Grand ? Est-ce qu’on peut le considérer comme quelqu’un de grand ? Sûrement. Mais pas géant. Il dépasse juste un peu la moyenne. On a dit grand, pas géant. Ce jeune homme n’a rien de difforme, ou d’horrible, d’effrayant. Au contraire, il se dégage de son visage quelque chose de gentil. De rassurant. De doux même peut-être ? On ne lui donnerait sûrement pas le bon dieu sans confession, mais on se sent rapidement en confiance avec lui. Son sourire doit y être pour beaucoup. Ce sourire tendre et sincère qui étend ses lèvres 24/24h.  Mais ce sourire doit cacher bien des choses. Personne n’est dupe là-dessus. Ji Hyuk attire les gens par son sourire pour qu’on ne se préoccupe pas des marques sur son bras. Son bras gauche,  complètement dévasté par des marques de cigarettes, écrasées sans aucun remord sur sa peau. Une manière comme une autre de se détourner des questions, il préfère de loin qu’on se noie dans un beau sourire. Une grande taille et un sourire malin, est-ce là tout ce qu’il y a dire sur l’apparence de Ji Hyuk ? Non. On pourrait très bien parler de ses oreilles qui le complexent énormément. On pourrait dire qu’il a un pied plus grand que l’autre. On pourrait ajouter à ça qu’il se ronge les ongles. Et en petite anecdote, il serait intéressant de dire que sa couleur de cheveux n’est pas fixe, comme beaucoup de jeunes à notre époque.  On pourrait ainsi terminer en remarquant qu’il n’a pas de style vestimentaire bien distinct. Un jogging de sport quand il est chez lui, un caleçon voire rien du tout quand il se couche le soir, un jean et t-shirt décontracté lorsqu’il se balade en ville. Ji Hyuk serait le premier à dire qu’on ne juge pas une personne sur son physique et que donc tous ces détails sont à la fois inutiles et superflus. Chacun cherche à se cacher derrière des apparences pour la plupart fausses. Ji Hyuk croit en ça, plus qu’en n’importe quoi d’autre, car il est sûrement le premier à cacher des choses derrière une façade qu’on pourrait croire solide et à l’abri de tout.

Par quel bout commencer … Ji Hyuk est quelqu’un de gentil. Un peu comme tout le monde. Mais sa gentillesse n’est pas là pour se donner un « genre ».  Être gentil c’est bien, mais c’est large, vague. Disons alors que Ji Hyuk est respectueux, aimable, compréhensif, serviable, aidant. En gros, gentil. Bien sûr, nous avons tous nos mauvais jours. Ji Hyuk est humain après tout, il est comme tout le monde. Si on vient le chercher alors qu’il s’est levé du pied gauche, il ne faut pas vraiment s’attendre à ce qu’il vous achète un gâteau. Il est respectueux, et il aime à mettre un point d’honneur à l’être, mais il y a des limites à ne pas dépasser. Peut-être est-il bon de préciser ici que ce beau jeune homme est habile de ses mains. Autant certains sont nés avec des pieds à la place des mains et sont les pires maladroit que le monde est connu, mais Ji Hyuk a eu la chance de devenir tout l’inverse. En plus d’avoir de bons réflexes, il est vraiment doué de ses dix doigts. Sûrement est-ce pour cela que l’apprentissage de la guitare a été rapide pour lui. De même, il a quelque chose qu’on pourrait qualifier de don pour le dessin. Il a le souci du détail. Mais nous nous éloignons du pourquoi du comment j’en suis arrivée à vous parler de son habilité. Ce n’est qu’un conseil, faîtes en ce que vous voulez, mais ce garçon sait se battre. Alors, pour votre bien, ne poussez pas le bouchon trop loin car il n’est pas manche le Ji Hyuk. Comme l’aurait sans doute dit sa grand-mère : « méfiez-vous de l’eau qui dort ».  Plus globalement, c’est un homme qui aime apprécier les petits plaisirs de la vie, quelqu’un qui ne se prend pas la tête avec des broutilles. Il a un petit quelque chose qui respire la confiance en soi, sans que ça ne tourne à l’excès. Il n’est pas vantard. Son plus gros défaut, toutefois, restera à jamais son protectionnisme bien trop prononcé. Il s’attache vite aux gens, trop vite même, et rapidement  il devient possessif, il veut tout faire pour que ses amis aient une bonne et belle vie, il ne leur souhaite que du bonheur. Ca ne vient que d’une bonne intention, mais ça peut devenir très vite étouffant. Il se souvient de cette phrase qu’on lui avait dite un jour : « On ne peut pas protéger les autres, on ne peut que les aimer ». Il se tue à la tâche, il essaye d’être détaché … Mais son cœur ne semble pas entendre ces sages mots. Profitons-en pour remarquer son côté têtu et borné. Après tout, c’est un homme hein …

Sa famille ? Il n’en a pas. Il n’en a plus. Cela fait bien longtemps que ses grands-parents sont décédés, et malheureusement, ses parents aussi. Accident de voiture. Il avait trois ans. Dieu sait par quel miracle il a survécu, toujours est-il qu’il aurait préféré y rester. Ce qui l’attendait suite à ça n’avait désormais plus rien d’enviable. Alors qu’il était né dans une famille riche, aisée, il retombait de haut. Le côté positif était qu’à trois ans, on n’a pas pleinement conscience de ce genre de chute. Il fut immédiatement pris en charge par l’orphelinat. Lequel ? Il ne sait plus vraiment, tout ce qu’il sait c’est qu’il est grandement redevable aux personnes qui l’ont recueilli à cette époque. Il resta là-bas jusqu’à ses seize ans. C’était devenu sa maison, sa famille. Il était heureux.  La mort le laissa en paix jusqu’à ses onze ans. Il avait eu bien le temps de se faire à cette vie. Dès qu’il en avait eu l’occasion il avait fait savoir qu’il ne voulait pas être adopté. Il ne voulait pas de personnes prétendant être ses parents alors qu’ils étaient morts. C’était une dure réalité, mais il l’acceptait. On lui accorda ce petit caprice, tout en le laissant vivre à l’orphelinat. Après tout, on pouvait bien aller un enfant à son âge ? Alors il s’occupait des autres orphelins, des plus jeunes. Il s’occupait d’un en particulier. Son nom, il ne l’oubliera jamais : Woo Gil. Un pauvre petit qui était malade. Cancer ? Leucémie ? Une merde dans le genre. Ji Hyuk le considérait comme son frère, il le protégeait de beaucoup de choses, il l’aidait dans la vie de tous les jours, il jouait avec lui. Et cruellement on le lui enleva. Sa maladie l’emporta au loin, loin de lui. Doucement, l’idée germa dans l’esprit de Ji Hyuk alors que la tristesse et la désolation faisait son travail. Le problème, c’était lui. C’était de sa faute. Il devait être un ange de la mort. C’était obligé. Ses parents étaient morts. Woo Gil était mort. Alors il prit peur.  Il ne devait plus s’approcher de personne, il ne devait plus se faire d’amis. Il devait rester seul. Il était destiné à rester seul toute sa vie. C’était sa punition, il devait l’accepter. Mais il ne le pouvait pas. Il ne voulait pas rester seul. Il détestait ça. Et quelques mois plus tard son premier amour arriva à l’orphelinat. Elle avait son âge, elle était belle, elle était douce, elle était jolie. Ils n’ont jamais parlé de leur passé, c’était une trop grosse douleur de le ressassé. Ils se sont juste aimés, simplement. Elle fut rapidement adoptée, laissant Ji Hyuk seul, mais rassuré. Elle n’était pas morte à cause de lui, il n’apportait pas finalement pas la désolation sur terre.  Et à seize ans, il partit. Il avait plus ou moins l’âge de vivre sa vie, « comme un grand ». L’orphelinat l’aida à trouver un logement. Cet orphelinat était finalement la meilleure chose qui avait pu lui arriver suite à son accident. Il y avait apprit énormément de chose, et il était redevable de l'éducation qu'il avait reçu là-bas. C'était un endroit comme il y en a trop peu dans ce bas monde. Il n'y avait pas de secret, on lui a apprit la sincérité, et surtout il y avait ce point, important : les Twaos. Il était jeune et n'a jamais vraiment compris le sens de ce mot, ce que ça impliquait, mais il comprenait bien une chose : ils n'étaient pas accepté partout. Mais lui, quel droit avait-il de dénigrer des gens juste sous prétexte d'être différent. Oui, ils l'étaient, certes. Un peu. Ce n'était pas des monstres. Il avait des amis dans l'orphelinat qui en était. Des plus jeunes aussi. Mais l'un dans l'autre, Twaos ou non, tout le monde dans cet orphelinat méritait l'amour qu'on lui apportait. Pas plus ni moins qu'un autre. Il n'eut pas le choix de se dire s'il l'acceptait ou non, c'était comme ça. Ils vivaient tous ensemble. Rien ne le dérangeait, et rien ne le dérangerait jamais. Disons que oui, ils les acceptent. Il ne fait plus la différence. Twaos ou non, un ami reste un ami. C'est donc avec la tête pleine de bonne convictions qu'il emménagea dans le dernier cadeau que cet endroit lui fit. Un petit appartement assez miteux dans un quartier plutôt louche, mais ça lui allait. Il trouva un boulot par la suite pour payer le petit loyer. Il était mature pour son âge, bien plus que les élèves de sa classe, de son école, mais contre toute attente ça ne l’empêcha pas de créer des liens avec eux. On ne le rejeta pas. Le problème ne venait pas de l’école, mais de son environnement autour. On l’avait repéré dès le premier jour le petit Ji Hyuk, et rapidement il fut la cible de raquetteurs, de gang, ou dieu sait quoi encore. Rien de bon en tout cas. Il s’écrasa face à eux les premiers mois, leur donnant tout ce qu’ils voulaient, ce qu’ils demandaient. Seulement il ne pensait pas que ça allait s’éterniser si longtemps. Il se rebella, il s’opposa à eux, refusant de leur fournir de l’argent, ou autre substances bien moins propres.  Ces refus lui valurent bien des coups, des os brisés, mais surtout ces traces sur son bras gauche. Ces traces de cigarettes écrasées sur sa peau alors si pure.  Ca ne pouvait plus durer. Il priait chaque soir pour que ça cesse. Il implorait ses parents de revenir l’aider. Le Ji Hyuk si mature qu’il semblait être se transformait en petit garçon le soir dans son lit. Et finalement, du jour au lendemain, plus rien. Il avait entendu dire que les flics les avaient arrêtés. Les ragots, il s’en fichait, du moment qu’il était débarrassé de ces brutes épaisses. Il souffla à nouveau, repris goût à la vie, n’avait plus peur en rentrant chez lui le soir. Déjà bon élève, il put ainsi se concentrer d’avantage sur ses études. Il releva la tête, continua son bout de chemin.  Désormais, il mène une vie qu’on peut appeler normale. Il a déménagé, même s’il vit toujours seul le quartier est bien meilleur. Il accumule deux petits boulots, livreurs et serveur. Il se débrouille bien, dans tout ce qu’il fait. Il est fier de l’homme qu’il est devenu malgré tous ces temps difficiles.