terre, et qu’elle allait obligatoirement me reconnaître. Sauf qu’évidemment, ce n’est pas le cas. Quoi qu’il en soit, je ne veux pas qu’elle me voit. Je refuse. Et la seule parade que je trouve pour me sortir d’affaire, c’est de tourner la tête. Mes yeux ne fixent plus l’horloge, mais le coin du mur. Je n’aurais qu’à mettre ça sur le compte de la timidité, si le psy me demande ce qui se passe. Sauf qu’apparemment, il est décidé à bien élucider le mystère de mon regain d’énergie matinale.

« Où en étions-nous Monsieur Kwon ? Dîtes-moi où trouvez-vous toute cette énergie malgré les nuits que vous passez ? »

J’avais presque oublié que je devais trouver une excuse bidon pour ne pas parler des Twaos. Mais si je parle, elle va reconnaître ma voix. C’est inévitable. Et alors là, ce sera encore plus bizarre que ça ne l’est déjà. Et il reste encore quarante cinq minutes de séances. Quarante cinq longues minutes. J’ai l’impression que le temps s’est arrêté. J’ose un regard vers l’horloge en face de moi, et constate avec horreur que les aiguilles n’ont pas bougé d’un poil. Pourtant, les secondes qui sont passées depuis son arrivée ont défilé au point que mon docteur se racle la gorge pour m’inciter à lui répondre.

« J-j’ai trouvé un super café qui... Qui me remet direct d’aplomb. »

Génial, Min Hyeon. C’est tout ce que tu as trouvé à dire ? Ce que je peux être stupide : voilà les premières paroles ô combien intellectuelles qu’Eun Mee aura entendu de ma bouche depuis le temps que l’on ne s’est pas revus. Je devine un regard sceptique de la part de mon psychiatre, mais étrangement, il passe outre et n’insiste donc pas plus, se contentant de ma réponse farfelue. J’entends son stylo gratter les fibres du papier. J’aimerais vraiment savoir ce qu’il écrit à mon sujet. Est-ce qu’il la laisse lire ce qu’il note ? « Attention, ce garçon est fou. Danger : ne pas s’approcher. » ou quelque chose du genre, j’imagine.

« Passons. Avez-vous pu mettre en pratique les exercices que je vous ai donnés ? »

Bien sûr que non, gros naze. Je lui ai répété cent fois que j’étais incapable de poser le pied dans un bus, ou tout simplement de traverser la rue tout seul. Il faut absolument qu’il y ait des gens autour de moi pour que je puisse me sentir un tout petit peu en sécurité sur un passage clouté. Bien sûr, quand je suis en compagnie d’autres personnes, je fais en sorte de ne rien laisser paraître et je les suis en ayant l’air parfaitement serein. J’ai toujours agi comme ça en présence d’Eun Mee. Je le devais bien, à cause de sa maladie. Si elle ne pouvait pas compter sur moi pour traverser la rue, alors je n’étais pas digne d’être son petit ami. ... Je crois que, de toute façon, je n’ai jamais été assez digne. Ce n’était pas moi qu’elle aimait, après tout.

Depuis que nous avons rompu, j’essaie de me rassurer en me disant que quelque part, mon âme soeur m’attend. Quel dommage que ce ne soit pas elle. D’un autre côté, elle se serait peut-être forcée à rester avec moi sans être aussi heureuse qu’elle l’aurait souhaité. Je l’aurais sans doute emprisonnée avec mes histoires et mon désir d’âme soeur. Je crois qu’avec moi, elle n’aurait jamais été épanouie.

Face à mon nouveau silence, mon docteur fait cliqueter son stylo de façon plutôt stressante. Je n’ai pas d’autre choix que de lui avouer la vérité, tout en restant évasif pour ne pas qu’Eun Mee découvre ce que je cache au fond de moi.

« Non, je n’en ai pas eu le courage. Je ne me sens pas encore prêt. »

J’espère vraiment qu’il ne va pas lui proposer de me poser des questions...
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MessageSujet: Re: [TERMINE] "Oui, je suis fou..." - Eun Mee   [TERMINE] "Oui, je suis fou..." - Eun Mee EmptyMar 9 Juil - 1:31

Le psychiatre note la réponse hasardeuse du patient d’un geste vif. Du coin de l’œil, je discerne un mouvement léger de tête qui indique qu’il n’en croit pas un mot. Et pour cause, son excuse est quelque peu bancale. Même sa voix, légèrement tremblante, et pourtant très reconnaissable, m’indique qu’il ne parvient pas à trouver mieux qu’ «un café qui remet direct d’aplomb ». Il s’agit bien de Min Hyeon. Je le reconnais à sa silhouette qui se tient avachie sur le sofa, les mains posées sur son ventre. Certes, je ne discerne pas son visage mais je le sais. C’est bien Kwon Min Hyeon, mon premier petit ami.

Que lui est-il arrivé ? Je veux dire…  Je suis bien au courant de l’accident qui a tué sa mère, et il ne faut pas être devin pour savoir que c’est en partie pour ça qu’il est ici, allongé sur le canapé d’un psychiatre. On se connaissait à l’époque, je suis même allée le voir à l’hôpital, je l’ai accompagné aux funérailles, et je l’ai soutenu. A tel point que quelques années après, nous nous sommes mis ensembles, comme une chute inévitable. Mais jamais, jamais, il ne m’a parlé de ses problèmes.  Sinon, je n’aurais pas autant envie de disparaitre six pieds sous terre sous la cause de la surprise.

« Passons. Avez-vous pu mettre en pratique les exercices que je vous ai donnés ? »

En disant ça, le psychiatre me tend un petit bloc où il doit avoir marqué les différents exercices qu’il lui a donné durant les précédentes séances. Comme monter dans un bus pour ne serait-ce que pour un arrêt. Je remonte légèrement mes lunettes sur le haut de mon nez, puis plissant les yeux, j’essaie de lire les notes toutes fines qu’il a pris à propos des progrès de Min Hyeon.
J’ai l’étrange impression d’entrer dans sa vie privée, pire, de la violer sans sa permission. Je sens même mes joues rosir d’embarras alors que j’attends aussi sa réponse. Et pendant que mon regard fatigué parcourt les quelques lignes, je ne peux que me répéter inlassablement la même phrase. Qu’est-ce qu’il t’est arrivé Min Hyeon… Qu’est-ce que je n’ai pas su voir ?

« Non, je n’en ai pas eu le courage. Je ne me sens pas encore prêt. »

De nouveau, le psychiatre hoche la tête. Je n’ai pas besoin d’être expérimenté dans le domaine pour comprendre ce que son silence signifie. Min Hyeon ne parait pas faire le moindre progrès, et je pense que selon son médecin, il ne doit pas faire d’effort non plus. Mais il ne le connait pas, pas de la façon dont je pensais le connaitre.

Je fronce les sourcils. Pourquoi faut-il que l’on se rencontre de nouveau, de cette façon ? Cela fait tellement longtemps. Des mois, durant lesquels je n’ai cessé de me demander comment tu allais. Si tu avais réussi à trouver ce que tu cherchais. Si quelque part, toi aussi, il t’arrivait de penser à moi. A ce nous, qui a existé.

« Bon. Est-ce que vous avez au moins remarqué le moindre changement dans votre attitude une fois que vous êtes seul ? »

Seul. Min Hyeon est rarement réellement seul. Du moins, il ne l’était pas. Je n’ai jamais pensé que c’était par besoin, je croyais naïvement que c’était simplement parce qu’il avait cette capacité à ameuter les gens, malgré son caractère mal foutu.

Je me retiens de justesse de ne pas aller poser mes mains sur son visage afin de m’assurer que les traits fins qui se trouvent sous mes doigts, seraient bien les siens. J’aimerais être capable de lire les expressions qui passent, juste pour essayer de le percer. Je suis certaine que malgré les mois qui nous ont séparés, il reste toujours aussi beau. Avec ce regard perçant, teinté d’une tristesse voilée qu’il ne veut surtout pas montrer et que pourtant, je parvenais à voir avant que le noir ne commence à envahir mes pupilles. Si seulement, je pouvais avoir le courage de le prendre dans mes bras et de lui assurer que tout ira bien. Comme je l’ai fait, peu après cette fameuse nuit.

Ca semblerait surement faux, après cette longue absence dans sa vie.

« Aucun changement non plus du côté de votre père ? »

Cette fois, je me tourne vers Min Hyeon, maudissant le fait de ne pas parvenir à lire l’expression sur son visage. Pourtant, je l’imagine parfaitement. Avec cet air distant, qui montre clairement qu’il souhaiterait être partout, sauf dans cette pièce, sur ce canapé. Je ne peux retenir un soupir, serrant les doigts sur mes genoux. Son père hein ? Celui qui l’ignore et le dénigre constamment ? Je suis bien curieuse de savoir s’il a changé en effet.

Honnêtement, oui, j’aurais préféré avoir un autre cas que le sien. Je n’ai pas tellement envie d’assister à la déchéance de mon ex petit ami, et culpabiliser davantage quant à mon abandon lâche et soudain. Alors que visiblement, il avait besoin de quelqu’un. J’avais raison cependant. Je n’étais pas digne de lui. Vraiment pas. D’autant plus qu’à présent, je suis là, à l’écouter parler de problèmes dont il ne s’est sûrement jamais confié en dehors de cet hôpital, comme une intruse. Et ça doit bien le gêner autant que moi.

« Si jamais… Vous avez besoin que je sorte pour vous laisser votre séance, dites-le moi… Monsieur Kwon. »
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MessageSujet: Re: [TERMINE] "Oui, je suis fou..." - Eun Mee   [TERMINE] "Oui, je suis fou..." - Eun Mee EmptyMar 9 Juil - 14:23

J’ai l’impression qu’il me transperce avec un poignard à chaque nouvelle question. Comme s’il savait quelle relation nous entretenons, Eun Mee et moi, et qu’il avait tout prémédité. Cette carapace que je me suis bâtie pour dissimuler mes faiblesses et garder la tête haute, j’ai l’horrible sensation qu’elle s’effrite et s’apprête à céder d’un instant à l’autre. J’avais tout fait pour montrer à Eun Mee que je ne baissais pas les bras après la mort de ma mère et l’éloignement de mon père. J’ai même fait en sorte d’être compréhensif lorsqu’elle m’a plaquée à cause de ses sentiments pour Hyun Soo. J’ai encaissé tout ça en faisant comme si ça ne m’affectait pas plus que ça, comme si j’avais su surmonter ces épreuves et m’en servir pour contre-attaquer. Je ne sais pas contre qui je me bats, en réalité, sûrement contre tous les aléas de la vie. Je ne sais même pas si je me bats vraiment.

« Bon. Est-ce que vous avez au moins remarqué le moindre changement dans votre attitude une fois que vous êtes seul ? »

Je pourrais affirmer que oui, mais ce serait me voiler la face et me mentir à moi-même. Je pourrais d’ailleurs lui faire entendre ce qu’il veut, pour qu’il me fiche la paix une bonne fois pour toute. Mais est-ce que j’ai vraiment envie de tout abandonner pour continuer à vivre une existence qui se résume à devoir craindre la solitude et l’obscurité ? Je me vois dans l’obligation de lui avouer la vérité, à mon insu.

« Non. »

C’est tout ce que je réponds, par crainte de trop en révéler à Eun Mee. Je ne m’aventure pas plus dans les détails, au plus grand agacement de mon psychiatre. Mais en réalité, je suis rarement seul. Je fais tout pour chasser la solitude. Parce que je sais qu’elle place au-dessus de ma tête, n’attendant que le moment propice pour se jeter sur moi, telle un rapace. Et alors, c’est là que ça fait le plus mal. Mais en général, je m’arrange pour être toujours accompagné. La journée, je suis à la faculté donc tout va bien. Le soir, même si mon père n’est pas là, il y a toujours notre vieille gouvernante qui reste constamment à la maison. Même quand je n’ai rien à lui dire, je reste dans la même pièce qu’elle ou bien dans la pièce voisine. Sa présence me suffit pour être calme. Sinon, s’il fait beau, je m’installe dans notre jardin et tiens compagnie au jardinier. Parfois, le voisin vient entamer la discussion. En somme, je suis toujours bien accompagné.

Je ne suis réellement seul que la nuit.

« Aucun changement non plus du côté de votre père ? »

Ah, mon père... Il m’envoie ici, et ne me demande même pas comment ça se passe. Certes, les séances doivent rester confidentielles, mais il pourrait au moins me demander s’il y a du progrès. En fait, j’ai plutôt l’impression de faire ça pour lui, et non pour moi. C’est peut-être pour ça que je ne fais aucun effort pour m’en sortir. Je me suis conforté et habitué à ces terreurs nocturnes, ces crises de panique. Je sais qu’elles se calment toujours, et qu’il faut juste attendre un peu. A vrai dire, je n’ai personne pour qui faire ça.

« La routine. Il part tôt le matin et rentre tard dans la nuit. »

En clair, je ne le vois jamais. Il se renferme dans la culpabilité d’avoir causé la perte de sa femme, ma mère. Ce n’était pas de sa faute, après tout. Il travaillait, comme d’habitude. Ma mère a seulement voulu lui faire une surprise, qui a mal tourné. « Devine quoi, chéri ! Je voulais te rendre visite mais je suis morte en chemin. » Mon père doit se dire que s’il avait été présent à la maison, jamais elle ne serait sortie pour lui offrir un repas improvisé à son bureau. De toute façon, comment aurait-il pu savoir qu’un fou furieux grillerait le feu rouge au moment où la voiture de sa femme traverserait le carrefour, hein ?

Je crois entendre Eun Mee soupirer lorsque j’énonce ces paroles. Elle connait mon père et doit sans doute se désoler d’apprendre qu’il est resté le même. Et toi, es-tu restée la même ? Toujours amoureuse de ce Hyun Soo ? Toujours à traîner avec ce Tae Hyun ? Je ne sais pas ce que tu leur trouves, vraiment.

« Si jamais… Vous avez besoin que je sorte pour vous laisser votre séance, dites-le moi… Monsieur Kwon. »

Je manque de rire à l’entente de ce très formel « Monsieur Kwon ». Bien sûr, elle n’allait pas m’appeler Min Hyeon devant mon docteur : il ne sait pas que nous nous connaissons, ni quel genre de lien nous unit.

Devrais-je la laisser partir ? Au point où j’en suis, il est trop tard pour faire marche arrière. J’avais accepté de la laisser entrer dès le début alors qu’il aurait été bien plus simple de refuser. De toute façon, maintenant, elle était au courant. Elle ne savait pas grand-chose de mon cas, mais elle savait qu’il y avait un problème chez moi. Et c’était suffisant pour éveiller sa curiosité. Personne n’est au courant, personne. Sauf elle, désormais. J’ai cru voir mon psychiatre lui donner la feuille sur laquelle il prend des notes, pour l’informer de mon cas, tout à l’heure. Je suis fichu.

« Restez, maintenant que vous êtes là. »

Cela doit rester uniquement entre ces murs. Elle fait partie de la sphère de confidentialité, maintenant. Quelque chose me pousse à lui accorder ma confiance, même si elle l’a brisée il y a quelques temps de cela, en m’annonçant qu’elle était amoureuse de Hyun Soo alors que nous sortions ensemble. Je n’avais jamais eu à me plaindre d’elle, lorsque j’étais son petit ami. Même lorsque nous n’étions que de simples amis. Je ne sais pas si je devrais lui refaire confiance. Au pire, si j’apprends que quelqu’un est au courant de mon problème par sa faute, cela signera définitivement la fin de toute relation entre nous deux.

« Vous savez que vous n’êtes pas en bonne voie pour la guérison, Min Hyeon. » M’annonça le docteur, comme s’il s’agissait d’une nouvelle toute fraîche.

Evidemment que je le sais. Si au moins il m’aidait à me rétablir, sans me donner de stupides exercices me forçant à monter dans un bus même pour un arrêt, ou bien à traverser la rue quand il n’y a personne autour de moi ! Il ne pourrait pas simplement me donner des comprimés pour calmer mes crises d’angoisse ? Ce serait bien plus pratique pour tout le monde. On y gagnerait tous en temps et en tranquillité. Je me complais très bien avec mon moyen de transport actuel : mes jambes. Et si je venais à les perdre un jour, j’apprendrai à manier un fauteuil roulant, voilà tout.

« Je veux qu’à la fin de cette séance, vous suiviez Mademoiselle Song où elle doit se rendre. Vous irez par n’importe quel moyen, sauf à pieds. »

Il ne manquait plus que ça, vraiment. Le coup de massue. Un double supplice : supporter un véhicule motorisé et la présence douloureuse de mon ex-petite amie. Je crois que je vais mourir.
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MessageSujet: Re: [TERMINE] "Oui, je suis fou..." - Eun Mee   [TERMINE] "Oui, je suis fou..." - Eun Mee EmptyVen 12 Juil - 0:27

J’acquiesce doucement, sans insister malgré le regard lourd du psychiatre que je sens sur mes épaules. Je ne suis pas vraiment à l’aise à l’idée d’entendre les secrets les plus enfouis de mon petit ami, sur son passé, sur ce qu’il a vécu. Je veux dire… J’étais là, j’ai vu ce qui a changé en lui à partir de cette nuit. Au même moment alors que ma vue baissait, j’ai assisté impuissante à l’éteinte de cette lueur qui brillait si fort au fond de ses pupilles. Je n’ai pas su l’aider à l’époque, je ne saurais probablement pas quoi faire de plus aujourd’hui. Ce n’est même pas sûr qu’il puisse accepter que je lui tende la main, pas après l’avoir lâché si brusquement.

« Vous savez que vous n’êtes pas en bonne voie pour la guérison, Min Hyeon. »

Je n’aime pas le ton froid et détaché qu’il utilise, comme si c’était la chose la plus simple à entendre. Je suis consciente que je suis là pour apprendre, et que la règle principale est de ne surtout pas s’attacher aux patients, mais là il s’agit de Min Hyeon. Il ne peut pas juste lui balancer qu’il s’enfonce de plus en plus, comme s’il lui demandait ce qu’il a mangé au petit-déjeuner. Je sers les poings, essayant au mieux de rester impassible. Même s’il est pratiquement impossible de ne pas sentir la tension qui règne dans la pièce, lourde et étouffante.

Je voudrais pouvoir me rassurer en me disant que ce n’est pas de ma faute, que ce n’est pas ma présence qui est la cause du corps droit et éloigné de Min Hyeon. Pourtant, il aurait toutes les raisons de ne pas être très réjoui par le fait de me voir. Rien que s’il se souvient de la dernière chose que je lui ai dite, qui devait fortement ressembler à « Je t’aime, mais lui, je l’aime encore plus… » et qui résumait nos mois de couple à une sorte de brouillard mensonger. Ça me hante. J’aurai aimé pouvoir trouver les mots pour qu’il ne pense que je me suis moqué de lui, parce que c’est faux évidemment. Je l’ai aimé ! Je l’ai vraiment aimé, il était un petit ami parfait en tout point, et il aurait pu continuer de me rendre heureuse, je n’en doute pas une seconde. Seulement, je me suis rendue compte que l’amour que j’avais pour lui se rapprochait probablement plus de la tendresse. Je n’avais pas ces papillons dans l’estomac lorsqu’il me touchait, ni les yeux qui pétillent dès que son nom passait la barrière de mes lèvres, et pas non plus l’envie continuelle de l’avoir près de moi, de le sentir près de moi, de le savoir près de moi. Tout ça, je ne le ressentais – ne le ressens encore ? – qu’avec Hyun Soo. Parce que j’en suis amoureuse. Est-ce que j’aurais dû continuer de mentir ? De faire semblant et de jouer au petit couple parfait ? Il ne l’aurait pas supporté, on le sait tous les deux.

Je n’avais juste pas cru, en le quittant de cette façon, que je le retrouverai dans le cabinet d’un psychiatre.

« Je veux qu’à la fin de cette séance, vous suiviez Mademoiselle Song où elle doit se rendre. Vous irez par n’importe quel moyen, sauf à pieds. »

Je relève brusquement la tête, les yeux écarquillés. Pardon ? Est-ce que j’ai bien entendu ? Je reste sous le choc, incapable d’ouvrir la bouche pour essayer de protester. Le ton était sans appel et ne convenait apparemment pas à un possible débat. Je serais même prête à parier qu’il avait prévu son coup depuis le début. Il a forcément choisi ce dossier parce que l’on avait des similitudes, ou je ne sais quoi, qui auraient pu aider à son progrès. Mais a-t-il seulement pensé que peut-être, Min Hyeon ne voudrait pas sortir de nouveau avec son ex-petite amie, et la suivre sans rechigner dans un bus, où elle-même risquait de se perdre ?

« Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée… » risque-je tout de même, le cœur au bord des lèvres en pensant à un possible rejet de la part de Min Hyeon.

Je n’ai pas besoin d’avoir la pleine capacité de mes yeux pour comprendre le regard noir que vient de m’envoyer mon tuteur.

« Avez-vous quelque chose de prévu pour cet après-midi Mademoiselle Song ? J’avais cru comprendre que non. »

Je secoue lentement la tête, ravalant le flot de parole qui menace de mettre en danger mon entente avec le psychiatre. Là, je donnerai tout pour savoir ce que pense Min Hyeon. Il doit savoir qu’il n’a pas vraiment son mot à dire, mais il peut aussi s’imaginer me fuir dès que nous aurons passé cette porte.

« Si Monsieur Kwon est d’accord, alors je le suis également. Tant que ça peut l’aider en quelque chose. » ajoute-je doucement.

Peut-être que c’est l’opportunité pour me rapprocher de lui, et me faire pardonner de ce qu’il considère comme une trahison ? Je me mords nerveusement la lèvre. Est-ce qu’il accepterait que je puisse l’aider après ce qu’on a vécu tous les deux ? Rien n’est moins sûr. Mais quitte à passer la journée ensemble, autant joindre l’utile à l’agréable. On pourrait même régler nos affaires personnelles, en même temps que son problème de transport. Qui sait ?

En tout cas, je suis certaine que rien de tout cela n’est un hasard. Et consciente que son regard est désormais posé sur moi, puisqu’il me brule la peau de par son intensité, je me risque à un sourire timide mais qui se veut un minimum encourageant. On y arrivera.
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MessageSujet: Re: [TERMINE] "Oui, je suis fou..." - Eun Mee   [TERMINE] "Oui, je suis fou..." - Eun Mee EmptyVen 12 Juil - 18:56

Je ne sais pas si vous avez déjà ressenti ça, être pris au piège en ayant l’impression que, quoi que vous fassiez, vous ne faites que vous empêtrer davantage. C’est un peu la sensation que j’ai, à l’heure actuelle. Et la seule mince lueur d’espoir repose ironiquement sur celle avec qui je suis enchaîné. Elle a quand même son mot à dire, et je n’ai pas le souvenir que mon docteur lui ai demandé son avis. A moins que tout ait été convenu d’avance, vicieusement manigancé dans mon dos sans que je ne sois tenu au courant de rien. Etrangement, c’est toujours l’impression que j’ai avec tout le monde. Les gens parlent dans mon dos, j’y suis habitué depuis ma plus tendre enfance : étant issu d’une famille assez riche, et ayant un air plutôt hautain en public (oui, je le reconnais.), les rumeurs vont bon train. Personne ne m’a cru sincère, quand j’étais le petit ami d’Eun Mee. Beaucoup disaient qu’elle avait dû céder à un chantage de ma part, ou quelque chose comme quoi elle devait sortir avec moi sinon ma famille ruinerait la sienne ou un truc dans le genre. Quel ramassis de conneries ! Excusez mon langage, mais c’est plus fort que moi. Les gens vous jugent d’un seul regard, sans vous connaître. « Il est riche et prend tout le monde de haut, donc c’est un un bel enfoiré. » Entre nous, je ne suis pas méprisant avec les gens. Juste sarcastique et peut-être un peu trop franc.

Et soit dit en passant, mon père et son entreprise n’ont pas le pouvoir de mettre les autres en faillite s’ils ne se rallient pas à leur cause. Il cherche d’ailleurs très peu l’association, préférant travailler avec ses propres employés. Imaginez un peu s’il devait gérer d’autres sociétés ! Déjà qu’il rentre peu à la maison, à ce rythme là il finirait par dormir au travail. Quoi que, ça l’arrangerait bien, en fin de compte.

Quoi qu’il en soit, je me doutais bien (et j’espérais bien) que la réponse d’Eun Mee soit négative. Ce qui ne fut pas du tout du goût de mon psychiatre. Je n’aime pas d’ordinaire ce ton sec qu’il emploie à mon égard, mais comme j’estime être un cas désespéré qui ne fait pas d’efforts, je concevais qu’il s’adresse à moi de cette façon. Mais pourquoi se montrait-il aussi rustre avec elle ? Si elle ne voulait pas ou ne pouvait pas, il n’y avait aucune raison d’insister ! Je dis ça surtout parce que ça m’arrangerait qu’il ne nous force pas à rester ensemble après cette séance. Ce serait insupportable pour elle, et pour moi.

« Si Monsieur Kwon est d’accord, alors je le suis également. Tant que ça peut l’aider en quelque chose. »

Cette phrase résonne lourdement dans ma tête, et son écho me pousse à croire qu’elle me prend en pitié. Elle devrait être bien placée pour savoir qu’en général, les gens n’aimaient pas que l’on s’apitoie sur leur sort. Je ne dis pas ça avec méchanceté.

Visiblement, je n’ai pas d’autre choix que d’accepter. Mes yeux quittent ce bout de mur pour se poser sur elle. Mon coeur se serre en constatant qu’elle est toujours aussi mignonne. Mais il se contracte amèrement en voyant qu’elle ne semble pas me discerner précisément. Sa vue ne va pas en s’améliorant, malheureusement. Quelque chose me dit que cette rencontre a été prédestinée. Une force de la nature ou un quelconque dieu stupide aurait tout manigancé pour que nos chemins se recroisent aujourd’hui et dans ces conditions. Je crois que je dois saisir cette chance de renouer contact avec elle. Mais en ai-je réellement envie ? Elle m’a plaqué, après tout. Et pourtant, je ne sais toujours pas si je dois lui en vouloir d’avoir été sincère avec moi, ou pas. De toute façon, un jour ou l’autre, il aurait fallu que nous rompions : je cherche mon âme soeur, après tout... Et ce n’est pas Eun Mee. Peut-être ne me suis-je pas totalement investi dans notre relation en estimant que ce n’était pas elle. Mais je l’aimais vraiment. Et apparemment, l’inverse n’était pas entièrement vrai.

« Je me vois dans l’obligation d’accepter cet exercice. » Finis-je par dire au bout de quelques secondes.

Je n’ai qu’à voir ça comme ça : un exercice, ni plus ni moins. Je n’avais pas réussi les précédents, mais je devais réussir celui-là. Plus qu’un simple exercice, c’était une épreuve, un obstacle à franchir. Et mon médecin l’avait compris, lui. Il est malin, cet homme.

Quand midi arriva, une demi-heure plus tard, il jugea bon de nous laisser partir. Comme d’habitude, avant de passer la porte, il me demande « J’ajoute cette séance sur le compte de votre père ? » et n’attend pas ma réponse pour griffonner quelque chose dans son carnet. Puis il tourne les pages pour prendre le prochain rendez-vous, que nous reportons au mois suivant, comme nous le faisons tous les mois. Mais quand vient l’heure de s’incliner pour le saluer, je sais que se rapproche irrémédiablement le moment de me retrouver seul avec Eun Mee. Et nous y voilà.

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