J’ai, on peut le dire, un physique qui ne passe pas du tout inaperçu dans la capitale coréenne. Pourquoi ? Eh bien, parce que je suis blanc, tout simplement. Avec des yeux très bleus. Ou vert. Ou gris. Ouais, la lumière en fait varier la couleur. Certains trouvent ça cool, voire magnifique, moi ça m’indiffère depuis le temps que je les vois tous les matins en me préparant. En plus, j’ai un très léger strabisme divergeant qui me complexe pas mal… Enfin bref. J’ai les cheveux châtains foncés et courts, que je sculpte un peu plus lors de mes jours de congés (pourquoi se faire beau pour les criminels, sérieux ?). J’ai un visage plutôt fin, malgré que ma mâchoire soit pas mal marquée, et la peau très blanche. Et j’ai des taches de rousseur. Bon, j’ai une peau de roux quoi. J’ai un sourire un peu étrange comme je n’aime pas trop mes dents, je ne les montre pas quand je ris ou souris. Sauf quand j’éclate vraiment de rire, là je ne me contrôle pas.

Je suis un peu musclé, mais pas trop, et je suis dans la moyenne, niveau taille. Un mètre quatre-vingt environ. Je me tiens droit en général, ça nous donne plus de prestance quand on interroge un criminel. Quand je parle… on m’a souvent fait la réflexion que je n’étais pas maniéré. Bah… Oui et alors ? Aaah c’est parce que je suis gay, d’accord, excusez-moi de ne pas répondre exactement aux stéréotypes. Non je ne fais pas de grands gestes quand je parle, et je ne lève pas le petit doigt quand je prends ma tasse de café ! Vous devrez vous y faire, malheureusement. Pour ce qui est de la manière dont je m’habille, eh bien… Quand je suis au travail, je porte généralement un costume (ça rend plus strict et ça met mal à l’aise les suspects. Je suis content de ne plus être obligé de porter un uniforme…) et dans la vie de tous les jours (a.k.a lors de mes rares jours de congés et pendant mon temps libre) je fais extrêmement attention à mon apparence. S’il y a bien un point sur lequel je suis le cliché de l’homosexuel, c’est bien celui-là : j’adore la mode.

Je suis quelqu’un d’intelligent et d’ambitieux (cet adjectif n’est pas toujours une qualité), et, je l’avoue, d’un peu manipulateur. Mais c’est en quelque sorte grâce à ça que j’ai pu accéder au grade de lieutenant de police aussi jeune. Mais figurez-vous que c’est aussi très pratique pour tirer les vers du nez à un suspect, bien que malheureusement, ça ne marche vraiment que sur les gens qui sont étrangers à cette technique. Essayez sur un psychopathe et il va vous regarder avec un sourire en coin, vous prenant ouvertement pour un con… Bref. Je suis assez strict aussi, mais ça, c’est surtout dans mon travail, je le suis plus par nécessité que par réelle envie. Du coup, quand je retourne à ma petite vie de mec de 26 ans, j’essaye de me décontracter un maximum, histoire de ne pas mourir trop jeune.

J’ai vomi quand j’ai vu un cadavre plein de sang pour la première fois (avouez, vous aviez envie de le savoir), mais là ça ne me fait plus rien (enfin si, mais je le cache bien on va dire…). Par contre, je pleure toujours autant devant les comédies romantiques… (Bon d’accord. Deux clichés.) Et oui, comme quoi on peut être impassible à la vue du sang (et de bien d’autres choses dont vous allez continuer à ignorer l’existence), mais être absolument fleur bleue au niveau sentimental. Je suis un grand romantique, mais jamais je ne l’avouerais ouvertement. J’ai une image à tenir, messieurs. Sinon, que dire d’autre… Je suis ouvert, plutôt sociable, et amical. En revanche, j’ai tendance à être trop direct quand je parle aux gens, et ainsi à manquer de tact. Ce qui m’a déjà valu quelques remarques cinglantes… Mais je ne peux pas m’en empêcher. Je suis rancunier aussi, je pardonne difficilement. Et c’est assez handicapant sur le long terme (autant pour moi que pour les autres). Mais au moins, quand je le fais, c’est pour toujours, c’est bon, on tourne la page. Oh, et je suis aussi très méfiant, mais ça, c’est clairement une déformation professionnelle… que je ne contrôle malheureusement pas.

J’ai beau être sociable, je suis un acharné du travail. Je ne vais pas hésiter à annuler tous mes plans de sorties, virées en amis, et autres rendez-vous pour retourner examiner un dossier ou une preuve si je pense avoir une idée (et ça, même si je suis en jour de congé). Bon, je ne plante pas non plus les gens au milieu d’un rendez-vous au restaurant, mais j’aurais clairement la tête ailleurs si ça m’arrive. Après, je peux aussi être appelé d’urgence par mes supérieurs, et ça… je n’y pourrais rien.

Pour ce qui est de mes goûts, comme je l’ai dit plus tôt, j’aime la mode et le cinéma, particulièrement les comédies romantiques et … les comédies tout court. Quand vous voyez des horreurs toute la journée, vous n’avez pas non plus envie d’en voir dans vos loisirs. J’aime bien un bon thriller de temps en temps, ou même un film d’horreur mais… pas souvent. Et accompagné, en général.

Je suis un accro à la caféine, et j’ai malheureusement dû m’habituer au goût ignoble du café du poste de police. C’est en partie pour ça que tous les matins, je m’arrête au coffee shop pour prendre une ration avant d’attaquer leur café noir dégoûtant.

Mes parents sont arrivés à Séoul bien avant ma naissance. Travaillant tous les deux dans le commerce international, ils ont décidé d’aller vivre dans un pays qu’ils ne connaissaient absolument pas et où ils pourraient avoir du travail facilement. C’est ce désir de partir loin des USA qui les a rapprochés quand ils se sont rencontrés. Quand ils sont arrivés à Séoul, ils sont tombé sous le charme de la ville, et peu de temps après du pays entier. Ses coutumes, ses paysages, ses habitants… Et du coup, ils ont décidés d’y rester. Ils se sont fait naturaliser coréens tous les deux après un peu moins d’une dizaine d’années à vivre sur place, remplissant ainsi les conditions nécessaires, ils avaient à l’époque une petite trentaine d’années tous les deux. Ma mère est tombée enceinte de moi quelques mois plus tard. Et j’ai ainsi vu le jour dans la capitale du pays du matin calme. Et vous savez c’est quoi le meilleur ? Aussi blanc que j’étais, je suis né coréen. Grâce à la naturalisation de mes parents. Pas mal hein ? Alors j’ai grandis comme n’importe quel enfant coréen (enfin, mis à part que mes parents me parlait aussi en anglais, c’est important de garder ses origines… !), du moins au début.

Je me suis vite rendu compte, même si j’étais encore petit, quand j’ai commencé à aller au jardin d’enfant puis à l’école, que soit j’étais fuis par les autres enfants, soit ils me regardaient avec de grands yeux, comme si j’étais un animal étrange. Avec l’âge, j’ai bien sûr compris que c’était parce que je ne leur ressemblais pas (j’ai même demandé un jour à ma mère, parait-il, pourquoi je n’avais pas les yeux « étirés » comme mes camarades de classe). En grandissant, les enfants se sont montrés soit plus méchants avec moi, soit plus curieux. Mais ces deux comportements m’énervaient. Si bien que jusqu’au collège, je suis resté tout seul dans mon coin.

Et puis là, je l’ai rencontré. J’avais quoi, 12 ans ? Lui était un peu plus âgé, 13 ans je pense. Et il était la première personne de mon âge à me manifester de l’empathie, et même de l’affection. Alors nous sommes devenus amis. Mon premier ami. Une ou deux années plus tard, il m’expliquait qu’il n’était pas comme les autres enfants, qu’il était différent lui aussi, comme moi. Mais pas de la même manière. C’est ainsi que j’ai découvert l’existence des Twaos. J’étais à la fois horrifié et fasciné par leur condition (je me souviens lui avoir posé des tonnes de questions dessus), mais jamais il ne me serait venu à l’idée de le rejeter pour ça. Et pourtant, il m’affirmait que parmi les gens qui le savaient, beaucoup le regardaient de travers. Mais moi je m’en fichais. Les années passant, je me suis même mis à penser que cette histoire d’âme-sœur était vraiment romantique, et je me suis demandé si moi, en tant qu’être humain basique et sans intérêt, j’en avais une aussi. Ha, j’en sais toujours rien.

Quand je suis rentré au lycée, je l’ai retrouvé lui, et j’étais content de ne pas devoir attendre la fin de la semaine pour le voir. Mais ce qu’il ne m’avait pas dit, c’était qu’une bande de mecs le faisait chier pour ce qu’il était. Il ne voulait sans doute pas m’inquiéter, mais j’avais bien vu qu’il n’allait pas très bien. Bon, en réalité, j’avais flashé sur un des mecs du groupe, et quand je lui en avais parlé il était devenu tout blanc, alors j’avais évidemment commencé à me poser des questions… Ce même jour, je suis sorti du lycée un peu en retard, un professeur ayant voulu me parler de quelque chose, et là je l’ai vu, encerclé par trois mecs (dont le type qui me plaisait) et qui s’étaient mis à lui donner des coups. Ni une, ni deux, je me suis précipiter pour leur demander d’arrêter, mais tout ce que ça a fait, c’est qu’ils m’ont aussi pris pour cible. A l’époque j’étais pas bien grand et assez gringalet, alors ils ont pas eu trop de mal à nous maîtriser tous les deux…

J’ai rouvert les yeux à l’hôpital, et j’ai directement demandé où il était. Alors je sais ce que vous pensez, c’est de là que vient mon désir d’être flic, il est mort dans d’atroces souffrances, blablabla. Bah… en fait non, il était en pleine forme, enfin façon de parler, il avait pris moins de coups que moi. Mais quand il m’a remercié de pas avoir hésité une seule seconde avant d’aller l’aider même si je savais pertinemment que j’avais aucune chance, je me suis dit que je voulais voir le soulagement dans les yeux d’autres personnes comme lui. Alors… voilà. Et très honnêtement, je pense qu’une grosse partie de mon cerveau avait enregistré l’information que c’était parce que c’était un Twao qu’il avait été harcelé comme ça, et que ces personnes-là n’avaient en aucun cas mérités d’être traitées ainsi. Je me suis mis en tête de faire mon possible pour les défendre, par la suite.

La suite elle est pas très compliquée, j’ai fini mon lycée, je suis rentré dans la police. J’ai gravis les échelons petit-à-petit, et… me voilà lieutenant.

Bon, sinon, pour vous faire un petit topo sur ma vie sentimentale, je sais que vous vous posez la question mais non, je ne suis jamais sorti avec lui. On est toujours très proches, mais sans ambiguïté ! J’ai eu un copain en dernière année de lycée, ça a duré quelques mois, j’étais très amoureux, mais lui m’a largué parce qu’il était jaloux de la relation que j’avais avec mon meilleur-ami. Connard. Ensuite… Quand j’ai commencé à fréquenter le monde des adultes - même sans l’être – et même un peu avant, j’ai remarqué que j’attirais toujours autant les regards. Bon, y’en avait toujours qui me regardait avec un air mauvais, mais de plus en plus de gens venait m’aborder dans un but précis, m’voyez. Je crois que les asiatiques font une fixation sur les traits occidentaux… Bref, je ne me rappelle pas combien de râteaux j’ai mis (autant à des garçons que des filles), et combien de coups d’un soir j’ai eu comme ça. Maiiis on est pas là pour parler de ça !

Ma famille sinon ça va, ils sont partis s’installer à Jeju il y a quelques années, je les vois donc moins souvent, mais quand je vais là-bas… Wouah. Cette île est vraiment magnifique. Enfin bref, voilà mon histoire.