— Merci beaucoup, passez une bonne fin de journée !

Je regarde la cliente sortir de la boutique avant de plonger ma main dans la poche de mon jean pour en sortir mon téléphone, qui n'arrête pas de vibrer. Je remarque que j'ai reçu plusieurs messages de mon imbécile de frère, que je me dépêche d'ouvrir.


Je laisse échapper un soupir. Dans quoi est-ce que ce crétin s'est encore embarqué ? Je lui envoie trois points d'interrogation en réponse et reporte mon attention sur le nouveau client qui se présente à la caisse. À peine lui ai-je tendu le sac contenant ses achats que mon portable se remet à trembler.


Je fixe l'appareil, déconcertée. Comment suis-je censée savoir ce qui se passe s'il ne me dit rien ? Je m’apprête à lui demander plus d'informations quand le numéro de ma mère s'affiche à l'écran. Ils se sont passé le mot ou quoi ? Je jette un rapide coup d'oeil dans le magasin, mais la pièce est vide. Après tout, je n'en ai que pour quelques minutes. Quoique... Avec les mamans, on ne sait jamais.

Je me tourne légèrement et fais glisser mon doigt sur le bouton vert.

— Allô ?

— Bonjour ma chérie ! J'espère que je ne te dérange pas. Tu vas bien ?

— Oui, tout va très bien. Écoute, là je suis au tra-

Elle me coupe sans remords :

— Tu ne nous as pas dit que tu avais trouvé quelqu'un !

J'analyse lentement l'information, avant de me figer. Trouvé... quelqu'un ? Qu'est-ce qu'elle raconte ? Je suis parfaitement célibataire, et même si j'étais en couple, il n'y aurait aucune raison que je leur en parle parce que... enfin... ils ne savent pas. Pas encore.

J'articule une unique syllabe qui reflète parfaitement mon incompréhension :

— Q-quoi ?

— Soo Hyun nous as dit que tu avais un petit ami ! Dis moi, pourquoi ne l'inviterais-tu pas à manger un de ces jours ?

Un petit ami ? Alors c'est ça, la « gaffe » dont mon frère me parlait à l'instant ?

Je comprends tout à fait que ma mère veille rencontrer le copain de sa fille, mais il y a un léger problème. Je n'ai pas de copain, et je n'en aurai jamais.

Elle a l'air tellement enthousiaste... Je déteste mentir, mais je ne peux pas non plus lui dire que Soo Hyun a inventé tout cela.

Alors, sans réfléchir aux conséquences désastreuses de mes paroles, j'accepte.

— Super ! N'oublie pas de nous passer un coup de fil de temps en temps ! Bisous !

Après lui avoir dit au revoir, je mets fin à la communication.

J'ai envie de m'exploser le crâne contre le comptoir.

Je ne sais pas exactement ce que je vais faire à Soo Hyun, mais il va souffrir. Je ne sais pas non plus comment il a pu amener la conversation sur ma vie sentimentale, alors que l'on avait décidé de ne pas aborder ce sujet avec les parents. Enfin, là n'est pas la question.

Je dois rapidement trouver quelqu'un qui pourrait faire office de faux petit ami. Je passe en revue mon répertoire, jusqu'à tomber sur le nom de Jung Min Woon. Il bosse chez le disquaire d'à côté et je le connais un minimum pour savoir qu'il est quelqu'un de fréquentable. Pas très bavard mais plutôt mignon, propre sur lui sans pour autant être tiré à quatre épingles... J'imagine que c'est le genre de garçon avec qui sortent les filles de mon âge. De toute façon, c'est la personne la plus proche, pour le moment. J'espère simplement qu'il est capable de jouer la comédie.

Je ne m'attarde pas plus que cela et appelle ma collègue, qui s'occupe de ranger des vêtements à l'autre bout de la pièce.

— Unnie ! Tu peux tenir la caisse cinq minutes ? J'ai quelque chose d'urgent à faire !

Elle accepte sans poser de questions et je passe aussitôt de l'autre côté du comptoir, ne prenant même pas le temps de retirer mon badge. Le magasin de musique où travaille Min Woon étant situé juste à côté de la boutique, j'y suis en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Je repère presque tout de suite le jeune homme et me dirige vers lui sans attendre.

— Min Woon ! J'ai un petit problème, et j'aurais besoin de ton aide...

Reste à savoir s'il accepte d'être embarqué dans cette histoire...